27.10.17

LES IRIS DE GLENN CORLEW

Beaucoup moins connu que Joseph Gatty ou Vernon Wood, Glenn Corlew est, comme les deux autres, un spécialiste des iris roses. L'essentiel de sa production a en effet été consacré à cette couleur tendre et si fortement appréciée. Mais en plus de cette spécialité, il a acquis une certaine célébrité avec ses photographies, et, bien entendu, ses photos d'iris. La base de données IRIS ENCYCLOPEDIA de l'AIS rassemble un certain nombre de ces images et nous allons en publier le plus grand nombre en hommage à cet homme de goût. Ce sont des diapositives qui ont un peu vieilli, elles ont pris une teinte un peu rosée, mais puisqu'il s'agit majoritairement d'iris roses, cela n'est pas désagréable. 

On remarquera que ces variétés, dont la date de naissance s'étend sur plus de 20 ans, en plus d'un fort air de famille, conservent d'un bout à l'autre une remarquable continuité d'allure. Le temps n'a pas eu de prise sur le travail de Glenn Corlew. 

VIII – Huitième semaine 

'Rio Roso' (1964) ('Party Dress' x 'Native Dancer') X 'Lynn Hall' 


'Secret Heart' (1969) 'Rio Roso' X 'Fairy Fable' 


'Signature' (1964) 'Snow Gold' X 'Ballerina' 


'Silver Skies' (1965) 'Pacific Panorama' X 'Celestial Snow'

DES FLEURS PAR MILLIERS

Cette année 2017 sera celle d'un profond bouleversement dans le monde des iris. Barry Blyth, le talentueux hybrideur australien a décidé de se retirer ! Lui qui enregistrait, ces temps derniers, une quarantaine de nouvelles variétés chaque année cesse toute activité. Il a déjà bazardé tout ce qu'il avait en observation en vue de prochains enregistrements au profit de Thomas Johnson, à Salem dans l'Oregon, où tout a été remis en culture. Au revoir, Barry, vous avez bien mérité le repos auquel vous aspirez. Et de toute façon, votre ami Keith Keppel continuera de vous offrir l'hospitalité chaque printemps pour que vous ayez encore l'occasion d'effectuer encore quelques croisements !

Cette retraite est ici un prétexte pour examiner quelques importantes réussites dans ce que Barry Blyth a créé. Dans l'immense travail effectué, nous retiendrons trois étapes importantes, trois moments fondamentaux d'une production exceptionnelle.

'Snowlight' et les amoenas 

Nous commencerons, au tout début de la carrière d'hybrideur de Barry Blyth, par ce qui l'a fait immédiatement connaître de l'irisdom : les amoenas jaunes. En baptisant lui-même 'Echo de France', en 1984, l'une de ses variétés emblématiques, Pierre Anfosso a rendu hommage à Blyth et ses tout premiers amoenas jaunes, et, en particulier à 'Snow Light' (1972), qui est le parent féminin de 'Echo de France'.

De 'Snowlight', première étape, on passe à 'Alpine Sunshine' (1975), pur amoena jaune, et à 'Tranquil Star' (1978) aux pétales un peu plus crémeux. De ce dernier on atteint le magnifique 'Alpine Journey' (1983), à peine plus clair au bord des sépales, et à 'Breezes' (1991) aux barbes plus vives. Du précédent on découvre 'Neutron Dance' (1987), parfait à tous points de vue, et 'Snow d'Or' (1991), tellement proche de 'Alpine Journey'.

Peu à peu Blyth s'est éloigné de la simplicité de ses débuts et dirigé vers des bicolores originaux, multiples, en utilisant notamment maintes fois un croisement ((Alpine Journey x Beachgirl) x ((Beachgirl x (Tranquil Star x Coral Strand)) x (Persian Smoke x Chimbolam))) qui lui a donné plein de variétés excellentes.

(Dance Man X Rembrandt Magic)

L’un des traits qui caractérisent Barry Blyth est de constituer, à partir d’un croisement prolifique, une véritable famille de frères de semis. Il a été question ci-dessus du croisement ((Alpine Journey x Beachgirl) x ((Beachgirl x (Tranquil Star x Coral Strand)) x (Persian Smoke x Chimbolam))), mais il y a encore mieux ! La famille dont il va être question maintenant est encore plus nombreuse puisqu’elle comprend dix frères de semis. Il s'agit du croisement (Dance Man X Rembrandt Magic).


'Dance Man' (1989) est un iris jaune profond, plus clair sous les barbes qui sont jaune d’or. Il est l’alliage d’un jaune, Speculator (Ghio, 1982), et d’un orange bitone, 'Orangerie' (Keppel, 1982). On retrouve cet 'Orangerie' dans le pedigree de 'Rembrandt Magic' (1992), associé à Edna’s Wish (Gibson, 1983), rose saumon, et à 'Light Beam' (Lesley Blyth 85), « plicata » jaune-brun. 'Rembrandt Magic' est une variété très originale, dans les tons, rares chez les iris, de brun café clair, à barbes moutarde.

