26.2.16

PRODUIT DE FRANCE

Depuis l'année 2000 nos compatriotes n'hésitent plus à enregistrer les produits de leurs hybridations. Cela nous vaut une abondance de nouvelles variétés dont la qualité progresse d'année en année. Et de nombreux nouveaux hybrideurs se font ainsi connaître à côté d'anciens toujours aussi valeureux. Pendant quelques semaines nous allons rendre hommage aux uns et aux autres en publiant les photos de leurs plus belles réalisations.

2004 

C'est la reprise ! Il n'y a que l'embarras du choix !


 'Dame du Lac' (V.Fur/B. Laporte, 2004) - Silverado X Sky Hooks 


 'Messire Pierre' (J. Peyrard, 2004) - (Sky Hooks x Golden Encore) X inconnu 


 'Ré la Blanche' (R. Cayeux, 2004) - ((Astrid Cayeux x Helene C.) x Rebecca Perret) X (Chevalier de Malte sib x First Interstate) 


 'Tout Simplement' (L. Ransom, 2004) IB - Blue Line X Birdbath

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Exception française.

 Il est exceptionnel qu'un iris français obtienne une distinction aux États-Unis. Cette année, au mois de juin, s'est déroulé à Ann Arbor, petite ville du Michigan, entre Detroit, à l'est, et Chicago, à l'ouest, un « show » comme on les aime là-bas, c'est à dire une exposition où les amateurs du coin viennent montrer les plus belles parmi les variétés qu'ils cultivent. Et cette fois c'est une variété française qui a été sacrée « Best seedling of the show » ! Il s'agit d'un semis de René Dauphin, amateur éclairé, et ami du Président de la SFIB, maintenant décédé. Le n° 93-14. Il se trouve qu'un amateur américain, le photographe Brock Heilman, s'en est fait envie et l'a mis en culture, avec le résultat qu'on constate.

Cet iris n'a pas de nom. Mais sa soudaine notoriété va peut-être inciter Roland Dejoux à lui en donner un !

BOTANIQUE ET GÉOGRAPHIE (2eme partie)

Commençons cette seconde partie par l'Extrème-Orient :

Iris du Japon. 

Dans la série des LAEVIGATAE il y a entre autres I. ensata, qui est le nom savant des iris du Japon. Ce sont des fleurs cultivées depuis des temps immémoriaux au Japon où elles jouissent d'un engouement exceptionnel. Voici ce qu'en dit Richard Cayeux (2) :  « Il suffit d'avoir admiré un jour leurs fleurs qui semblent flotter dans l'air et leurs multiples associations de teintes pour (le) comprendre. » Après les grands iris des jardins, c'est certainement les hybrides les plus cultivés dans le monde.

Iris de Formose. 

Avec ces iris-là, nous restons en Extrême Orient. Nous sommes en présence de ce qu 'on a longtemps appelé les « iris à crête », et qui font partie de la série JAPONICAE. I. formosana, et son cousin I. japonica sont des plantes qui ne perdent pas leurs feuilles, étroites et longues, d'un vert moyen, qui portent des fleurs de petite taille, relativement nombreuses, sur des hampes grêles mais solides, blanches marquées de plumetis lilacés et ornées de crêtes jaunes. Ce sont des fleurs très originales, faciles à cultiver et dont la floraison, en juin, dure environ quatre semaines. I. formosana est originaire du nord-est de Taïwan, où il vit en lisière des forêts, sur les pentes des collines et les talus des routes, à partir de 500-1000 m d'altitude, ce qui en fait une plante rustique.

Pour terminer ce long voyage, nous allons franchir l'Atlantique et gagner l'Amérique.

Iris de Louisiane.

Les iris de Louisiane sont des plantes créées par l‘homme. Les croisements de base ont été effectués entre des espèces de la série des iris HEXAGONAE, originaires de l’embouchure du Mississipi et des régions environnantes, dans le sud des USA : I. brevicaulis, I. fulva et I. giganticaerulea, auxquels il faut ajouter Iris hexagona. Plus tard, I. nelsonii est venu apporter aux hybrides des coloris jusqu’alors inconnus dans le groupe, et surtout le rouge. Ce sont des plantes volumineuses et gourmandes, mais dont les fleurs, plutôt petites et aplaties, font partie des plus belles du monde des iris. Elles sont réputées peu rustiques, mais les plus récentes obtentions résistent bien au gel. Les champions de la culture des ces fleurs sont les Australiens, plus encore que les Américains !

Iris de Californie. 

