11.2.17

FRANKLIN E. CARR

L'hybrideur aimé des papes 

A l'occasion d'une visite au pape Paul VI, Franklin E. Carr, hybrideur américain qui eut son heure de célébrité au cours des années 1980, fut invité à planter certains de ces iris dans les jardins du Vatican, et la légende dit que, à l'occasion, des hampes de son obtention 'Serene Highness' (1972) ont été disposées sur l'autel privé du Saint Père. Mais si cet événement est tout de même assez exceptionnel, il n'est pas le seul dans son genre à avoir donné un caractère original à la carrière d'hybrideur de cet Américain de la côte Est.

Né dans le New Jersey, à Bordentown, près de Philadelphie, il n'a jamais quitté cette région où il a fait carrière dans l'industrie métallurgique et où il a pris sa retraite. Ce n'est certainement pas de ce côté là qu'il faut regarder si l'on veut découvrir la part d'originalité de cet homme, discret et dévôt. Il faut plutôt se tourner vers son travail d'hybrideur de grands iris. Il s'est intéressé à ces plantes dès son plus jeune âge, et a été attiré par elles parce qu'il y en avait dans le jardin du presbytère de l'église où il se rendait pour son service d'enfant de choeur. Pour parfaire ses connaissances en botanique, il a suivi des cours à l'Université de Pennsylvanie, et, pour la pratique, il donné un coup de main à sa sœur qui était fleuriste dans leur petite ville.

 Dès son mariage et l'acquisition d'une maison avec jardin, il a fait l'acquisition de quelques variétés fameuses à l'époque. C'est à partit de là qu'il s'est lancé dans l'hybridation. Il fallait qu'il ait une certaine audace bien du talent pour parvenir aux résultats qu'il a atteint dans ce domaine alors que la totalité de ses iris poussaient dans un espace grand comme un mouchoir de poche !

Sur cette surface exiguë il a réalisé des croisements généralement très simples mais qui lui ont donné des plantes soigneusement sélectionnées et qui ont rencontré un succès plus qu'honorable dans les compétitions, partout dans le monde, auxquelles elles ont été inscrites. Son premier enregistrement, 'Introit' (1970) a reçu la Médaille d'Or de l'  « Iris Bewertung » 1980 qui se déroulait alors à Frankfurt. Dans la même compétition, en 1983, 'Daylight Splendor' et 'Joyful News' ont eu droit à une Médaille d'Or et 'Jersey Maid' une Médaille d'Argent. Mais ce n'était qu'un début !

C'est surtout le Concorso de Florence qui lui a réussi. Sa première participation remonte à 1976 et à partir de cette date il y a collectionné les place d'honneur : 'Raven Hiil' (1973), 'Golden Summit' (1973), 'Noble Fancy' (1974), 'Queen's Jubilee' (1977), 'Lahaska' (1979), Angel's Message' (1981), 'Jersey Maid' (1981) et 'Worthy Deed' (1983) ont obtenu une « Mention Honorable », 'Heavenly Cloud' (1974) a été déclaré en 1977 « Meilleure Variété Blanche », en 1981 c'est 'Joyful News' (1979) qui a été dit « Variété la plus Commerciale ». Mais le meilleur restait à venir : en 1990 'Evening Canticle' (1988) a reçu la Médaille d'Argent et en 1994 'Steadfast Love' (1994) a obtenu, enfin et à titre posthume, le Florin d'Or ! Pour un obtenteur aussi confidentiel, presque un amateur, il n'est pas possible de faire mieux !

D'autant plus que, pendant ce temps, deux variétés baptisées en l'honneur du jardin botanique Raven hill de Germantown, en Pennsylvanie, ville où Grace Kelly, la future princesse de Monaco, a été à l'école, 'Raven Hill' et 'Serene Highness', ont été cultivées dans les propriétés de la famille princière, tant à Paris qu'à Monaco même. 'Queen's Jubilee' a été dédié à la Reine Elizabeth II de Grande Bretagne et, à ce titre, a été planté à Buckingham Palace.

 Et cela continue ! En 1982 le bleu 'Point Breeze' (1972) (du nom de la propriété où Joseph Bonaparte s'est réfugié de 1815 à 1840) a servi de modèle pour la médaille officielle du tricentenaire de Bordentown. Quant au blanc 'Pontiff', (1981) il a été utilisé en vue de la création d'un objet en porcelaine offert au pape Jean-Paul II pour le remercier d'avoir autorisé l'exposition aux USA d'objets d'art tirés des collections du Vatican.

 Ces nombreuses marques de reconnaissance n'ont cependant pas altéré la modestie de Franklin Carr qui, une fois à la retraite, a ajouté à ses hobbies l'élevage de labradors et la collection de soldats de plomb.

 Cette histoire peu ordinaire est absolument exemplaire. Elle démontre qu'il n'est pas nécessaire de cultiver des milliers d'iris pour acquérir la renommée. Franklin Carr y est parvenu sur un terrain pour ainsi dire de la taille d'un timbre-poste et avec des moyens comparables à ceux de la grande majorité de ceux qui hybrident pour leur loisir.

Iconographie : 


'Daylight Splendor' 


'Point Breeze' 


'Pontiff' 


'Queen's Jubilee'

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