29.9.17

LES IRIS DE GLENN CORLEW

Beaucoup moins connu que Joseph Gatty ou Vernon Wood, Glenn Corlew est, comme les deux autres, un spécialiste des iris roses. L'essentiel de sa production a en effet été consacré à cette couleur tendre et si fortement appréciée. Mais en plus de cette spécialité, il a acquis une certaine célébrité avec ses photographies, et, bien entendu, ses photos d'iris. La base de données IRIS ENCYCLOPEDIA de l'AIS rassemble un certain nombre de ces images et nous allons en publier le plus grand nombre en hommage à cet homme de goût. Ce sont des diapositives qui ont un peu vieilli, elles ont pris une teinte un peu rosée, mais puisqu'il s'agit majoritairement d'iris roses, cela n'est pas désagréable. 

On remarquera que ces variétés, dont la date de naissance s'étend sur plus de 20 ans, en plus d'un fort air de famille, conservent d'un bout à l'autre une remarquable continuité d'allure. Le temps n'a pas eu de prise sur le travail de Glenn Corlew. 

V – Cinquième semaine 

'El Grandee' (1974) ( 'Soaring Kite' x 'Signature') X 'Tralee' 


'Folklore' (1973) 'Cherub Choir' X 'Christie Anne' 


'Fortune Teller' (1986) 'Roundup' X 'Crystal Ball' 


'Grand Romance' (1969) 'Signature' X 'Silvertone

QUINZE GRANDS IRIS POUR UN DÉBUTANT

QUINZE GRANDS IRIS POUR UN DÉBUTANT 
Par Bryce Williamson 
 
Bryce Williamson est un hybrideur américain très connu, qui a obtenu la Médaille de Dykes en 1989 pour son iris plicata 'Jesse's Song' (voir ci-dessous). Publié dans « World of Irises », le blog de l'AIS, ce texte n'est pas seulement destiné aux débutants américains puisque toutes les variétés qu'il présente sont disponibles sur le marché français.

En italique le texte américain, en lettres droites la traduction en français que j'en ai faite.

It is exciting to go to an iris show or an iris garden, view all the lovely flowers, and then decide to add modern varieties to the garden. Like most things there is a “however” attached. And for the new-to-iris gardener the “however” is what to acquire. The issue is further complicated by new iris varieties selling for large sums of money. Thinking about this problem, I came up with a list of 15 Tall Bearded irises that have proven their worth over time and are reasonably priced. While the list, presented in alphabetical order, is not perfect, it is a starting point for an iris collection. 

C'est un plaisir d'aller dans une fête des plantes ou dans un jardin d'iris, de voir toute ces jolies fleurs, puis de décider d'ajouter des variétés modernes dans notre propre jardin. Comme pour chaque chose il y a cependant un « mais ». Et pour le nouvel amateur d'iris ce « mais » c'est « quelles variétés acheter ? » La solution se trouve nettement compliquée parce que l'achat de nouvelles variétés d'iris représente des sommes importantes. En pensant à ce problème, j'ai dressé une liste de 15 grands iris qui ont prouvé leur valeur dans la durée et sont d'un prix raisonnable. Cette liste, présentée dans l'ordre alphabétique, n'est pas parfaite, mais c'est un point de départ pour une collection d'iris.

‘Absolute Treasure’ (Tasco, 2006). 
 One of the huge reasons for growing irises is that they provide great blues and violets in a garden, color rarely seen in other flower families. This wonderful light blue approaches true blue; it is an award winner with an Award of Merit in 2010 and a Wister Medal in 2013. What I like most about Absolute Treasure is whether I see it on a one year planting, or in multi-year clumps, this variety produces tall, well branched stalks that hold up the large, ruffled flowers without needing to be staked. 
 L'une des meilleures raisons de cultiver des iris est qu'ils apportent au jardin une touche de bleu et du violet remarquable, couleurs qui sont rarement vues dans les autres familles de fleurs. Ce magnifique bleu clair est proche du vrai bleu ; il a été plusieurs fois distingué, notamment avec un Award of Merit en 2010 et la Wister Medal en 2013. Ce que je préfère chez 'Absolute Treasure' c'est que, qu'on le voie au bout d'un an de plantation ou sur une touffe vieille de plusieurs années, il produit des tiges élevées, bien branchées , qui exhibent des fleurs grandes et ondulées sans qu'il soit besoin de les tuteurer.

 ‘Arctic Express’ (Gatty, 96).
Joe Gatty produced so many lovely irises and had such a great eye for form. It is no surprise, then, that Arctic Express is noted for its deep ruffling. An American Iris Society Award of Merit winner in 2000, this is the gold standard for current whites. I am a strong believer of the importance of white flowers in the garden; an older variety that has also been proven to be time tested is “Carriage Trade” (Gaulter, 1977). 
Joe Gatty à obtenu beaucoup d'iris adorables et avait un coup d’œil infaillible pour juger de la forme. Ce n'est pas une surprise donc que 'Arctic Express' soit renommé pour le richesse de ses ondulations. Récompensé d'un Award of Merit en 2000, c'est le parfait modèle des iris blancs actuels. Je crois beaucoup à l'importance des fleurs blanches dans un jardin ; en ce sens une variétés plus ancienne, qui a démontré sa valeur, est 'Carriage Trade' (Gaulter, 1977).