Ce sont des hybrides d'apparition assez récente. Disons qu'ils sont apparus dans les années 1930. Pas aux États-Unis d'ailleurs, mais en Grande-Bretagne. Au début ce furent des espèces botaniques qui ont été utilisées, puis des croisements interspécifiques sont intervenus, dans le but de réunir les qualités de différentes espèces, toutes natives de la côte Ouest, entre l’État de Washington et celui de Californie. Le cocktail actuel est composé d'une douzaine d'espèces, mais il y en a quatre qui ont été majoritairement utilisées : I. douglasiana, I. innominata, I. tenax et I. munzii. Le résultat est un hybride qui forme rapidement de fortes touffes, qui préfèrent les sols acides et bien drainés, couvertes à la floraison de nombreuses fleurs généralement rondes, d'environ 8cm de diamètre, dans un choix remarquable de couleurs et de modèles. 

 Iris du Canada.

Le Québec, au Canada, s’est adjugé la paternité de I. versicolor au point d’en avoir fait sa fleur nationale on ne peut plus légalement, en 1999. Iris versicolor est le cousin américain de nos I. pseudacorus, iris qui pousse dans les fossés et se couvre de fleurs jaunes. I. versicolor lui ressemble beaucoup : ses fleurs, assez grandes mais étroites, ont des sépales qui s’évasent à la pointe, ce qui fait tout leur charme. De couleur bleue ou violacée, elles s’ornent d’un signal blanc et se teintent de jaune d’or au cœur. C’est cette couleur bleue qui les fait appeler communément aux États-Unis « blue flag », drapeau bleu. Il fait partie de la série des LAEVIGATAE. Ses origines asiatiques lui confèrent une solide résistance au froid. I. versicolor vit de préférence en milieu humide, voire inondé, mais il peut également pousser en terrain plus sec à la condition de l’arroser copieusement. Il lui faut néanmoins un sol acide, riche en nutriments.

 Nous terminons ici notre tour du globe.

 Qu'ils soient des plantes botaniques ou horticoles, tous ces iris démontrent la grande diversité du genre et attestent de sa diffusion mondiale.
 
(2) Richard Cayeux, L'Iris, une fleur royale.

19.2.16

PRODUIT DE FRANCE

Depuis l'année 2000 nos compatriotes n'hésitent plus à enregistrer les produits de leurs hybridations. Cela nous vaut une abondance de nouvelles variétés dont la qualité progresse d'année en année. Et de nombreux nouveaux hybrideurs se font ainsi connaître à côté d'anciens toujours aussi valeureux. Pendant quelques semaines nous allons rendre hommage aux uns et aux autres en publiant les photos de leurs plus belles réalisations. 

2003 
Encore une petite récolte, mais, patience, les années fastes vont revenir !


'Baldaquin' (G. Dalvard, 2003) - (Warm Gold x Chartreuse Ruffles) X Coquetterie 


'Château d'Auvers' (R. Cayeux, 2003) - Wings of Gold X ((semis x (Gypsy Caravan x Embassadora)) x (Peach Sundae x semis)) 


'Kir' (S. Ruaud, 2003) - "Beghina" X Sky Hooks 


'Vitrail' (R. Cayeux, 2003) IB - Hoodlum X Change of Pace

ECHOS DU MONDE DES IRIS

SYMPOSIUM 2015 

L'une des rares informations contenues dans le dernier numéro de « IRISES » concerne le Symposium 2015. Rappelons qu'il s'agit d'un vote de popularité accessible à tous les membres de l'AIS. Il est d'une remarquable stabilité. Cette année les quatre variétés les plus populaires restent les mêmes que l'an dernier et il n'y a aucun nouvel entrant dans les vingt premiers, et seulement 3 (1) sur 100 variétés classées.

'Dusky Challenger' conserve la première place. Il est apparu au classement en 1991 et ne l'a plus quitté. Il est numéro un pour la 22eme fois dont 19 fois consécutivement. Le plus ancien iris de la liste est 'Stepping Out', classé 12eme, présent sans discontinuer depuis son accession en 1966.

(1) – 'Daring Deception' (Johnson, 2012) - 'Jeanne Clay-Plank' (Kerr, 2012) - Insaniac' (Johnson, 2012)

BOTANIQUE ET GÉOGRAPHIE

L'iris, plante universelle ? Si l'on se fie au nombre de pays ou de région auxquels on a associé son nom, il semble bien qu'il y ait des iris qui proviennent d'un peu partout dans le monde. Dans les lignes qui suivent on va faire une sorte de tour du monde des iris, en se rapportant aux noms qu'on leur a donné, que ce soit dans leur dénomination botanique ou dans leur appellation vernaculaire.

Iris d'Angleterre.