Avec les dix variétés issues de ce croisement, on se rend vraiment compte de la diversité des couleurs que l’on peut trouver dans les rangs d’un même semis. 'Apricot Danish' (1996), est rose orangé, ou abricot rosé, avec une zone plus claire sous les barbes, mandarine. 'Chesnut Avenue' (1994), comme son nom le sous-entend, est un brun noisette plus doré aux épaules et légèrement lavé de mauve sous les barbes moutarde. 'Covet Me' (1994) est entièrement jaune d’or, y compris les barbes. 'Goldie the Pirate' (1996) est proche du précédent, mais en plus orangé. En revanche, 'Inner Journey' (1995) se rapproche de 'Chesnut Avenue', dans un coloris plus vif, cependant. 'Letter From Paris' (1997) est le dernier à avoir été enregistré ; il se présente en rose dragée, avec un spot blanc sous les barbes qui sont mandarine. 'Plume d'Or' (1994) n’est pas le plus original de la famille, cependant c’est celui qui a eu lui-même la plus belle descendance. Son coloris, du modèle « Joyce Terry », est composé de pétales d’un jaune légèrement rosé, au-dessus de sépales blancs, liserés du jaune des pétales, avec des barbes de cette même couleur. Couleur qu’on retrouve chez 'Stillness' (1995) mais les bords des sépales restent blancs, alors que les épaules sont, cette fois, nettement dorées ; les pétales s’ouvrent un peu, alors que chez les autres ils restent turbinés. 'Venus Butterfly' (1994) est habillé de mauve rosé, le centre des sépales, plus clair, s’agrémente d’une flamme bleutée. Enfin 'Zillionnaire' (1996), le petit dernier, donne dans le jaune d’or, vieil or, même, sur les sépales, avec une barbe moutarde, héritée de 'Rembrandt Magic'. Cela donne une idée de la variété des coloris qui apparaissent chez Blyth. Chaque année c'est une réjouissance de voir ce que donne son intarissable fantaisie.

 La quête de l'inaccessible

 On vient de voir combien Barry Blyth est attaché à la découverte de nouvelles associations de couleurs dans des variétés auxquelles il ajoute des caractéristiques particulières comme les fleurs bouillonnées qui ont actuellement tant de succès. L’un des coloris qui lui tient le plus à cœur concerne les iris aux pétales blancs et aux sépales roses. Mais l’amoena rose parfait serait-il inaccessible ? Blyth lui-même, à la toute fin de sa carrière, n’est pas encore tout à fait satisfait de ce qu'il a obtenu. Pourtant ses efforts ont été multiples et prolongés.

Cela a commencé dès que Barry Blyth a vu 'Sunset Snows' (Stevens, 1963) et qu’il a ressenti le désir de rechercher un iris parfaitement blanc aux pétales et richement rose aux sépales. Il a multiplié les croisements, souvent audacieux, obtenu une multitude de semis dont plusieurs iris blanc/rose, mais il est toujours dans l’attente de ce qu’il imagine comme la perfection car si, du côté de la couleur, ses efforts son prometteurs, il faut aussi que les qualités horticoles de la plante soient à la hauteur, et jusqu'ici cela n'a pas été le cas. Il faut dire que ‘Sunset Snows’, l’une des dernières obtentions de la Néo-zélandaise Jean Stevens, disparue en 1967, a atteint d'emblée un sommet ! Mais ce sommet avait aussi ses imperfections : fleurs petites et sans ondulations, développement végétatif exubérant (et par conséquent touffes rapidement trop denses pour obtenir une floraison agréable et prolongée). Corriger tout cela sans perdre l'essentiel, tel est le défi que Blyth tente toujours de surmonter.

Parmi tous ces essais on trouve plusieurs variétés aux pétales blancs surmontant des sépales orangés ou rosés : ‘Beachgirl’ (Blyth, 1983), ‘Love Chant’ (Blyth, 1979), ‘Festive Skirt’ (Hutchings, 1974), ‘Amber Snow’ (Blyth 1987), ainsi qu’un certain ‘Tranquil Star’ dont il a été question ci-dessus qui, pour ne pas présenter ces couleurs, possède un ancêtre, ‘Outer Limits’ (Blyth, 1972), qui descend directement de ‘Sunset Snows’. Si l’on cherche bien, on découvre que ce ‘Sunset Snows’ est aussi présent dans l’arrière plan de ‘Beachgirl’ (par l’intermédiaire de ‘Twist and Shout’), ‘Festive Skirt’, ‘Amber Snow’ ou ‘Love Chant’.

Curieusement ce que Blyth considère comme sa meilleure approche de l'amoena blanc/rose est 'Adorée' (2006) qui est un bicolore aux pétales mauves et aux sépales rose orangé ! C'est sur cette variété qu'il compte pour atteindre son but. A l'heure actuelle il n'en est plus loin (voir le superbe 'Bashful Love' (2014). Mais réussira-t-il ? Il faut le lui souhaiter, et ce vœu sera aussi un bonheur pour les collectionneurs.

Iconographie : 


 'Snowlight' 


'Chesnut Avenue' 


'Twist and Shout' 


'Bashful Love'

20.10.17

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Cent trente six ! 

Cent trente six, c'est le nombre de nouvelles variétés, toutes catégories confondues, qui ont été enregistrées par la SFIB en 2017. Jamais les obtenteurs français ne se seront autant lâchés. Est-ce un bien ? Autant je me plaignais de la pusillanimité de mes compatriotes quand ils n'osaient enregistrer qu'une variété par-ci par-là, autant je m'interroge à propos d'une telle quantité de nouveautés. En revanche je remarque des cultivars qui, en photo du moins, sont d'une grande élégance.

A noter que ne figurent pas dans la liste les nouveautés de la Maison Cayeux, ni celles, éventuelles, de Michèle Bersillon.

Iconographie : 



'Charlie Forever' (Raffaelli) 


'Impulsion' (Jacob) 


'Princesse Mylena' (Laporte) 

'Rose de Porcelaine' (Habert) 


'Seed of Love' (Balland)

DANS LA COURSE

Maintenant que les résultats de la plupart des compétitions organisées en 2017 nous sont connus, il est temps de faire le point sur le sort des variétés françaises qui ont été mises dans la course.