 ‘Decadence’ (Blyth, 2001). 
An iris creation from Australia that is noted for being loud, brassy, and ever so colorful. Visitors to a garden always are immediately drawn to this variety with its large, laced flowers. This is not one of those varieties that you have to be a connoisseur to identify—it attracts attention to itself and it is a one of a kind. Decadence won an Award of Merit and the Wister Medal. This bright and ever so colorful iris will become an instant favorite. 
 Créé en Australie, c'est un iris qui est apprécié pour son côté voyant, lumineux et riche en couleur. Ceux qui visitent un jardin sont toujours immédiatement attirés par cette variété aux grosses fleurs découpées. Il n'est pas nécessaire d'être un connaisseur pour identifier cette variété : elle attire immédiatement l'attention et est seule de son espèce. 'Décadence' a remporté un Award of Merit ainsi que la Wister Medal. Cet iris brillant et richement coloré devient un favori en un instant.

 ‘Dusky Challenger’ (Schreiner 1986). 
I first saw Dusky Challenger as a seedling in Oregon where it was attracting attention. With good form and superior branching, it made a climb up the American Iris Society award—Award of Merit in and Dykes Medal in 1992. To burnish its luster, Dusky Challenger has occupied the top position on the AIS Popularity Poll for years; it was quickly voted into the Tall Bearded Iris Society’s Hall of Fame.
 J'ai vu 'Dusky Challenger' pour la première fois, en Oregon, alors qu'il n'était encore qu'un semis ; et il attirait l'attention. Avec sa forme parfaite et son branchement supérieur il a rapidement grimpé dans l'échelle des valeurs de l'American Iris Society avec un Award of Merit et la Médaille de Dykes en 1992. Pour combler sa réussite, 'Dusky Challenger' a occupé la première place du Concours de Popularité de l'AIS pendant des années ; Il a très vite été placé au Panthéon de la Tall Bearded Iris Society.

‘Golden Panther’ (Tasco, 2000).
 When I first grew this iris, I thought it was only OK, but it was also growing in the shadow of a huge pine tree. Moved to a better location, it has thrived. An Award of Merit winner in 2004, Wister Medal in 2006 and the Dykes Medal in 2009, I do find that its color varies from garden to garden and season to season. Sometimes it is clearly a gold and other years it is much more bronze. In either case, it is a bright beacon in the yard with easy growth habits. 
 Quand j'ai commencé avec cet iris, j'ai pensé qu'il était simplement bien, mais il était planté à l'ombre d'un gros pin. Déplacé vers un meilleur emplacement il a considérablement prospéré. Il a remporté un Award of Merit en 2004, la Wister Medal en 2006 et la Dykes Medal en 2009. J'ai remarqué que sa couleur variait de jardin en jardin et de saison en saison. Quelque fois il est franchement doré, mais d'autres années il est beaucoup plus bronze. Quoi qu'il en soit c'est un brillant point de repaire dans le jardin et il se développe facilement.

 ‘Happenstance’ (Keppel 2000). 
When putting together a list of irises for the beginning gardener, I knew that I would want to have a pink on the list. At the time of its introduction this iris received good press and was well liked—an Award of Merit in 2004 and a Wister Medal in 2006. Ten years later it is still very popular due to its strong stalks, good growth habits, and ability to bloom in many areas of the country. Too often pinks are not the best of garden plants.
Quand j'ai voulu établir une liste d'iris pour les débutants, je me suis dit qu'il me fallait un rose dans cette liste. Au moment de son introduction sur le marché celui-ci a reçu un bon accueil et a tout de suite été apprécié. Il a obtenu un Award of Merit en 2004 et la Wister Medal en 2006. Dix ans plus tard il est toujours aussi populaire grâce à ses tiges solides , son bon comportement et son aptitude à fleurir partout. Trop souvent les roses ne sont pas les meilleures plantes de jardin.

 'Jesse’s Song' (Williamson, 1983).
Not the boldest colored plicata in the world, but time has shown this variety to be a great garden iris. Winning an Award of Merit and then a Dykes Medal in 1989, Jesse’s Song has been a hit in the garden and at iris shows. Last year it was in second place on the American Iris Society’s Popularity Poll and it tied for the most Queen of the Show awards in the US. One of the first irises voted into the Tall Bearded Iris Society Hall of Fame, Jesse’s Songs likes to grow and bloom in all parts of the country. 
Ce n'est pas le plicata aux couleurs les plus solides au monde, mais le temps a montré que cette variété était un grand iris de jardin. Il a obtenu un Award of Merit puis la Dykes Medal en 1989. 'Jesse's Song' a été un champion aussi bien dans les jardins que dans les compétitions auxquelles il a été inscrit. L'année dernière il était numéro deux dans la liste du Concours de Popularité de l'AIS et à égalité dans le classement américain des Reines des Expos. Cela a été l'un des premiers iris entrés au Panthéon de la TBIS. 'Jesses' Song' pousse et fleurit bien dans tous les coins du pays.

