29.4.16

PRODUIT DE FRANCE

Depuis l'année 2000 nos compatriotes n'hésitent plus à enregistrer les produits de leurs hybridations. Cela nous vaut une abondance de nouvelles variétés dont la qualité progresse d'année en année. Et de nombreux nouveaux hybrideurs se font ainsi connaître à côté d'anciens toujours aussi valeureux. Pendant quelques semaines nous allons rendre hommage aux uns et aux autres en publiant les photos de leurs plus belles réalisations.

 2011

On peut faire pour 2011 le même commentaire que pour 2010.


'Aigue Marine' (R. Cayeux, 2011) - Frison-Roche X Heure Bleue 


'André Cavaillé' (L. Ransom, 2011) SPU - I. orientalis (ochroleuca) “Gigantea” X (Ila Crawford x inconnu) 


'Feu de Saint Jean' (M. Portal, 2011) - Afternoon Delight X inconnu 


'Fleur de Lumière' (A. Chapelle, 2011) - Bermuda Beach X Decadence

ECHOS DU MONDE DES IRIS

471

C'est le nombre de variétés en compétition pour le Symposium (ou Scrutin de Popularité) de 2016. Parmi celles-ci les votants désigneront les 100 variétés préférées des irisariens américains.

LA BANDE DES SEPT

Pendant dix ans, de 1963 à 1972, l'AIS a décerné une récompense spéciale destinée à distinguer les meilleurs iris « rouges ». C'était le Cook-Lapham Bowl. Par la suite elle a renoncé à cette récompense au motif qu'il aurait fallu créer d'autres récompenses semblables pour toutes les autres couleurs ou tous les autres modèles. On n'en finissait pas !

La Maison Schreiner a trusté cette récompense : elle l'a obtenue sept fois sur dix.
1964 = 'Jungle Fires' (1960)
1966 = 'Gypsy Jewels' (1963)
1967 = 'Frontier Marshall' (1964)
1968 = 'Jewel Tone' (1966)
1969 = 'War Lord' (1968)
1970 = 'Fireball' (1967)
1972 = 'Post Time' (1971)
Les autres vainqueurs furent :
1963 = 'Captain Gallant' (Schmelzer, 1957) 1
965 = 'Tomeco' (Suiter, 1959)
1971 = 'Caliente' (Luihn, 1967)

 C'est la connaissance des sept variétés Schreiner que nous allons faire aujourd'hui.

'Jungle Fires' (Schreiner, 1960) - ((Argus Pheasant x Pacemaker) x Brittania) X Defiance. Descend du mordoré 'Argus Pheasant', DM 1952, et du « rouge » Pacemaker, très apprécié en son temps ;
'Gypsy Jewels' (Schreiner, 1963) - Caldron X semis. Son parent femelle, 'Caldron', est un rouge qui a reçu un accueil remarquable et a eu une diffusion mondiale ;
'Frontier Marshall' (Schreiner, 1964) - (Trim x Tall Chief) X Gypsy Jewels. Le couple Trim x Tall Chief réunit deux des champions rouges des années 1950/60 ; 'Frontier Marshall' est un des « rouges » les plus appréciés, encore aujourd'hui ;
'Jewel Tone' (Schreiner, 1966) – (semis x (semis x (Casa Morena x Burmese Ruby))) x (((Orelio x Pacemaker))) x Trim X Tomeco. Son pedigree plutôt compliqué est à l'origine d'un « rouge » qui a eu une diffusion mondiale ;
'War Lord' (Schreiner, 1969) - Fire Magic X Gypsy Jewels. Un des plus beaux « rouges » de tous les temps ;
'Fireball' (Schreiner, 1967) - Gypsy Jewels X Fire Magic. Peut-être le moins connu de la bande des sept. Qu'il ait été utilisé dans un sens ou dans l'autre, 'Fire Magic' (Schreiner, 1961) a engendré des « rouges » de qualité : les trois cités ici, mais aussi 'Garnet Robe' (Schreiner, 1976) et même 'Crimson Fire' (Schreiner, 1990) ;
'Post Time' (Schreiner, 1971) - Vitafire X ((semis x semis) x Fire Magic). 'Vitafire' n'a pas remporté la C-L Bowl, mais c'est certainement un des « rouges » les plus proches du rouge  « pompier » si fébrilement recherché. 'Post Time' est un de ses plus beaux descendants parmi lesquels on compte également 'Margrave' (1978) et 'Velours Rouge' (1979), de beaux rouges frères de semis obtenus par Jean Cayeux.

