30.6.17

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Oreo ? Un chien ! 

La semaine dernière, il était question ici des plicatas vivement colorés, et en paticulier de 'Oreo' (Keppel, 2003). L'obtenteur de cet iris remarquable m'a adressé le courriel suivant :

 « It might interest you to know that my iris Oreo was named for....a dog!   My sister had a wonderful dalmatian dog named Oreo....with pure black ears and nearly all-white face.  The dog, of course, was named for the cookie. Black Lipstick will produce plicatas, about 50%, when bred to a plicata, but those I've gotten so far are not as dark as Oreo.  I keep trying... » 

dont voici la traduction

« Ça devrait vous intéresser de savoir que mon 'Oreo' a été baptisé du nom d'un chien ! Ma sœur avait un dalmatien magnifique nommé Oreo... avec des oreilles bien noires et le museau presque tout blanc. Le chien, bien entendu, s'appelait ainsi en référence au petit gâteau. 'Black Lipstick' doit produire des plicatas, environ 50%, lorsqu'il est croisé avec un plicata, mais ceux que j'ai obtenus qu'à présent ne sont pas aussi noirs que 'Oreo'. Je continue d'essayer... »

CENT ANS DE PLICATAS

A plusieurs reprises j'ai expliqué ici que les iris plicatas provenaient de l'action d'un gène récessif inhibant le développement des pigments anthocyaniques dans les sépales – surtout – mais aussi dans les pétales. L'intervention, plus ou moins active de ce gène aboutit à l'infini variétés de la coloration des plicatas. Si on y ajoute l'action d'autres gènes, comme celui des amoenas, on multiplie encore la variété des aspects. 

Les hybrideurs ont créé une infinité de variétés plicatas. Nous partirons de 'San Francisco', la première variété ayant reçu la Médaille de Dykes, en 1927, et, à raison de quatre par semaine et par décennie, nous ferons un grand tour dans cette immense famille au cours des cent dernières années. 

IV – 1950 


 'Azurite' (Plough, 1959) 


'Bazaar' (Schreiner, 1954) 


'Belle Meade' (Wills, 1950) 


'Cayenne Capers' (Gibson, 1959)

L'HABIT ET LE MOINE

Il y a quelques semaines, je lisais avec plaisir et attention l'une des interventions didactiques de Keith Keppel sur Facebook. Il s'exprime toujours avec simplicité, mais ce qu'il dit est la preuve d'un sérieux manifeste et d'une expérience à toute épreuve. Photo à l'appui il parlait d'une variété aux couleurs exceptionnelles mais qu'il avait rejetée parce que la fleur manquait de modernité, en particulier il lui reprochait des sépales trop étroits à la base. Cette réflexion m'a amené à m'interroger sur les qualités qu'il faut trouver dans un iris d'aujourd'hui.

Dans les concours internationaux on remet aux juges un guide de notation dont les rubriques ne changent pas : le temps passe, mais les critères de sélection restent les mêmes, ce qui évolue c'est la manière dont on interprète ces critères. Comme toutes les créations humaines, les iris respectent évidemment une mode. Et celle-ci intervient dans la valeur que l'on donne aux différents items du questionnaire remis aux juges. Par exemple, dans les années 1920/1930 le fait que les sépales, entrainés par leur propre poids, aient tendance à s'affaisser, n'était pas considéré comme un vice ou une malformation. On ne le supporterait plus aujourd'hui. Parce que les hybrideurs, sensibles à l'élégance de leurs obtentions, ont cherché à ce que les sépales conservent le plus longtemps possible une rigidité qui leur confère un port voisin de l'horizontalité. Ils ont agi d'une part sur la matière des sépales, d'autre part sur l'élargissement rapide de la base et sur le chevauchement des épaules. Des sépales charnus se tiennent plus longuement ; des bases larges, associées à l’entraide des sépales entre eux lorsqu'ils se chevauchent, maintient l'ensemble en position proche de l'horizontale, ce qui, de nos jours, est considéré comme une obligation. L'un des plus rigoureux (et des plus habiles) en ce domaine était Joseph Gatty, l'ami de Keith Keppel. Ce dernier a suivi l'exemple de son associé et fait très attention à la tectonique des sépales.

Mais là n'est ps la seule différence entre ce qui était normal il y a quelques dizaines d'années et ce qui est la règle aujourd'hui. Autre exemple : le parfum. Quand j'ai commencé à m'intéresser aux iris, personne ne parlait de l'odeur de la fleur. Maintenant tous les descriptifs en font état, et dans un concours on hume chaque candidat ! Ce n'est pas, il est vrai, le critère principal, mais on y fait néanmoins très attention.

