10.1.16

LE MOIS DU BLANC

Il fut un temps où, pour succéder à la période des fêtes en attirant les clients vers un autre sujet, les maisons de vente par correspondance, comme La Redoute ou Les Trois Suisses, proclamaient le mois de janvier « mois du blanc » et faisaient la promotion des draps et des serviettes. Psychologiquement cela correspondait aussi à ce que l'on imagine pour un mois d'hiver comme janvier : le givre et la neige. De nos jours le blanc a pris des couleurs, comme si le réchauffement climatique et l'absence de gel avait une influence sur le linge de maison.

Chez les créateurs d'iris aussi le blanc a une connotation hivernale. Nombre de variétés de couleur blanche portent des noms où apparaissent les mots Noël (ou Christmas), Neige (ou Snow) et Hiver (ou Winter) et tout ce qui s'en rapproche ou s'y rapporte. Puisque l'on est en janvier, il peut être intéressant de faire un tour chez les iris immaculés.

Si l'on veut connaître la genèse des iris blancs il faut se référer à ce qu'en dit « The World of Irises » de Keppel et Hamblen, ouvrage qui n'a toujours pas de remplaçant plus moderne. Voici ce qui est dit à ce sujet : « Ce n'est qu'après l'introduction en Europe des tétraploïdes asiatiques que sont apparus les iris blancs dominants. » Leur beauté et leur vigueur a eu tôt fait de leur faire prendre la place des anciens diploïdes (et récessifs) autochtones. On peut situer l'origine de la plupart des iris blancs contemporains à la variété anglaise, issue de l'espèce I. mesopotamica, 'Kashmir White' (Foster, 1912), à l'un de ses descendants immédiats, 'Argentina' (William Mohr, 1923), et plus encore au fils de celui-ci, 'Purissima' (Mohr-Mitchell, 1927). L'arbre généalogique établi à partir de ces plantes fait apparaître presque tout ce que le monde des iris compte de variétés blanches. On y trouve tout d'abord 'Madeira Belle' (Quadros, 1970), 'Cup Race' (Buttrick, 1963) et 'Patricia Craig' (Tom Craig, 1962). Les variétés suivantes descendent toutes, en plus, de l'illustrissime 'Snow Flurry' (Rees, 1939) qui est un enfant de 'Purissima' : 'Arctic Fury' (Benson, 1964), 'Winter Olympics' (Opal Brown, 1963), 'Angel Choir' (Schliefert, 1970), 'Flight of Angels' (Terrell, 1968), 'Angel Unawares' (Terrell, 1970), 'Wedding Bouquet' (Buttrick, 1951) ainsi qu'une multitude d'autres moins célèbres.

A peu près tous les iris blancs proviennent de croisements entre deux blancs ou entre un blanc et un bleu. C'est le cas de toutes les variétés citées ci-dessus. Mais on trouve aussi des blancs issus d'iris jaunes ou roses. Ce sont cependant ce qu'on pourrait appeler des cas particuliers, et il en est ainsi de 'Christmas Angel' (DeForest, 1959) ou de 'White Lightning' (Gatty, 1974) qui vient du jaune 'New Moon'.

« The World of Irises » consacre un paragraphe à une sorte d'iris blancs très intéressante, ceux qui portent une barbe rouge (ou orangée). Il est vrai que la présence de cette barbe vivement colorée apporte une touche de piquant que n'ont pas les variétés entièrement blanches. Le point de départ de cette lignée se trouve chez Orville Fay, dans les années 1950/1960 et concerne 'Lipstick' (1957) et surtout 'Arctic Flame' (1960).

Aujourd'hui, dans le coloris blanc comme dans tous les autres, toutes les origines sont confondues car des croisements sont intervenus dans tous les sens. Cela complique évidemment le travail de l'hybrideur qui doit, lorsqu'il veut travailler dans une direction précise, effectuer des recherches généalogiques approfondies. Les variétés qui sont citées ci-dessus datent pour la plupart des années 1960/1970. Elles constituent le socle de l'hybridation contemporaine et quand on établit l'arbre généalogique d'une variété actuelle en particulier on aboutit nécessairement à l'une au l'autre des variétés de ce qu'on peut appeler l'époque classique (les sixties et seventies). Prenons le cas du blanc 'Christmas' (Gatty, 1990). Deux générations auparavant on découvre 'Social Whirl' (Ghio, 1974) qui est un fils de 'Patricia Craig'. Autre exemple : 'Christmas Eve' (Bob van Liere, 2009), blanc à barbe rouge, à la première génération il y a 'Jersey Bounce' (Keppel, 2000), à la génération précédente (c'est à dire dans le pedigree de 'Jersey Bounce') se situe 'Lyrical' (Gatty, 1977) qui est un descendant de 'White Lightning'. 'Gwennaden' (Madoré, 2001) est une variété à laquelle je tiens beaucoup. 'Scandia Delight' (Schreiner, 1989) est son géniteur. Il a pour origine 'Cup Race'. Dernier exemple : 'Christmas Ice' (Schick, 2006). Il ne faut pas chercher bien loin pour découvrir qu'il descend de 'Crystal Flame' (Bennett Jones, 1967) qui est lui même un blanc à barbe rouge de l'époque que j'ai qualifiée de classique.

On pourrait multiplier les exemples. Mais point trop n'en faut ! Pour ne pas déroger à la tradition du mois du blanc, contentons-nous de ces agréables cultivars blancs comme un linge qui font le bonheur de ceux qui les possèdent.

Illustrations : 


 'Winter Olympics' 


'Christmas' 


'Christmas Eve' 


'Christmas Ice'

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