 Commençons par le concours FRANCIRIS ©.

En 2015 le grand vainqueur avait été Richard Cayeux, avec 'Barbe Noire' (2012). Cette année, le mieux classé des iris Cayeux (et français) a été 'Cigarillo' (2014), à la sixième place. A la neuvième se trouve un semis de Jean-Luc Rémy, 157-G, pas encore enregistré. La douzième place ex-aequo est revenue à 'Aime Bay' (Boivin, 2015) et 'Matingale' (Cancade, 2014). La chance n'était pas cette année avec les hybrideurs français...

Concorso Firenze n° 59.

Pas de récompenses pour les iris français. Il y a cependant deux semis de Michèle Bersillon qui ont été remarqués, ainsi 09-44A.

US Competition. 

Parmi les distinctions accordées aux Etats-Unis on peut saluer la HM qui est revenue à une autre variété de Michèle Bersillon : 'Tootsie Roll', un BB de 2015. La présence d'une variété française dans la compétition américaine est tout à fait exceptionnelle car nos compatriotes ne sont pas bien distribués là-bas. Mme Bersillon a eu l'opportunité d'être commercialisée par la pépinière Stout Gardens, cela lui a été profitable.

München Bewertung.

Nouvelle place d'honneur pour 'Cigarillo' (Cayeux, 2014). Les autres concurrents français ne se trouvent pas sur les podiums (il y en a deux, à Munich).

Compétitions russes. 

Pas de résultats connus pour l'instant.

Ce palmarès, en demi-teinte comme on dit dans les journaux, ne veut pas dire que les iris en compétition n'étaient pas à la hauteur. Il n'y a qu'à voir la liste des variétés non classées au concours FRANCIRIS© pour se rendre compte que des champions avérés n'ont pas eu plus de réussite ! Les conditions de concours ont été très particulières ce dernier printemps.

Iconographie 

'Cigarillo' 

semis 157-G Rémy 

'Martingale' 

semis 09-44A Bersillon 

'Tootsie Roll'

CULTURE DES IRIS AVEC FILM DE PAILLAGE (texte de Stéphane Boivin)

Pourquoi utiliser des films de paillage ?

La culture des iris en plein champ est soumise à une problématique ardue : la gestion des mauvaises herbes. Cette problématique est bien plus complexe en plein champ que dans les jardins de ville. En effet, les prés environnants complexifient cette problématique en amenant des graines supplémentaires. (aigrettes de pissenlit par exemple). D’autre part, la mise en culture de ce qui fut un pré n’est pas un avantage car cette terre contient des milliards de graines, notamment de graminées. Comment faire quand on ne veut pas utiliser de désherbant ?

A partir d’avril, s’il pleut régulièrement, il faut désherber toutes les 3 semaines. Ainsi, avec une bordure de 25 mètres de long sur un mètre de large, il faut pour une personne seule environ 2 heures et demi pour un désherbage ! A ce rythme il faut recommencer quand on a fini 10 bordures. Bref, la majorité du temps est consacrée entre avril et octobre à cette tâche monotone et inintéressante.

 Au mois de mars 2017, j’ai décidé d’essayer une nouvelle technique de production. Je propose de vous en donner un premier retour.

Nous avons tendu une toile noire d’épaisseur 17 et 25 microns, non biodégradable, perforée, qui permet à l’eau de ne pas stagner sur une partie du film. La durée de vie de cette toile, est d’une année environ mais son coût est bien moindre que celui d'une toile biodégradable. La mise en place de cette toile nécessite une certaine technique. La toile tendue a une largeur de 140 centimètres. Elle est plaquée au sol grâce à de la terre qui la recouvre sur chaque côté, puis 2 toiles vertes de paillage sont tendues de part et d’autre du film noir. La largeur disponible de la bordure est donc de un mètre. Si l’opération est bien faite, la couverture est constituée de 3 toiles : un film noir entouré de 2 toiles de paillage, sans quasiment aucune trace de terre. Les toiles de paillage sont tenues au sol par des sardines, plantées tous les 2 mètres environ. Cela veut dire que le film noir est tenu à la fois par le poids de la terre mais aussi par les sardines qui transpercent les 2 toiles.

Il ne reste plus qu’à planter les iris. Pour cela, aux ciseaux, un morceau de bâche, sous forme de rond, est découpé. La grosseur du trou est fonction de la taille du rhizome à implanter. Il est plus petit s’il s’agit d’un semis à repiquer. Pour les semis, j’effectue 4 trous par ligne dans la largeur. Pour les rhizomes adultes, il n’y a que 3 trous par ligne. Il faut profiter que la terre est légère pour implanter facilement les iris.

 Avantages et inconvénients 

Cette technique présente les avantages suivants :
- Elle empêche la croissance des mauvaises herbes ; Elle améliore la productivité ; Le maintien de la structure du sol dans la zone couverte assure un développement supérieur des racines et une prospection plus importante de celles-ci ;
- Elle garantit une meilleure régulation du taux d’humidité au niveau des racines en limitant l’évaporation assurant ainsi une alimentation continue à la plante ;
- Elle limite l’amplitude thermique entre le jour et la nuit ;
- Elle augmente la fertilité du sol car on observe une nitrification favorisée par l’absence de lessivage et une élévation de la température.