A côté de ces sept-là, les trois privilégiés qui ont réussi à triompher de l'hégémonie des produits Schreiner ne sont pas des inconnus. 'Tomeco' est l'une des pierres angulaires de la recherche du rouge le plus pur. 'Captain Gallant' et 'Caliente' sont bien connus chez nous car ils ont fait longtemps partie des offres des grands producteurs. Ce sont l'un et l'autre de vraiment beaux « rouges ». Il y a aussi les variétés qui apparaissent sur le podium du C-L Bowl, sans avoir atteint la première place, on trouve plusieurs années de suite 'Bang' (Craig, 1955), 'Main Event' (Les Peterson, 1958) et 'Velvet Robe (Schreiner, 1960). 'Main Event' n'a pas eu la chance d'être diffusé en France. Ce sont les unes et les autres de très bonnes plantes de jardin.

 Cette « bande des sept » constitue un résumé de ce qui s'est fait de mieux en matière d'iris « rouges » il y a cinquante ans. Ces variétés ne sont pas démodées car les iris « rouges » ont toujours des fleurs d'apparence classique, peu ondulée mais bien proportionnée. Il ne faut pas cependant compter sur les bouillonnés recherchés maintenant. De ce fait la couleur rouge (ou acajou, ou bordeaux, ou bourgogne) n'est plus guère au goût du jour, même si il y a des nouveautés brillantes, comme 'Fortunate Son' (Schreiner, 2006) ou 'Barbaro' (Filardi, 2008).

Les obtenteurs et leurs clients se tournent vers les couleurs ou associations de couleurs voyantes, à défaut d'être toujours de très bon goût. Pourtant, au jardin, la présence des variétés « rouges » est, à mon avis, indispensable et l'on peut toujours faire appel à la bande des sept pour ce rôle.

 Illustrations : 


 'Frontier Marshall' 


'War Lord' 


'Captain Gallant' 


'Barbaro'

15.4.16

PRODUIT DE FRANCE

Depuis l'année 2000 nos compatriotes n'hésitent plus à enregistrer les produits de leurs hybridations. Cela nous vaut une abondance de nouvelles variétés dont la qualité progresse d'année en année. Et de nombreux nouveaux hybrideurs se font ainsi connaître à côté d'anciens toujours aussi valeureux. Pendant quelques semaines nous allons rendre hommage aux uns et aux autres en publiant les photos de leurs plus belles réalisations.

 2010 Une belle année, riche et contrastée.

'Chanson de Geste' (J.C. Jacob, 2010) - (Silverado x Chartreuse Ruffles) X Conjuration

 'Gourmandise d'Ardèche' (S. Cancade, 2010) - Celebration Song X Let’s Boogie

 'Plume d'Ange' (A. Chapelle, 2010) - First One X Decadence

'Simplicité Bleue' (L. Ransom, 2010) - Titanium X Gladys Clarke

SOIXANTE-QUINZE ANS DE LUMINATAS

C'est celui qui les connaît le plus qui en parle le mieux. Dans un article publié dans le numéro d'avril 2012 du bulletin de l'AIS, Keith Keppel a fait le point sur les iris du modèle baptisé « luminata » dont il s'est fait une spécialité. C'est à partir de ce texte que la chronique d'aujourd'hui a été réalisée.

Pour commencer il faut préciser un peu de quoi on parle et faire la différence entre trois situations propres au domaine des iris : le « glaciatisme », le « plicatisme » et le « luminatisme ». Trois situations à propos desquelles deux théories ont été échafaudées.

