27.5.15

VACANCES

Pas d'Irisenligne la semaine prochaine, pour cause de vacances...
Prochaine publication le 12 juin 2015

FRANCIRIS © 2015

Parler de FRANCIRIS 2015 est pour moi une épreuve émouvante puisque ce fut ma dernière prestation pour la SFIB, association à laquelle j'ai consacré une large partie de ma vie depuis plus de trente ans. Mais passons...

Aucun incident majeur n'a perturbé le déroulement de la compétition. C'est à peine si l'on peut regretter que de nombreux concurrents potentiellement valables n'aient pas réussir à fleurir au bon moment. C'est le risque de ce type de concours. Pour le reste tout était OK : iris parfaitement soignés, présentation impeccable, nombreux public... Les juges ont pu agir sereinement et ils ont émis un verdict unanime. Que voici :

premier prix 'Barbe Noire' (Cayeux – France – 2013) 

deuxième prix 'Cielo Alto' (Garanzini (2) – Italie – 2015) 

troisième prix 'Clotho's Web' (Mego – Slovaquie – 2009) 

prix de la SNHF (pour le meilleur obtenteur français) 1 - Stéphane Boivin, 2 - Alain Chapelle et 3 - Richard Cayeux. 

 Meilleur iris de jardin (1) 'Cielo Alto' (Garanzini – Italie – 2015) 

variété ayant le meilleur parfum 'Cielo Alto' (Garanzini – Italie – 2015) 

Bravo pour ce compétiteur italien qui se fait parfaitement connaître à cette occasion.

La victoire de 'Barbe Noire' de Richard Cayeux a été acquise avec une large avance. Comme dit Gérard Rafaelli, « ce fut mon sentiment le premier jour et le verdict du jury ne me surprit pas. La touffe était magnifique : un iris haut sur patte, mais de très bonne tenue avec un bon branchement et de nombreux boutons. Si on y ajoute une substance épaisse, presque cireuse à l'ouverture, on a compris qu'on tient un "winner". Certes, il avait des concurrents sérieux dont certains ont souffert de ne pas être ouverts au moment du jugement. Mais c'est la loi du genre. » La suite du classement met en valeur un jeune hybrideur français, Stéphane Boivin, qui classe trois de ses obtentions aux 4eme, 5eme et 6eme rang. C'est lui la révélation de ce concours. L'émotion qui se lisait sur son visage quand il a reçu ses prix mesurait une fierté bien justifiée. La surprise est venue de l'échec des variétés américaines et australiennes – aucune n'est classée – qui triomphaient généralement dans les concours depuis de nombreuses années. Mais est-ce vraiment une surprise ? Depuis déjà quelques temps des variétés européennes avaient trouvé le chemin des podiums : à Florence on a vu le succès en 2006 de 'Recondita Armonia' (Bertuzzi – Italie - 2007), en 2007 de 'Aurélie' (Cayeux – France - 2002), en 2009 de 'Ravissant' (Cayeux – France - 2005), en 2010 de 'Ale Viola' (Gigli – Italie – non enregistré), en 2012 de 'Cheyenne my Dog' (Marucchi – Italie - 2012), en 2013 de 'Vento di Maggio' (Bianco – Italie – 2012), et des places d'honneur pour 'Haut les Voiles' (Cayeux, 1999) en 2002, 'Slovak Sapphire' (Mego, 2003) en 2003, 'Sorriso di Alice' (Marucchi, 2008) en 2007, 'Noctambule' (Cayeux, 2005) en 2009, 'Tatra's Eagle' (Mego, 2011) en 2010, 'Egeo' (Dotto, 2011) en 2011, 'Classy Lady' (Mego, 2013) en 2013 et 'Tenue Tenerezza' (Bertuzzi, 2014) en 2014. A Munich, le concours allemand a reconnu les qualités de 'Ecume de Mer' (Bersillon, 2009) en 2010, 'Comme un Volcan' (Bersillon, 2008) en 2011, 'Bel Avenir' (Cayeux, 2008) en 2013 et 'Blue Gothic' (Dotto, 2015) en 2014, sans compter les belles places d'honneur des variétés indigènes. Que les obtenteurs européens réussissent à tenir la dragée haute à leurs célèbres confrères américains et australiens n'est pas fait pour nous déplaire. Je suis persuadé que dans peu de temps les iris originaires d'Europe de l'Est et de Russie et Ukraine rejoindront le haut du panier. Cela ne fera que développer l'émulation et, par contrecoup, les qualités des variétés futures. Rien qu'en France il y a une brassée de jeunes hybrideurs enthousiastes qui progressent à vue d’œil et dont on peut attendre les meilleurs résultats. Nous verrons certainement ça dès le concours FRANCIRIS 2017 qui est en préparation.

 (1) le meilleur iris de jardin est noté sur les mêmes critères que les autres, mais le barème qui est appliqué pour ce prix met en valeur les qualités propres à satisfaire ceux qui veulent des fleurs splendides, sans que cela soit des variétés plus nettement destinées aux collectionneurs. 

(2) Angelo Garanzini est un vétérinaire à la retraite, qui habite près de Novara (Piémont) ; connu dans le monde de l'ornithologie pour une importante étude sur les oiseaux nicheurs en Piémont et Val d'Aoste, il cultive les iris depuis de nombreuses années mais ne s'est mis à l'hybridation des grands iris qu'il y a neuf ans. Ceci est son premier résultat significatif en compétition. 

Illustrations :

'Barbe Noire' 
'Cielo Alto' 
'Clotho's Web' 



semis BOIVIN (4eme) 


semis BOIVIN (5eme) 


semis BOIVIN (6eme) 


'Villa Erba' 


'Fall Symphony' 


semis MEGO (9eme) 


semis Chapelle (10eme)

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Une nouvelle compétition. 