Après 3 mois de recul, j’ai observé :
- Des feuilles plus vertes ;
- Un recul significatif de l’hétérosporiose ;
- Un dédoublement plus rapide ;
- Un meilleur état sanitaire que celui des rhizomes non bâchés.

 Je vois également d’autres avantages :
- L’arrosage. Il est ciblé : il suffit de verser l’eau dans le trou, évitant ainsi une déperdition de la majorité de l’arrosage comme c’est le cas dans la culture sans bâches ;
- L’engrais est jeté dans chaque trou, ce qui assure que la quasi-totalité de l’apport bénéficie à l’iris. Il est possible de diminuer l’apport, de l’optimiser dans le temps, et donc de faire des économies ;
- Le désherbage est limité, rapide et sa fréquence est moindre.

Mais je vois aussi les limites de cette technique :
- Pour le jardin d'un simple collectionneur, elle peut être délicate à mettre en œuvre ; notamment pour ce qui est du renouvellement annuel des bâches ;
- Dans les sols trop argileux, les bâches vont-elles accroître les risques de pourriture en augmentant le taux d’humidité autour du rhizome ?
- L’obligation de réimplanter tous les ans est plus contraignante dans les sols caillouteux ou en pente ; - Dans des zones septentrionales, les bâches peuvent constituer un habitat protecteur pour les gastéropodes.

L’entretien après la réimplantation 

Lorsque le rhizome grossit, le trou peut devenir trop petit et confiner l’iris. Il faut, alors à la main, ou avec de petits ciseaux augmenter la taille du trou, afin de permettre aux pousses latérales et à l 'avant du rhizome de bien s’épanouir. Pour le reste, pas grand-chose à faire. On peut arroser si le temps est sec. On peut enfin, avant l’hiver, couper et ôter les feuilles mortes ou tachées. C’est du bichonnage.

13.10.17

LA FLEUR DU MOIS

‘LUNE BLEUE’ 
(Michèle Bersillon, 1999) 
('Edge Of Winter' X 'Pledge Allegiance'. ) 

En 2005, Michèle Bersillon m'a offert un rhizome de 'Lune Bleue', une variété que j'avais admirée chez elle, dans son petit jardin de Nevoy, près de Gien, et au pied de la centrale nucléaire de Belleville. L'intérêt que je porte à cet iris ne se dément pas, et chaque fois que je vois ses jolies fleurs bleues, j'éprouve un vif plaisir. J'aime sa taille modeste, son allure distinguée et sa couleur reposante. Même si nous ne sommes plus en relation, j'apprécie le travail d'hybridation de Michèle Bersillon, qui a bien du mérite puisqu'elle ne dispose que de peu de place pour cultiver ses semis.

La description officielle de ce 'Lune Bleue' est la suivante : « Standards and style arms lavender blue ; falls white, lightly tinted lavender blue ; beards white and pale blue ; heavily waved, falls horizontal ; slight fragrance. » Que je traduis par : Pétales et bras des styles bleu lavande ; sépales blanc, légèrement teintés de bleu lavande ; barbes blanc et bleu pâle ; généreusement ondulé, sépales horizontaux ; léger parfum. Cela dit toute la grâce délicate de cette fleur. Elle pourrait être banale, des bleus lavande, il y en a tant! Mais ce n'est pas du tout le cas. Elle a la légèreté d'un papillon et la douceur d'un carré de soie. Et c'est amoena inversé, ce qui lui confère une certaine originalité.

Quand on examine son pedigree, on comprend d'où cet iris tire ses traits. 'Edge of Winter' (Schreiner, 1983) est une des variétés les plus connues de la Maison Schreiner. Il date du temps où cette illustre entreprise ne se contentait pas de produire des iris parfaits mais plus commerciaux qu'intéressants du point de vue horticole (elle est revenue, maintenant, de cette politique). C'est un amoena inversé qui, par 'Blue Fantasy' (Branch, 1958) et 'Wide World' (Cook, 1953) remonte aux origines même du modèle. 'Pledge Allegiance' (Schreiner, 1983) est un contemporain du précédent et reste aujourd'hui parmi les plus beaux iris bleus. C'est une fleur parfaite, qui a eu de très nombreux descendants, chez Schreiner et chez d'autres aux USA, en France et en Europe de l'Est. 'Edge of Winter' et 'Pledge Allegiance' sont des parents de tout repos, bien propres à engendrer des iris de grande qualité. Pour Michèle Bersillon, ce fut un croisement fructueux puisque deux autres amoenas inversés en sont issus : 'Coeur d'Hiver' (2000) et le BB 'Petit Frère' (2006).

'Lune Bleue', comme ses frères de semis n'a pas encore de descendance.

'Lune Bleue' et sa fratrie ne sont pas les seuls amoenas inversés de la production Bersillon. 'Avant Première' (2008), 'Endimanché' (2008), 'La Part des Anges' (2008), descendants de 'Fogbound', peuvent être classés dans ce modèle. Ce sont tous des fleurs d'une grande élégance.

Comme on dit de certains livres qu'ils sont des « romans de femme », on peut dire des iris de Michèle Bersillon qu'ils sont des « iris de femme » ! C'est un compliment qui laisse entendre qu'il s'agit d'oeuvres qui cachent, sous des dehors élégants, voire quelquefois fragiles, une force que l'on ne soupçonne pas du premier abord.

Il est, à mon avis, bien dommage que ces iris de charme ne prennent pas la place qu'ils méritent au sein de la production française, une production en pleine expansion dont on ne peut que se réjouir.