La théorie la plus couramment acceptée est celle élaborée par Keith Keppel qui fait appel à trois gènes voisins mais différents agissant sur le développement des pigments anthocyaniques dans les fleurs d'iris. Le premier gène, celui qui intervient dans les iris glaciatas, bloque totalement les pigments bleus ou violets, ce qui donne des fleurs où les pigments caroténoïdes (ou leur absence) apparaissent dans toute leur pureté.Un autre gène, voisin, crée la situation que l'on constate sur les plicatas : le blocage des gènes anthocyaniques est partiel et intervient essentiellement dans les pétales et au centre des sépales, créant ce dégradé de coloration caractéristique. Enfin un troisième gène provoque l'apparition du modèle luminata : la paralysie des pigments anthocyaniques se produit en partie sur les pétales, et plus vigoureusement sur les sépales où le cœur de la fleur apparaît dépourvu de pigments bleus ou violets, de même qu'a la bordure des pièces florales et sur les barbes. Keppel justifie l'existence de trois gènes différents par le fait que les trois situations peuvent exister simultanément sur certaines fleurs, créant par exemple des « luminata-plicatas ». Avec quelques autres spécialistes, il a rédigé en 1990 une définition du modèle luminata d'une précision admirable (1) : « Luminata est une disposition des pigments anthocyaniques génétiquement reproductible où la couleur est présente sous forme de marbrures irrégulières dans la zone centrale des pétales, et plus ou moins absente des zones périphériques.L'effet de marbrure est produit par des veines non-anthocyaniques (blanc, jaune, rose ou orange), et il n'y a pas d'anthocyanine dans une zone située de chaque côté de la barbe (zone qui s'étend plus ou moins en direction de la bordure du sépale), ainsi que dans la barbe elle-même. Le modèle luminata peut apparaître seul ou en combinaison avec le modèle plicata ; quand ils sont en combinaison, les modèles se superposent, ne laissant presque aucune partie de la fleur privée de coloration anthocyanique. On donne généralement à cette combinaison le nom de « luminata-plicata » ou « lumi-plic ».

Une autre théorie a été proposée par Chuck Chapman. Celui-ci a émis l’hypothèse que la pureté idéale représentée par le modèle glaciata pourrait être encore plus dégradée que dans le cas des luminatas qui constitueraient un premier degré de dégradation. A un second degré, seule une zone franchement blanche, sous les barbes, serait nettoyée des pigments anthocyaniques. Au troisième degré, il n’y aurait plus que les barbes à être franchement blanches. Enfin, lorsque l’inhibition est totalement absente, on serait en présence d’une fleur parfaitement envahie par les pigments anthocyaniques et donc d’un bleu, d’un violet ou d’un brun (à cause de l’effet conjugué des deux familles de pigments) sans trace de blanc, un anti-glaciata, en quelque sorte. Il attribue ces dégradations successives à l’intervention plus ou moins efficace d’un gène inhibiteur. Il voit ce gène à la puissance 4 chez les glaciatas, à la puissance 3 chez les luminatas, à la puissance 2 chez les ‘zonals’ ou ‘zonatas’, à la puissance 1 chez lez iris bleus à barbes blanches et à la puissance 0 chez les iris entièrement ‘gouachés’ d’anthocyanine.

Quelle que soit la réalité, il existe bien un modèle spécifique que Keppel définit ainsi (1) :
1) La barbe et une surface de chaque côté de la barbe sont blanches ou colorées de pigments caroténoïdes (jaune, rose ou orange) ;
2) Les bras du style sont colorés de la même façon bien que quelque trace de pigmentation anthocyanique puisse apparaître sur la partie supérieure ;
3) Les pétales sont marqués de façon irrégulière (qu'on appelle généralement marbrure ou brossage) par un coloris anthocyanique qui diminue d'un certaine intensité en allant vers les bords. La marbrure est causée par un veinage de couleur non-anthocyanique (blanc, jaune, rose ou orange). L'extérieur des pétales peut avoir une bordure ou un liseré non-anthocyanique prononcé, mais le bord peut aussi n'avoir qu'une légère décoloration, enfin l'effet peut se situer n'importe où entre ces extrêmes ;
4) Le degré de coloration anthocyanique peut se situer n'importe où entre les extrêmes ; il peut aussi bien aller d'un marquage très dense et sombre, jusqu'à un léger poudrage. »

 Ce modèle a une histoire particulière et qui mérite d'être contée, dont l'apparition est datée du début des années 1940, dans les rangs de la pépinière des frères Sass, dans le Nebraska. Même si Keppel affirme que le modèle luminata se trouvait déjà, conjointement avec le modèle plicata dans des variétés de Ferdinand Cayeux comme 'Ensorceleur' (1924) ou 'Madame Louis Aureau' (1934), c'est le côté plicata qui est le plus visible sur ces deux variétés : 'Ensorceleur' est décrit comme possédant des pétales blancs et des sépales à peine teintés de bleu, brodés de dessins lilas ; 'Madame Louis Aureau' a des pétales à dominante bruyère et des sépales très blancs au centre, puis nettement marqués d'un plumetis bruyère. 'Madame Louis Aureau figure dans le pedigree du premier luminata découvert par Jacob Sass. En revanche on n'est pas très renseigné sur 'Bertha Gersdorff' (1941) – premier luminata enregistré - puisque le relevé de l'AIS dit seulement qu'il est le produit du croisement de deux plicatas...