 'Lady Friend' (Ghio, 1981). 
When it was introduced, Lady Friend did get some attention, winning an Award of Merit in 1985; however, while many of the other Award of Merit winners from that year have disappeared from gardens, Lady Friend is still widely grown and continues to be on the AIS Popularity Poll. The main reason is that it is a variety that grows and blooms with ease; secondary reason is that it is one of those unique colors. For those reasons, it is widely grown and appreciated. 
Quand il a été mis sur le marché, 'Lady Friend' a retenu l'attention, enlevant un Award of Merit en 1985 ; mais tandis que bien d'autres variétés récompensées d'un AM cette année-là ont disparu de nos jardins, 'Lady Friend' est toujours largement cultivé et figure toujours dans la liste du Concours de Popularité de l'AIS. La raison majeure est que c'est une variété qui pousse et fleurit facilement ; la seconde raison se situe dans son coloris unique. C'est pour cela qu'il est toujours largement répandu et apprécié.

 'Ozark Rebounder' (Nicodemus, 2003). 
 I was searching for a dark-to-black iris for this list and this became my selection for three reasons. First, Ozark Rebounder has good form in the dark violet to near black color range; second, it grows well around the country; and the third reason is that it reblooms. With reasonable garden culture, it will bloom again in the fall, providing a splash of color. An Award of Merit winner. 
 Je cherchais un iris « noir » pour mettre dans cette liste et il y a trois raisons pour lesquelles j'ai choisi celui-là. Primo, 'Ozark Rebounder' a une bonne forme dans la catégorie des iris violet sombre tirant sur le noir ; secondo il pousse bien un peu partout ; et tertio il remonte. Dans des conditions normales de culture, il remontera en automne, offrant une tache de couleur. Il a obtenu un Award of Merit.

 'Persian Berry' (Gaulter, 1977). 
 Larry Gaulter is in my opinion one of the underrated hybridizers with four wonderful, still grown, creations to his credit—Laurie, Mary Frances, Carriage Trade, and Persian Berry. And Persian Berry, winner of an Award of Merit, is one of those unique varieties—it has never been improved upon. With its lovely color and its distinctive shoulders, it is easy to spot this variety from a far. A home about 3 miles from me has a clump in the front yard and once it blooms, even from a distance, I can spot it. Very distinctive.
 Larry Gaulter fait à mon avis partie des hybrideurs sous-estimés, avec à son crédit quatre créations splendides encore cultivées : 'Laurie', 'Mary Frances', 'Carriage Trade' et 'Persian Berry'. Et 'Persian Berry', qui a gagné un Award of Merit, est l'une des ces variétés uniques qui n'ont jamais été surpassées. Avec son coloris délicieux et ses épaules reconnaissables, on peut facilement le remarquer de loin. A environ quatre kilomètres de chez moi il y a une touffe devant une maison et quand elle est fleurie, même de loin je peux la repérer. Tout à fait remarquable.

‘Queen in Calico’ (Gibson, 1980). 
Another Award of Merit winner, this “pink” plicata ranks high in that color class. Still lovely these many years after its introduction, I been told that in some climates it may not perform at its best. I recommend talking to a local iris grower or your local club before buying this one, but if it will grow and bloom for you, you will be more than happy. 
 Encore un qui a gagné un Award of Merit. C'et un plicata « rose » qui tient une place élevée dans cette classe de couleur. Toujours aussi charmant de longues années après sa mise sur le marché. J'ai entendu dire qu'il ne se comportait pas très bien sous certains climats. Je recommande de se renseigner localement, avant d'en faire l'acquisition, mais si il pousse et fleurit bien par chez vous, vous serez plus que content.

 ‘Queen’s Circle’ (Kerr, 2000). 
 The Emma Cook pattern had been around for years, but Fred Kerr took that pattern to new heights in this wonderful creation. I consider this one of the best Dykes Medal winning irises in recent years. With lovely, large, ruffled flowers, fine branching and bud count, the plants grow and bloom all around the country regardless of climate. No wonder it won a Wister Medal in 2006 before winning the Dykes in 2007. 
 Le modèle « Emma Cook » est connu depuis des années, mais Fred Kerr l'a porté à un niveau supérieur avec cette création. Je considère que c'est le meilleur vainqueur de la Dykes Medal de ces dernières années. Avec de charmantes grandes fleurs ondulées, un bon branchement et de nombreux boutons, cette plante pousse et fleurit partout sans tenir compte du climat. Pas étonnant qu'elle ait obtenu la Wister Medal en 2006 avant la Dykes en 2007.

 ‘Stairway to Heaven’ (Lauer, 1993). 
 Softly colored, but there is nothing soft about the stalks and plants. A Dykes winner in 2000, Stairway to Heaven grows and blooms with ease, making large clumps in no time. Branching and bud count are also good as this dependable and easy to please garden iris. Popular in all areas, this has been voted into the Tall Bearded Iris Society’s Hall of Fame.
Les couleurs en sont douces, mais il n'y a rien de faible dans les tiges et les plantes. Vainqueur de la Dykes Medal en 2000, 'Stairway to Heaven' se développe et fleurit facilement, constituant de grosses touffes en un rien de temps. Le branchement et le nombre de boutons sont également bons chez cet iris fiable et bien propre à agrémenter un jardin. Populaire dans toutes les régions, il est entré au Panthéon de la TBIS.