Iconographie :

'Lune Bleue'

'Edge of Winter'

'Pledge Allegiance'

'Avant Première'

LES IRIS DE GLENN CORLEW

Beaucoup moins connu que Joseph Gatty ou Vernon Wood, Glenn Corlew est, comme les deux autres, un spécialiste des iris roses. L'essentiel de sa production a en effet été consacré à cette couleur tendre et si fortement appréciée. Mais en plus de cette spécialité, il a acquis une certaine célébrité avec ses photographies, et, bien entendu, ses photos d'iris. La base de données IRIS ENCYCLOPEDIA de l'AIS rassemble un certain nombre de ces images et nous allons en publier le plus grand nombre en hommage à cet homme de goût. Ce sont des diapositives qui ont un peu vieilli, elles ont pris une teinte un peu rosée, mais puisqu'il s'agit majoritairement d'iris roses, cela n'est pas désagréable. 

On remarquera que ces variétés, dont la date de naissance s'étend sur plus de 20 ans, en plus d'un fort air de famille, conservent d'un bout à l'autre une remarquable continuité d'allure. Le temps n'a pas eu de prise sur le travail de Glenn Corlew. 

VII – Septième semaine

'Kimzey' (1966) 'Valimar' X (( 'Snow Flurry' x 'Pink Formal') x 'Frost And Flame') 


'Murmuring Morn' (1969) 'Signature' X 'Cool Flame'. 


'Passionate' (1974) (('Signature' x 'Flaming Heart') x 'Pretty Poise') X 'Cherub Choir' 


'Portrait' (1972) 'Rococo' X 'Diplomacy'

ECHOS DU MONDE DES IRIS


Du neuf. 

Mid-America Iris Garden, la pépinière de Paul Black et Tom Johnson, a mis sur Facebook la photo ci-dessous d'une de ses obtentions récentes. Un modèle totalement inconnu dans le monde des grands iris. Cela fait plaisir de découvrir quelque chose de franchement neuf. Depuis l'apparition du modèle distallata, cela ne s'était pas produit.

OEUVRE AU NOIR

La nature sait très bien concevoir des fleurs toutes blanches, mais elle n'a pas de prédispositions pour en fabriquer des noires. Ce n'est pas étonnant. Il ne faut pas perdre de vue que la nature est essentiellement préoccupée par la reproduction. Elle met tout en œuvre pour permettre ou faciliter celle-ci. Les fleurs sont des organes sexuels et àce titre elles se doivent d'être séduisantes. Cette séduction concerne essentiellement les vecteurs de la reproduction, et particulièrement les insectes qu'il faut attirer absolument. Elles se mettent en quatre pour cette tâche. Et qu'y a-t-il de plus attirant que des couleurs vives, chatoyantes ? Le noir ne répond ps du tout à ce but : les insectes soit ne le distinguent pas, soit s'en détournent. Les fleurs noires n'ont donc pas lieu d'exister et celles des iris ne font pas exception à cette règle. Mais justement parce que cela n'est pas naturel, bien des hybrideurs se sont donné pour but d'obtenir des fleurs noires. Leur route a été semée d'embûches mais rien ne les a arrêtés ! Leur acharnement vaut celui des alchimistes qui ont régulièrement passé toute leur existence à tenter d'obtenir cette matière mythique, l'oeuvre au noir, cuisant et recuisant, distillant et redistillant leur mixture.

Pour nous limiter à l'essentiel, on peut dire, comme c'est raconté dans « The World of Irises », que l'oeuvre au noir chez les iris a eu trois initiateurs :

 - Le premier, et le moins connu, est le colonel Jesse Nicholls,. Cet officier supérieur était aussi savant en art militaire qu'en horticulture et en particulier en celle des iris. Son aventure commence avec 'Valor' (1932), un bitone aux sépales tirant sur le bleu noir. Nicholls, en bon horticulteur, a aussitôt tenté d'approfondir le côté sombre de son iris en le croisant avec un autre bleu-noir, 'The Black Douglas' (Jacob Sass, 1934). 'Black Valor' (1938) est le résultat de ce croisement. Comme il se doit c'est un bleu-noir profond. Fort de ce résultat, Jesse Nicholls a poursuivi en croisant de nouveau 'Valor' avec un descendant de 'Alcazar' et 'Souvenir de Mme Gaudichau'. Deux variétés bien sombres en ont été sélectionnées : 'Mata Hari' (1936) et 'Smolder' (1937). Unis, ces deux iris ont donné 'Storm King' (1939) décrit comme « A self color. Very deep blackish purple with red underglow » soit « Un iris unicolore, d'un violet-noir très profond, tirant sur le rouge ». Cet iris fut très admiré, comme en témoigne l'appréciation parue dans le Bulletin de l'AIS de l'été 1940 : « 'Storm King', is one of the smoothest and best dark iris I have ever seen », en français « 'Storm King' est un des iris sombres les meilleurs et les plus veloutés que j'ai jamais vu».
 - Passons à l'action d'un major de l'hybridation, Paul Cook. Son coup de génie, c'est d'avoir introduit les gènes de I. aphyla dans le patrimoine des grands iris. Il avait compris que ces petits iris de montagne avaient, entre autre, le pouvoir d'approfondir les couleurs et particulièrement celles des fleurs sombres. Cela lui a demandé plusieurs générations, mais un jour est apparu 'Sable' (1936) qui fut qualifié de « The Black Iris », dès qu'il fut commercialisé.Un nouveau pas était franchi.
 - Ce sont les Schreiner qui se situent sur la troisième marche du podium. C'est vrai chronologiquement, mais c'est peut-être la première marche qui devrait leur être attribuée. Ils ont eux aussi profité des aptitudes de I. aphyla puisque 'Dymia', la mère de 'Black Forest' est considéré comme provenant de cette espèce. « Ce 'Black Forest' (1944), en association avec 'Storm King' et 'Sable' forme le triumvirat qui est à la base de toute la recherche moderne sur les iris noirs » (The World of Irises).