L'iris connu sous le nom d'iris d'Angleterre est en réalité l'espèce I. latifolia ou X. latifolium. Originaire des Pyrénées et du nord de l'Espagne, on le rencontre par exemple, en abondance au cirque de Gavarnie et au col du Tourmalet, sur les pelouses de montagne. Dans l'inépuisable source d'information que l'on trouve sur Internet, on peut lire ce commentaire : « Cette appellation erronée provient du fait qu'aux environs de l'an 1600, le couvent d'Eichstätt en Allemagne reçut les premiers gros bulbes ovoïdes d'Angleterre, ce qui fit croire aux moines que cet iris croissait spontanément près de Bristol. C'est ainsi que, cultivée sous le nom Iris bulbosa angliana, cette plante devint l'iris d'Angleterre. Dans l' « ABCdaire des iris » les mêmes informations sont développées et, au plan botanique, il est ajouté : « (L'iris d'Angleterre) appartient au groupe des Xiphium (iris bulbeux) qui ne s'hybride avec aucune autre espèce. Les fleurs vont du blanc au pourpre et au bleu foncé, en passant par divers tons de violet. » (1)

Iris d'Espagne. 

Y a-t-il une confusion entre ce qu'on appelle l'iris d'Espagne et l'iris d'Angleterre ? Tous deux sont des Xiphium, mais l'ABCdaire des iris fait bien le distingo : « On regroupe sous (le nom d'Iris d'Espagne) un ensemble de variétés naturelles ou sélectionnées par l'homme, de Xiphium vulgare, espèce botanique spontanément répandue dans la péninsule ibérique (Espagne et Portugal), aux fleurs de coloris variés (…). Le nom de cette espèce correspond bien à sa localisation géographique, ce qui n'est pas le cas des iris d'Angleterre. (…) L'espèce et ses variétés font partie des iris cultivés pour la fleur coupée. » (1) A propos de la couleur des fleurs, R. Cayeux, dans « L'iris, une fleur royale » précise que ces couleurs sont « toujours marquées par une tache jaune sur les sépales. »

Iris de Hollande.

Pendant qu'on y est, restons dans le groupe Xiphium, parce que les iris de Hollande constituent « une série d'iris horticoles obtenus par hybridation entre deux espèces botaniques d'iris bulbeux du groupe Xiphium (…). »(1) Les couleurs obtenues, et qu'on peut voir dans les bouquets de fleuristes, mais aussi dans nos jardins lorsque les bulbes y sont plantés, sont dans les tons de bleu avec un spot jaune sur les sépales. C'est devenu une plante très commune.

Iris d'Allemagne

C'est le très célèbre I. x germanica, que nous connaissons tous et qui, depuis des siècles illumine nos jardins dès la fin de l'hiver, de ces fleurs généralement d'un violet sombre, mais qui peut, du fait d'innombrables croisements spontanés, prendre toutes sortes de tons, du bleu au pourpre. On a beaucoup glosé sur le fait de savoir s'il s'agissait d'une véritable espèce ou, simplement, de variétés naturalisées. « Il se caractérise par son feuillage plus ou moins persistant en hiver et ses grandes fleurs printanières violettes et odorantes dont les trois pétales dressés en forme d dôme sont de couleur plus claire que les trois sépales retombants, ornés d'une barbe jaune vif. » (1) Son rhizome horizontal à demi enterré s'allonge par l'extrémité, qui porte feuilles et hampe, et forme latéralement de nouveaux points de croissance. On peut dire qu'il constitue l'un des points de départ de tous les hybrides d'iris à barbes.

Iris d'Italie. 

Continuons notre tour d'Europe. L'iris d'Italie n'est pas à proprement parlé une espèce, ni même une variété, mais une version locale d'Iris germanica, dans sa forme blanche plus connue sous le nom d'iris de Florence, et d'Iris pallida, cultivée en Italie et très recherchée en parfumerie pour le rhizome, dont on extrait l'essence d'iris, après une préparation longue et laborieuse qui en fait le prix.

Iris de Dalmatie. 

Il s'agit de Iris pallida dont tout le monde s'accorde pour dire qu'il est originaire de Dalmatie, la région située en Croatie actuelle, tout au long de la côte de la mer Adriatique. En juin, des hampes florales se dressent au sommet du feuillage et portent des fleurs similaires à celles de Iris germanica mais d’un coloris bleu pâle, délicieusement parfumées. L’iris de Dalmatie, comme l'iris d'Italie, possède un rhizome odorant et est, de ce fait, cultivé pour la parfumerie.

 Iris d'Algérie. 

Traversons la Méditerranée pour nous intéresser à l'iris d'Algérie (ou d'Alger, tout simplement). Il s'agit de ce que les botanistes appellent I. unguicularis. C'est Richard Cayeux qui en parle le mieux : « Cet iris d'Alger présente le grand intérêt d'une floraison parfumée et hivernale (en fait de mi-novembre à mi-mars). Les fleurs relativement éphémères se renouvellent pendant presque quatre mois. »(2) La couleur varie du blanc (variété 'Winter's Treasure') au mauve vif. Cette plante est largement cultivée dans les régions tempérées et de nombreux cultivars ont été sélectionnés pour les jardins d'agrément.