 ‘That’s All Folks’ (Maryott, 2005). 
 Bill Maryott’s last iris introduction before he transformed himself into a daylily hybridizer and the last one was the one that swept the awards. Winning a Wister Medal in 2011 and the Dykes in 2013, That’s All Folks is noted for strong growth, ramrod straight stalks, and huge, colorful flowers. I am a firm believer in yellows in the garden since they bring a shaft of sunlight even on inclement days. These eye catching flowers will attract attention in the garden. 
C'est la dernière introduction de Bill Maryott avant que celui-ci ne se transforme en hybrideur d'hémérocalles, et ce petit dernier est aussi celui qui a rafflé les récompenses : la Wister Medal en 2011 et la Dykes en 2013. 'That's All Folks est réputé pour sa force de pousse, ses tiges droites comme des i et ses grosses fleurs vivement colorées. Je crois fermement dans les iris jaunes au jardin parce qu'ils y apportent un rayon de soleil, même par les journées les moins clémentes. Ces fleurs qui tirent l'oeil fixeront l'attention dans le jardin.

‘Thornbird’ (Byers, 1989). 
Lloyd Austin, with his Space Age irises, changed flower form, but it was Monty Byers who stormed the American Iris Society and ended winning three Dykes Medals with Space Age varieties. Thornbird won an Award of Merit in 1993 and the Dykes in 1997. It is also a Tall Bearded Iris Society Hall of Fame iris. It is one of those varieties that the colors can vary widely from area to area and climate to climate, but it is always a garden favorite.
Lloyd Austin, avec ses iris « space age », a changé la forme des fleurs, mais c'est Monty Byers qui a révolutionné l'American Iris Society et a fini par gagner trois Dykes Medal avec des variétés « space age ». 'Thornbird' a eu un Award of Merit en 1993 et la Dykes en 1997. Il est aussi entré au Panthéon de la TBIS. C'est une de ces variétés dont les couleurs peuvent énormément varier d'un lieu à un autre ou d'un climat à un autre, mais c'est toujours un favori au jardin.

 Iconographie : 

'Arctic Express' 


'Jesse's Song' 


'Lady Friend' 


'Persian Berry'

22.9.17

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Le concours de Munich 2017 

Les résultats du concours de Munich 2017 viennent d'être publiés :

Après trois années de culture (plantation 2014) 

1 – semis 30-09-TD (Tiziano Dotto)
2 – 'Charmanda' (Klaus Burkhardt, 2014)
3 – semis MB 14-10 (Manfred Beer)

Les 39 variétés en compétition sont toutes des obtentions d'hybrideurs italiens, allemands et d'Europe de l'Est (Pologne, Slovaquie, Ukraine). 

Après deux années de culture (plantation 2015) 

1 – semis 73-08-12-2 (Günter Diedrich)
2 – semis KB 76 (Klaus Burkhardt)
3 – 'Cigarillo' (Richard Cayeux, 2014)

49 variétés en compétition, avec une participation plus diverses puisque les français Cayeux et Bersillon, et l'américain Schreiner figurent dans la liste. 

Guère de photos disponibles !


LES IRIS DE GLENN CORLEW

Beaucoup moins connu que Joseph Gatty ou Vernon Wood, Glenn Corlew est, comme les deux autres, un spécialiste des iris roses. L'essentiel de sa production a en effet été consacré à cette couleur tendre et si fortement appréciée. Mais en plus de cette spécialité, il a acquis une certaine célébrité avec ses photographies, et, bien entendu, ses photos d'iris. La base de données IRIS ENCYCLOPEDIA de l'AIS rassemble un certain nombre de ces images et nous allons en publier le plus grand nombre en hommage à cet homme de goût. Ce sont des diapositives qui ont un peu vieilli, elles ont pris une teinte un peu rosée, mais puisqu'il s'agit majoritairement d'iris roses, cela n'est pas désagréable. 

On remarquera que ces variétés, dont la date de naissance s'étend sur plus de 20 ans, en plus d'un fort air de famille, conservent d'un bout à l'autre une remarquable continuité d'allure. Le temps n'a pas eu de prise sur le travail de Glenn Corlew. 

IV – Quatrième semaine

'Cornerstone' (1974) 'Kimzey' X 'Signature' 


'Country Fair' (1965) 'Frilly Fringes' X ( 'Party Dress' x 'Native Dancer') 


'Crystal Ball' (1974) 'Portrait' X 'Foggy Dew' 


'Date Book' (1974) 'Kimzey' X ( 'Signature' x 'Flaming Heart')

LES HYBRIDEURS HEREDITAIRES

Ce n'est pas fréquent que l'on soit obtenteur d'iris de père en fils. En France la famille Cayeux fait figure d'exception puisqu'elle est dans le métier depuis cinq générations. Aux Etats-Unis, une telle situation, à ma connaissance, n'existe pas. Les Schreiner n'en sont encore qu'à la quatrième et je ne vois guère que les Craig pour avoir pris un tel chemin.

Car avec les Craig on est bien devant une dynastie. Cela commence avec Tom Craig,le père, qui a enregistré des iris de toutes sortes entre 1948 et 1969. Il avait commencé une carrière d'artiste peintre, d'ailleurs prometteuse dans le début des années 1940, mais cela fut interrompu par la guerre. A son retour, c'est vers les iris qu'il s'est dirigé. Il y mit tout son cœur et ses qualités d'artiste. Ses iris sont toujours des variétés où l'on sent que l'on a affaire à un homme de goût. Son premier catalogue, en 1948, est maintenant une pièce de musée : il est rédigé à la main, avec des dessins originaux en guise d'illustrations.