Encore des éléments auxquels Keith Keppel dans ses analyses fait régulièrement référence : le nombre des tiges latérales, leur disposition le long de la tige principale, et le nombre des boutons floraux. Ce sont des critères qui n'ont pas toujours été pris en considération, mais actuellement ils sont devenus primordiaux. Il est vrai qu'ils conditionnent la durée de la floraison. J'ai connu des variétés superbes mais dont l 'apparition au jardin était d'une brièveté frustrante ; j'en ai connu d'autres dont toutes les fleurs, groupées au sommet de la tige, entrainaient bien souvent la verse...

La substance des pièces florales, le parfum, le nombre et la disposition des boutons floraux, la durée des fleurs avant qu'elle ne fanent... Ce sont des choses dont il faut maintenant tenir compte. Certains obtenteurs ne font pas allusion à ces caractères chez les plantes qu'ils proposent, et l'acquéreur trop confiant ne se rend compte des défauts qu'à l'occasion des premières floraisons après son acquisition. C'est un risque que l'on prend lorsque l'on achète exclusivement sur le vu d'une image de catalogue ou de site Internet. La beauté d'une fleur en image, qui peut être retouchée comme celle d'un mannequin dans un magazine féminin, peut amener bien des déconvenues.

Quand on voit les fleurs apparemment magnifiques que Keith Keppel va jeter au compost, on peut se poser la question de la valeur horticole des variétés que l'on ne connaît que par l'image. Il en est ainsi de iris obtenus en Europe de l'Est ou dans les pays de la zone d'influence russe, que l'on n'a jamais rencontrés à l'Ouest. Ils sont nombreux (trop?), ils ont l'air jolis, mais comment se comportent-ils ? Ce doute est moins évident avec les produits des hybrideurs occidentaux ayant pignon sur rue et dont on connaît le sérieux depuis bien des années. Le risque existe cependant et les producteurs qui prennent la peine d'expérimenter leurs nouvelles acquisitions avant de les mettre à leurs catalogues peuvent en témoigner. Le besoin de présenter beaucoup de nouveautés peut conduire à négliger un peu cette mesure de prudence, malheureusement...

On peut cependant rester optimiste. Car la qualité n'est plus difficile à obtenir. Il y a tellement de plantes de qualité parmi les iris actuels que les hybrideurs ont plus de peine à choisir quels sont ceux qu'ils vont conserver qu'ils n'en ont à obtenir des plantes sans défauts. Cela nous vaut une surabondance de nouveautés chaque année. Mais si tant d'iris sont ainsi beaux et bons, cela veut-il dire que maintenant l'habit fait le moine ?

Iconographie : 

'Gogo Yveline' (Muska, 2002) : une variété « moderne » mais non exempte de défauts...

'Autumn Echo' (Gibson, 1973) : un iris à la floraison trop éphémère...

'Wizard of Odds' (P. Black, 2007) : des fleurs trops serrées contre la tige...

'Zelta Sirds' (L. Zakis, -Lituanie-, NR) :  est-il aussi bon qu'il est beau ?

23.6.17

CENT ANS DE PLICATAS

A plusieurs reprises j'ai expliqué ici que les iris plicatas provenaient de l'action d'un gène récessif inhibant le développement des pigments anthocyaniques dans les sépales – surtout – mais aussi dans les pétales. L'intervention, plus ou moins active de ce gène aboutit à l'infini variétés de la coloration des plicatas. Si on y ajoute l'action d'autres gènes, comme celui des amoenas, on multiplie encore la variété des aspects. 

Les hybrideurs ont créé une infinité de variétés plicatas. Nous partirons de 'San Francisco', la première variété ayant reçu la Médaille de Dykes, en 1927, et, à raison de quatre par semaine et par décennie, nous ferons un grand tour dans cette immense famille au cours des cent dernières années. 

III – 1940 


'Confetti' (Schreiner, 1948) 


'Fire Cracker' (D. Hall, 1941) 


'Joseph's Mantle' (T. Craig, 1948) 


'Tiffanja' (DeForest, 1942)

OREAL

Les iris plicatas existent depuis l'origine de l'hybridation. Celui que l'on considère comme le premier iris hybride, l'iris « buriensis », était un plicata ; au début du XXe siècle 'Ma Mie' (Cayeux, 1903) était un plicata ; la première Médaille de Dykes a été attribuée à un plicata : 'San Francisco'. Autant dire que le modèle plicata est consubstantiel de l'iris. C'est sans doute pourquoi ce modèle a pris autant de formes. Et, bien entendu, il a évolué comme le reste du monde des iris. Quelle différence, par comparaison, entre 'Damozel' (Morrison, 1922), plicata exemplaire de ce qui se faisait à la belle époque de l'iris, les années 1920/1930, et 'Oreo' (Keppel, 2003), chef d’œuvre d'élégance et de contraste !