Iris de Sibérie. 

Tous ceux qui s'intéressent aux iris connaissent les iris de Sibérie. Sous ce nom on range essentiellement l'espèce I. sibirica aux rhizomes minces et ligneux et au feuillage étroit, long et souple, qui pousse de préférence en milieu humide et donne d'adorables fleurs bleues. On la trouve en Europe centrale et orientale ainsi que dans le Caucase. En France, c'est une plante rare et protégée, qu'on rencontre en Alsace ainsi que dans le Jura et, peut-être, encore quelques fois en Charente Maritime.

Il en existe de très nombreux et très beaux hybrides. Ceux-ci, de nos jours, existent dans presque toutes les couleurs. Les iris de Sibérie constituent maintenant une vaste famille de fleurs de jardin, particulièrement décorative.

Iris de Liban. 

Le Proche et le Moyen Orient regorgent d'iris de toutes sortes. Il est même avéré que les ancêtres tétraploïdes de nos grands iris de jardin proviennent de ces contrées. L'iris du Liban ou Iris sofarana est endémique des montagnes du Liban. C'est une espèce en grand danger du fait des circonstances politiques et économiques de son pays, mais aussi en raison de sa beauté qui en fait la proie de collectionneurs peu scrupuleux. Elle fait partie du groupe de I. susiana (iris de Suse) en compagnie notamment de I. damascena (iris de Damas), un groupe aux fleurs énormes et sombrement colorées, très spectaculaire, mais difficilement cultivable en dehors de sa région d'origine.

Iris de Palestine. 

Restons dans la même région, pour admirer l'iris de Palestine (I. palaestina),une fleur exotique rangée parmi les Juno, que certains auteurs renoncent à classer parmi les iris.  « Le Monde des Iris » décrit comme suit ces plantes peu communes : « (Elles) ont des racines épaisses et charnues qui se maintiennent pendant la période de dormance et sont facilement endommageables. Les fleurs, qui naissent à l'aisselle des feuilles, sont superbes par la variété de leurs coloris ; elles diffèrent de la forme traditionnelle des iris par leurs très petits pétales qui sont soit pendants, soit tenus à l'horizontale... » Les fleurs, soit vert grisâtre, soit plutôt jaunes, s'épanouissent à la fin de l'hiver et sont agréablement parfumées.

 Dans le même groupe on trouve...

Iris de Perse. 

Il est originaire d'Irak, de Syrie et du sud-ouest de la Turquie, un secteur qui, politiquement, fait bien tristement parler de lui par les temps qui courent. D'autres espèces proviennent de ces régions et d'Asie Centrale, mais éloignons-nous un peu ; la semaine prochaine nous terminerons notre tour du monde.

À suivre...



  1. Maurice Boussard, l'ABCdaire des iris.
  2. Richard Cayeux, L'Iris, une fleur royale.




12.2.16

PRODUIT DE FRANCE

Depuis l'année 2000 nos compatriotes n'hésitent plus à enregistrer les produits de leurs hybridations. Cela nous vaut une abondance de nouvelles variétés dont la qualité progresse d'année en année. Et de nombreux nouveaux hybrideurs se font ainsi connaître à côté d'anciens toujours aussi valeureux. Pendant quelques semaines nous allons rendre hommage aux uns et aux autres en publiant les photos de leurs plus belles réalisations. 

 2002    
Reviendrait-on au rythme des décades passées ? Les enregistrements sont peu nombreux...


'Buc Joyeux Anniversaire' (J. J. François, 2002) - Tomorrow's Child X Eternal Bliss 

'Cerf-Volant' (R. Cayeux, 2002) - Chevalier de Malte X Conjuration 


'Cheeky' (L. Ransom, 2002) - Blackbeard X Champagne Elegance 


'Plénitude' (L. Ransom, 2002) SDB - Sensational X (Senor Frog x Zounds)

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Quantité et qualité (bis). 

 La question de l'inflation du nombre des nouvelles variétés a fait l'objet d'échanges plutôt passionnés. Plusieurs de mes lecteurs se sont comme moi émus de cette situation. J'ai demandé l'avis de certains intéressés eux-même. Il en ressort que, si la question de la valeur au catalogue des nouveautés est bien un élément, d'autres facteurs entrent en ligne de compte :

     - notre monde deviendrait de plus en plus avide de nouveautés et cet appel du public exigerait une réponse positive des producteurs ;

     - un nombre de plus en plus grand de semis présenteraient des qualités qui obligent pratiquement à les sélectionner ;

     - de nouveaux modèles font leur apparition, sans que les anciens ne soient appelés à disparaître, ce qui est un autre facteur d'inflation.

