18.12.15

UN IRIS QUI VOUS VEUT DU BIEN

Aux yeux de quelqu'un qui se passionne pour les grands iris de jardin, il y a peut-être un paradoxe à s'intéresser aussi aux espèces botaniques. L'attrait des plantes sophistiquées et plutôt artificielles que sont les iris hybrides n'est cependant pas incompatible avec une affection particulière pour ce qu'il y a de plus naturel ; les iris botaniques. Toutes les espèces ne présentent cependant pas le même intérêt. Dans mon jardin on trouve des I. foetidissima pour lesquels j'ai du mal à avoir une quelconque attirance. Leur feuillage raide, leurs fleurs insignifiantes, grisâtres, à peine visibles au milieu des feuilles qu'elles ne dominent pas n'encouragent pas à l'extase. Quant aux fruits, qu'on découvre à un moment où le jardin n'attire plus guère, il faut être bien optimiste pour les admirer.

 Mais tous les iris botaniques ne sont pas à loger à cette enseigne. J'ai un faible, par exemple pour I. sintenisii. C'est Maurice Boussard, l'éminent spécialiste des iridacées, qui me les a fait connaître en me faisant cadeau, un jour, d'une touffe de cette petite fleur. « Vous verrez, m'a-t-il dit, c'est une espèce qui pousse bien partout. Elle devrait très bien se plaire dans votre terre de savane sèche. » C'est ce qui s'est produit. Dès le printemps suivant, mes Iris sintenisii ont magnifiquement prospéré. J'ai du bien vite en diviser la touffe et aujourd'hui il y en a un peu partout dans le jardin.

Iris sintenisii a été décrit et dénommé par Victor von Janka en 1877. C'est une espèce de la série des Spuriae, sous-série Gramineae, qui a été baptisée en l'honneur du botaniste allemand du 19eme siècle Paul Sintenis qui a beaucoup herborisé en Grèce, Turquie, Syrie, Iran...

Les rhizomes, fins, fibreux, ne sont pas fragiles et supportent hardiment la transplantation. Le feuillage, étroit, caractéristique de la sous-série Gramineae, vert foncé tirant sur le gris, persiste d'une année sur l'autre et s'élève à une vingtaine de centimètres du sol. Les tiges florales dépassent le feuillage et portent des fleurs, bien visibles, plutôt grandes pour la taille de la plante, avec des sépales veinés de violet profond sur fond blanc, tandis que les pétales sont uniformément violet foncé.

M'étant renseigné sur l'habitat d'origine de cet aimable iris, j'ai appris que, comme beaucoup d'iridacées, celui-ci provenait des Balkans et du Proche-Orient où on le trouvait dans des prairies sèches, sur des sols calcaires, chauds, l'été, froids, l'hiver. Ceci explique qu'il n'y ait pas vraiment besoin d'arroser et que la plante soit vraiment rustique. Les graines apparaissent spontanément. J'en ai récolté, que j'ai semées et qui ont germé, créant de nouvelles touffes.

Chaque année, fin mai, quand mes I. sintenisii se mettent à fleurir, je remercie Maurice Boussard de m'avoir fait connaître cet iris sans problèmes, fidèle et vigoureux. J'en ai mis en bordure de plate-bandes de grands iris et j'ai bien apprécié cette plantation car I. sintenisii forme vite des bordures denses, où les mauvaises herbes n'arrivent pas à s'implanter, ce qui réduit d'autant l'ingrat travail de désherbage qui est un défaut des grands iris. De plus les bordures ainsi créées délimitent nettement les plate-bandes et ne gênent pas la passage de la tondeuse, tout en évitant que celle-ci ne blesse les rhizomes et les feuilles de mes chers grands iris.

Je ne saurais trop recommander à ceux qui cherchent des compagnons agréables aux TB, BB et autres IB, ces petits iris accommodants, qui ne souffrent d'aucune maladie, ne perdent pas leurs feuilles et qui empêchent la prolifération des adventices.

 Illustrations : 



I. sintenisii, gros plan sur la fleur 


Une touffe de I. sintenisii.

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