4.9.16

LA FLEUR DU MOIS

'Queen in Calico' ( Jim Gibson, 1979) 

((Orange Plush x Anon) X (Orange Plush x 14-9A) ) 

J'ai une préférence pour les iris plicatas. J'admire le travail en ce domaine de Keith Keppel et je partage son opinion selon laquelle ce modèle est celui qui est le plus porteur de nouveauté. Il y consacre une grande partie de son activité, avec un enthousiasme qui fait plaisir à voir. Il a hérité cette passion de James Gibson, avec qui il a travaillé lorsqu'il demeurait en Californie.Ce James Gibson était un fondu des plicatas et ceux-ci constituent l'essentiel de son travail d'hybrideur. Dans ma collection d'iris j'ai eu, évidemment, plusieurs variétés plicatas signées Gibson ('Autumn Echo', 'Burgundy Brown', 'Casino Queen', 'Chief Hematite', 'Columbia the Gem', 'Gem of Sierra', 'Kilt Lilt', 'Mod Mode', 'Rustic Dance', 'Woodwine'... et, bien sûr, 'Queen in Calico'). Mes préférés sont 'Kilt Lilt' pour sa richesse de coloris, 'Chief Hematite' pour la saturation de ses couleurs, et ce 'Queen in Calico' dont on va parler aujourd'hui. 

Les descriptions que donnait Gibson lors de l'enregistrement des ses iris sont toujours très concises. On l’occurrence, celle qu'il a donnée de 'Queen in Calico' ne fait pas d'entorse à la règle : « Ruffled and laced light orange ground plicata, marked violet; orange beard », que je vais traduire par :  « fond plicata orange, ondulé et dentelé, marqué de violet ; barbe orange ».Si maintenant je devais refaire cette description, j'ajouterais que les pétales, bien frisés, sont largement colorés de violet clair, et que les sépales sont richement pointillés d'un violet un peu plus foncé que celui des pétales, avec une ligne plus sombre sous les barbes, et une bordure plus pâle. C'est en effet cette richesse de la coloration qui fait l'intérêt de cet iris. D'où proviennent ces différents traits, nous allons essayer de le découvrir. 

On ne peut pas évoquer une variété, quelle qu'elle soit, sans faire référence à ses parents. Mais pour ce faire, il faudrait, en ce qui concerne 'Queen in Calico', disposer des carnets de notes de Jim Gibson car le pedigree de 'Orange Plush' (1973), qui apparaît deux fois dans l'état-civil de 'Queen in Calico', n'est pas vraiment clair : « 20-5C: sib to Apricot Blaze X 40-4A ». Autant dire qu'on ne sait rien ! Car le jeu de piste va s'arrêter là, attendu que le pedigree d''Apricot Blaze' (1970) est encore plus sibyllin « 2-2PLB (from long line of sdlgs.) X 6-3 PLH (from long line of sdlgs.) ». Point final. 

Va-t-on en apprendre plus à propos de 'Anon' (1974) ? Eh bien non car voici le pedigree officiel de ce dernier : « 43-8A: (Apricot Blaze x 40-4A) X 23-7A: (sib to Smoke Rings) » ; et même si l'on essaie de se rabattre sur 'Smoke Rings' (1971) on n'est pas mieux servi ! Alors, contentons-nous de ce que l'on voit ! 'Anon' et 'Orange Plush' sont proches cousins. 'Anon' est un plicata orangé clair, presque couleur cannelle, quant à 'Orange Plush' , c'est à peine si la couleur de la « peinture » est plus vive. 'Apricot Blaze', dont on parle beaucoup, est sorti du même tonneau ! On tient là la coloration du fond de 'Queen in Calico', mais pas celle de sa couverture anthocyanique. Certes on peut se dire qu'elle ressemble un peu à celle de 'Smoke Rings', mais quoi qu'il en soit l'amateur d'exégèse généalogique restera sur sa faim. 

Jetons maintenant un œil sur la descendance. Elle n'est pas mince puisque composée de plus de cent variétés, obtenues par un grand nombre d'hybrideurs différents. Parmi ceux-ci il en est un qui a fait de 'Queen in Calico' un usage intensif : Ladislav Muska. A lui seul il est l'auteur de plus du quart des enregistrements. Plusieurs de ceux-ci figurent ou ont figuré dans ma collection, comme 'Calicoball' (1995), 'Kamukere' (NR c. 1995), 'Orange Horns' (1996), 'Ri-Sampei' (1996), 'Tagli e Buchi' (2001), 'Zuzana' (1999). Mais plusieurs autres variétés, d'origines diverses, que j'apprécie vivement, ont 'Queen in Calico' parmi leurs parents. C'est le cas de 'Hotel Roma' (Bianco, 2000), 'Nebbiolo' (Ransom, 2000), 'Rosarita' (Keppel, 1989), 'Rubacuori' (Bianco, 1999), 'Reine de Cuers' (Dauphin/Dejoux, 2008), 'Slovak Prince' (Mego, 2002), et, bien sûr, « mon » 'Mauvais Genre' (2012). 

Dans le florilège des iris qui méritent pleinement le titre d'historiques, 'Queen in Calico' a évidemment sa place. Ce florilège est bien entendu une sélection tout à fait arbitraire, mais, à mon avis, elles ne sont pas tellement nombreuses les variétés qui en font partie, et qu'on y trouve 'Queen in Calico' est assurément pour celui-ci un certificat d'excellence. 

Illustrations : 


 'Queen in Calico' 


'Anon' 


'Orange Plush' 


'Kamukere'

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