Après ces premiers pas exaltants, la progression vers le noir vraiment noir a été poursuivie par Orville Fay à qui l'on doit 'Gulf Stream' (1945), puis, surtout, 'Black Hills' (1950), 'Total Eclipse' (1952) et 'Black Swan' (1960) ; chez ces quatre variétés sont rassemblés tous les cultivars cités au paragraphe précédent. Quelques autres ont suivi. Notamment Walter Luihn -'Dusky Dancer' (1966) -, Jim Gibson – 'Opening Night' (1969) - , Ben Hager – 'Basic Black' (1970) - , Gordon Plough -'Interpol' (1972) - , tandis que les Schreiner poursuivaient leur chemin – 'Tuxedo' (1964) - , 'Superstition (1977) - ,'Swazi Princess' (1978) -. Leur travail fut assez semblable à celui des alchimistes puisqu'il a consisté à renforcer la couleur et améliorer la plante par croisements successifs.

Les améliorations ont été surtout flagrantes au cours des années 1980 au cours desquelles sont apparus 'Black Madonna' (Stahly, 1984), 'Back in Black' (Schreiner, 1986), 'Blackout' (Luihn, 1986), 'Black Orpheus' (Schreiner, 1987), 'Before the Storm' (Innerst, 1988), pour n'en citer que quelques-uns. Aujourd'hui les hybrideurs américains ne sont pas loin d'avoir atteint une saturation du noir parfaite : 'Here Comes the Night' (Schreiner, 2009).

En France c'est essentiellement la famille Anfosso qui s'est collée à la tâche d'obtenir des iris noirs made in France, en appliquant les mêmes procédés que leurs confrères américains. 'Calamité' (1980) ('Basic Black' X 'Dusky Dancer'), 'Bar de Nuit' (1986) ('Calamité' X 'Superstition'), 'Draco' (1988) ('Calamité' X 'Storm Center') puis 'Nuit de Chine '(1993) ('Bar De Nuit' X 'Black Flag') et 'Nuit Fauve' (1994), frère de semis du précédent. Pour revoir des iris noirs français il faudra attendre longtemps, jusqu'à 2009... Il semble que le noir ne soit pas le coloris favori des hybrideurs français. Auraient-ils perdu l'espoir d'atteindre un jour la pierre philosophale ?

Iconographie : 


'Valor' 


'Black Hills' 


'Opening Night' 


'Back in Black' 


'Here Comes the Night' 


'Nuit Fauve'

6.10.17

LES IRIS DE GLENN CORLEW

Beaucoup moins connu que Joseph Gatty ou Vernon Wood, Glenn Corlew est, comme les deux autres, un spécialiste des iris roses. L'essentiel de sa production a en effet été consacré à cette couleur tendre et si fortement appréciée. Mais en plus de cette spécialité, il a acquis une certaine célébrité avec ses photographies, et, bien entendu, ses photos d'iris. La base de données IRIS ENCYCLOPEDIA de l'AIS rassemble un certain nombre de ces images et nous allons en publier le plus grand nombre en hommage à cet homme de goût. Ce sont des diapositives qui ont un peu vieilli, elles ont pris une teinte un peu rosée, mais puisqu'il s'agit majoritairement d'iris roses, cela n'est pas désagréable. 

On remarquera que ces variétés, dont la date de naissance s'étend sur plus de 20 ans, en plus d'un fort air de famille, conservent d'un bout à l'autre une remarquable continuité d'allure. Le temps n'a pas eu de prise sur le travail de Glenn Corlew. 

VI – Sixième semaine 

'Guest Star' (1969) 'Signature' X 'Janni' 


'Infatuation' (1977)'Cherub Choir' X 'Pink Taffeta' 

'Infini' (1986) 'Spinning Wheel' X 'Crystal Ball' 


'Jubilare' (1983) 'Proclamation' X 'Lemon Mist'.

COLLECTION FRANÇAISE

Nos jardins regorgent d'iris originaires des Etats-Unis ou d'Australie ; bientôt ce sont les variétés d'Europe Orientale voire de Russie et d'Ukraine qui peupleront nos bordures. Mais je ne connais pas de jardin où dominent les variétés françaises. Pourtant ce n'est pas ce qui manque ! Et la qualité de ces iris français n'est pas absente, comme en témoigne les beaux résultats des hybrideurs de notre pays dans les compétitions européennes, à Florence à Munich ou à Vincennes (Parc Floral de Paris). Pourquoi pas se lancer dans une collection d'iris obtenus en France par nos compatriotes ? Ils sont aujourd'hui au moins dix à commercialiser leurs obtentions , il n'y a donc que l'embarras du choix !

Une collection fut-elle débutante, se doit de posséder au moins une variétés de chaque couleur et de chaque modèle. Pour se limiter nous en resterons à une vingtaine d'iris (23 exactement), récents, couvrant tout le spectre des couleurs que l'on peut trouver chez nous. Je sais, cela va faire des déçus : ceux qui ne trouveront pas au moins l'un de leurs iris dans la présente liste, mais c'est la règle du jeu ! Et il faut se souvenir de ce qu'il existe bien d'autres belles fleurs qui pourraient aussi bien être citées.