Sous l'impulsion de Milan Blazek, du Jardin Botanique de Prague – Pruhonice en République Tchèque, la Société des Iris d'Europe Centrale (MEIS) a eu l'idée d'une nouvelle forme de confrontation entre les variétés d'iris, quelle que soit leur catégorie. Ce n'est pas un concours puisqu'il n'y a ni classement ni distribution de prix, mais une comparaison entre les différentes variétés présentes.

 Ces variétés, en provenance de tous les obtenteurs qui le souhaitent, sont cultivées côte à côte pendant trois ans, avec une première évaluation au bout de deux ans. Cette évaluation porte sur les qualités horticoles des plantes (développement, feuillage, floribondité...) et des fleurs (forme, abondance, durée de floraison...). Les iris étant cultivés soigneusement et dans les mêmes conditions, le comportement de chaque variété est apprécié en dehors de ses conditions de culture originelles et les résultats obtenus sont communiqués à leur obtenteur de façon à lui fournir une information qui peut l'amener à réfléchir sur les aptitudes de ses plantes à prospérer ailleurs que dans son entreprise et, le cas échéant, à en tirer les conséquences pour ses futures recherches. C'est effectivement une source d'information qui manquait. A titre personnel j'ai été amené à cultiver des variétés qui m'étaient adressées dans ce but par leurs obtenteurs et à retourner à ceux-ci un rapport sur mes constatations. L'initiative de la MEIS devrait rencontrer un succès certain auprès des hybrideurs européens.

HOMMAGE AUX SCHREINER'S

La firme Schreiner est la pépinière d'iris la plus importante au monde, et cela dure depuis 1925. C'est Carlos Ayento, le responsable du jardin « Brighton Park » à Chicago qui a eu l'idée de réunir, autant que cela soit possible, une photo de toutes les variétés enregistrées par l'illustre famille. Bien sûr il y a des trous dans sa collection, surtout concernant les variétés les plus anciennes, mais telle qu'elle est, c'est un magnifique hommage. Nous reprendrons ici quelques-uns de ces clichés (et quelques autres), pour exprimer aux Schreiner's toute notre reconnaissance. 

Cinquième partie : Les années 1965/69 

'Gaylights' (1965) (((Watchfire x Argus Pheasant) x Inca Chief) X Spellbound) 


'Jewel Tone' (1966) ((Casa Morena x Burmese Ruby) x ((Orelio x Pacemaker) x Trim) X Tomeco) 


'Margarita' (1968) ((semis Stevens x Whole Cloth) X ((semis x Snowy Heron) x (Lavish Lady x Top Favorite))) 


'Big League' (1969) (de Pierre Menard, Blue Rhythm, Chivalry, Harbor Blue, Danube Wave, Bluebird Blue, Biscay Bay, Cahokia, Jane Phillips, Quicksilver, Swan Ballet, Missouri, Snowking, Winter Carnival, Snow Carnival)

RECTIFICATIONS

Vingt ans après.

Un correspondant me signale une omission dans ma description du catalogue Iris en Povence 2015. Trois variétés « maison », obtentions de Marin Le May-Anfosso figurent bien au catalogue. Ce sont trois fleurs très jolies qui seront enregistrées cette année. C'est un bonheur de voir réapparaître le nom d'Anfosso parmi les nouvelles créations. 
Un autre correspondant m'a fait remarquer que le catalogue Cayeux comporte non seulement le Grand Iris 'La Part des Anges' (Bersillon, 2008), mais aussi le SDB 'Allumez le Feu' (Bersillon, 2013). 
Pour me faire pardonner voici les photos de : 


'Almandin' (M. Le May – Anfosso, 2015) 


'Atoll Marin' (M. Le May – Anfosso, 2015) 


'La Part des Anges' (M. Bersillon, 2008) 


'Port du Niel' (M. Le May – Anfosso, 2015) 

Je ne dispose pas de photo personnelle de 'Allumez le Feu'' : voir dans le catalogue Cayeux.

23.5.15

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Dernière heure : FRANCIRIS 2015 

J'étais juge au concours FRANCIRIS 2015 qui s'est tenu au Parc Floral de Paris, à Vincennes. Voici ce à quoi sont parvenus les cinq juges présents (un italien, un tchèque, deux américaines et un français) après quatre jours d'examen attentif et scrupuleux des 113 variétés en compétition (dont 62 en état d'être jugées) :

Premier Prix : 'Barbe Noire' (Richard Cayeux, 2013), France 

Deuxième Prix : semis bleu non enregistré d' Angelo Garanzini (Italie) 

Troisième Prix : 'Clotho's Web (Anton Mego, 2009) Slovaquie 

Sont ensuite classés trois semis non encore dénommés de Stéphane Boivin (France), un semis d'Anton Mego, une variété italienne 'Fall Symphony' (Lorena Montanari, 2012), 'Villa Erba' (Cayeux, 2013) et un semis non encore dénommé d'Alain Chapelle (France).

 La semaine prochaine je reviendrai sur cette compétition, avec des commentaires et d'autres photos.




HOMMAGE AUX SCHREINER'S

La firme Schreiner est la pépinière d'iris la plus importante au monde, et cela dure depuis 1925. C'est Carlos Ayento, le responsable du jardin « Brighton Park » à Chicago qui a eu l'idée de réunir, autant que cela soit possible, une photo de toutes les variétés enregistrées par l'illustre famille. Bien sûr il y a des trous dans sa collection, surtout concernant les variétés les plus anciennes, mais telle qu'elle est, c'est un magnifique hommage. Nous reprendrons ici quelques-uns de ces clichés (et quelques autres, pour exprimer aux Schreiner's toute notre reconnaissance.