Tous les hybrideurs ont cherché à obtenir des plicatas, non seulement parce qu'un catalogue digne de ce nom se doit de comporter des variétés de ce modèle, mais aussi parce qu'apporter quelque chose de neuf dans un domaine aussi controuvé est une preuve de l'habileté de l'obtenteur ! Rappelons ce qui pourrait être la définition du modèle plicata, avec les mots mêmes de Keith Keppel : « Une fleur dont le fond est blanc ou de couleur claire, piqueté, pointillé ou lavé d’une couleur plus sombre et contrastante. (…) La couleur du fond peut être blanche, jaune, rose ou orange – avec toutes les teintes intermédiaires et tous les niveaux de saturation. Les dessins sont en bleu, violet, pourpre, orchidée (des couleurs froides), mais peuvent paraître rouges, bruns, ou même verdâtre quand ils recouvrent un fond coloré. Ces dessins partent des épaules et, de là, peuvent (mais pas obligatoirement) gagner les bords de tous les tépales, à moins que des bords ils ne gagnent l’intérieur des tépales. Ils peuvent être très denses ou si discrets qu’ils vous faillent aller à la chasse pour les trouver ». Les plicatas mettent en jeu les deux catégories de pigments qu’on trouve dans les iris, les pigments caroténoïdes, qui, en l’occurrence, tapissent le fond des pièces florales, et les pigments anthocyaniques qui constituent les dessins. La couleur de fond peut être appliquée uniformément, mais cela n’est pas toujours le cas, par exemple la plupart des plicatas roses auront des épaules teintées de saumon en raison de la présence de plusieurs pigments. Le fond est ensuite plus ou moins recouvert par le motif plicata. Celui-ci est constitué par des pigments anthocyaniques violacés (lavande, bleu, violet, pourpre ou rose orchidée) qui ne se mélangent pas avec les pigments du fond. C’est un gène spécifique qui, inhibant plus ou moins le développement des pigments anthocyaniques, fait que l’on trouve une infinité de nuances dans les plicatas. Il arrive que le gène inhibiteur se montre d’une activité très restreinte, dans ce cas le dessin plicata sera très peu apparent, et le fond sera presque totalement recouvert par les pigments. Mais plus le gène inhibiteur manifestera son activité, plus la couleur de fond deviendra apparente et plus le dessin plicata deviendra net.

Il existe aussi une autre façon de rendre apparent le modèle plicata, c'est de jouer sur la saturation des pigments anthocyaniques. Parmi toutes les pistes qu'il a explorées, Keith Keppel s'est arrêté à cette solution pour son 'Oreo', cité plus haut. Le début de son travail ne date pas d'aujourd'hui et, à mon avis, remonte à une vedette de la production de Keppel, 'Charmed Circle' (1968). Il s'agit d'un plicata classique dont le coloris bleu vif est remarquable. Sans rentrer dans le détail on peut dire que le processus est passé par 'Emphasis' (Keppel, 1976), où les couleurs sont déjà nettement contrastées, puis par une autre variété, moins connue et sans doute rare aujourd'hui, 'Charmed Life' (Keppel, 1983). Mais pour accroître le contraste, il faut que la couleur bleue (ou violette) soit assombrie, et pour cela Keppel a fait appel à un iris « noir » très connu : 'Blackout' (Luihn, 1985). Cela a donné naissance à 'Storm Track' (Keppel, 2000) : on n'est plus loin du but !

Le pedigree de 'Oreo' est le suivant : Seedling #90-82A: (seedling #87-91A: ((('Villain' x 'Swazi Princess' x 'Blackout') x ('Titan's Glory' x 'Blackout')) x seedling #88-40A, 'Storm Track' pollen parent) X seedling #88-40A. On peut voir que les variétés sombres ont été largement mises à contribution puisque le semis 88-40A est également issu de 'Blackout'. Cependant le côté plicata n'est pas perdu de vue.

Comme l'explique l'encyclopédie Internet Wikipedia, « Oreo est la marque déposée d'un biscuit en sandwich américain (...). La forme courante se compose d'une garniture blanche dite « crème » (sans lait), coincée entre deux biscuits ronds au chocolat ». Le nom donné à l'iris est fort bien choisi. Le cultivar qui le porte est très spectaculaire et devrait avoir un vrai succès auprès des amateurs et des jardiniers. A l'heure actuelle cette variété n'a pas encore de longue descendance. Keith Keppel a tout de même poursuivi dans la direction et cela a donné 'Black Lipstick' (2015). Mais dans ce cas, point trace de plicata ! C'est le coté unicolore noir qui a pris le dessus... Néanmoins il est possible que quelques hybrideurs tentent de renouveler l'expérience et d'obtenir quelque chose d'approchant. Si c'est le cas on pourra peut-être alors parler d'un nouveau modèle d'iris à qui il sera possible d'attribuer le nom de « oréal » !

 Iconographie : 


 'Damozel' 


'Charmed Circle' 


'Storm Track' 

'Oreo' 


'Black Lipstick'

16.6.17

CENT ANS DE PLICATAS

A plusieurs reprises j'ai expliqué ici que les iris plicatas provenaient de l'action d'un gène récessif inhibant le développement des pigments anthocyaniques dans les sépales – surtout – mais aussi dans les pétales. L'intervention, plus ou moins active de ce gène aboutit à l'infini variétés de la coloration des plicatas. Si on y ajoute l'action d'autres gènes, comme celui des amoenas, on multiplie encore la variété des aspects. 