Il n'empêche qu'on peut se poser deux questions :

     - les catalogues ne peuvent pas offrir un nombre infini de variétés ; celles-ci ne vont-elles pas n'avoir qu'une présence commerciale très réduite, et par conséquent, un nombre de plantes distribuées trop faible pour que les juges puissent les voir en nombre suffisant pour que leurs votes soient significatifs ?

     - la soi-disant nécessité de proposer une grande quantité de nouveautés ne va-t-elle pas contraindre certains obtenteurs à retenir des plantes de qualité moyenne, voire médiocre, pour étoffer malgré tout leur offre ?

Je crains surtout cette seconde éventualité …

 *   *   *
 IRISES (winter 2016) 

Le dernier bulletin de l'AIS vient de me parvenir. Sur 54 pages, 27 sont sans intérêt pour un Européen, et, en dehors d'une exégèse du dernier critérium du public (Symposium), aucun article vraiment intéressant parmi les autres pages. C'est vraiment dommage que l'organe de cette société, primordiale pour le monde des iris, frôle ainsi l'indigence.

A PROPOS DES ENREGISTREMENTS

Il y a quelques mois, une intervention sur Internet m'a amené à réfléchir sur le sujet de la vie « administrative » d'un iris. C'est un commentaire de Robert Piatek à propos d'une de ses obtentions dont il disait qu'il en envisageait l'introduction pour 2016. Pourquoi ce terme d' « introduction » ? C'est une expression qui, en fait, n'a de sens qu'en Amérique. Il signifie dans ce pays qu'une variété préalablement enregistrée auprès de l'AIS est officiellement proposée au commerce et qu'elle entre donc dans la grande compétition qui conduit à l'attribution des diverses récompenses qui émaillent la vie d'un iris aux USA. Cette « introduction » consiste à inscrire la variété concernée dans le catalogue d'un pépiniériste ou à la proposer à la vente par l'intermédiaire du bulletin officiel de l'AIS. Ailleurs dans le monde on ne peut pas parler d'introduction. Tout au plus peut-on dire « mise sur le marché », mais cela n'a aucune signification particulière.

Tout autre est le rôle de l'enregistrement.

L'enregistrement est, pour un iris la certitude qu'il est unique et que toute confusion à son propos est impossible. Il faut donc que tout ce qui est dit sur lui soit exact et que l'on puisse se fier au pedigree qui est indiqué. Les grands hybrideurs appliquent cette règle avec scrupule, ce qui justifie que parfois ils préfèrent déclarer une variété comme « née de parents inconnus » plutôt que de donner un pedigree dont ils ne seraient pas certains. C'est tout à leur honneur. En revanche rien n'est authentifié au sujet d'une variété qui n'est pas enregistrée. Officiellement, elle n'existe pas. D'où, avec elle, un certain nombre de risques. Par exemple, risque de confusion avec un homonyme dûment enregistré. Cette confusion peut avoir de sérieuses conséquences, en matière d'hybridation notamment : prenons un cultivar enregistré baptisé A et un autre non enregistré qui porte le même nom ; lequel des deux se cache derrière un croisement qui fait état du nom A ?

Les Américains sont très scrupuleux sur ce sujet. J'ai l'impression qu'on l'est un peu moins en France. Combien de fois a-t-on vu, ces dernières années, des variétés commercialisées sans être encore enregistrées, qui se sont fait connaître et apprécier sous le nom qu'on trouve au catalogue, et qui, au moment de leur enregistrement tardif ou à l'occasion de la protestation d'un obtenteur, sont obligées de modifier ou de changer le nom sous lequel elles sont connues ? C'est un incident qui touche le plus souvent des obtenteurs non professionnels, qui n'ont peut-être pas conscience de l'erreur qu'ils commettent, mais il s'est produit que des « pro » agissent de même, ce qui est moins excusable.

 Une règle déontologique, comme je l'ai lu récemment, devrait être respectée par tous ceux qui font commerce des iris. Cette application devrait être spontanée car nul organisme n'est en mesure de la faire respecter : il n'y a pas de gendarme des iris ! Et ce respect me paraît d'une importance primordiale. C'est pourquoi, quand j’ai, un jour, entendu dire : « mes clients ne s'intéressent pas au nom de ce qu'ils achètent », j'ai été consterné. Cette réflexion est sans doute vraie en ce qui concerne les personnes qui achètent des iris dans le seul but de décorer leur jardin, mais elle tient pour négligeable ceux qui auraient l'intention de pratiquer l'hybridation avec les iris achetés, lesquels auront besoin non seulement du nom officiel de la variété, mais aussi de son pedigree aussi précis et exact que possible. Enfin elle oublie que l'obtenteur d'une variété a droit à ce que son travail soit reconnu, même s'il ne doit pas compter sur des droits d'auteur !