Quatrième partie : Les années 1960/64 

'Velvet Robe' (1960) (Trim X Caldron) 


'Brightside' (1961) ((Golden Ruffles x (Midwest Gem x Chantilly)) X (Spanish Peaks x (Midwest Gem x Chantilly))) 

'Granada Gold' (1962) (Aspen Glow X Gold Piece) 


'Royal Tapestry' (1964) ((Inca Chief x Lady Albright) X (Savage x Oriental Glory)

NOUS NOUS SOMMES TANT AIMÉS

Il n'y a pas que dans les affaires de couple que l'on peut un jour s'aimer fougueusement et, un peu plus tard, atteindre des sentiments moins idylliques. Dans notre petit monde des iris on peut constater quelque fois la même évolution des sentiments. Non pas tant dans nos relations à l'égard des plantes elles-même, mais dans celles entre les êtres humains qui s'y intéressent. A bien des moments j'ai constaté ce phénomène. Prenons pour exemple ce qui s'est passé à propos du concours FRANCIRIS © depuis sa création.

 Le premier concours FRANCIRIS © s'est déroulé en 2000. Il marquait le terme d'une aventure commencée au printemps de 1997, au parc de la Source à Orléans, lors de l'assemblée générale de la SFIB. Voici ce qui est écrit dans le n° 125 de la Revue « Iris et Bulbeuses » à ce sujet :
 « Iris 2000 : 50 ans d'iris français. 
A l'occasion de son A.G. À Orléans, le Conseil d'Administration de la SFIB a pris la décision de principe d'organiser pour le printemps 2000 une exposition d'iris français des 50 dernières années. Cette manifestation qui se situera dans le cadre des événements marquant le bout du siècle, devrait revêtir une grande importance et faire l'objet d'une vaste campagne médiatique afin d'attirer sur les lieux de soin déroulement un maximum d'amateurs de plantes. Elle devrait se tenir au Pommeret(1) à Bréal sous Montfort, près de Rennes, au mois de mai, et rassembler le plus grand nombre possible des variétés obtenues en France ces cinquante dernières années, aussi bien par des hybrideurs professionnels qu'amateurs et présenter un panorama du renouveau de la production d'iris dans notre pays. (...) » Dans le n° 128 de ladite Revue on parle d'une exposition baptisée « Franciris 2000 » et l'objet en a été étendu à un siècle d'iris français. Les choses ont continué d'avancer et dans le n° 129, la Revue présente la charte de l'exposition Franciris 2000 et fait état d'un « concours SFIB » d'iris français. Le règlement de ce concours est publié dans la revue n° 131 (hiver 1998). Le programme de la fête des iris paraît dans la revue n° 133. Tout ce met en place.

 La grande manifestation annoncée se déroule pendant le week-end du 19 au 21 mai 2000. Le concours proprement dit récompense 'Samsara' (Ransom, 1996), devant 'Mer du Sud' (Cayeux, 1997), 'Damoiselle' (Ransom, 1997), 'Claude-Louis Gayrard' (Ransom, 1996) et 'Massalia' (Anfosso, 1995).

A ce moment, tout va bien entre la SFIB et le jardin de Brocéliande, en Bretagne, mais l'histoire d'amour va prendre fin. Les choses se gâtent lorsqu'il est question d'un second concours. Je ne sais pas pourquoi les relations entre le staff de la SFIB et celui du jardin de Brocéliande se sont détériorées. Toujours est-il qu'en Bretagne on continue un projet de concours national d'iris, mais que celui-ci ne peut pas bénéficier du nom de FRANCIRIS © qui a été déposé. Ce concours s'appellera donc « Iriade » et se déroulera au printemps 2003. Il verra le succès de 'Belle de Nuit' (Cayeux, 1999) devant 'Iriade' (Laporte 2003). La SFIB de son côté opte pour la création d'un concours international, façon Florence, qui doit avoir lieu en 2005. Le partenaire technique – il faut bien un jardin où faire pousser les fleurs – doit être TECOMAH, une école d'agriculture dépendant de la Ville de Paris, qui dispose à Jouy en Josas, près de Versailles, d'un magnifique parc qu'elle partage avec l'école de commerce HEC. Le lieu est idéal et les relations entre la Direction de l'école et le C.A. de la SFIB sont au beau fixe : tout le monde est emballé par le projet. La préparation du concours se déroule dans l'euphorie, professeurs et élèves de l'école prennent la tâche à bras le corps : le terrain est méticuleusement préparé, les plantes sont soigneusement mises en place et dès la seconde année de leur plantation on aurait pu juger la compétition tant les iris étaient vigoureux et prolifiques. Mais c'est du côté des organisateurs que les difficultés se multiplient. Pas moins de trois commissaires se succèdent, et à chaque fois, après un début de mission enthousiaste, des divergences multiples aboutissent à une rupture. Malgré tout, le moment du concours enfin venu, tout se passe au mieux. Le président du jury détaille le palmarès qui couronne :
1er prix = 'Bye Bye Blues' (Sutton G., 1996)
2eme prix = 'Chariots of Fire' (Aitken, 2000)
3eme prix = 'Got Milk' (Aitken, 2002)
Meilleure variété française = 'Gwennaden' (Madoré, 2001).