Au début, il n'y a guère que les Sass à avoir trouvé de l'intérêt à ces fleurs que ceux qui ne les aimaient guère qualifiaient pudiquement de « odd » ou de « weird », ce qui veut dire à peu près la même chose, soit « bizarre » ou « étrange ». Ils ont donc enregistré plusieurs variétés de ce modèle, comme 'le très célèbre 'Moonlit Sea' (1942) ou bien 'Cuban Carnival' (1948). Une autre variété de la même décennie a atteint une certaine renommée, il s'agit de 'Aladdin's Wish' (Murawska, 1943).

Les années 1950 ont vu une progression lente mais constante de l'intérêt pour les luminatas, sans pour autant que leur côté incongru soit oublié. En témoigne certains noms attribués aux cultivars enregistrés. Comme 'Ghostie' (Craig, 1949) ou 'Weirdie' (Craig, 1949). Peu à peu néanmoins le modèle se banalise : 'Can-Can' (Craig,1951) ; 'Wish Again' (Muhlestein, 1952) ; 'Glowing Amber' (Craig, 1953) ; 'Fancy Flare' (Austin, 1955) ; 'Cuba Libre' (Plough, 1956) ; 'Moonlight Midnight' (Vallette, 1958)...

Ce n'est qu'au cours des années 1960 que sont apparus les premiers luminatas européens. Ils sont allemands et s'appellent 'Havelberg' (Schwarz, 1959) ou 'Havelsee' (Werckmeister, 1966). Ce dernier est décrit comme « sépales blancs poudrés de bleu, pétales blancs poudrés de bleu plus sombre », ce qui n'est pas très explicite. Mais ces expériences n'ont pas eu vraiment de suite, ni en Europe, ni ailleurs, et il faut attendre la fin des années 1990 pour que les luminatas connaissent un regain d'intérêt.

Cette renaissance est due exclusivement au travail de Keith Keppel qui a enregistré simultanément trois variétés exemplaires :
'Spirit World' (1992)
'Mind Reader' (1992)
'Flights of Fancy' (1992).
Les deux premiers sont des frères de semis, le troisième est un cousin très proche. Chez les trois on retrouve les mêmes géniteurs, 'Irma Melrose', 'Tea Apron', 'April Melody' associés à quelques autres variétés classiques chez Keppel.

Ces trois iris ont déclenché un véritable engouement, et des dizaines de luminatas sont apparus chez tous les bons faiseurs américains (Ghio, Baumunk, Black, Johnson, Christopherson, Spoon...). Les obtenteurs de l'ancien monde hésitent encore à s'y mettre, Mais les australiens ne sont pas en reste ! Parce que, tout comme chez les plicatas, l'infinie variété des combinaisons ouvre un immense champ de recherche, le modèle est en plein développement.

Tous les amateurs d'iris seront de l'avis de Keith Keppel qui m'a écrit : « Voir une planche en fleur de semis de plicatas ou de luminatas , c'est comme regarder dans un kaléidoscope : chaque tour (chaque semis) est une expérience visuelle unique. »

Illustrations : 



'Aladdin's Wish' 


'Havelberg' 


'Elisabethan Age'


'Shine on Thru' 


semis Keppel 

(1) Bulletin AIS n° 277 (avril 1990)

8.4.16

PRODUIT DE FRANCE

Depuis l'année 2000 nos compatriotes n'hésitent plus à enregistrer les produits de leurs hybridations. Cela nous vaut une abondance de nouvelles variétés dont la qualité progresse d'année en année. Et de nombreux nouveaux hybrideurs se font ainsi connaître à côté d'anciens toujours aussi valeureux. Pendant quelques semaines nous allons rendre hommage aux uns et aux autres en publiant les photos de leurs plus belles réalisations. 

2009

La famille Anfosso fait une réapparition en enregistrant une variété déjà ancienne, mais très recherchée, en particulier aux USA.