Faire preuve de laxisme à ce sujet est d'autant plus regrettable que les formalités à accomplir pour procéder à un enregistrement son tout à fait simples et relativement peu coûteuses : un document à se procurer près d'un « registrar »(1) (il y en a un pour presque tous les pays) et à remplir, une petite somme à payer et l'affaire est faite. Le déclarant reçoit un certificat portant le nom attribué à la variété nouvelle, qui garantit l'unicité de ce nom. Il est bien plus difficile, pour qui n'est pas soi-même pépiniériste, de trouver un distributeur pour faire assurer la diffusion de son œuvre, mais, comme disait Rudyard Kipling, « ceci est une autre histoire ! »

(1) « Registrar » est un mot américain qu'on pourrait traduire par « greffier », si nous n'étions pas si conditionnés par la langue anglo-saxonne.

 Illustrations : Quatre variétés qui ont souffert d'un enregistrement différé :

'Aïda Rose' (Ségui, 1998) 
– mis sur le marché en 1988 sous le nom de 'Aïda', un 'Aïda' existait depuis les années 1930 ;

'Rive Gauche Paris' (Sazio, 2012) 
 – mis sur le marché en 1993 sous le nom de 'Rive Gauche', il existait un 'Rive Gauche' (Aitken, 1979)  ;

'Lumière d'Automne' (Besse, - 2009)
 – mis sur le marché en 1992, enregistrement longtemps différé, réclamé par les hybrideurs qui, l'ayant utilisé ou ayant l'intention de le faire, voulaient connaître absolument son pedigree ; ce sont les hybrideurs qui, cette fois ont pâti de l'absence d'enregistrement ;

'Monsieur-Monsieur' (Ségui, 1998) 
– mis sur le marché en 1994 sous le nom de 'Monsieur' , ce nom, tout seul, a été refusé par le registrar.

6.2.16

RECTIFICATION

Dans la chronique sur Arthur Bliss, une erreur d'orthographe a amputé le prénom de Anne Milner. Il faut effectivement lire "Anne Milner" et non "Ann Milner". 
Avec mes excuses...

5.2.16

PRODUIT DE FRANCE

Depuis l'année 2000 nos compatriotes n'hésitent plus à enregistrer les produits de leurs hybridations. Cela nous vaut une abondance de nouvelles variétés dont la qualité progresse d'année en année. De nombreux nouveaux hybrideurs se font ainsi connaître et pendant quelques semaines nous allons leur rendre hommage en publiant les photos de leurs plus belles réalisations. 

 2001 
  L'année est moins riche que la précédente, mais le choix reste important.

'Futuriste' (R. Cayeux, 2001) - (Alizes x Skating Party) X Deltaplane 


'Hantergriz' (G. Madoré, 2001) - Memphis Blues X Oregon Skies 


 'Nicole Prud'homme' (J.J. François, 2001) - Tomorrow's Child X Champagne Elegance 


 'Zarbi' (L. Ransom, 2001) MDB - (Hocus Pocus x Eyebright) X Pennies

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Quantité et qualité.

Ça n'est pas courant de voir quelqu'un qui dit les choses comme il les voit. Dans son blog « Le jardin du vieux cerisier », Jérôme Patard parle librement des iris qu'il cultive dans son jardin. Il décrit avec sincérité les résultats qu'il obtient, et quand il constate que quelque-chose ne va pas, il le dit. C'est ainsi que plusieurs fois, ces temps derniers, il a déclaré que, pour telle ou telle variété, il remarquait que la douleur était jolie et originale, mais que les fleurs étaient trop serrées contre la tige, ou toutes groupées au sommet, ou que le nombre de boutons était trop faible... Et cela même chez des obtenteurs des plus réputés.

La mode est à la multiplication des nouveautés. Celui qui, il y a dix ou vingt ans, proposait chaque années une poignée de nouveaux iris, en aligne aujourd'hui de longues listes. Il ne faut pas nier qu'il est plus facile à l'heure actuelle d'obtenir des variétés intéressantes, mais faut-il pour cette raison se montrer moins rigoureux dans sa sélection, au point de proposer des variétés aux fleurs superbes, mais portées par des plantes atteintes de nombreux défauts ?

Je regrette cette inflation, et Jérôme Patard en démontre certains risques.

Illustrations 


'Calling' 


'Girl Gone Wild'


'I'm Shook Up'

UN PRÉCURSEUR : ARTHUR J. BLISS

Tous ceux qui s'intéressent un tant soit peu aux iris connaissent (ou tout au moins ont entendu parler de) 'Dominion' (Bliss, 1917) car l'apparition de cette variété a été, comme l'écrit Clarence Mahan (1), « un événement révolutionnaire dans l'histoire des iris de jardin ». C'est ce que l'on a appelé « la révolution tétraploïde ».