Vu le succès, une nouvelle édition est programmée pour 2007. Mais l'enthousiasme des premiers moments n'est plus là. De souriantes, les relations avec l'école TECOMAH deviennent plus aigres, ce n'est plus le parfait amour des années 2002/2003. L'entretien des iris, plantés dans un nouveau terrain, moins favorable, laisse à désirer, mais néanmoins la préparation des manifestations se poursuit, avec un nouveau commissaire. Les festivités sont beaucoup moins spectaculaires que pour le premier numéro, mais les iris, en fin de compte, sont plutôt en bonne forme. Le jury annonce un palmarès original qui ne récompense que des outsiders :
1er prix = 'Soloviniya Noc' (Miroshnichenko, NR)
2eme prix = 'Mamie Framboise' (Fur/Laporte, 2004)
3eme prix = 'Italian Ice' (A.D. Cadd, 2003).

En principe FRANCIRIS © 2009 aurait du avoir lieu. Mais divers incidents ont retardé la décision de lancer la compétition et les iris n'ont été envoyés et mis en terre qu'en 2008. De ce fait la date de déroulement du concours est repoussée au printemps 2011. Les rapports entre les partenaires évoluent comme il semble que cela soit inévitable et rien ne va plus entre SFIB et TECOMAH. Les plantes, mal soignées, végètent dans un terrain mal préparé et trop frais. Les conditions climatiques du printemps 2011 contrarient la floraison dont le pic intervient bien avant la semaine arrêtée pour le concours ! Quand les juges se présentent, ne sont encore en fleur que les variétés les plus tardives et l'état général de la plantation montre bien a quel point les iris ont souffert. La présidente du jury s'en émeut et, dans son discours de clôture, ne mâche pas ses mots à l'égard de l'école et de ses responsables. La cérémonie n'est pas des plus sympathiques ! Le palmarès est le suivant :
1er prix = 'Aleutian Islands' (M. Sutton, 2007)
2eme prix = semis de Bernard Laporte enregistré plus tard sous le nom de 'Echirolles'
3eme prix = 'Danube du Barry' (Vasquez-Poupin, 2007).

La situation s'est tellement dégradée que les iris parvenus en 2010 en vue du concours de 2013 sont plantés, tardivement, dans un terrain non désherbé et aucun soins sérieux ne leur sont prodigués. La situation est d'autant plus catastrophique que le staff en place de la SFIB se démet de ses fonctions et est remplacé par une nouvelle équipe qui décide de renoncer au concours de 2013 et recherche un nouvel hébergeur pour une compétition en 2015.

Aujourd'hui l'heure de cette manifestation est venue et tout va pour le mieux entre les organisateurs et le nouveau partenaire, le Parc Floral de la Ville de Paris, à Vincennes. Cela va-t-il durer ? Il faut y croire et espérer que, cette fois, on ne pourra pas dire : « Nous nous sommes tant aimés. »

(1) Le nom exact du lieu d'accueil est « Jardins de Brocéliande ». 

 Illustrations : 


'Samsara' 


'Bye Bye Blues' 


'Soloviniya Noc' 


'Aleutian Islands'

15.5.15

HOMMAGE AUX SCHREINER'S

La firme Schreiner est la pépinière d'iris la plus importante au monde, et cela dure depuis 1925. C'est Carlos Ayento, le responsable du jardin « Brighton Park » à Chicago qui a eu l'idée de réunir, autant que cela soit possible, une photo de toutes les variétés enregistrées par l'illustre famille. Bien sûr il y a des trous dans sa collection, surtout concernant les variétés les plus anciennes, mais telle qu'elle est, c'est un magnifique hommage. Nous reprendrons ici quelques-uns de ces clichés (et quelques autres), pour exprimer aux Schreiner's toute notre reconnaissance. 

 Troisième partie : Les années 1950 

'Copper Medallion' (1951) (Bryce Canyon X Sunset Serenade) 


'Lavanesque' (1953) (Dreamcastle X (Angelus x (Matula x (Noweta x Violet Crown)))) 


'Crinkled Ivory' (1958) ((semis x Spanish Peaks) X semis Hall 


'Salem' (1958) (Harbor Blue X (Blue Rhythm x Sylvia Murray)

VINGT ANS APRÈS

En France, les producteurs d'iris ne sont pas aussi pressés qu'aux États-Unis, et les catalogues n'apparaissent que vers la mi-février, pour les plus hâtifs, certains attendant même jusqu'au début de la saison de floraison pour leur offre. Avec la possibilité de mettre en ligne avant d'éditer les catalogues sur papier, les propositions viennent plus tôt, et il m'est venu l'idée de comparer les catalogues d’aujourd’hui avec ceux d'il y a vingt ans, que je conserve précieusement. Les producteurs français (je parle des trois « grands » : Cayeux, Iris en Provence, Bourdillon) ont-ils évolué ? Ou les trois mousquetaires ont-ils seulement vieilli, comme dans le roman d'Alexandre Dumas ?

Il s'en est passé des choses, par ici, en vingt ans ! D'abord la mondialisation a atteint le monde des iris comme le monde tout court. Les USA et l'Australie ne sont plus les limites de l'irisdom. On a vu s'éveiller la Nouvelle-Zélande et l'Ouzbékistan, puis la vieille Europe elle-même est sortie de sa léthargie et de son exclusive admiration pour les productions américaines ou australiennes. En Russie et dans les anciens états satellites des quantités de nouveaux hybrideurs sont apparus, en Allemagne et en Italie, un renouveau en profondeur s'est dessiné, et en France de nombreux jeunes gens se sont lancé dans l'hybridation des iris, en oubliant la timidité maladive qui frappaient, jusqu'à il y a peu, ceux qui, chez nous, avaient quelques velléités d'effectuer des croisements.