 'Dakar' (B. Laporte, 2009) - Designer Gown X Ostrogoth 


 'Jeunesse Dorée' (L. Ransom, 2009) SDB - Cassis X (Bantam x Punk) 


 'Lumière d'Automne' (E. Besse / L. Anfosso, 2009) – parents inconnus 


'Rintintin' (R.L. Vasquez, 2009) - Papillon de Mai X Good Show

ECHOS DU MONDE DES IRIS

ROUTE ÉPHÉMÈRE DES IRIS 

Cinq parcs et jardins et deux producteurs d'iris se sont regroupés pour créer un « circuit floral » à la découverte de l’univers des iris. Cela se passe en Val de Loire, entre Sologne et Berry. Les producteurs sont, évidemment les Maisons Bourdillon et Cayeux, et les jardins ceux de :
Domaine de Chaumont-sur-Loire, au château de Chaumont (Loir et Cher) ;
Parc Floral de La Source à Orléans (Loiret) ;
Le Jardin de Marie, à Neuilly en Sancerre (Cher) ;
Parc du Château de Pesselières, à Jalognes (Cher) ;
Parc Floral d'Apremont, à Apremont sur Allier (Cher).

 Les cinq sites Parcs et Jardins associés proposent d’importantes collections d’iris, remarquablement conduites, que l'on pourra voir, mises en valeur dans un écrin de verdure et associées à d’autres plantes.
 Quant aux deux producteurs, il n'est plus besoin de les présenter aux lecteurs d'Irisenligne. Voilà une initiative heureuse qui devrait rencontrer un franc succès parmi les amateurs d'iris, tout comme parmi les jardiniers en général.

 IRIS EN BOURBONNAIS

 Une grande amie des iris, qui amasse ces fleurs depuis une quarantaine d'années a décidé de faire profiter tout un chacun de sa magnifique collection sous la forme d'un site, « Iris en Bourbonnais » qui traite de tout ce qui concerne les iris. Habile photographe, elle a mis en images avec un art éprouvé tous les iris qui, à ce jour, ont fleuri dans son jardin. Cette masse de documents s'enrichira au fil des ans et des nouvelles acquisitions.
A noter que cette année le jardin « Iris en Bourbonnais » sera accessible au public du jeudi 5 mai au dimanche 5 juin tous les après-midi de 14h à 19h à l’exception du mercredi, et que certaines plantes seront en ventes.

Christine COSI 
Le Brégeot - 03470 - Saligny sur Roudon (entre Moulins et Paray le Monial) 
http://irismania1.e-monsite.com/

UNE AUTRE ROUTE VERS LE ROUGE

Avant d'arriver à l'unification qui marque l'univers des iris du XXIeme siècle, les hybrideurs suivaient chacun leur propre chemin lorsqu'ils travaillaient sur une couleur ou un modèle. Le « rouge » (ou ce que l'on appelle ainsi par commodité bien qu'il ne s'agisse pas de rouge à proprement parler mais plutôt d'un brun ou d'un grenat tirant vers le rouge) ne fait pas exception à cette règle. Il est convenu de dire que pour ce coloris il y a quatre lignées principales qui ont existé. Celle amorcée par la famille Schreiner et celle de Chet Tompkins, qui ont fait l'objet de chroniques précédentes, celle de Paul Cook et enfin celle lancée par Greig Lapham, de l'Indiana, et poursuivie par Les Peterson et Tell Muhlestein, de l'Utah. C'est de cette dernière dont il va être question maintenant, car si elle n'est pas la principale, elle présente néanmoins bien des originalités.

Un article publié dans le Bulletin de l'AIS en 1967 par Tell Muhlestein, intitulé « Sur le chemin du, rouge », commence comme ceci : « Greig Lapham était un de ces hybrideurs qui persistait dans la recherche du véritable iris rouge. » C'est en effet cet obtenteur plus ou moins connu aujourd'hui, qui dès la fin des années 1920 s'était lancé dans la quête de ce Graal des irisariens qu'est l'iris rouge. Il était l'un des tout premiers à œuvrer dans cette direction, et son 'Belle Porter' date de 1929. Associé à 'Bruno' (Bliss, 1918), lui-même fils du fameux 'Dominion' (A. Bliss, 1917), il est le parent de 'Jerry' (Lapham, 1934), vraiment rouge, avec une barbe pointée de blanc, dont on peut dire qu'il est le véritable point de départ de la lignée Lapham. En 1937 il a enregistré 'Red Gleam', remarquable par la richesse de son coloris, qui est un descendant de 'Jerry'. La lignée s'est poursuivie pendant de nombreuses générations au cours desquelles sont apparus des variétés comme 'Red Waves' (1946) puis 'Pacemaker' (1948), tirant sur le rouge amarante.