Commençons par le blanc. Je propose une variété qui a séduit les juges du concours Franciris de 2005, autant pour sa blancheur parfaite que pour ses fleurs remarquablement dessinées. Il s'agit de 'Gwennaden' (Madoré, 2001). Ce n'est pas une variété absolument récente, mais elle me paraît toujours digne de figurer dans ce florilège.

En jaune j'ai choisi 'Macao' (Laporte, 2009). Issu du croisement 'Magic Kingdom' X 'Lorenzaccio De Médicis', c'est un jaune profond aux sépales griffés de brun, ce qui lui donne du « peps ». Bernard Laporte a obtenu d'autres iris jaunes très intéressants, comme 'Féria de Nîmes' (2006) par exemple.

Du jaune, passons au brun. Pour ce coloris, j'hésite entre deux fort beaux iris : le fameux 'Lumière d'Automne' (L. Anfosso pour Eric Besse, 2009) et 'Tabac Blond' (R. Cayeux, 2006). Le premier a eu une histoire compliquée du fait qu'il n'a pas été enregistré lors de sa mise sur le marché et que ce n'est qu'à la suite d'une demande très vive des collectionneurs qu'il a reçu la consécration officielle. Le second, plus banal, est néanmoins un bel exemple du talent de Richard Cayeux.

On peut passer à l'orange ? Dans ce coloris ingrat (chez les iris, je précise) les obtenteurs bretons se distinguent nettement. Gérard Madoré d'abord puis Alain Chapelle nous ont donnés de très beaux spécimens, c'est pourquoi je choisis 'Baisers Dorés' (Chapelle, 2016), un orange intégral flamboyant, issu de 'Game Plan' X 'Leading Light'. Une réussite.

'Terre de Feu' (Cayeux, 1997) a déjà 20 ans. Cela ne lui enlève rien de sa rutilance, en cuivre rouge centré de bleu métallique ; un coloris qu'on ne rencontre pas souvent.

Dans les rouges il faut commencer par le ton magenta et dans ce cas je succombe à mon affection pour 'Mamy Framboise' (V. Fur/B. Laporte, 2004). Non seulement c'est un iris aux vives couleurs, mais c'est aussi une plante sans problème, qui pousse vite et bien.

Dans un ton plus soutenu, il faut se décider entre le « vieux » 'Rive Gauche Paris' et son cadet 'Bouschet' (Laporte 2006). 'Rive Gauche" (obtenu par Vivette Sazio en 1993) a été enregistré sous le nom de 'Rive Gauche Paris' par Laure Anfosso en 2012. Il est un peu paresseux pour se développer, mais quelle couleur ! Il se trouve au pedigree de 'Bouschet', lequel a hérité de ses riches atours, mais bénéficie d'un pousse plus rapide.

Dans la famille -nombreuse - des iris violets, je désigne 'Confiserie' (R. Cayeux, 2016). Un peu court sur patte, mais richement coloré, avec une teinte un peu rosée, très agréable. Son frère de semis 'Attirance' (2016), n'est pas mal non plus, et lui ressemble comme un jumeau !

Le mauve est une couleur délicieuse, depuis toujours associée aux iris. L'un de ses champions a été Larry Gaulter. Chez nous, l'un de ceux a qui cette couleur a le mieux réussi est Lawrence Ransom. Son 'Marie Kalfayan' (1994), avec une barbe orange qui lui donne du nerf, mérite tout à fait de figurer dans cette liste.

Le même contraste entre la barbe et le reste de la fleur se retrouve chez le bleu clair 'Princesse Caroline de Monaco' (R. Cayeux, 1997). C'est une plante qui, pour moi, a toute les qualités. Je ne suis pas seul à penser comme ça car il semble bien qu'elle a reçu un formidable accueil partout dans le monde.

Je propose un autre iris de Richard Cayeux pour illustrer le coloris bleu vif. 'Grand Amiral' (1999). Cette grande et belle fleur a fait ses preuves et semble réussir un peu partout. Descendant de deux bleus des plus appréciés, 'Memphis Blue' et 'Sapphire Hills', c'est un bel exemple d'une utilisation judicieuse de l'endogamie.

 La tulipe noire a fait s'entretuer les amateurs pendant le 18eme siècle. Aujourd'hui l'iris noir relève presque du même défi : la nature ne sait pas faire naturellement des fleurs noires. Qu'à cela ne tienne, les hybrideurs les plus réputés ont pris l'affaire à bras le corps et obtenus des fleurs qui, maintenant, parviennent presque à la perfection. Parmi les obtentions françaises récentes, j'en ai repéré deux qui ont leur place dans cet article. 'Penhir' (G. Madoré, malheureusement non enregistré ) et 'Jais Moqueur' (A. Chapelle, 2016). Mais Bernard Laporte a lui aussi eu la main heureuse avec 'Dakar' (2009), enrichi d'éperons. Finalement, dans ce coloris difficile, nous voilà avec plus de prétendants qu'il n'y a de place !

Terminons-en avec les unicolores (ou « selfs » comme disent les américains) en parlant des iris roses. Il y a pléthore ! Après bien des hésitations, j'ai retenu 'Sensuelle' (Ransom, 1999) et 'Succès Fou' (R. Cayeux, 2000). Le premier affiche une touche d'orangé, mais cela n'est pas déplaisant et, comme toutes les obtentions de Lawrence Ransom, il a une classe incomparable. Le second, contemporain du précédent, oscille entre le rose « flamant » et le rose « corail ». Une fleur délicieuse.