 Il y a vingt ans le marché des iris en France se résumait donc à l'entreprise Cayeux, magnifique réussite familiale, et à deux ou trois indépendants, plus ou moins en mesure de lui contester sa position dominante. Un autre concurrent s'était manifesté à la fin des années 1960 : la Maison Bourdillon. Mais la concurrence ne s'exerçait qu'en matière commerciale, Michel Bourdillon n'hybridait pas et se contentait de proposer des variétés importées, choisies avec beaucoup d'à-propos par le fin connaisseur qu'il est. L'essentiel du commerce des iris était donc entre les mains de trois entrepreneurs :
- Cayeux S.A. : maison connue du monde entier, auréolée de la renommée internationale de son fondateur Ferdinand Cayeux, enrichie par le travail inspiré de Jean Cayeux et rajeunie par celui, remarquable, de Richard Cayeux, proposant les variétés domestiques, de premier plan, et complétées par un choix d'impeccables variétés essentiellement américaines.
- Bourdillon : entreprise appréciée pour son sérieux et la qualité de ses offres, menée par Michel Bourdillon avec l'intervention de ses fils Luc et Pascal. Catalogue constitué de variétés américano-australiennes de tout premier plan.
- Iris en Provence : l'affaire créée par Pierre Anfosso, entouré de son épouse et de ses enfants ; basée sur les obtentions familiales hautement appréciées partout dans le monde, et complétée par un beau choix d'iris effectué avec le souci de l'originalité.

 Les autres offres commerciales venaient du franc-tireur Ransom, de l'amateur Ségui (avec l'apport d'une collection nombreuse de variétés classiques) et de quelques micro-entreprises régionales.

A partir du début des années 2000 de nouveaux obtenteurs se sont manifestés. La motivation de ces pionniers n'était pas, à l'origine, fort différente de celles qui animaient les obtenteurs des générations précédentes, mais peu à peu est apparue l'idée que leurs nouveaux iris, méritaient d'être mis au commerce et pouvaient constituer un complément de revenus pour leurs obtenteurs. C'est, entre autres, ce qui a amené Bernard Laporte a se lancer dans le commerce des iris, sans l'intention de s'attaquer à l'ensemble du marché, mais en pensant toucher en priorité une clientèle régionale, avec les obtentions maison et avec le complément des importations accumulées au fil des ans. Il a peu à peu été rejoint dans cette démarche par d'autres fans, ce qui a rendu le marché très tendu.

En 2015, comment se présentent les offres des trois « grands » ?
- Iris en Provence. On trouve toujours un large choix de variétés encore en majorité américaines ou australiennes, mais, en plus, il y a la plupart des variétés françaises, produites par la famille Anfosso dans les années 80 ou 90 et des variétés – essentiellement des iris médians ou nains puisqu'il n'y a qu'un grand iris – obtenues par Loïc Tasquier. En dehors de cela, une variété italienne (Bianco), une variété slovaque (Mego) et … une variété française, de Gérard Madoré. Bientôt, sans doute, reverra-t-on de nouvelles créations de la famille Anfosso, mais ça n'est pas pour cette année. A noter que le nom des obtenteurs est indiqué, ce qui n'est pas le cas chez les deux suivants.
- Bourdillon. Le petit catalogue des origines est devenu grand et le dispute aux deux autres en matière de présentation. Le choix de variétés qui ne soient ni américaines ni australiennes s'est réellement enrichi au cours des ans. Il reste cependant modeste avec seulement 39 noms. Mais il y a de l'éclectisme !, Un iris Anfosso, un iris Mego, deux iris Muska, puis dix Cayeux et enfin vingt-cinq iris Bourdillon ou François, les produits « maison ». L'évolution est sensible et devrait encore se diversifier dans les années à venir, en particulier avec les variétés obtenues par le dernier des Bourdillon, Nicolas..
- Cayeux. C'est un magnifique catalogue, dont le sérieux et la sobriété font penser à celui de Schreiner, aux USA. On y trouve 168 (si j'ai bien compté) variétés françaises de grands iris. Toutes sont des créations Cayeux ainsi qu'une création de Michèle Bersillon. Pas de variétés européennes ou d'autres obtenteurs français, mais il est vrai que la grande quantité de variétés maison ne laisse guère de place pour ce qui pourrait provenir de l'extérieur.

Que dire de cet inventaire ? En vingt ans il y a eu une évidente évolution, et une émergence encore timide de ce qui se fait ailleurs qu'aux USA ou en Australie. Pour la clientèle des généralistes historiques la provenance des variétés qu'elle achète ne doit pas avoir d'importance. Il n'y guère que quelques obsédés dans mon genre pour s'en soucier et penser qu'il y a encore de la place pour les variétés françaises et européennes et que se serait une bonne chose qu'on en trouve de plus en plus.

FRANCIRIS 2015

Parce que je vais être juge au concours FRANCIRIS 2015, au Parc Floral de la Ville de Paris, à Vincennes, la semaine prochaine, IRISENLIGNE ne sera mis sur le Net que le samedi 23 ou le dimanche 24 mai prochain.
J'espère rencontrer beaucoup de mes lecteurs au cours de cette manifestation.

8.5.15

HOMMAGE AUX SCHREINER'S

La firme Schreiner est la pépinière d'iris la plus importante au monde, et cela dure depuis 1925. C'est Carlos Ayento, le responsable du jardin « Brighton Park » à Chicago qui a eu l'idée de réunir, autant que cela soit possible, une photo de toutes les variétés enregistrées par l'illustre famille. Bien sûr il y a des trous dans sa collection, surtout concernant les variétés les plus anciennes, mais telle qu'elle est, c'est un magnifique hommage. Nous reprendrons ici quelques-uns de ces clichés (et quelques autres, pour exprimer aux Schreiner's toute notre reconnaissance. 