Les hybrideurs ont créé une infinité de variétés plicatas. Nous partirons de 'San Francisco', la première variété ayant reçu la Médaille de Dykes, en 1927, et, à raison de quatre par semaine et par décennie, nous ferons un grand tour dans cette immense famille au cours des cent dernières années.

II – 1930 

 'Heliane' (Millet, 1931)  


'Madame Louis Aureau' (F. Cayeux, 1934) 


'Orlinda' (F. Cayeux, 1932) 


'Tiffany' (H. Sass, 1936)

LA FLEUR DU MOIS

‘LICHEN’
(Byers, 1988)
Spirit of Memphis X Earl of Essex

Il a poussé dans mon jardin pendant de nombreuses années. Il y serait encore si je n'avais dispersé ma collection au profit de deux communes de mon département. Il fleurissait régulièrement, avant tous les autres (on dirait en langage sportif qu'il occupait toujours la pole-position). Il continue de se comporter ainsi là où il se trouve maintenant : dans les deux parcs il est apparu cette année les 22 et 23 avril. Pour faire bonne mesure, il remonte sans discontinuer pendant tout l'été. Bref, il ne lui manque qu'une chose vraiment essentielle pour un iris : être une vraiment jolie fleur.

Oh, ce n'est pas qu'il soit moche, ou vieillot. Ce que je lui reproche c'est d'être d'un coloris sans originalité et sans attrait particulier. Je lui accorde néanmoins une affection un peu particulière d'une part pour sa précocité, d'autre part pour sa remontance.

Ces qualités il les tient de ses deux parents, deux variétés universellement connues, qui ont fait les beaux jours de très nombreux catalogues dans les années 1980/90.

'Spirit of Memphis' (Zurbrigg, 1976) est, comme son enfant 'Lichen', à la fois hâtif et remontant. C'est un bel iris classique, qui pousse généreusement et fleurit avec une grande régularité.' Il a eu un certain succès en hybridation et plusieurs de ses descendants sont remarquables, comme 'Piero Bargellini' (Bianco, 1998) ou 'Opera Bouffe' (Ransom, 1991). Earl of Essex' (Zurbrigg, 1979) est un peu plus jeune, et très différent pour ce qui est du coloris, mais très voisin pour ce qui est des capacités horticoles : il est hâtif et il remonte.J'ai cultivé aussi ces deux-là et j'ai pu les juger dans mon propre jardin où ils se sont toujours bien comportés. Dans le pedigree de l'un et de l'autre, on rencontre un des favoris de Lloyd Zurbrigg, 'Grand Baroque' (1968), un amoena remontant assez régulier qui présentent toutes les qualités (et les défauts) des variétés remontantes de la période classique. En effet la plante n'est pas d'une grande robustesse, malgré une bonne vigueur, mais, surtout, ses fleurs manquent de substance, et donc de tenue. Je l'ai également cultivé pendant quelques années avant de l'abandonner pour qu'il laisse la place à une variété plus moderne. Plus encore que 'Spirit ofMemphis' 'Earl of Essex' est à la tête d'une importante descendance. Dans l'ordre alphabétique je citerai, entre autres, 'Aubenas' (Laporte 2006), 'Istanbul' (Byers, 1989), 'Mariposa Autumn' (Tasco, 1999), et plusieurs IB comme 'Ombrageux' (Gestreau, 2012) ou le charmant 'Zeblouz' (Ransom, 1995).

Ce 'Lichen', qui gagne presque toujours la première étape de la course annuelle, ne fait néanmoins pas partie des grands géniteurs. Ses quelques enfants n'ont pas acquis une grande célébrité et je n'en citerai que deux : 'Corn Dance' (Spoon, 2007), le portrait de son père, et surtout 'Desert Legacy' (Valenzuela, 2012), joli BB luminata.

'Lichen' n'a jamais joué les premiers rôles et ne les jouera jamais, mais tel qu'il est, et grâce à sa précocité et son exceptionnelle remontance, il mérite de conserver encore longtemps sa place dans nos jardins.

Iconographie : 


'Lichen' 


'Spirit of Memphis' 


'Earl of Essex' 


'Desert Legacy' 


'Zeblouz'

IB ou BB ?

Comme dit Loïc Tasquier, spécialiste des iris nains et médians, « Je ne sais pas si ton article va intéresser grand monde ». Certes le sujet n'est pas particulièrement « commercial », néanmoins j'y vois une certaine utilité, au moins pour élever le débat parmi les spécialistes, et c'est pourquoi je le publie.