Dans ses premières recherches on note un attrait particulier pour les plicatas et le choix de 'Mme Louis Aureau' (F. Cayeux, 1934) pour base, ce qui donne des variétés dans les tons de pourpre. Mais très vite il s'est particulièrement intéressé aux iris bruns (ou brun-rouge). Ses meilleurs résultats sont sans doute dans cette couleur. Cela commence dès 1950 avec 'Ball Gown' et cela continue tout au long de la carrière avec 'Rich Raiment' (1949) 'Tabasco' (1951), 'Bang' (1955), 'Zombie' (1957) ou 'Red Polish' (1967). Il n'a pas dédaigné pour autant les autres coloris comme le blanc ('Frieda's Favorite', 1960), le mauve ('Farewell', 1951) ('Orchid and Flame', 1954), le rose ('Almond Blossom', 1953) ('Beau Catcher', 1955) ou le bleu (Mary McClellan' 1952, son plus grand succès). Enfin il faut noter qu'il est un des rares hybrideurs américains à avoir obtenu des variétés dans les tons de blanc teinté de vert et de bleu tirant vers le gris. Tom Craig a reçu l' « Hybridizer Award » en 1962.

 Il faut croire que l'amour des iris peut être contagieux car Tom Craig a transmis le virus à son épouse, Frances, dont 'Escondido' (1958) a reçu un accueil très chaleureux, et ses cinq enfants Tim, Ken, Ivan, Patricia et Frances (comme sa mère) qui ont tous enregistré un certain nombre de variétés comme 'Ebbtide' (Ivan Craig, 1957).

La famille Craig a produit au total plus de 390 variétés dans toutes les catégories avec néanmoins une majorité d'arilbreds et de grands iris, lesquels, d'ailleurs comportent fréquemment des gènes d'arils. Cela les classe parmi les hybrideurs les plus prolifiques.

Tom Craig et sa petite famille ne sont pas très connus en dehors des frontières américaines. Leurs iris n'ont guère été commercialisés chez nous. Cela n'enlève rien à leur mérite qui dépasse largement le côté anecdotique de la saga familiale.

 Iconographie :


 'Bang' 


'Zombie' 


'Beau Catcher' 


'Mary McClellan' 


'Escondido' 


'Ebbtide'

15.9.17

LES IRIS DE GLENN CORLEW

Beaucoup moins connu que Joseph Gatty ou Vernon Wood, Glenn Corlew est, comme les deux autres, un spécialiste des iris roses. L'essentiel de sa production a en effet été consacré à cette couleur tendre et si fortement appréciée. Mais en plus de cette spécialité, il a acquis une certaine célébrité avec ses photographies, et, bien entendu, ses photos d'iris. La base de données IRIS ENCYCLOPEDIA de l'AIS rassemble un certain nombre de ces images et nous allons en publier le plus grand nombre en hommage à cet homme de goût. Ce sont des diapositives qui ont un peu vieilli, elles ont pris une teinte un peu rosée, mais puisqu'il s'agit majoritairement d'iris roses, cela n'est pas désagréable. 

On remarquera que ces variétés, dont la date de naissance s'étend sur plus de 20 ans, en plus d'un fort air de famille, conservent d'un bout à l'autre une remarquable continuité d'allure. Le temps n'a pas eu de prise sur le travail de Glenn Corlew. 

III – Troisième semaine 


'Carondelet' (1971) 'Carolands' X 'Orange Chariot' 


'Cherished' (1972) 'Cherub Choir' X 'Adorable You' 


'Cherub Choir' (1966) 'Signature' X 'One Desire' 


'Concert' (1974) 'Pink Fringe' X 'Signature'

VOIR ROUGE

Quand on parle de voir rouge, c'est en général que l'on est très en colère. Mais dans le langage des irisariens c'est, plus calmement, faire comme si une fleur était rouge alors qu'elle n'est que d'une couleur plus proche du grenat ou du brun. Tout ça parce que le rouge, le vrai, n'existe pas dans le monde des iris. C'est génétique. Je n'ai aucune culture scientifique et je sais seulement qu'il s'agit d'une question de pélargonidine et de delphinidine, pigments que les iris ne peuvent pas synthétiser naturellement. Pas de rouge, donc. Pourtant cette couleur, sans doute parce qu'elle n'existe pas pour eux, a de tous temps excité les hybrideurs. Ils ont donc déplacé ciel et terre pour tenter d'obtenir du rouge. Keith Keppel, dans « The World of Irises » en fait le constat : « Tout comme l'impression de brun chez les iris est due à l'interaction visuelle de deux types différents de pigmentation, c'est la même chose pour le rouge. Il n'y a pas de pigment rouge présent dans les iris, et les hybrideurs d'iris rouges sont, en fait, des maîtres de l'illusion. » Dans le même ouvrage, Keppel fait remonter l'origine des iris « rouges » à la variété 'Cardinal' (Bliss, 1919). Il suit le cheminement de la couleur à travers les recherches de plusieurs obtenteurs des années 1920/1930 : 'Dauntless' (Connell, 1929), puis 'Coralie' (Ayres, 1933), puis 'Rosy Wings' (Gage, 1939), et aussi 'Ethel Peckham' (1932, Ed. Williamson), dont la description parle de « pourpre » et de « bordeaux ». La quête s'est poursuivie chez les frères Sass jusqu'à 'The Red Douglas' (1947) qui a 'Cardinal' parmi ses ancêtres ; chez Agnes Whiting, il y a 'Garden Glory' (1943) puis, 'Technicolor' (1949) que l'on décrirait aujourd'hui comme bitone grenat. Plusieurs autres obtenteurs ont continué le travail, notamment Chet Tompkins avec 'Defiance' (1953) qui fit véritablement sensation lors de son apparition au point que certains ont crié à la supercherie. Tom Craig, de son côté a mené une longue recherche qui a abouti à 'Red Boat' (1963) décrit comme « porto », ce qui lui va bien, même si ce porto est bien sombre à nos yeux. Cependant c'est le travail de la maison Schreiner qui a fait faire le plus grand bon en avant sur le route des iris rouges. A commencer par 'War Lord' (1967), puis 'Spartan' (1972), et surtout 'Vitafire' (1968).