 Deuxième partie : Avant 1950 -2- 


'Black Forest' (1945) (Dymia X Ethiop Queen) 


'Bright Lights' (1946) (Naranja X Siegfried) 


'Danube Wave' (1947) (Anitra X Narain) 

'Confetti' (1949) (((Madame Louis Aureau x Siegfried) x Ruth Pollack) X Lady of Shalott)

LA CITÉ DES IRIS

Le site Internet de la petite ville de Champigny sur Veude, en Indre et Loire, commence comme ceci la description de cette localité : « Aux marches de la Touraine, Champigny-sur-Veude offre au regard du voyageur un ensemble classé exceptionnel : la Sainte Chapelle Saint Louis, haut lieu du vitrail de la Renaissance, et le château des BOURBONS-MONTPENSIER. » C'est un très joli village, traversé par deux petits cours d'eau qui s'y sont donné rendez-vous et qui baignent les fort belles maisons de pierre de tuffeau caractéristique des bâtiments tourangeaux. Le maire actuel a, entre autres, le souci d'attirer un maximum de touristes vers cette partie de la Touraine, à l'écart des voies de passage. Il se trouve que dans une autre partie de cette province, vers Loches, au sud-est, un autre village, Chédigny, confronté à un problème similaire d'isolement, a eu l'idée de réaliser une décoration attractive abondamment fleurie de rosiers : la résultat est enthousiasmant, et Chédigny est devenu un véritable bijou que viennent voir, de loin, de nombreux amateurs de belles demeures et de jolies fleurs. Le maire de Champigny a pensé a utiliser le même principe pour la promotion de sa commune. Et il a choisi que la fleur qui servirait d'enseigne serait l'iris.

 Depuis quelques années j'avais en tête de trouver quelque part en France une commune qui souhaite faire de l'iris son ornement principal, de façon a donner à notre cher fleur un cadre digne de son intérêt botanique et horticole. J'ai pensé notamment au village de Malétable, dans l'Orne, pour la bonne raison que c'est là où Marie-Guillaume de Bure, le fondateur de l'horticulture des iris, avait sa maison des champs où il cultivait les iris hybrides qui l'ont rendu célèbre, et où il est mort. L'ancien maire, contacté, n'a montré aucun intérêt pour ce projet. J'étais donc à la recherche de ce qui pourrait être la cité des iris quand j'ai eu connaissance des intentions du maire de Champigny. Nos deux projets ne pouvaient que concorder et le fait que Champigny ne se trouve qu'à quinze kilomètres de chez moi constituait une opportunité formidable. En peu de temps les bases d'un projet commun ont été jetées et les premiers iris ont pu être plantés à plusieurs emplacements judicieusement choisis dans la petite ville dès l'automne de 2014. Dans son état actuel le projet prévoit, outre la création de bordures de grands iris aux différentes entrées du village, l'établissement de plusieurs massifs partout dans les rues, là où la configuration des lieux s'y prête, l'aménagement d'un espace réservé aux iris de Sibérie dans le parc municipal situé au confluent des deux rivières, un cadre frais particulièrement adapté aux plantes qui vont l'agrémenter. Autre opportunité : il se trouve que l'âge venu, je ne me sens plus en capacité de continuer de m'occuper correctement de ma collection personnelle de grands iris ; j'ai donc trouvé à Champigny l'endroit idéal où la transférer et l'enrichir de variétés récentes. Ce sera le jardin du presbytère, non loin de la Chapelle Saint-Louis dont les vitraux sont considérés comme l'un des plus beaux témoignages de l'art du vitrail au XVIème siècle.

Il faut expliquer, comme il est dit sur le site Internet, que les Bourbons-Montpensier, descendants de St Louis, ont été « les bâtisseurs de la Chapelle Saint-Louis et du Château de Champigny. C'est sans doute la proximité des résidences royales de la vallée de la Loire qui est à l'origine de la décision de Louis Ier de Bourbon, comte de Vendôme, puis de son fils Louis II, premier Duc de Montpensier, d'édifier de 1507 à 1543 un château avec ses communs et une prestigieuse collégiale gothique et Renaissance qui devait être la chapelle funéraire des membres d'une famille appartenant à la très haute noblesse française. » Malheureusement le superbe édifice que constituait le château a eu le tort de faire de l'ombre à celui, encore plus somptueux, que le cardinal de Richelieu se faisait bâtir à une lieue de là. Il a donc été rasé à partir de 1635 sur ordre du cardinal qui, par manœuvre politique, en était devenu propriétaire. « Aujourd'hui ne subsistent que les communs, dont le magnifique pavillon Jupiter », et la fameuse chapelle.

Pour décorer tout un village, l'immense quantité de variétés d'iris, tant miniatures que médians ou de grande taille, n'a d'embarrassant que le choix qui doit être effectué. Pour se fixer une ligne de conduite, la mairie de Champigny et l'association locale qui va être gestionnaire de la décoration ont adopté les couleurs du blason de la famille des Bourbons-Montpensier (et en particulier celles de la Grande Mademoiselle qui fut Dame de Champigny dès sa naissance, c'est à dire le bleu et le jaune, avec une pointe de blanc. En dehors de l'espace « collection », ce sont donc essentiellement ces trois couleurs qui se retrouveront dans tous les massifs dispersés dans la commune. Les premières plantations répondent à ces critères. Les plantes ont été fournies par deux producteurs semi-professionnels qui disposaient de suffisamment de rhizomes pour constituer les premiers massifs. Il devrait être fait appel à d'autres fournisseurs artisans pour continuer les plantations dans les années à venir. Quant à la collection de variétés rares, elle sera progressivement accrue en donnant la priorité aux variétés françaises ou européennes. L'emplacement choisi pour l'exposer, dans un espace élégant, dans le cœur du village, la maintiendra à l'abri des vandales, avec un terrain suffisamment étendu pour que les iris soient à l'aise, tout en permettant aux amateurs d'approcher plus précisément de chaque touffe pour en apprécier les détails et en faire des photographies.