Dans la liste des iris français enregistrés en 2016 il y a deux plantes, issues du même semis, qui ont été enregistrées par un jeune hybrideur corrèzien, l'une comme un BB et l'autre comme un IB, deux catégories qui, à ma connaissance, sont foncièrement et génétiquement différentes.

La bible de l'iridophile, « The World of Irises », décrit les BB comme « (…) tiges de 41 à 70cm, avec des fleurs pour la plupart d'un diamètre de 10 à 13cm, sur des tiges rigides et érigées, le feuillage plus court que la hampe florale, fleurissent en même temps que les TB dont ils sont une version plus petite avec une taille de fleur réduite en proportion de leur hauteur. » Pour ce qui est des origines génétiques, il est question de I. albertii, I. bartonii, I. belouinii, I. imbricata et I. junonia. Aucune espèce naine ne figure dans ce panel, cependant I. aphylla y a été introduite postérieurement. A propos des IB, encore balbutiants à l'époque de la rédaction du livre, il est dit que ce sont des plantes ayant des tiges de 41 à 70cm de hauteur, avec des hampes rigides, branchues, s'élevant au-dessus du feuillage, les fleurs ayant un diamètre de 10 à 12,5cm, et éclosent entre la floraison des SDB et celle des TB. Les espèces de base sont : I. albicans, I. aphylla, I. florentina, I. germanica, I. kashmiriana et I. kochii. Dans cette énumération, albicans, aphylla et surtout kochii sont des espèces de petite taille. Pour faire simple, disons que les BB sont des TB qui n'atteignent pas le minimum de 70cm de haut, alors que les IB sont des hybrides d'iris nains et de grands iris.

Mais le dernier « Handbook for Judges » de l'AIS, (Manuel pour les Juges), donne des précisions nouvelles qui peuvent susciter le doute : les BB doivent avoir des fleurs d'une taille ne dépassant pas 22cm (diamètre et hauteur additionnés) ; le reste de la définition n'a pas changé, mis il n'est plus noté d'origines génétiques. On prend donc en considération uniquement les dimensions pour les distinguer des TB. Quant aux IB, leurs fleurs doivent se situer entre 9 et 13cm de diamètre, ce qui n'est guère différent de la définition initiale. Là où se situe le changement c'est dans les commentaires destinés aux juges : « IB et BB se situent dans la même tranche de hauteur, mais en raison de la nature des diverses espèces constitutives des IB, les critères de leur jugement sont un peu plus restrictifs. » Suit une énumération des restrictions, en particulier à propos de la période de floraison qui peut être plus ou moins étendue.

La distinction entre BB et IB ne se limite donc pas à l'époque de leur floraison. Il est clairement fait allusion aux espèces originelles, notamment pour les IB, en conséquence, les deux catégories ne sont pas assimilables . De variétés issues d'un même semis, il ne paraît donc pas possible de dire que les unes sont des BB et d'autres des IB.

Pour ce qui est des deux variétés à l'origine de ces commentaires, compte tenu de leur pedigree (un BB X un IB), génétiquement ce sont des IB. Même si les dimensions de la fleur ne sont pas notées dans les descriptions, il me semble qu'il faudrait les ranger l'une et l'autre dans la catégorie des IB, quel que soit le moment où elles vont fleurir, lequel, d'ailleurs, ne doit guère être différent.

Tout ceci mériterait une mise au point sérieuse de la part de l'AIS. C'est une situation analogue à celle des grands iris à petites fleurs – genre 'Dolce' - . Dans l'un et l'autre cas, les évolutions de l'hybridation rendent obsolètes ou insuffisantes la description officielle des différentes catégories d'iris barbus, mais l'assimilation dans une même catégorie des BB et des IB serait une erreur au plan génétique.

Iconographie : 


'Abi Tout Doux' (BB) 


'Archambault de Comborn' (IB)

9.6.17

CENT ANS DE PLICATAS

A plusieurs reprises j'ai expliqué ici que les iris plicatas provenaient de l'action d'un gène récessif inhibant le développement des pigments anthocyaniques dans les sépales – surtout – mais aussi dans les pétales. L'intervention, plus ou moins active de ce gène aboutit à l'infini variétés de la coloration des plicatas. Si on y ajoute l'action d'autres gènes, comme celui des amoenas, on multiplie encore la variété des aspects. 

Les hybrideurs ont créé une infinité de variétés plicatas. Nous partirons de 'San Francisco', la première variété ayant reçu la Médaille de Dykes, en 1927, et, à raison de quatre par semaine et par décennie, nous ferons un grand tour dans cette immense famille au cours des cent dernières années. 

I – 1920 


 'Los Angeles' (Mitchell, 1922) 


'Rheinfels' (Goos & Koenemann, 1928) 


'Sacramento' (Mohr-Mitchell, 1928) 


'San Francisco' (Mohr, 1927)

JEAN CAYEUX

Jean Cayeux vient de quitter ce monde. Pour tous ceux qui s'intéressent passionnément aux iris, c'était un hybrideur majeur de la seconde moitié du 20e siècle.