« The World of Irises » s'arrête au milieu des années 1970, mais dans les quarante années suivantes, les hybrideurs n'ont pas lâché le morceau. Ils se sont orientés notamment vers la science pour les aider. Ce fut le cas de Pierre Anfosso qui a pensé qu'un traitement par irradiation de graines de variétés sélectionnées pour leur potentielle aptitude à donner des fleurs rouges pouvait provoquer une mutation aboutissant à une profonde coloration écarlate ; mais ce traitement n'a pas été couronné de succès. Richard Ernst, quant à lui, a fait effectuer une analyse complète de l’ADN d’un iris. La pigmentation de douzaines de variétés a été analysée et des cultures de tissu « in vitro » ont été réalisées. Il a fallu douze années de recherche pour découvrir et sélectionner ce que les scientifiques pensaient être les bons gènes rouges avant que ne commence le processus de transformation qui devait déboucher sur une plante nouvelle dont la première floraison était attendue pour le printemps 2005. Mais cette coûteuse expérience s'est achevée sur un échec. Donald Spoon a constaté que certains iris présentaient des barbes absolument rouges. Un rouge coquelicot provenant d’une forte concentration de lycopène, le pigment qui fait que les tomates sont rouges. Il en a déduit que ce pigment, lorsqu’il est présent dans une fleur d’iris, peut se trouver concentré à l’extrême dans les barbes, mais ne peut pas se développer de la même façon dans les pétales et sépales parce qu’il est bloqué par un gène particulier qu’il suffirait d’identifier et d’éliminer. Mais tout cela résulte d’une extrapolation de données qui n’est pas vérifiée scientifiquement. Se plaçant sur un plan plus théorique que pratique, Neil Mogensen a expliqué que la couleur rouge pure, qui est produite par la pélargonidine (pigment présent dans les géraniums) fait partie de la même série que la delphinidine (pigment qui colore en bleu les delphiniums …et les iris). Ces deux pigments, ainsi que beaucoup d’autres, sont des éléments de la grande famille des pigments anthocyaniques comportant plus ou moins de radicaux OH. Mogensen en a déduit que pour obtenir de la pélargonidine au lieu de la delphinidine, il suffirait de réussir à retirer deux des radicaux OH de cette dernière. Mais il n'a pas trouvé la solution à ce problème. On en est encore là. La recherche scientifique n'a donc rien donné jusqu'à présent. Reste alors une approche pragmatique, une approche lente et méticuleuse où le rouge s’affine et se purifie de croisements en croisements. C'est la voie suivie par Joë Ghio. La base de son travail, c’est le « vieux » ‘Lady Friend’ (Ghio 81), déjà très rouge au moment de son apparition. Pour renforcer le coloris, lui donner plus de profondeur, Ghio a ajouté une foule d’ingrédients en utilisant un panel de fleurs considérable puisqu’il n’y a pas moins de soixante noms de variétés cités dans les pedigrees de sa série rouge ! Son idée a été reprise par d'autres hybrideurs, comme Bruce Filardi ou son ami Keith Keppel. Peu à peu l'iris rouge se perfectionne.

L'amateur d'iris verra-t-il rouge un jour prochain ? Il est peu probable qu'on parvienne jamais au rouge pompier, mais ce qu'on voit actuellement s'en approche de plus en plus et fait vivre l'espoir chez tous ceux pour qui le rouge est une sorte de graal.

Iconographie : 


'Cardinal'


'Technicolor'


'Regimen'


semis Keppel 10/109A

8.9.17

LES IRIS DE GLENN CORLEW

Beaucoup moins connu que Joseph Gatty ou Vernon Wood, Glenn Corlew est, comme les deux autres, un spécialiste des iris roses. L'essentiel de sa production a en effet été consacré à cette couleur tendre et si fortement appréciée. Mais en plus de cette spécialité, il a acquis une certaine célébrité avec ses photographies, et, bien entendu, ses photos d'iris. La base de données IRIS ENCYCLOPEDIA de l'AIS rassemble un certain nombre de ces images et nous allons en publier le plus grand nombre en hommage à cet homme de goût. Ce sont des diapositives qui ont un peu vieilli, elles ont pris une teinte un peu rosée, mais puisqu'il s'agit majoritairement d'iris roses, cela n'est pas désagréable. 

On remarquera que ces variétés, dont la date de naissance s'étend sur plus de 20 ans, en plus d'un fort air de famille, conservent d'un bout à l'autre une remarquable continuité d'allure. Le temps n'a pas eu de prise sur le travail de Glenn Corlew. 

