25.2.18

LES TRÉSORS DE MERIAN PARK

Cela fait un bon bout de temps ! Dans les années 80 ou 90 la SFIB avait organisé son assemblée générale à Mulhouse et le côté touristique de cette manifestation avait emmené les participants à Laufen, en Pays de Bade, pour visiter la pépinière von Zeppelin, puis le car avait transporté les participants à Bâle, au Parc Merian. A l'époque je n'avais d'yeux que pour les grands iris aussi n'ai-je que moyennement été intéressé par la magnifique collection d'iris historiques, certainement l'une des plus importantes et belles d'Europe avec plus de 1500 variétés. Je regrette aujourd'hui de n'avoir pas porté plus d'attention à cette merveille : j'ai de plus en plus envie d'y retourner !

 Le fondateur de ce jardin superbe est un homme d'affaires et mécène bâlois, Christoph Merian, né le 22 janvier 1800 à Bâle et mort le 22 août 1858 à Brülingen dans la banlieue de Bâle, là où se situe le jardin botanique. C''était l’un des hommes les plus riches de Suisse à son époque. Il était en particulier le propriétaire d’un vaste domaine foncier dans le canton de Bâle dont en mourant il a confié la gestion à sa fondation et à la Ville de Bâle. Son père, Christoph Merian Senior, était marchand de coton brut puis il s’est reconverti, au moment du Blocus Continental imposé par Napoléon 1er, dans les activités de banque et de transport ainsi que dans l’industrie.

 Au fil des années le Merian Park, qui jouit d'un climat plutôt doux pour la région, s'est considérablement développé et diversifié. C'est maintenant un jardin particulièrement agréable, à visiter sans faute à la belle saison et notamment à la fin de mai quand les iris sont fleuris. Notons qu'à proximité, de l'autre côté du Rhin, on peut voir également la pépinière Zeppelin à Laufen, comme ce fut le cas pour les membres de la SFIB, et le jardin de Fritz Lehmann, Brenneter Irisgarten, à Wehr.

L'occasion m'a été offerte il y a quelques semaines de me remémorer ces lieux, quand une iridophile suisse, Sharlene Sutter. connue sous le pseudonyme de « Sunnyvalley », remarquable photographe, a publié sur le net des clichés pris lors de sa visite au Merian Park. C'est toute une collection de photos de variétés anciennes, dont beaucoup d'iris signés Ferdinand Cayeux, que l'on ne voit plus guère, mais qui sont présentes à Bâle, toujours bichonnées et conservées avec ferveur. En font partie celles qui sont publiées ci-dessous, avec la permission de leur auteur (ou auteure si l'on veut parler moderne).

Tout le monde connaît la place que Ferdinand Cayeux a tenue dans le monde des iris pendant l'entre-deux-guerres. Les autres hybrideurs-pépiniéristes français tenaient le rôle de faire-valoir tant Cayeux les écrasait. Non seulement ses iris étaient beaux, nouveaux, mais encore ils jouissaient d'une large diffusion grâce à la renommée de la Maison Cayeux et Leclercq Les autres, sauf peut-être les variétés Vilmorin, comme le délicieux 'Eldorado' (1910), n'avaient pas le même appui commercial de sorte qu'aujourd'hui, s'il est assez facile de trouver des iris de Ferdinand Cayeux, les variétés de ses confrères ont pour la plupart disparu. Au Merian Park, on trouve toujours 'Germaine Perthuis' (Millet, 1924) et on peut en admirer les couleurs et le velouté sur la photo de « Sunnyvalley ».

Néanmoins ce sont en majorité des variétés de Ferdinand Cayeux que « Sunnyvalley » a photographiées. Et elle a surtout remarqué celles de la dernière génération, celles enregistrées seulement après la guerre, par les soins de René Cayeux, le fils du patriarche.

 Parmi toutes ces jolies photos, j'ai retenu :

'Frivolité' (1929) (Trophée X Prinzess Viktoria Luise) décrit comme « L'effet général est celui d'un rose crevette riche et brillant, qui semble recouvert d'une poudre d'or » ;

'Béotie' (1932) (Ochracea Caerulea X Dryade) pour la douceur de son ton de mauve un peu fumé ;

'Rayon de Lune' (1946) (pedigree non diffusé), en jaune clair, peu courant à son époque ;


'Crépuscule' (1947) (pedigree non diffusé), le bien nommé puisque son coloris fumé, plutôt obscur, correspond bien au fait qu'il s'agit d'une des dernières créations du maître.

 Merci à « Sunnyvalley » de nous offrir ces exemples du talent des hybrideurs français du début du siècle dernier. Et merci au conservateur et aux jardiniers de Merian Park pour la qualité de leurs soins.

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