19.2.16

BOTANIQUE ET GÉOGRAPHIE

L'iris, plante universelle ? Si l'on se fie au nombre de pays ou de région auxquels on a associé son nom, il semble bien qu'il y ait des iris qui proviennent d'un peu partout dans le monde. Dans les lignes qui suivent on va faire une sorte de tour du monde des iris, en se rapportant aux noms qu'on leur a donné, que ce soit dans leur dénomination botanique ou dans leur appellation vernaculaire.

Iris d'Angleterre.

L'iris connu sous le nom d'iris d'Angleterre est en réalité l'espèce I. latifolia ou X. latifolium. Originaire des Pyrénées et du nord de l'Espagne, on le rencontre par exemple, en abondance au cirque de Gavarnie et au col du Tourmalet, sur les pelouses de montagne. Dans l'inépuisable source d'information que l'on trouve sur Internet, on peut lire ce commentaire : « Cette appellation erronée provient du fait qu'aux environs de l'an 1600, le couvent d'Eichstätt en Allemagne reçut les premiers gros bulbes ovoïdes d'Angleterre, ce qui fit croire aux moines que cet iris croissait spontanément près de Bristol. C'est ainsi que, cultivée sous le nom Iris bulbosa angliana, cette plante devint l'iris d'Angleterre. Dans l' « ABCdaire des iris » les mêmes informations sont développées et, au plan botanique, il est ajouté : « (L'iris d'Angleterre) appartient au groupe des Xiphium (iris bulbeux) qui ne s'hybride avec aucune autre espèce. Les fleurs vont du blanc au pourpre et au bleu foncé, en passant par divers tons de violet. » (1)

Iris d'Espagne. 

Y a-t-il une confusion entre ce qu'on appelle l'iris d'Espagne et l'iris d'Angleterre ? Tous deux sont des Xiphium, mais l'ABCdaire des iris fait bien le distingo : « On regroupe sous (le nom d'Iris d'Espagne) un ensemble de variétés naturelles ou sélectionnées par l'homme, de Xiphium vulgare, espèce botanique spontanément répandue dans la péninsule ibérique (Espagne et Portugal), aux fleurs de coloris variés (…). Le nom de cette espèce correspond bien à sa localisation géographique, ce qui n'est pas le cas des iris d'Angleterre. (…) L'espèce et ses variétés font partie des iris cultivés pour la fleur coupée. » (1) A propos de la couleur des fleurs, R. Cayeux, dans « L'iris, une fleur royale » précise que ces couleurs sont « toujours marquées par une tache jaune sur les sépales. »

Iris de Hollande.

Pendant qu'on y est, restons dans le groupe Xiphium, parce que les iris de Hollande constituent « une série d'iris horticoles obtenus par hybridation entre deux espèces botaniques d'iris bulbeux du groupe Xiphium (…). »(1) Les couleurs obtenues, et qu'on peut voir dans les bouquets de fleuristes, mais aussi dans nos jardins lorsque les bulbes y sont plantés, sont dans les tons de bleu avec un spot jaune sur les sépales. C'est devenu une plante très commune.

Iris d'Allemagne

C'est le très célèbre I. x germanica, que nous connaissons tous et qui, depuis des siècles illumine nos jardins dès la fin de l'hiver, de ces fleurs généralement d'un violet sombre, mais qui peut, du fait d'innombrables croisements spontanés, prendre toutes sortes de tons, du bleu au pourpre. On a beaucoup glosé sur le fait de savoir s'il s'agissait d'une véritable espèce ou, simplement, de variétés naturalisées. « Il se caractérise par son feuillage plus ou moins persistant en hiver et ses grandes fleurs printanières violettes et odorantes dont les trois pétales dressés en forme d dôme sont de couleur plus claire que les trois sépales retombants, ornés d'une barbe jaune vif. » (1) Son rhizome horizontal à demi enterré s'allonge par l'extrémité, qui porte feuilles et hampe, et forme latéralement de nouveaux points de croissance. On peut dire qu'il constitue l'un des points de départ de tous les hybrides d'iris à barbes.

Iris d'Italie. 