 Mon rêve d'une cité des iris, qui s'accorde si bien avec le projet de la Mairie de Champigny sur Veude, est maintenant en voie de réalisation. Dans un an ou deux tous les amateurs d'iris pourront venir en Touraine pendant la deuxième quinzaine de mai, pour admirer à la fois un ensemble architectural et artistique exceptionnel et un immense et remarquable jardin d'iris.

Illustrations : 



Armoiries de la Grande Mademoiselle ; 


'Dany Coste' (Laporte, 2013) - variété présente à Champigny ; 

'Louis d'Or' (Cayeux, 1995) – variété présente à Champigny.

2.5.15

LA FLEUR DU MOIS

‘DREAM LOVER’ (Tams, 1970)

C'est une variété que j'aurais voulu posséder dans mon jardin, mais qui n'y est jamais entrée. C'est un drôle de truc : on a envie, on dit « celui-là, je le veux » et puis d'autres priorités apparaissent et en fin de compte celui que l'on a tellement désiré ne sera pas acheté. « Ce sera pour l'année prochaine » se dit-on. Mais l'année suivante il y a autre chose et, peu a peu, l'urgence disparaît et l'oubli fait son œuvre...

J'aime particulièrement les teintes pastel de cet iris. Elles rappellent celles de son ascendant 'Melodrama', plus que celles de sa « mère » 'Miss Indiana' qui est plus vivement coloré. Voici son pedigree : (Miss Indiana X (Melodrama x Rippling Waters). A l'époque on ne pouvait pas choisir meilleurs parents. Esther Tams n'avait pas pris de risques ! Elle a tout de même eu de la chance d'obtenir une variété parfaite en tous points. D'ailleurs cette perfection n'a pas échappé aux juges américains qui l'ont tout de suite remarquée et ont fait accomplir à cet iris un parcours des honneurs rapide et rare : HM en 1972, AM en 1974 et DM en 1977. Commercialement, cela n'a pas aussi bien marché, allez donc savoir pourquoi. Néanmoins ce fut une carrière honorable tant aux États-Unis qu'à l'étranger. En matière d'hybridation, le résultat n'est pas mauvais non plus, avec pas loin d'une cinquantaine de descendants directs. Parmi ceux-ci, beaucoup d'inconnus, mais aussi quelques célébrités comme :

'Winifred Ross' et 'Pink Sapphire' (Melba Hamblen, 1987 et 1989) - bicolores rose/bleu ;
 'Is'nt This Something' (Ensminger, 1992) – rose barbouillé de violet améthyste ;
'Damoiselle' (Ransom, 1994) – jaune miel / mauve améthyste ;
'Aquamarine Dream' (Kerr, 1999) – ravissant bleu tendre ;
et une particularité : les obtentions de la britannique Maureen Foster 'Violet Primrose' (1987) – variegata jaune paille / lavande et 'Wyedale' (1988) – bitone bleu lavande, qui résultent du croisement (Dream Lover X Heather Blush) (J'ai vu ces deux variétés dans un jardin à Cardiff, mais je n'avais pas mon appareil photo, et, à l'époque, pas de portable ! ).

'Dream Lover' fait partie de ces vainqueurs de la Dykes Medal qui n'ont pas atteint la renommée. Ce n'est pas le relatif anonymat de son obtentrice qui en est la cause, Mme Kuntz, avec 'Debbie Rairdon' était encore plus inconnue, mais Elwan Roderick, avec 'Ruffled Ballet' est un peu dans le même cas. Sans doute une question de distribution par les grands producteurs américains.

 Ce manque de notoriété n’enlève rien aux qualités de cet iris. Est-ce une nostalgie du temps où j'étais plus jeune ? J'aime beaucoup ces variétés des années 70/80, celles qui étaient récentes au moment où j'ai commencé à me passionner pour les iris. Les variétés bouillonnées d'aujourd'hui me séduisent moins que ces très classiques, avec leurs fleurs amples et bien peignées, mais chez qui les traits caractéristiques restent franchement apparents. Tel qu'il est ce 'Dream Lover', qui porte un si joli nom, fera jusqu'au bout partie de mes favoris.

Illustrations : 


'Dream Lover' 


'Pink Sapphire' 


'Is'nt This Something' 

'Damoiselle'

HOMMAGE AUX SCHREINER'S

La firme Schreiner est la pépinière d'iris la plus importante au monde, et cela dure depuis 1925. C'est Carlos Ayento, le responsable du jardin « Brighton Park » à Chicago qui a eu l'idée de réunir, autant que cela soit possible, une photo de toutes les variétés enregistrées par l'illustre famille. Bien sûr il y a des trous dans sa collection, surtout concernant les variétés les plus anciennes, mais telle qu'elle est, c'est un magnifique hommage. Nous reprendrons ici quelques-uns de ces clichés (et quelques autres, pour exprimer aux Schreiner's toute notre reconnaissance.