C'est en 1960 que Jean Cayeux s'est envolé de ses propres ailes et a ouvert sa propre pépinière d'iris, à Poilly lès Gien, là où elle se situe encore. Il en a rapidement fait une entreprise florissante, sans aucun doute la plus importante d'Europe, et l'une des plus renommées dans le monde. Il s'est spécialisé dans les grands iris de jardin (TB), et de 'Safi' (1950) son premier enregistrement, jusqu'à 'Ruban Bleu' (1997), donc pendant près de cinquante ans, il a créé et enregistré soixante quatre variétés nouvelles dont plusieurs ont acquis une renommée internationale. La plus riche année de sa production a été 1978, avec 19 nouveautés. C'est celle de l'apparition de trois grands bleus : 'Fabala', 'Bleu de Gien' et surtout le fabuleux 'Condottiere'. Fabuleux, parce qu’il fait partie de la vingtaine de variétés les plus utilisées en hybridation. Fabuleux aussi par la qualité de ses descendants et l’originalité de leurs coloris. Richard Cayeux, dans son livre « L’iris, une fleur royale » explique très bien comment, à partir d’iris amoena ('Whole Cloth') ou approchant ('Emma Cook'), on a obtenu ce néglecta aux capacités génétiques remarquables. Cependant 1978 a vu également apparaître les très beaux iris orange que sont 'Piroska' et 'Roger Renard', suivis un peu plus tard de 'Marcel Turbat' (1990). Il ne faut pas oublier non plus 'Provençal', considéré par le public du premier concours FRANCIRIS comme l'iris du siècle, pour ses couleurs éclatantes et sa réjouissante robustesse. Enfin c'est encore en 1978 qu'est commercialisé le rose 'Premier Bal', remarquable de grâce et de fraîcheur. Cet enfant de 'Fashion Fling' (Hall, 1965) et aussi le parent de 'Starlette Rose' (R. Cayeux, 1995), dans le pedigree duquel on retrouve également 'Condottiere'. 'Fashion Fling' allait être à l'origine d'une lignée de roses signée jean Cayeux qui comprend 'Nuage Rose' (J. Cayeux, 1978) et 'Perle Rose' (J. Cayeux, 1990).

La vie d'obtenteur de Jean Cayeux se divise en trois époques : avant 1978, le pic de 1978 et la grande famille des tricolores. De la première, encore marquée par le style « old timer », on retiendra le brillant 'Gai Luron' (1958) et le précurseur des luminatas 'Tapisserie' (1962).

De la deuxième époque, qui est celle de la génération de 'Condottiere' est née toute la série dont on a parlé pluq haut, mais aussi l'une des plus belles réussites de la famille Cayeux : les célèbres iris « tricolores ». Jean Cayeux a pris à son compte les variétés 'Bal Masqué' (1993), 'Marbre Bleu' (1993), 'Vive la France' (1993), 'Parisien' (1995) et 'Ruban Bleu' (1997). Et la série a été poursuivie en profondeur par Richard Cayeux au cours des années suivantes.

Après 1997, Jean Cayeux s'est retiré de l'activité d'hybrideur ; la continuation était assurée, et avec quel brio, par son fils Richard. Mais il n'était jamais bien loin et, au moment de la floraison il revenait de sa résidence languedocienne pour revivre un peu l'excitation de séances de pollinisation et apporter à son successeur ses conseils avisés.

 La Société Américaine des Iris (AIS) a honoré Jean Cayeux de la rare et précieuse « Hybridizers Medal », accordée en 2000. Cette distinction, en général destinée à un obtenteur américain, récompense une des plus grandes figures de l'irisdom. En distinguant ainsi le petit-fils de Ferdinand Cayeux elle rendait hommage à une famille entièrement vouée aux iris.

La disparition de Jean Cayeux marque la fin de la longue et prolifique période qui s'étend des années 1960 à la fin du 20e siècle. Il était parmi les derniers de ces grands maîtres des iris qui avaient nom Robert Schreiner, Neva Sexton, Melba Hamblen ou Ben Hager. Il était leur égal et comme eux il a mérité la reconnaissance de tous les amateurs.

Iconographie : 


'Condottiere' 


'Bal Masqué' 


'Premier Bal' 


'Marcel Turbat' 


'Ruban Bleu'

CE N'EST PAS LA PREMIÈRE FOIS...

De nouveau une chronique d'Irisenligne débutera par une allusion musicale. « Ce n'est pas la première fois » est la phrase par laquelle commence un air de l'opérette « Coup de Roulis ». Un air qui est aussi une déclaration d'amour, troussée avec le talent que l'on connaît à André Messager. Cette fois ce ne sera pas une déclaration d'amour qui suscitera le titre emprunté, mais une prudente mise en garde issue des réflexions de Keith Keppel. Celui-ci en a fait le thème d'un des articles qu'il publie régulièrement sur Facebook. En voici la traduction publiée avec l'assentiment de l'auteur.

