27.1.18

BOTANIQUE DES IRIS

Dans ce blog on parle beaucoup d'horticulture et de sujets liés à la culture des iris et à leur hybridation, mais très peu (pas assez ?) de botanique. Un petit tour de ce côté ne fera pas de mal.

C'est à la grande famille des iridacées qu'appartiennent nos iris hybrides actuels. Ils en font partie puisqu'ils ont été constitués d'une série de croisements entre diverses espèces botaniques qui se trouvent dans cette famille. C'est tout à fait comme un cocktail dans lequel on mélange différents alcools pour obtenir un breuvage qui tient de tous mais qui ne ressemble à aucun. Melba Hamblen et Keith Keppel, dans “The World of Irises”, considèrent que nos iris des jardins modernes “sont composés de gènes d'à peu près toutes les espèces d'iris barbus, y compris un peu des arils.” Ce n'est pas étonnant, d'une part parce que cela a commencé il y a plusieurs centaines d'années (Clusius, au 17e siècle y fait déjà allusion), d'autre part parce que les hybrideurs, constatant qu'en ajoutant telle ou telle espèce au mélange ils obtenaient soit de nouvelles couleurs, soit de nouveaux modèles, ne se sont pas privés de réaliser ces additions. En tous cas le résultat de ces métissages n'a pas fait perdre au produit son appartenance aux iridacées ! Ce sont des plantes issues de graines monocotylédones, dont toutes les pièces florales vont par trois, et dont les feuilles, en général longues et étroites, qui portent des nervures parallèles non ramifiées, sont rangées sur un même plan et s'engainent les unes les autres. Il existe des iris bulbeux, mais ceux qui nous intéressent particulièrement sont des iris rhizomateux, vivaces, qui se multiplient par le développement de bourgeons latéraux qui apparaissent de part et d'autre du rhizome initial. Tout le patrimoine génétique se trouve rassemblé dans la pointe avant du rhizome ou de ses bourgeons latéraux, ce qui fait que la plante ne peut pas dégénérer et conserve donc éternellement son potentiel.

 La caractéristique la plus évidente des iris est l'omniprésence du chiffre 3. Quand on regarde le diagramme floral de l’iris on est frappé non seulement par la parfaite symétrie de la fleur, mais aussi par ce chiffre 3 qui apparaît partout. A l’extérieur, trois sépales qui enserrent l’ensemble de la fleur, protégeant les parties sexuelles jusqu’au moment où il est nécessaire de les présenter aux insectes fécondateurs. A l’intérieur, ensuite, trois pétales disposés en sens inverse, c’est à dire que l’ensemble sépales plus pétales constitue un tabernacle bien clos, au cœur duquel apparaissent trois anthères portant le pollen, puis tout à fait au centre, les trois compartiments de l’ovule. On devrait ajouter les trois stigmates pétaloïdes qui couronnent les trois styles qui constituent les pistils, et les trois barbes qui balisent le chemin que les insectes doivent emprunter. Et à l’intérieur des capsules, qui sont les fruits, les graines sont empilées en trois colonnes, chacune abritées dans trois loges étanches qui vont se fendre sur les nervures quand les graines seront mûres de façon à les libérer. Et ce n’est pas tout ! Les plantes en bonne santé et prêtes à jouer leur rôle vont développer trois bouquets de feuilles dont seul le bouquet central portera la tige florale. Tige qui, elle-même, portera en général trois branches (quelques fois plus) chargées de boutons floraux. Et bien souvent chacun de ces boutons, protégé par une spathe membraneuse, sera porteur de trois fleurs qui apparaîtront l’une après l’autre…

Ajoutons à ces notions de botanique, et toujours avec cette obsession du chiffre 3, que la floraison elle-même durera en moyenne trois semaines, le temps que s’ouvrent les différents boutons. Enfin que chaque fleur aura une vie de trois jours : s’ouvrant le plus souvent au petit matin, elle sera disponible pour la visite des insectes dès le lever du soleil. Peu à peu les sacs polliniques des étamines abritées par les stygmates auxquels elles sont adossées, vont mûrir et sécher, puis se fendre et libérer le pollen qui va être transporté sur le dos des abeilles ou plutôt des gros bombyles, jusqu’à une autre fleur, où il sera automatiquement déposé sur la lèvre transversale et poisseuse du stigmate lorsque l’insecte porteur passera pour plonger chercher le nectar dans le tréfonds de la fleur. A la fin des trois journées d’exposition, les sépales vont se redresser, enserrer de nouveau le reste des parties florales, puis le tout va progressivement se dessécher tandis que les ovules fécondés grossiront et commenceront leur maturation. Trois mois vont s’écouler entre la fécondation et l’ouverture des capsules. Trois mois au cours desquels la plante va se refaire des réserves et amorcer sont développement futur. Ainsi le cycle complet se sera déroulé et, comme on dit, la vie aura suivi son cour, pour le plus grand bonheur des iridophiles.

Iconographie : 


Coeur de fleur 


Etamine 


Rhizome 


Feuilles et bouton floral

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