Continuons notre tour d'Europe. L'iris d'Italie n'est pas à proprement parlé une espèce, ni même une variété, mais une version locale d'Iris germanica, dans sa forme blanche plus connue sous le nom d'iris de Florence, et d'Iris pallida, cultivée en Italie et très recherchée en parfumerie pour le rhizome, dont on extrait l'essence d'iris, après une préparation longue et laborieuse qui en fait le prix.

Iris de Dalmatie. 

Il s'agit de Iris pallida dont tout le monde s'accorde pour dire qu'il est originaire de Dalmatie, la région située en Croatie actuelle, tout au long de la côte de la mer Adriatique. En juin, des hampes florales se dressent au sommet du feuillage et portent des fleurs similaires à celles de Iris germanica mais d’un coloris bleu pâle, délicieusement parfumées. L’iris de Dalmatie, comme l'iris d'Italie, possède un rhizome odorant et est, de ce fait, cultivé pour la parfumerie.

 Iris d'Algérie. 

Traversons la Méditerranée pour nous intéresser à l'iris d'Algérie (ou d'Alger, tout simplement). Il s'agit de ce que les botanistes appellent I. unguicularis. C'est Richard Cayeux qui en parle le mieux : « Cet iris d'Alger présente le grand intérêt d'une floraison parfumée et hivernale (en fait de mi-novembre à mi-mars). Les fleurs relativement éphémères se renouvellent pendant presque quatre mois. »(2) La couleur varie du blanc (variété 'Winter's Treasure') au mauve vif. Cette plante est largement cultivée dans les régions tempérées et de nombreux cultivars ont été sélectionnés pour les jardins d'agrément.

Iris de Sibérie. 

Tous ceux qui s'intéressent aux iris connaissent les iris de Sibérie. Sous ce nom on range essentiellement l'espèce I. sibirica aux rhizomes minces et ligneux et au feuillage étroit, long et souple, qui pousse de préférence en milieu humide et donne d'adorables fleurs bleues. On la trouve en Europe centrale et orientale ainsi que dans le Caucase. En France, c'est une plante rare et protégée, qu'on rencontre en Alsace ainsi que dans le Jura et, peut-être, encore quelques fois en Charente Maritime.

Il en existe de très nombreux et très beaux hybrides. Ceux-ci, de nos jours, existent dans presque toutes les couleurs. Les iris de Sibérie constituent maintenant une vaste famille de fleurs de jardin, particulièrement décorative.

Iris de Liban. 

Le Proche et le Moyen Orient regorgent d'iris de toutes sortes. Il est même avéré que les ancêtres tétraploïdes de nos grands iris de jardin proviennent de ces contrées. L'iris du Liban ou Iris sofarana est endémique des montagnes du Liban. C'est une espèce en grand danger du fait des circonstances politiques et économiques de son pays, mais aussi en raison de sa beauté qui en fait la proie de collectionneurs peu scrupuleux. Elle fait partie du groupe de I. susiana (iris de Suse) en compagnie notamment de I. damascena (iris de Damas), un groupe aux fleurs énormes et sombrement colorées, très spectaculaire, mais difficilement cultivable en dehors de sa région d'origine.

Iris de Palestine. 

Restons dans la même région, pour admirer l'iris de Palestine (I. palaestina),une fleur exotique rangée parmi les Juno, que certains auteurs renoncent à classer parmi les iris.  « Le Monde des Iris » décrit comme suit ces plantes peu communes : « (Elles) ont des racines épaisses et charnues qui se maintiennent pendant la période de dormance et sont facilement endommageables. Les fleurs, qui naissent à l'aisselle des feuilles, sont superbes par la variété de leurs coloris ; elles diffèrent de la forme traditionnelle des iris par leurs très petits pétales qui sont soit pendants, soit tenus à l'horizontale... » Les fleurs, soit vert grisâtre, soit plutôt jaunes, s'épanouissent à la fin de l'hiver et sont agréablement parfumées.

 Dans le même groupe on trouve...

Iris de Perse. 

Il est originaire d'Irak, de Syrie et du sud-ouest de la Turquie, un secteur qui, politiquement, fait bien tristement parler de lui par les temps qui courent. D'autres espèces proviennent de ces régions et d'Asie Centrale, mais éloignons-nous un peu ; la semaine prochaine nous terminerons notre tour du monde.

À suivre...



  1. Maurice Boussard, l'ABCdaire des iris.
  2. Richard Cayeux, L'Iris, une fleur royale.




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