10.3.18

A PROPOS DU SEMIS DES GRANDS IRIS

Il se trouve qu'en peu de jours deux textes ont été publiés sur Facebook à propos du semis des grands iris. Les façons de procéder sont à peu près aussi nombreuses que les hybrideurs, mais ces deux-là méritent d'être mises en avant car elles sont vraiment intéressantes et démontrent que les semis d'iris ne sont pas aussi délicats qu'on peut le prétendre.

La méthode Bettinelli 

Antoine Bettinelli, dans les Vosges, a expliqué en janvier 2017 comment il s'y prenait :
«(...)  j’ai mis les graines dehors (...): trois semaines de froid, avec des pointes à -18°c, ça peut vous réveiller une graine bien endormie, peut être ? 
(…) une graine d’iris c’est du costaud, ça a la tête dure : on commence par un trempage d’une semaine dans de l’eau changée tous les jours. J’ai toujours utilisé de l’eau de pluie bouillie, mais vous pouvez utiliser de l’eau minérale si vous voulez. Certains ajoutent un peu d’eau oxygénée, je le fais pour les hémérocalles, pas pour les iris, moins fragiles. 
Un trempage dans un verre de vin rouge (deux heures, pas plus !) est censé aussi accélérer la germination. Je n’ai pas de statistiques là dessus. (…) un petit coup de papier de verre (...) est peut être aussi à essayer... 
Je sème ensuite dans des pots de 4 litres, jusqu’à 40 graines par pot, et je mets sous châssis froid. Pas la peine d’aller guetter tous les jours : lorsque je sème en novembre, il n’est pas rare que les premières plantules pointent fin mars ! 
Ne laissez pas vos pots au sec complet, c’est l’humidité et le froid qui favorisent la germination (mais ce ne sont pas des iris d’eau non plus, hein !) 
Je sème dans un gros pots parce que les racines d’iris s’enfoncent vite profondément. En mai, en général, lorsque les plantules sont assez grosses, je les repique en pleine terre. Au bout de trois à quatre semaines, les signes de reprise sont bien visibles. On n’ en perd pas en général, même en secouant les plantules. 
Choisissez un endroit très ensoleillé, avec une terre plutôt calcaire et sableuse. 
Si vous êtes dans une région plutôt humide, plantez les sur de légères buttes (...) » 

C'est à peu près la méthode que j'ai utilisée moi-même lorsque je me suis essayé à l'hybridation ; avec un succès raisonnable.

 La méthode Cancade

 Un an plus tard, Sébastien Cancade, qui demeure en Ardèche à proposé :
« (…) il y a deux grandes façons générales de semer des iris barbus. La première consiste à semer les graines dès la récolte, tous juste mûres, c'est à dire en juillet/août selon les régions. La levée s'opère en principe assez rapidement et les rejetons sont tous juste assez costauds pour affronter l'hiver venant. Avantage de cette technique : gain de temps non négligeable, tout du moins si tout se passe correctement, la plantule devant être suffisamment costaude avant les premiers frimas, cette technique est avantageuse en climat doux mais risquée en zone plus montagneuse du fait que l'on récolte les graines plus tardivement, que les plantules mécaniquement seront plus faibles avant l'hiver et qu'au final la perte sera maximale. La deuxième technique que j'emploie est celle du semis d'automne, voire d'hiver. Récolte des graines toujours en août/septembre, séchage des graines et semis en octobre en pot. Deux possibilités à ce moment là, pots mis sous serre pour contrôle de la germination et atténuation des frimas hivernaux ou pots laissés dehors, au vent, à la pluie et à la neige, bref un semis fait dans des conditions vraiment naturelles, c'est cette technique-ci que j'emploie depuis toujours avec plus ou moins de succès ( de plus en plus quand même !). » 

 Sébastien Cancade continue :
«  (…) 1/ Utilisation d'un terreau haut de gamme. Comme chacun le sait on trouve de tout dans les terreaux mais surtout du mauvais. (…) j'ai fait le choix d'utiliser uniquement du terreau vendu par les horticulteurs avec des caractéristiques techniques bien différentes de ce qu'on trouve (dans les jardineries). »
2/ Il mélange ce terreau à 50/50 de sable.
« 3/ Semis pratiqué en décembre/janvier. Je suis convaincu que l'on sème les iris trop tôt.  Je m'explique. Les graines sont habituellement semées en octobre, sur le papier ça colle. Seulement voilà, octobre est encore une période chaude tout comme novembre peut l'être. Un risque majeur se dessine alors, c'est la germination qui s'opère en novembre/décembre, une germination que je qualifierais d'invisible étant donné que tout se passe en terre. La graine ayant commencé son processus de germination elle peut être détruite lors du premier coup de froid, d'autant que plus que notre mélange sera humide. Physiquement on ne voit rien mais le mal est fait, la graine pourrie. Le semis de janvier que je pratique élimine ce risque et n’entraîne aucune incidence néfaste. Le période de froid étant encore suffisamment longue et de toute façon pas essentielle. 
4/ La conservation des graines dans leur gousse. Je sais que ça peut paraître étonnant et risqué mais je pense qu'il faut conserver les graines dans leur gousse. Mais ATTENTION, pas n'importe comment, en éliminant le risque de moisissure. Chez moi les gousses sont conservées au garage à une température comprise entre 10 et 20°, taux d'humidité assez faible mais plus important que dans une maison ou un appartement. Avec cette technique Les graines se collent entre elles et sont semées ainsi. On sait que coller les graines améliore assez sensiblement le taux de germination. Elles le sont dans ce cadre de manière naturelle mais sans pour autant être atteintes des pathologies diverses dues à la moisissure. Il faut reconnaître toutefois  que maîtriser ce processus est compliqué, un garage n'est pas par définition une pièce ou l'on maîtrise l’hygrométrie et la température. 
5/ Tenir son semis à l'ombre même en hiver pour une raison simple ; à aucun moment le substrat ne doit sécher même par -15°C. Mon erreur a longtemps été de croire qu'en hiver on pouvait ranger son arrosoir et ses tuyaux d'arrosage et laisser faire la nature. Et bien non, il n'y a rien de pire que de laisser sécher nos iris en dormance. Alors si comme moi vous avez tendance à oublier le jardin en hiver mieux vaut placer vos futurs bébés à l'ombre ou le mélange séchera moins qu'au soleil. 
6/ Enfin enterrer les graines à deux centimètres de profondeur. Pourquoi ? Tout simplement parce que l'hiver les graines remontent naturellement. Combien de fois ai-je vu ces dernières au ras du sol en mars. A ce moment là elles sont condamnées quoi qu'on y fasse. Enterrer ces graines même un peu plus profondément n'engendre qu'un seul problème, une levée plus tardive, en avril mais a un gros avantage, un bien moins grand nombre de graines perdues. » 

Ces deux méthodes, assez différentes, ont le mérite d'offrir une alternative que chacun peut choisir telle quelle aussi bien qu'adapter à sa situation géographique. En tout cas, merci à ces deux passionnés de nous faire partager leurs expériences.

1 commentaire:

Sebastien CANCADE a dit…

Merci Sylvain d'avoir partagé ma méthode sur ton blog. A titre d'anecdote, et pour corroborer mes propos, j'ai arrosé mes pots juste avant le fameux 'Moscou-Paris'car le substrat avait beaucoup desséché. Désormais avec l'humidité ambiante aucun souci de ce côté là.

Seb