"La première fois que fleurissent de nouveaux semis, il y en a 5% à 10% qui sont mis de côté pour être examinés une autre fois ; le reste s'en va à la décharge. L'exception concerne quelque chose qui n'a pas fleuri mais qui provient d'un croisement particulièrement difficile à réaliser, ou qui provientd'un croisement qui a engendré un fort pourcentage de « bons à prendre ». Celui qui est illustré ici, 14-34B, de ((Drama Queen x Tuscan Summer) X Vista Point), a été conservé à cause de la forte tache jaune au centre des sépales. 

Lors de la première floraison il s'est montré en dessous du standard en terme de branchement et de hauteur, et sa forme n'était pas aussi large qu'il aurait fallu au niveau des épaules (l'angle de prise de vue de la photo masque ce défaut). La question est : « qu'est-ce qu'il donnerait s'il avait la place de se développer une fois établi ? » On lui donne donc deux ans pour prouver ce dont il est capable avant le prochain tour d'élimination. 

Une observation : des semis qui sont éventuellement nommés et enregistrés, la plupart ne sont pas ceux qui ont attiré l'attention lors de la première floraison. Ce sont plutôt ceux qui relèvent du deuxième choix, qui font leur preuve avec l'âge et démontrent leur valeur en tant que plantes de jardin, qui sont finalement choisis. Ceux qui frappent à première vue souvent ne seront qu'un feu de paille, quand les espoirs que vous mettiez en eux auront fait pschitt ! Ne jamais partir avant le signal et baptiser quelque chose sur la base de la première floraison !"

Les amateurs d'iris que nous sommes ont en effet remarqué qu'une plante qui n'en est qu'à sa première floraison dans nos jardins ne préfigure pas forcément ce qu'elle donnera dès la seconde année et encore moins les qualités (ou les défauts) qu'elle montrera au bout de trois ans. Dans les concours internationaux comme le Premio Firenze, les iris sont cultivés trois ans avant d'être appréciés. Au début de FRANCIRIS© il en était de même, mais des contingences propres au lieu d'organisation ont contraint le staff de la SFIB à limiter à deux ans le temps de culture préalable. Grâce aux soins méticuleux des jardiniers du Parc Floral de Vincennes les iris s'y présentent suffisamment bien pour que la compétition y soit équitable. Mais je persiste à penser qu'une troisième année aurait donné des résultats encore meilleurs.

On fait donc avec des végétaux transplantés le même constat que celui de Keppel avec des variétés nouvelles. Les iris aiment à prendre leur temps pour s'installer. La première année ils doivent surmonter le choc de la transplantation. Il leur faut développer leur système racinaire et tant que celui-ci n'est pas suffisant ils n'auront pas la force de fabriquer des fleurs achevées (forme, taille, nombre, durée de floraison). Parfois ils réussissent à présenter des fleurs séduisantes, mais c'est en général au détriment de la vigueur de la plante, de son aptitude à résister aux éléments aggresseurs, et bien souvent la seconde floraison pâtira de cette hâte. Prenons le cas des iris en provenance de l'hémisphère sud qui arrivent chez nous au printemps : Aussitôt plantés ils vont ressentir les effets de la belle saison (durée d'ensoleillement, température...) et vont souvent fleurir quelques semaines après leur transplantation. La floraison peut être belle mais le plus souvent elle donnera des signes d'insuffisance. L'année suivante les plantes seront bien acclimatées et elles fleuriront normalement. Il ne faut pas perdre de vue que la floraison exige de la plante une quantité exceptionnelle d'énergie, et ce qui aura été consommé pour aboutir à l'anthèse pourra venir à manquer pour le reste.

Lorsqu'il s'agit de semis nouveaux, la situation est la même et Keppel l'explique très bien. J'en ai personnellement fait l'expérience. Je ne suis qu'un tout petit hybrideur amateur, cependant, pour m'en tenir aux trois seules variétés que j'ai enregistrées, j'ai constaté des comportements différents : parmi ces trois iris, deux ont été intéressants dès leur première floraison, il s'agit de 'Kir' et de 'Zone d'Ombre', mais le troisième, 'Mauvais Genre' a attendu sa deuxième année pour donner tout ce qu'il pouvait. La première fois il s'est montré d'une banalité absolue et j'ai été tenté de l'écarter comme tous ses frères de semis. Il était cependant un peu moins moche que ses frères et c'est ce qui l'a sauvé !

Ce genre de comportement doit être pris en compte par tous ceux qui hybrident, qu'ils soient professionnels ou simplement amateurs comme moi. Suivons donc les conseils de Keith Keppel et gardons-nous de nous enthousiasmer pour une fleur nouvelle qui fait illusion ou de rejeter un cultivar qui ne demande qu'un peu de temps pour se montrer sous son meilleur jour.