A vrai dire Bliss n'avait pas accordé un intérêt particulier à cette obtention. Plusieurs personnes lui avait pourtant fait remarquer combien elle était belle, mais elle aurait peut-être disparu à tout jamais sans l'a-propos d'un producteur anglais, Robert Wallace, qui, ayant appris l'existence d'un hybrideur nommé Arthur Bliss en visitant le jardin de Wisley où était exposée une variété de ce dernier baptisée 'Morwell', voulut absolument vérifier de visu le travail de cet inconnu. Il se rendit donc au printemps suivant à Morwellham, petit village du Devon, et Arthur Bliss lui fit visiter sa plantation. Wallace fut subjugué par ce qu'il vit. Il ne fit ni une ni deux et acheta séance tenante tout ce que Bliss avait à vendre, dont ce fameux iris encore non identifié, avec de grosses fleurs de deux tons de violet, auquel il donna le nom de 'Dominion'. Une immense aventure commençait.

Ainsi qu'une bien bonne affaire pour M. Wallace, qui mit en vente cette nouveauté exceptionnelle au prix dément de 5£, soit à peu près l'équivalent actuel de 350 euro ! Un pépiniériste de Cincinnati fit l'acquisition de dix de ces iris hors de prix, et c'est ainsi que 'Dominion' gagna l'Amérique et partit pour conquérir le monde.

 La biographie d'Arthur Bliss a été racontée par son arrière-petite nièce, Anne Milner, dans le dernier bulletin « Roots » de la HIPS (Historic Irises Preservation Society) et personne n'était mieux placé qu'elle pour le faire.

 Il est né en 1862, dans une bonne famille d'Oxford. Il a fait des études de géomètre et s'est expatrié en Nouvelle-Zélande pour y exercer sa profession. Au bout de quelques années il est parti en Afrique du Sud pour travailler dans une mine d'or, mais sa santé s'étant détériorée (il était devenu complètement sourd), il est revenu en Grande-Bretagne. Depuis quelques temps il s'intéressait aux iris et correspondait avec W. R. Dykes. En 1902 il a décidé de se lancer dans l'hybridation en y faisant application des lois sur la génétique déterminées par Gregor Mendel, ce que personne auparavant n'avait fait.

 Arthur Bliss n'a jamais été certain des origines de son 'Dominion'. Il a longtemps cru que le parent femelle était un certain 'Cordelia', obtention de Robert Parker, mais il s'est aperçu que la variété qu'il avait utilisée comme s'appelant 'Cordelia' n'était sans doute pas la vraie. Le cas du parent mâle, 'Asiatica' est tout aussi sujet à caution. L'iris que Michael Foster avait baptisé 'Asiatica' avait été récolté en Turquie (un peu comme le fameux 'Amas') mais plusieurs iris cultivés comme étant 'Asiatica' se sont révélés comme étant en fait des variétés baptisées 'Kharput' ou 'Fontarabie', voire même 'Amas' en personne ! C'est sans doute dommage que le doute se soit ainsi installé, mais cela ne change rien aux incontestables qualité de 'Dominion'.

 Il s'en ait fallu de peu pour que cet iris ne voit jamais le jour. En effet le croisement réalisé en 1902 n'a donné que deux graines, dont une seule a germé, et seulement en 1907. La première floraison s'est produite en 1909 et c'est de là qu'est partie la merveilleuse aventure. Pourtant 'Dominion' n'était qu'une plante chétive qui a miraculeusement survécu en poussant difficilement jusqu'au jour où son obtenteur l'a transférée dans son nouveau terrain du Devon. Ce n'est qu'à partir de ce moment qu'elle s'est mieux portée et qu'elle a pu suivre son destin.

L'intérêt porté à son 'Dominion' a incité Bliss à en faire un usage intensif dans son programme d'hybridation. C'est ainsi que sont apparues des variétés aussi célèbres que 'Cardinal' (1919), 'Bruno' (1922), 'Romola' (1923) et 'Grace Sturtevant' (1926). Dans sa propriété de Morwellham, dans le Devon, il a continué de s'adonner à sa passion pour les iris jusqu'à sa mort en 1931. C'est dans ces conditions que sont nés des cultivars comme 'Hester Prynne' (1929) et 'Carfax' (1930), dont Ann Milner parle avec passion.

 Le nom d'Arthur Bliss restera toujours dans la mémoire des iridophiles. Car 'Dominion' fait partie des variétés fondamentales et ses gènes sont présents dans à peu près tous les iris contemporains. (1) L'essentiel de cette chronique provient du livre « Classic Irises and the men and women who created them » signé Clarene Mahan.