 II – Deuxième semaine

'Candelero' (1984) 'Proclamation' X 'Lemon Mist' 


'Candy Shop' (1970) 'Rio Roso' X 'Lilting Melody' 


'Canonero' (1972) 'Commentary' X 'Claudia Rene' 


'Carolands' (1964) ( 'Party Dress' x 'Native Dancer') X 'Lynn Hall'

LA FLEUR DU MOIS

‘KARINKA’ 

(Jean Cayeux, 1978) 
('Cascadeur' X 'Fashion Fling' ) 

Tous les iris n'ont pas le même destin. Certains brillent par leur succès populaire et se rencontrent dans de nombreux jardins, d'autres, au bout de quelques années, disparaissent peu à peu de la scène jardinière et sombrent dans l'oubli. C'est sans doute ce qui arrive à 'Karinka' (Jean Cayeux, 1978). Comme chez bien d'autres collectionneurs il a fait dans mon jardin une brève apparition et a été remplacé au bout de quelques années d'une présence assez terne. Aujourd'hui ce doit être une variété rare, sinon en danger.

L'année 1978 a été la plus prolifique de la carrière d'hybrideur de Jean Cayeux : 19 enregistrements, dont trois grands noms, 'Condottiere', 'Falbala' et 'Provençal'. 'Falbala' a reçu un excellent accueil dans le petit monde des iris et s'est longtemps maintenu parmi les meilleurs bleus à barbe rouge. 'Provençal', avec ses couleurs rutilantes et sa floribondité ont encore aujourd'hui un indéniable succès populaire ; n'a-t-il pas été sacré meilleurs iris du XXe siècle au concours Franciris de 2005 ? Quant à 'Condottiere', c'est sans aucun doute la plus belle réussite de son obtenteur et celle qui lui a valu une renommée internationale ; c'est l'une des variétés qui a été le plus utilisée en hybridation et ses descendants sont maintenant si nombreux qu'on trouvera bientôt ses gènes dans le patrimoine de presque tous les nouveaux iris.

Ce n'est pas la destinée de 'Karinka'. Pour quelle raison une variété bien née, plaisante, est-elle restée confidentielle ? Pour ce qui me concerne j'attribue cette modestie à un coloris un peu fade, rose grisé aux pétales, rose-mauve aux sépales, mais les barbes, cependant plus vivement colorées, sont trop discrètes pour rehausser réellement l'ensemble. Cette variété a du passer assez inaperçue dans un catalogue riche de fleurs éclatantes.

Son pedigree est intéressant car il réunit deux variétés brillantes. 'Cascadeur', autre produit signé J. Cayeux, est une fleur parfaitement formée, richement colorée, et une bonne plante de jardin. 'Fashion Fling' ( D. Hall, 1965) fait partie de la grande famille des roses « flamant » qui sont l'apanage de David Hall, lequel a consacré une grande partie de sa vie d'hybrideur à rechercher l'iris rose idéal. Celui-là descend de 'May Hall' (1952) et de 'Pink Magic' (1959), deux membres de la série. 'Fashion Fling', tant en son pays d'origine qu'à l'exportation, a connu une longue carrière commerciale. Sa vie d'étalon n'a pas été aussi réussie : Jean Cayeux et Melba Hamblen sont les seuls professionnels qui lui ont fait confiance. Le premier en a tiré trois jolies fleurs roses ('Nuage Rose' et 'Premier Bal', en 1978, puis 'Perle Rose', en tant que grand-parent, en 1990) ainsi que notre 'Karinka'. Chez Melba Hamblen, c'est à la deuxième génération que 'Fashion Fling ' apparaît, dans trois variétés dont le très connu 'Karen' (1983) qui dispose des mêmes couleurs que 'Karinka' mais en plus soutenu et donc en plus attrayant.

Il eut été étonnant qu'une fleur plutôt anonyme comme 'Karinka' soit vivement sollicitée par les hybrideurs. Aucune descendance enregistrée...

'Karinka' a quitté sans gloire les bordures de mon jardin. C'est cependant dommage car, avec le recul, je me dis que j'aurais du le conserver, à tout le moins pour qu'il ne disparaisse pas, ce qui risque de lui arriver maintenant.

Iconographie :


'Karinka'


'Cascadeur' 


'Fashion Fling'


'Pink Magic'

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Igor Fedoroff 

Laure Anfosso m'apprend que Igor Fedoroff est décédé il y a quelques mois. Pour les anciens de la SFIB, c'est une information qui ne laisse pas indifférent. En effet, dans les années 1970 cet employé municipal de la ville d'Hyères a tenu une place importante dans le staff de la SFIB.

Son activité d'hybrideur d'iris a toujours fait l'admiration de ses amis car il ne disposait que d'un balcon et d'un petit lopin de terre dans la campagne toulonnaise pour cultiver ses semis. Plusieurs de ceux-ci auraient mérité un enregistrement, mais sa modestie lui faisait considérer que son travail n'était que celui d'un petit amateur. Seul, 'Sable d'Argent' (1997), par mon entremise, a réussi son entrée dans le monde des iris.

Un note biographique plus complète sera publiée dans la prochaine livraison de Iris & Bulbeuses.

