18.3.18

WILLIAM MOHR

courte vie mais énorme influence 
par Jean Richter (traduit et adapté par Sylvain Ruaud) 

William Mohr, s'il n'était pas mort en 1923, à 52 ans, après seulement dix ans d'hybridation des iris, serait sans doute devenu l'un des hybrideurs les plus connus de son époque.

 Le père de William Mohr était un immigrant d'origine allemande qui, après avoir abandonné son boulot sur un baleinier à San Francisco, s'était établi dans la région dans les années 1850. Il avait acheté une exploitation céréalière qui avait appartenu à la famille Castro (qui possédait beaucoup de biens en Californie du temps de la colonisation espagnole, avant que le pays ne devienne américain). William Mohr est né sur l'exploitation en 1870 et dès qu'il fut en âge de le faire, il reprit l'affaire familiale. Il en diversifia les activités, ajoutant de nouvelles cultures comme celles des tomates et des betteraves à sucre. Au moment de sa mort il avait loué une grande partie de sa propriété à d'autres agriculteurs et n'avait conservé qu'une petite surface consacrée à l'avoine et l'orge, ainsi que deux ou trois acres près de sa maison pour son jardin de fleurs, variées et étendues. A côté de celle des iris, il pratiquait l'hybridation de bien d'autres fleurs comme les jonquilles, les primevères, les tulipes et les clématites.

Il avait épousé Alfreda (Frieda) et ils avaient eu une filles, Marian, en 1913.

Au début de son travail d'hybridation des iris, William Mohr avait utilisé les grands iris communs que l'on trouvait à l'époque, mais il se dirigea rapidement vers les espèces tétraploïdes comme Iris mesopotamica ou cypriana pour introduire dans ses hybrides des fleurs plus grosses et un meilleur branchement. Il commença aussi à travailler avec les iris arils, oncocyclus et regelia, et introduisit aussi I. mesopotamica dans ses croisements. Il hybrida une grande variété d'iris, incluant toutes les classes d'iris barbus, d'arilbreds, de spurias, d'iris de Sibérie et d'iris « Pacific coast ».

Dans son travail d'hybridation il était guidé par une abondante correspondance avec les anciens hybrideurs Grace Sturtevant et Samuel Stillman Berry, et par ses relations avec Sydney B. Mitchell, qui habitait à seulement 15 miles de chez lui. Décrit par Mitchell, dans la chronique nécrologique qu'il lui a consacrée, comme un homme timide, discret et humble, Mohr était très hésitant à nommer et introduire ses créations en dépit de leurs qualités. Un premier succès fut un croisement de I.mesopotamica et de I. juniata (ancêtre des iris pallida) à l'origine de 'Conquistatdor' (Mohr, 1923).

Sur la fin de sa vie il s'est intéressé à l'obtention d'un grand iris jaune. Il a croisé un iris pumila jaune avec I. mesopotamica et I. trojana, et ces croisements ont donné naissance à des variétés comme 'Alta California' (Mohr-Mitchell, 1931) et 'California Gold' (Mohr-Mitchell, 1933). Il a également produit de nombreux grands iris blancs, y compris la variété nommée 'Purissima' (Mohr-Mitchell, 1927) (…).

Mohr portait également un grand intérêt aux plicatas, et nombre de ses meilleurs semis plicatas furent introduits après sa mort. Mitchell choisit des noms de lieux californiens pour un grand nombre d'iris de Mohr (par exemple 'Sacramento') et deux des plus célèbres plicatas de Mohr s'appellent 'San Francisco' (Mohr, 1927), le premier iris à avoir reçu la Médaille de Dykes, et 'Los Angeles' (Mohr-Mitchell, 1927).

Mitchell a donné a l'un des semis de Mohr le nom de sa femme Frieda. Mohr avait lui-même baptisé un iris 'Marian', du prénom de sa fille. Malheureusement, autant que je sache, cet iris n'existe plus. Si par hasard on pouvait le retrouver, ce serait une formidable addition à son héritage.

En 1923, William Mohr, sa femme Frieda, leur fille Marian et trois voisins, qui étaient en voiture, trouvèrent devant eux un camion lourdement chargé. Avec ce gros camion sur leur chemin (et pas de barrières de passage à niveau) ils n'ont pas vu l'arrivée d'un train de messagerie qui heurta leur voiture, tuant tout le monde sauf Marian, qui fut gravement blessée mais survécut. Après son rétablissement, Marian est venue vivre avec les parents de sa mère en Iowa, mais elle est revenue sur la Côte pour entrer à l'Université de Californie, où elle a rencontré son mai Jeryl Fry. Ensemble ils ont travaillé sur la ferme paternelle, et quand cela devint trop difficile à cause de l'avancée de l'urbanisation (...), il déplacèrent leur activité vers la vallée de San Joachin, où existent toujours les « Mohr-Fry Ranches ». Marian a vécu jusqu'à l'âge avancé de 94 ans et a disparu en 2007. Elle et son mari reposent dans le caveau familial (avec William et Frieda) au cimetière de Hayward.

Après la mort de William Mohr, Sydney B. Mitchell a récupéré les semis et a commencé à introduire les meilleures variétés en continuant à s'occuper du stock. Le meilleur semis arilbred de Mohr, et sa plus grande fierté, croisement du grand barbu 'Parisiana' et d'un iris de l'espèce aril I. gatesii, qui fut exposé à Oakland avant sa mort, fut nommé 'William Mohr' par Sydney Mitchell.

 En dépit de la brièveté de son passage dans le monde des iris, William Mohr y a laissé un important héritage, aussi bien chez les barbus que chez les arilbreds. Son influence est particulièrement évidente ches les iris arilbreds et il a même été question d'incorporer le nom de Mohr dans celui des aribreds. Les listes de l'AIS contiennent plus de 100 iris qui se réfèrent à Mohr, dont une grande majorité concerne des arilbreds. On peut citer par exemple 'Elmohr' (dont l'un des parents est 'William Mohr') qui a remporté la Médaille de Dykes en 1945.

 Un autre est 'Lady Mohr', introduit par l'associé de Mitchell Carl Salbach, qui a aussi 'William Mohr' dans son pedigree. Un hommage ultérieur accordé à William Mohr est la Médaille de William Mohr, qui est attribuée parl'AIS chaque année pour le meilleur arilbred contenantentre1/4 et1/2 de gènes arils dans ses chormosomes.

 En dépit de l'importance de l'influence de William Mohr sur les iris, on peut seulement se demander ce qu'elle aurait été si en nous quittant, il n'avait pas interrompu si tôt sa carrière d'hybrideur. (...)

Iconographie : 


 'William Mohr' 


'Elmohr' 


'Lady Mohr' 


'California Gold''

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