 Iconographie : 


Semis 14-34B 


'Kir' 


'Zone d'Ombre' 


'Mauvais Genre'

2.6.17

LES TROPHÉES

Emprunter le titre de ce feuilleton à José-Maria de Hérédia me paraît tout à fait adapté pour mettre en valeur les variétés d'iris considérées comme les meilleures de ces vingt dernières années. Ce sont des iris qui méritent bien les trophées qu'ils ont remportés.
Nous en avons vu quatre par semaine. La semaine prochaine : nouveau feuilleton.

XX – 2016 

Médaille de Dykes = 'Swans in Flight' (SIB, Hollingworth, 2006) 


Wister Medal (TB) = 'Sharp Dressed Man' (T. Johnson, 2010) 


Whalter Cup (HM+) = 'Good Morning Sunshine' (T. Johnson, 2013) 


CIS Iris Competition Moscow = 'Island of Luck' (Loktev, 2011)

UN FOU D'IRIS

C'était il y a bientôt vingt ans. Un soir d'hiver, alors que toute la famille est réunie pour fêter Noël, je reçois un appel téléphonique en anglais :
« Bonsoir Sylvain. Je suis à la gare de Tours, j'attends un train pour m'emmener à Bordeaux. Pourrions-nous nous voir ? » 
C'était Sergeï Loktev, en voyage en France, solitaire et un peu malheureux. Il était en route pour aller rendre visite à Lawrence Ransom. Rien ne l'avait retenu, ni la proximité des Fêtes, ni les jours trop courts, ni la dépense énorme. Il voyageait comme un chemineau, s'arrêtant dans une gare pour passer la nuit dans la salle d'attente... Rien ne l'arrêtait, rien ne pouvait l'éloigner de son rêve : les iris.

J'avais fait sa connaissance peu auparavant, alors que je cherchais à diversifier ma collection d'iris avec des variétés hors du commun. Il venait de créer la Société Russe des Iris, dont le nom faisait alors allusion à la Communauté des Etats Indépendants, créée par Gorbatchev sur les ruines de l'empire soviétique. Il était pratiquement seul, dans un pays en plein chaos, où les gens se préoccupaient plus de leur avenir que de leur jardin, à abandonner tout pour se consacrer aux iris ! Car c'est ce qu'il venait de faire : il avait liquidé le garage dont il avait hérité et qui le faisait vivre, pour s'adonner sans partage à son unique passion. Dieu seul sait par quelles combines il avait réussi à réunir suffisamment d'argent pour se procurer les papiers nécessaires à sa sortie de l'URSS, le prix d'un AR Moscou-Paris par l'Aeroflot, et un peu de monnaie pour les billets de train et de quoi manger... Comme un clochard ou un chercheur d'or en route pour le Klondike, il visitait tout ce que la France pouvait avoir d'amateurs et de producteurs d'iris.

Toujours par des moyens hasardeux et compliqués il s'est procuré des variétés récentes américaines, australiennes et françaises, et il s'est lancé dans l'hybridation, créant de nouveaux iris avec une frénésie incroyable et enregistrant par dizaines chaque année ses diverses obtentions.

Il a acquis ainsi une certaine renommées. Chacun le prenant pour un doux dingue, mais reconnaissant que parmi ses milliers de semis il y avait quelques variétés qui valaient la peine. Peu à peu il s'est creusé une place dans le petit monde des iris et, avec l'extraordinaire énergie qu'il mettait en œuvre, il a rassemblé autour de lui une brassée d'iridophiles venant de tout l'ex-empire soviétique, tout aussi enthousiastes que lui, qui ont, en quelques années, placé leurs pays parmi les grandes nations de l'irisdom.

Parvenu à être connu et apprécié, et disposant d'un petit peu de ressources matérielles, il a pu se rendre aux Etats-Unis -peut-être même en Australie, mais je n'en suis pas certain – puis participer comme juge international au Concours de Florence et à FRANCIRIS. Il a partout laissé un souvenir inoubliable. Sa petite silhouette surmontée d'une crinière à la lionne circulait dans les jardins, toujours solitaire, s'égarant dans les villes, mais réussissant néanmoins à être présente aux moments essentiels. Sa conversation était rare et brève, ses gestes délicats, ses attitudes mystérieuses. Mais on découvrait à l'occasion une intelligence pointue et une culture étendue, tant littéraire que scientifique.

SergeÏ Loktev était à la fois un poète romantique et un « mâle alpha », une personnalité complexe, un être à la fois éloigné des contingences terrestres, et sachant agir avec ténacité pour arriver à ses fins. Les misères de notre monde l'ont rattrapé. Elles l'ont emporté vers les étoiles, celles où se trouvent les plus merveilleux des iris.

Iconographie : 



Portrait de Sergeï Nikolaievitch Loktev

Quelques-uns de ses iris dédiés à de grands écrivains :


    - Edgar Poë 


    - Henrik Ibsen 


    - Remarque 


    - Stefan Tsweig