A partir du début des années 1950, Tell Muhlestein s'est à son tour intéressé aux iris rouges. Il dit lui-même qu'il a commencé par creuser les dispositions qu'il voyait dans 'Dominion', pas spécialement pour sa couleur, mais surtout pour la qualité de ses fleurs. Néanmoins 'Dominion' n'est pas pour rien dans l'origine des « rouges ». On vient de le voir avec les descendants de 'Jerry' dans la lignée Lapham. Mais il a aussi sa place dans la généalogie des « rouges » de Muhlestein, notamment avec 'Burmese Ruby' (1948), tout comme dans celle des « rouges » de Tom Craig, avec 'Bang' (1955), au coloris vraiment riche, et dans celle de Les Peterson avec 'Main Event' (1958), dans les tons de grenat.

Muhlestein, en vérité, a exploité plusieurs origines. Celle de Lapham, bien sûr, mais aussi celle des frères Sass via 'The Red Douglas' ('Story Time' – 1947 ; 'Deep Maroon' – 1952), et celles de Tompkins et de Craig avec 'Fire Ruby', 1964, qui a été distingué à Florence comme étant le meilleur rouge du concours de 1965.

Dans son article de 1967, Tell Muhlestein rend justice à Les Peterson dans la recherche du rouge. « Les Peterson, de Salt Lake City, a parcouru la route du rouge aussi longtemps que quiconque de ma connaissance, et il a obtenu des choses vraiment excitantes. » Et parmi celles-ci on trouve, outre 'Main Event', plusieurs fois placé dans la coupe Lapham-Cook, 'Ardi Loy' (1967), 'Satan Jr.', (1968), décrit comme rouge cardinal, 'Ardent Glow' (1972), rouge sang de bœuf un peu clair, 'Texas Rouge' (1974), rubis profond, 'Spanish Harlem' (1976), acajou foncé, ou 'Le Sedna' (1976), bordeaux légèrement orangé...

Qu'ils soient signés Lapham, Craig, Muhlestein ou Peterson, tous ces iris ont été des étapes sur la route vers le rouge. Une route décidément bien difficile puisque malgré tous les efforts qui ont eu lieu depuis les années 20, malgré les manipulations diverses qui ont été tentées (irradiation, modification génétique...), il reste inaccessible. C'est comme un bateau qui apparaîtrait à l'horizon, mais qui ne parviendrait pas à s'avancer jusqu'au port.

Illustrations : 

'Jerry' 

'Red Gleam' 

'Pacemaker' 

'Bang'

1.4.16

LA FLEUR DU MOIS

‘WHITE LIGHTNING' (J. Gatty, 1974) 
Launching Pad X New Moon 

Voilà une variété qui fait partie de ma collection personnelle depuis le début. C'est un vieux fidèle. Depuis qu'il réside dans mon jardin, il n'a pas manqué une seule floraison. Son développement n'est pas exceptionnel, mais il pousse néanmoins bien et, surtout, fleurit beaucoup. C'est bien ce qu'on demande à un iris !

 J'ai une attirance personnelle pour le travail d'hybrideur de Joseph Gatty. Nos caractères ont-ils un point de convergence ? Toujours est-il que j'ai depuis toujours apprécié les iris de cet obtenteur discret mais talentueux. Ses iris roses sont toujours unanimement appréciés, mais le reste de sa production mérite tout autant d'attention. 'White Lightning' fait partie de cette deuxième catégorie. Il a pour origine, non pas un croisement de deux iris blancs ou d'un blanc et d'un bleu, comme la plupart des iris blancs, mais de deux variétés jaunes. C'est en soi une originalité qui apparaît dans le fait qu'une teinte jaune pastel s'étale sur les épaules de la fleur, ce qui lui donne un charme supplémentaire. Les fleurs sont larges, gracieusement ondulées, sans raideur ni fantaisie excessive. Cela fait que notre 'White Lightning' n'est pas du tout démodé malgré ses quarante ans bien sonnés.