POUR UN IRIS DES RUES

Depuis peu de temps je participe au fleurissement d'un commune rurale, celle à qui j'ai fait don de ma collection personnelle d'iris, et quand il est question de choisir des espèces et des variétés de plantes d'ornement je constate que les iris ne figurent pas parmi celles que l'on peut utiliser très facilement dans le simple but de les disposer le long des rues et sur les places.

Il existe de nombreux villages qui depuis quelques années ont fait le choix de fleurir agréablement l'espace public. Dans ma région j'en connais plusieurs, le plus emblématique étant sans doute Chédigny, toute petite commune d'Indre et Loire, à proximité de la ville de Loches. Cela fait déjà un bon bout de temps que son Conseil Municipal a décidé de faire du village une « Cité de la Rose » et, par la même occasion, de transformer les trottoirs goudronnés et les abords des maisons en espaces fleuris, ce qui, entre autre, avait l'avantage avant que cela ne devienne obligatoire, de faire cesser l'usage des herbicides et autres produits phytosanitaires. Bien des arbustes ou de grandes vivaces y ont été plantés, avec un goût et une élégance rares. C'est le cas des hémérocalles (en particulier la fameuse variété 'Rio de Oro'), des roses trémières, des géraniums vivaces, des achillées, des asters ou encore des gauras et bien d'autres plantes, mais on n'y trouve guère d'iris. Les seules que j'y ai vu en une certaine abondance sont les habituelles touffes de 'Zantha', comme on en trouve un peu partout, ainsi que les traditionnels Iris pallida bleu tendre. La raison de cette absence de variétés modernes tient essentiellement au fait que celles-ci n'ont qu'une floraison brève et sont des plantes qui, par leur splendeur, attirent trop souvent la convoitise des habitants (ou des visiteurs) qui se servent là où c'est possible.

Ce constat m'a conduit à réfléchir à la manière de faire apparaître les iris dans le panel des plantes de rue. Je me suis dit qu'il faudrait des iris à développement rapide mais pas trop encombrants, qui fleurissent beaucoup, avec des fleurs petites mais nombreuses, jolies mais pas trop spectaculaires, bref ce qui existe déjà chez les rosiers et les hémérocalles. Cette description correspond à peu près à celle de la variété 'Dolce' (Black, 2003). Paul Black a mis au point un iris qui prend place entre les TB et les IB mais qui n'est ni un BB ni un MTB. 'Dolce' a été la première variété de ce genre à être enregistrée. Elle a été classée, à défaut d'autre chose, parmi la catégorie fourre-tout des SPEC-X qui est sensée rassembler les plantes issue directement d'un croisement interspécifique. Mais 'Dolce' n'est pas exactement dans ce cas. Son pedigree en apporte la preuve : (Northern Jewel x 91196A: (8864B: (( Navy Waves x Bride's Halo) x sibling) x C. Palmer aphylla seedling)) X B194C: (Abridged Version x 91135D: ((Center Fold x Wings of Dreams) x Birthday Gift)). Dans cette équipe il n'y a aucune espèce proprement dite mais des variétés et des croisements dont un de I. aphylla réalisé par Cleo Palmer.

A ma connaissance 'Dolce' pousse bien, fleurit beaucoup et n'est pas trop encombrant. En revanche on ne peut pas s'extasier sur son coloris, d'un rose assez terne et banal. Ce sont les caractéristiques apportées par I. aphylla qui font tout l'intérêt de 'Dolce' et de ses descendants comme 'Bundle of Love' (Black, 2007). Ce dernier a la taille d’un BB (65 cm), les fleurs d’un IB, et la floribondité d’un TB. Loïc Tasquier, aux Pays-Bas, s'est dès le départ intéressé à cette nouvelle catégorie d'iris pas encore dénommée. Il est parti du travail de Paul Black auquel il a ajouté des initiatives de son cru, notamment en ajoutant à son cocktail un trait de MTB tétraploïde issu en grande partie de I. aphylla. Il a obtenu un certain nombre de variétés – pas encore enregistrées - qui correspondent aux nouveaux critères, avec des caractéristiques intéressantes, en particulier pour ce qui est des coloris. Cependant les autres obtenteurs restent prudents et ne se sont pas lancés dans l'aventure, de sorte que les iris qui conviendraient à mon projet restent peu nombreux avec une dominante dans les tons de rose (voir néanmoins un iris blanc à barbe rouge baptisé 'Arctic Wind' (Black, 2005) et un brun rouge : 'Devil's Delight' (2014).

En dépit de ces premières approches, les « iris de rue » n'existent pas encore. Il faudrait créer entre les hybrideurs une sorte d'émulation afin qu'ils travaillent à la création de ces plantes. Je me dis que la SFIB, dans son rôle de promotion des tous les iris, pourrait les inciter à travailler sur ce thème en créant une compétition pour récompenser ceux qui feraient l'effort de se lancer dans cette création. Il est certain que ce travail serait un peu moins prestigieux que celui consistant à inventer de somptueux grands iris, mais, d'un point de vue plus terre-à-terre, il pourrait aussi y avoir là un intérêt économique non négligeable car de plus en plus de collectivités territoriales auront à cœur de fleurir leurs artères et leurs jardins publics. Et pourquoi pas y planter des iris ?

 Iconographie : 


'Bundle of Love' 


'Arctic Wind' 


'Devil's Delight' 


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