24.5.16

LES INNOVATIONS DU Pr. KEPPEL

« Plicata man » (en français M. Plicata), c'est le pseudonyme que Keith Keppel s'est choisi. C'est dire à quel point il se passionne pour ce modèle d'iris. Il y consacre maintenant l'essentiel de ses recherches et il obtient des choses extraordinaires. Depuis quelques temps il a ouvert sa page Facebook et, régulièrement, il y publie une sorte de leçon de « plicatisme » aussi savante que passionnante. Passionnante parce qu'on sent, dans sa manière de s'exprimer, combien il s'enthousiasme pour les résultats qu'il obtient ; savante parce que ses innovations ne sont pas le fruit du hasard, mais le résultat d'un travail scientifiquement élaboré.Il a compris tous les mécanismes qui interviennent dans l'hybridation des plicatas, et il en joue avec un art subtil et une imagination jubilatoire. Les cours du Professeur Keppel nous font partager tout cela.

 Il a commencé par poser les règles du jeu :
 « Ce qui fait les plicatas si fascinants ce sont les variations à peu près illimitées qui peuvent apparaître, à la fois sur le fond et sur les dessins. Penser que le fond est une toile et les dessins la peinture (qui vient s'appliquer sur cette toile NDT) et vous avez la « photo » du plicata de base. Pour n'en prendre qu'une partie, la toile de fond peut être de couleur blanche ou colorée par un des pigments caroténoïdes et être crème, jaune, dorée, rose, saumon, orange... et le modèle de ce fond peut théoriquement être n'importe lequel de ceux qui apparaissent sur les iris non-plicatas jaune, rose, orange... comme amoena, unicolore, façon Debby Rairdon, etc. Tout ça avant même que ne commence l'application de la peinture sur cette toile. Une rangée de semis plicatas en fleur peut être une scène tout à fait spectaculaire ! »(1)

 Dans un autre post, il ajoute, à propos du semis 98-524 : « La série 98-524 a montré une tendance à avoir des sépales jaunes, et du jaune clair ou du blanc sur les pétales. Deux générations plus tard...on a un fond amoena jaune et des dessins bleu violacé. Le branchement et la vigueur ne sont cependant pas aussi parfait comme désiré, mais les enfants et petits-enfants deviennent meilleurs de ce côté-là. On attend maintenant que cette combinaison de couleurs réapparaisse ! En attendant, toutes sortes de variations plicatas bicolores font leur apparition. C'est pour ça que le travail sur les plicatas est si amusant : il y a tellement de modèles et de variations de couleur possibles que regarder une rangée de semis n'est jamais fatigant ! (Frustrant, oui, que d'attendre la plante parfaite.) »(2)

L'engouement de Keith Keppel pour les bicolore-plicatas ou variegata-plicatas s'est développé à partir d'un semis de son ami Barry Blyth numéroté R41-4. Il précise à ce sujet : « Le rêve de tout hybrideur est de découvrir quelque chose d’entièrement nouveau et différent. Un tel événement s’est produit dans les rangs de la pépinière de Barry Blyth, en Australie, en 2007, quand le semis R41-4 a fleuri pour la première fois. Coup de chance pourrait-on dire, mais pas totalement immérité, car de nombreuses années et beaucoup d’efforts ont contribué à ce que cette chance se produise. »(3)

 Et là l’enthousiasme de jeune homme de Keith Keppel éclate au grand jour. Il fait un inventaire minutieux et méticuleux des différentes possibilités, et envisage les innombrables occurrences des mélanges. C’est alors qu’on comprend qu'avec les innovations telles qu’elles apparaissent avec R41-4, l’avenir des coloris d’iris s’ouvre vers l’infini.

 Il s'est donné à fond dans le travail sur les nouveaux plicatas. Et avec son sens aiguisé des bons croisements, il n'a pas tardé à obtenir des iris d'un modèle encore inconnu. Il nous en montre un certain nombre dans ses leçons sur le Net (les illustrations ci-dessous en font partie) et il en a déjà enregistré quelques uns. Mais il a également communiqué son emballement à son ami Barry Blyth, avec lequel il passe, moitié en Oregon, moitié en Australie une partie de l'année. Et ce dernier propose à son tour des plicatas new-look : à deux, c'est forcément mieux !

 On peut être certains que dans les années à venir ces nouveaux plicatas feront le bonheur des collectionneurs. Plairont-ils à la majorité des amateurs d'iris ? Ce n'est pas sûr, et c'est une des questions qu'on peut se poser relativement à l'avenir de ces nouveautés. Car si le succès commercial ne suit pas, il est à craindre que leur présence dans les catalogues ne soit que temporaire...

 (1) Texte original :  « What makes plicatas so fascinating is the seemingly unlimited variations that can occur, both in ground and in marking. Think of the ground as a canvas and the markings as paint and you get the basic plicata "picture". But taking just one part, the canvas/ground....color can be white or colored in any of the carotene pigments and be cream, yellow, golden yellow, pink, salmon, orange....and the pattern of the ground theoretically can be any pattern that occurs in non-plicata yellows, pinks, oranges.... like amoenas, selfs, Debby Rairdon pattern, etc. All that before we even begin applying the "paint" to these "canvases". A row of plicata seedlings in bloom can be quite a spectacular art show! » 

(2) Texte original : « The 98-204 series showed a tendency toward yellow in the falls, lighter yellow or white in the standards. Two generations later.....a yellow amoena ground on a violet blue plicata. Branching and plant not yet as desired, but children and grandchildren are coming along better in those respects. Now we're waiting for this color combination to reappear! In the meantime, all sorts of plicata bicolor variations are showing up. That's why plicata breeding is so much fun: there are so many possible pattern and color variations that looking at a row of seedlings is never boring! (Frustrating, yes, waiting for that "perfect" one.) »

(3) Texte original : « Every hybridizer's dream is to find something totally new and different. Such a moment happened in Barry Blyth's Australian seedling patch in 2007 when R41-4 first bloomed. Serendipity one could say, but not totally unearned, for many years and mutch effort had gone into this chance happening. » 

Illustrations : 


semis Keppel 06-170A 


semis Keppel 07-17B 


semis Keppel 07-184C


semis Blyth Z22-1

1 commentaire:

gerard a dit…

Keppel est un modèle de rigueur pour tous les hybrideurs. Son travail mérite en effet d'être salué. Et son exigence. Son tas de compost en témoigne. Une leçon à méditer !