Ses parents ont l'un et l'autre une renommée qui a largement débordé les limites des USA. 'Launching Pad' (Knopf, 1966) fait partie de ce modèle d'iris où le centre des sépales est marqué par une large surface blanche. La référence, quand on parle de ce modèle, est souvent 'Joyce Terry' (Muhlestein, 1974), qui est lui-même un descendant direct de 'Launching Pad'. La Maison Schreiner a trouvé beaucoup d'intérêt à ce 'Launching Pad' et en a fait l'un de ses géniteurs attitrés, notamment dans le croisement numéroté D 1158-B qui est le suivant : (Y 1290-BB: (R 116-3, Imperial Lilac sib, x Arctic Flame) x White Taffeta) x Launching Pad). Elle en a fait usage à plusieurs reprises et il figure derrière des variétés comme 'Come Away with Me' (2008) ou le tout récent 'Oui, Madame' (2013), tandis que le sous-croisement Y 1280-BB figure au pedigree du très célèbre 'First Interstate' (1990).

L'autre parent est le fameux 'New Moon' (N. Sexton, 1968). Une variété qui a fait une carrière fulgurante dans la course aux honneurs (HC 1966 – HM 1969 – AM 1971 – DM 1973) et qui a eu une descendance des plus nombreuses et des plus huppées.

 A son tour 'White Lightning' a pris rang parmi les variétés les plus utilisées en hybridation. On lui reconnaît une soixantaine de rejetons, avec plusieurs noms très connus :
'Aztec Sun' (Dyer, 1981)
'Bengal Tiger' (Maryott, 1980)
'Generosity' (Keppel, 1978)
'Montevideo' (Ghio, 1986)
'Polite Society' (Hager, 1988)
'Scotch Blend' (Gatty, 1981)
 et bien d'autres...

De nos jours les nouveautés sont chaque année si nombreuses qu'on se demande quelle longévité auront les variétés mises sur le marché. Ce sera une performance si l'une d'entre elles résiste aussi longtemps que 'White Lightning' ! En tout cas le héros du jour mérite bien ce coup de chapeau qui salue un iris devenu un grand classique et qui a toujours sa place dans une collection d'amateur.

Illustrations :


 'White Lightning' 


'Launching Pad' 


'New Moon' 


cl. Cooley's Garden
'Scotch Blend'

PRODUIT DE FRANCE

Depuis l'année 2000 nos compatriotes n'hésitent plus à enregistrer les produits de leurs hybridations. Cela nous vaut une abondance de nouvelles variétés dont la qualité progresse d'année en année. Et de nombreux nouveaux hybrideurs se font ainsi connaître à côté d'anciens toujours aussi valeureux. Pendant quelques semaines nous allons rendre hommage aux uns et aux autres en publiant les photos de leurs plus belles réalisations.

2008
 Toujours des débutants. C'est le cas pour deux des quatre de cette semaine.


 'Chaux-Neuve' (A. Bettinelli, 2008) - Edith Wolford X inconnu 


 'La Part des Anges' (M. Bersillon, 2008) - Fogbound X (Sapphire Hills x Surf Rider) 


'Marika' (L. Ransom, 2008) - Marie Kalfayan X Serengeti 


'Reine de Cuers' (R. Dejoux / R. Dauphin, 2008) - (Good Morning America x Rancho Rose) X Queen in Calico

COPIÉ MAIS JAMAIS ÉGALÉ

Qu'y a-t-il de plus commun qu'un iris plicata à fond blanc et dessins violet ou bleu foncé ? Le modèle-type est certainement 'Stepping Out' (Schreiner, 1964). Et c'est un fait universellement reconnu puisque il s'agit une variété encore fréquente dans les catalogues de base et qui, depuis une trentaine d’année, ne s’est jamais beaucoup éloignée des premiers rangs. Très longtemps n° 1 du classement du Symposium, elle a un peu rétrogradé mais, depuis son entrée dans la liste n'est jamais descendue au-delà de la quinzième place avant 2009. Autre signe de célébrité : il y en a quarante photos dans la base de données « Twiki » de l'AIS.

 Est-ce ce succès exceptionnel qui conduit régulièrement la Maison Schreiner à mettre à son catalogue un nouvel iris du modèle de 'Stepping Out' ? Dans l'espoir de voir se renouveler l'aventure ? Mais un nouveau triomphe se fait attendre depuis cinquante ans ! Malgré de belles réussites comme :
'Jolie' (1967) - Kimberly X Rococo
'Dundee' (1970) - sib de Merry Ripple X ((Caroline Jane x Flying Saucer) x Belle Meade)
'Rondo' (1972) - Stepping Out X Jolie
'Loop the Loop' (1973) - Stepping Out X Port Royal
'Closed Circuit' (1981) - Rondo X semis
'Classic Look' (1992) - Go Around X (((Full Circle x Rococo) x ( sib de Arpege x (Rococo x Emma Cook))) x Spinning Wheel)
'American Classic' (1996) - (Lorilee x Raspberry Frills) X (Titan's Glory x ((Rococo x Belray) x Navy Strut))
'Art Deco' (1997) - Momentum X semis inconnu
'Take Five' (2005) - (AA 2156-1: (Rare Treat x semis inconnu) x Snowbrook) X American Classic 'On the Move' (2006) - Rare Quality X American Classic
'Place Your Bets' (2007) - I’ve Got Rhythm X American Classic
'First Stitch' (2010) - (Art Deco x American Classic) X American Classic