Nous abordons maintenant les variétés bicolores. En commençant par les nombreux amoenas bleus. Je ne sais pas me décider entre plusieurs fleurs particulièrement belles : 'Barbe Noire' (Cayeux, 2012), 'Domino Noir' (R. Cayeux, 2012), et 'Princesse Laura' (Cancade, 2014). Non seulement les fleurs, avec un contraste bien vif, répondent parfaitement aux critères définissant les amoenas, mais encore les plantes elles-mêmes, en font des indispensables au jardin d'iris.

Chez les amoenas, il y a non seulement les bleus, mais il ne faut oublier ni les roses ni les jaunes. Cependant si, pour les bleus, faire un choix n'a pas été difficile, les autres couleurs m'ont davantage compliqué la vie. Pas trop pour les amoenas roses, catégorie pour laquelle j'ai désigné 'Chateau d'Auvers / Oise' (R. Cayeux, 2003) pour ses fraîches couleurs où le blanc pur voisine avec un ton d'abricot rosé très doux, avec de belles ondulations. Mais oui pour les jaunes chez qui je n'ai pas trouvé quelque chose d'enthousiasmant. 'Infusion Tilleul' (R. Cayeux, 2013) n'est pas exactement dans les clous, 'Cadran Lunaire' (J.C. Jacob, 2012) sera plutôt rangé parmi les distallatas. Je me suis rabattu sur des variétés avoisinantes, mais fort jolies : 'Ma Véronique' (R. Cayeux, 2013), où le jaune domine, ou 'Mireille Sanne' (Boulon, 2016) où c'est le blanc qui prend le dessus ne laissant au jaune que le haut des sépales.

Et les amoenas inversés ? Ce n'est pas un sujet qui a inspiré considérablement les hybrideurs français de ces dernières années. J'ai retenu deux variétés très réussies, qui se trouvent dans ma propre collection et dont j'ai pu apprécier les qualités végétatives et l'harmonie des coloris. Il s'agit de 'Lune Bleue' (M. Bersillon, 1999) en bleu lavande sur blanc bleuté, et de 'Somni' (R. Dejoux, 2008), subtil équilibre entre des pétales d'un jaune primevère très doux et des sépales bien blancs. Je n'ai pas osé citer 'Zone d'Ombre' (Ruaud, 2012) parce que j'en suis l'obtenteur et qu'il n'a pas été commercialisé jusqu'à présent.

Du côté des iris variegatas, on ne manque de rien ! Je choisis une variété toute récentes d'un jeune hybrideur qui doit aller loin : Stéphane Boivin. Il s'est fait remarquer aux deux derniers concours Franciris et chacune de ses obtentions retient l'attention. Cette fois je mets en avant 'Aime Bay'(2015). Issu de deux « must », 'Montmartre' et 'Décadence', c'est un variegata moderne, dans les tons de beige et de violet.

On revient à une obtention de Richard Cayeux pour la catégorie des bicolores. (Nelly Tardivier, 2012) a tout pour plaire, en particulier une association de couleurs originale, bien dans la mode d'aujourd'hui. C'est une variété qu'il ne faut pas rater !

Les plicatas font partie de mes iris favoris. Le nombre infini des variations qu'ils offrent permet de ne pas obligatoirement retenir un plicata violet sur fond blanc dont on peut dire qu'ils sont proposés trop souvent. Je préfère mettre ici une fleur de la production de feu Lawrence Ransom, chic et rare : 'Ma Dulcinée ' (2015). Impeccablement coiffé, piqueté et veiné de vieux rose lilacé (comme le dit la description officielle), c'est un joyau pour le jardin. Dans un modèle rencontré souvent ces temps derniers en Amérique, 'Fleur de feu' (R. Cayeux, 2012) n'est pas mal non plus.

Peut-on passer sous silence les « broken color » ? Je ne pense pas, c'est pourquoi j'ai retenu une variété originale et qui pousse bien : 'Rose-Linda Vasquez' (2007), obtenu dans le minuscule jardinet de l'hybrideuse éponyme. Cet iris qui mélange agréablement deux tons de bleu est aussi un iris à éperons ; il allie donc deux catégories très appréciées.

Apparue au début des années 2000, la catégorie nouvelle baptisée « distallata » s'est rapidement répandue dans notre petit monde. Chacun veut avoir le sien. J'ai pensé mettre à ce catalogue l'obtention du jeune Sébastien Cancade 'Martingale' (2014) que la famille Anfosso a décrit dans son catalogue comme « Blanc chaud sur sépales violet veiné et or autour de la barbe orange, ondulé et au parfum délicat ». J'ajoute une autre version, plus « soft », signée de Jean-Claude Jacob, 'Cadran Lunaire' (2012) mais dont je ne connais pas encore les qualités horticoles.

Terminons cet inventaire par les incontournables iris bleu-blan-rouge de la Maison Cayeux. Dans la longue liste des titulaires de cette appellation, je propose 'Ruban Bleu' (J. Cayeux, 1997), dernière variété enregistrée par Jean Cayeux, et cultivar admirable en tous points.

Ainsi s'achève cette collection d'iris français, très représentative de ce que nos hybrideurs nationaux peuvent offrir. Avec ces iris-là, vous pouvez être certains de vous constituer un jardin d'iris exceptionnel. Mais ne perdez pas de vue qu'il ne s'agit que d'un échantillonnage, forcément partial. Il y a bien d'autres variétés remarquables obtenues en France pendant ces vingt dernières années !

Iconographie : 

'Gwennaden' 


'Baisers Dorés' 


'Dakar' 


'Sensuelle' 


'Mireille Sanne' 


'Lune Bleue' 


'Ruban Bleu'