 Illustrations : 


- 'Dominion' (1917) (Cordelia X Asiatica) 


 'Cardinal' (1919) (Trosuperba X Dominion) 


'Bruno' (1922) (Dominion X . . . ) cl. Anne Milner


'Grace Sturtevant' (1926) ((Knysna x E.H. Jenkins) X Dominion) cl. Anne Milner


'Hester Prynne' (1929) – pedigree non précisé

LA FLEUR DU MOIS

‘JEAN CAYEUX' (F. Cayeux, 1931)

 Phryné x (Bruno x Evolution)

Il semble que les iris d'aujourd'hui soit un tantinet fragiles. Ce n'était pas le cas des iris des années 1930. C'est ce que je me suis dit quand j'ai découvert 'Jean Cayeux' en bordure d'un inextricable fourré de ronces, sur le coteau, au-dessus de chez moi. La touffe, sans doute issue d'un morceau de rhizome jeté là parmi des déchets végétaux, avait remarquablement prospéré. C'est la hampe fleuri qui émergeait des agressives pousses de ronce qui a attiré mon attention. Je suis retourné à la maison, j'ai pris un croc à fumier et je suis revenu près du roncier. J'ai péniblement dégagé la touffe d'iris et je l'ai délicatement sortie de là. Le mois de mai n'est pas idéal pour transplanter des iris. Cette fois, la touffe en question ne s'est pas aperçue de son transfert ! Elle a poursuivi sa floraison pendant encore plus d'une semaine. Depuis, elle continue de fleurir chaque année avec une belle régularité. Je lui décerne donc le grand prix de la robustesse !

'Jean Cayeux' est une variété facile à identifier, car pratiquement seule de son aspect dans tout le monde des iris. Sa couleur, exceptionnelle pour son époque, et sa haute taille, ne peuvent tromper aucun connaisseur. J'ai fait la comparaison avec plusieurs photos avérées et « mon » iris sauvé des ronces est bien 'Jean Cayeux'.

'Phryné' (F. Cayeux, 1925), la mère de 'Jean Cayeux', dont je n'ai pas trouvé de photographie, est décrit comme un néglecta lavande, avec un liseré argenté sur les pièces florales. Il est issu du croisement Mme Durrand X Lord of June. 'Mme Durrand' (Denis, 1912, est un descendant de I. ricardi, un des premiers tétraploïdes utilisé en hybridation. Quant à 'Lord of June' (Yeld, 1911), c'est aussi un tétraploïde, issu de 'Amas', néglecta bleu. 'Phryné' est donc à son tour un iris tétraploïde.

On ne connaît évidemment pas le parent mâle de 'Jean Cayeux' puisqu'il s'agit d'un semis non enregistré. En revanche on connaît ses grands parents. 'Bruno' (Bliss, 1922) est un fils du fameux 'Dominion', variété mythique, et lui-aussi tétraploïde, par son géniteur mâle, 'Amas' (ou I. macrantha, c'est pareil). Son parent mâle est 'Evolution' (F. Cayeux, 1929), un des plus jolis iris « façon ancienne » obtenu par Ferdinand Cayeux. Ses couleurs délicieuses séduisent immédiatement celui qui a le bonheur de le voir en fleur.

Avec une telle parenté, 'Jean Cayeux' était un iris tétraploïde. Son obtenteur n'en savait évidemment rien car à cette époque le décompte des chromosomes n'avait pas été effectué. Mais instinctivement les obtenteurs d'alors avaient compris le potentiel génétique particulier de cette variété originale et de haute taille, dont les mérites avaient été reconnus sous la forme de l'attribution de la Médaille Française de Dykes, en 1931 (de même qu'un Award of Merit décerné par l'AIS en 1936). C'est ainsi que dès son apparition 'Jean Cayeux' fut acquis par les hybrideurs américains qui en ont fait un usage abondant et couronné de succès. Parmi ces utilisateurs se trouvent Jesse Wills ('Centurion' – 1949), Malcolm Lowry (Aberdeen – 1946), Jacob Sass ('Ivory Petals' – 1952), Chet Tompkins (Sonatine – 1946), Robert Graves (Katherine Larmon – 1941), et, surtout, Dave Hall ('Maiden Blush' – 1943 ; 'Fantasy' – 1947) et Rudolph Kleinsorge (Calcutta – 1938) ; 'Tobacco Road' – 1941 ; 'Black and Gold' – 1943 ; 'Daybreak' – 1946). Ses partenaires ont été des variétés de renom comme 'Purissima', 'Rameses', 'Aztec Copper', 'Dauntless' ou 'Great Lakes'. Avec eux, et plus particulièrement grâce à 'Tobacco Road' son ADN se trouve dans les gènes d'un très grand nombre d'iris d'aujourd'hui.

Dans mon jardin il mène désormais une petite vie tranquille, mais j'apprécie toujours autant sa fleur couleur de café au lait qu'on ne voit nulle part ailleurs.

 Illustrations : 


 'Jean Cayeux' 

'Lord of June' 


'Evolution' 


'Daybreak'