Car presque une année sur trois, un genre de 'Stepping Out' apparaît. Mais malgré de beaux résultats comme pour 'Rondo', 'Loop the Loop' ou 'Art Deco', le miracle ne s'est pas produit. Peut-être peut-on dire qu'on ne gagne jamais deux fois à la loterie !

 Il est vrai que 'Stepping Out' avait tout pour réussir : côté « affaires » : une Médaille Dykes (en 1968), une commercialisation abondante ; côté horticole : une robustesse et une santé exemplaires, une grande floribondité, une fleur de forme parfaite, qui ne vieillit pas vite tant elle est classique... Bref, tout ce qu'il faut pour jouer les premiers rôles.

 Auparavant 'Rococo' (1959) - (Caroline Jane x Flying Saucer) x Belle Meade - avait presque fait aussi bien, mais il avait manqué la DM et avait donc obtenu un moindre succès. On le trouve néanmoins à plusieurs reprises dans les antécédents des variétés énumérées ci-dessus, comme dans ceux de 'American Classic' qui, lui-même, apparaît souvent chez les variétés qui lui sont postérieures.

Mais il n'y a pas que la famille Schreiner qui ait été tentée par le succès de 'Stepping Out'. Je suppose que chaque fois qu'un obtenteur découvre dans ses semis une nouveauté proche de 'Stepping Out' il se dit « Et si celui-ci faisait une aussi belle carrière ? » Mais là non plus, le miracle ne s'est pas reproduit (du moins jusqu'à aujourd'hui). Il y a eu pourtant des challengers de valeur, comme :
'Charmed Circle' (Keppel, 1968) - (Happy Meeting x Rococo) X (Full Circle x Rococo)
'Aegean Star' (Plough, 1971) - ((Jaipur x (My Darling x Copper Halo)) x sib de Jakarta) X Stepping Out
'Going my Way' (J. Gibson, 1971) - Border Happy X Stepping Out (sans doute le concurrent le plus dangereux)
'Emphasis' (Keppel, 1976) - Odyssey X Charmed Circle
'Barrister' (D. Meek, 1980) - Circle Step X Roundup
'Bountiful Harvest' (Hager, 1991) - (Space Odyssey x Socialite) X Earl of Essex
'Sew It Up' (Hedgecock, 1997) - Going My Way X Hey Looky
'Your Majesty' (Valenzuela, 2006) – Select Circle X Snowbrook pour n'en citer que quelques-uns, en provenance de chez de bons faiseurs.

En Europe même on s'est essayé à l'exercice. J'ai noté, entre autres :
'Mnich Rehor' (Smid, 1971) - origines non précisées (variété tchèque obtenue avec beaucoup de mérite au temps du rideau de fer)
'Masetto' (Wörfel, 1981) - Sempronio X Night Out (made in Germany)
'Illiuzionist' (Khorosh, 2007) - Slavianski Bazar X Superstition (en provenance d'Ukraine, témoin de l'expansion vers l'Est du monde des iris depuis la chute du mur de Berlin)
'Emilia Pauline' (Görbitz, 2009) - (Spinning Wheel x Stepping Out) X Fürstin Pauline (du spécialiste allemand des variétés bleues et plicatas)
 Mais ce ne sont pas des variétés que l'on trouve à tous les coins de rue !

En fin de compte il faut admettre que le parcours triomphal de 'Stepping Out', une variété dont le pedigree n'a jamais été confirmé, reste encore aujourd'hui exceptionnel, souvent imité, mais jamais égalé. C'est un de ces phénomènes qui ponctuent l'histoire de l'iridophilie...

Illustrations : 


 'Stepping Out' 


'Loop the Loop' 


'American Classic' 


'Going my Way' 


'Emilia Pauline'