Première partie : Avant 1950 -1-

 'Golden Treasure' (1936) (Pluie d'Or X W.R. Dykes) 


'Winter Carnival' (1941) (Violet Crown X Easter Morn)) 


'Gypsy Baron' (1942) (Claribel X Madame Louis Aureau) 


'Sunset Beam' (1942) (Summer Tan X Mary Geddes)

ON LES APPELLE VARIEGATAS

Il est évident que ces iris qu’on appelle aujourd’hui variegatas sont issus de l’espèce I. variegata. Mais il y a eu de sérieuses transformations ! La principale a été de répandre uniformément la couleur brune ou violacée qui figure dans les veines des sépales de l'espèce d'origine sur toute la surface du sépale. L’affaire n’a pas été simple, et les premiers variegatas ne s’éloignaient guère du modèle naturel. Témoin le travail de Goos et Koenemann qui, compte tenu de la petite taille de l’espèce-mère, a été classé parmi les iris intermédiaires : ‘Iris König’ (1910) ou ‘Flamenschwert’ (1920) en sont des exemples. Peu a peu cependant la couleur brune ou rousse a gagné la totalité des sépales et c’est une nouvelle fois dans la pépinière de Hans Sass qu’ont été sélectionnés les premiers iris jaune/bordeaux dont on peut dire qu’ils ont été les premiers variegatas au sens où on entend cette appellation aujourd’hui. Au tout premier rang on peut mettre ‘King Tut’ (H. Sass, 1926), suivi quelques années plus tard de ‘City of Lincoln’ (H. Sass, 1937), lequel a fait une carrière commerciale brillante et a frôlé la DM en 1942. En France, Ferdinand Cayeux n’était pas en reste. Avec son ‘Vision’, de 1932, il égale ses rivaux américains, tandis que ‘Constellation’ (1936) fait le pendant de ‘City of Lincoln’.

 Le modèle variegata est devenu au fil des ans une tribu immense et il en apparaît chaque année de nouveaux. Mais dans ce que nous appelons maintenant variegata, il y a en fait deux familles, les variegatas à sépales brun-rouge et les variegatas à sépales violets. Ils découlent tous d’une même base, mais pour obtenir la combinaison jaune/mauve ou violet les hybrideurs des années 60 ont associé le modèle amoena (type ‘Whole Cloth’) au modèle variegata (ou jaune issu de variegata) ; de ces croisements sont issus les iris clairs comme 'Swedish Modern' (Babson, 1976) ou foncés comme ‘Milestone’ (Plough, 1965) qui se trouve derrière le fameux ‘Edith Wolford’ (Hager, 1986). Ce sont de ceux-là que l'on va plutôt parler aujourd'hui.

 Prenons le cas de 'Swedish Modern'. Ses parents sont : 'Tambourine' et 'Shipshape'. 'Tambourine' (Babson, 1969) est un variegata classique aux pétales dorés au-dessus de sépales vieux rose. On n'a guère d'information sur ses origines... 'Shipshape' (Babson, 1969) est beaucoup plus connu puisqu'il a obtenu la Médaille de Dykes en 1974 et qu'il a fait une carrière commerciale mondiale. C'est un iris bleu drapeau qui avait tant de qualités qu'il a résisté aux injures du temps et figure encore dans bien des jardins. Il est lui-même issu d'un vrai bleu, 'Pacific Panorama' (Sexton, 1960 – DM 65) et d'un bleu clair veiné de sombre, 'Epic' (Babson, 1965). C'est ce bleu clair qu'on retrouve dans les sépales de 'Swedish Modern', élégamment associé au jaune tendre des pétales. 'Milestone', lui, a pour pour pedigree (Rainbow Gold X Whole Cloth). 'Rainbow Gold' (Plough, 1959) est beau jaune d'or, et 'Whole Cloth', le parangon des amoenas bleus. Une variété très voisine (en coloris) de 'Swedish Modern' est 'Betty Simon' (Hamblen, 1976), mais question pedigree, on en est assez loin puisque 'Betty Simon' provient de 'Foggy Dew' (Keppel, 1969), qui est un plicata, et de 'Diplomacy' (Keppel, 1965) qui, lui, vient effectivement de 'Whole Cloth'. Dans la version, la plus colorée, on trouve aujourd’hui des iris spectaculaires, comme ‘Gambling Man' (Keppel, 2014) dont les couleurs sont sans bavures, même si le bleu lobélia des sépales est ceinturé d'un liseré brunâtre, mais bien défini. Toujours est-il que depuis le début des années 1970 on était parvenu à présenter des variegatas jaune/bleu, baptisés ainsi même si leur côté proprement variegata est plutôt problématique. On devrait plus justement parler de bicolores, voire même d'amoenas jaunes.

Ces dernières années, on a vu les obtenteurs partir à la recherche de nouveaux coloris et parmi ces innovations il y a ce qu'on appelle des variegatas inversés. C’est une jolie performance que d’avoir réussi à obtenir des iris aux pétales bleus et aux sépales jaunes. Mais peut-on parler à leur propos de « variegata » ? Il semble bien que cette dénomination ne soit pas adaptée, même si le résultat visuel est bien celui d’un variegata inversé, en effet aucun des iris présentant cet aspect particulier n’est issu d’une famille de variegata ! En fait ces iris sont plutôt apparentés aux amoenas inversés. Prenons le cas de ‘Wonderful to See’ (Kerr 2000). Celui-ci a deux amoenas inversés dans son arbre généalogique : d’un côté de ‘Sea Quest’ (Shoop 90) et de l’autre de ‘Little Much’ (Ghio 84). Voilà pour les pétales bleus, mais pour les sépales jaunes ? Il faut chercher pour cela du côté des amoenas jaunes, en l'occurrence son « père », ‘Arc de Triomphe’ (Kerr 95), un enfant de notre ‘Echo de France’ bien connu.

Keith Keppel a une explication lumineuse du phénomène : « Le bleu, pigment anthocyanique, est contrôlé par un gène ou un ensemlble de gènes. Le jaune, pigment caroténoïde, par une autre série de gènes.La situation idéale peut se produire si vous pouvez prendre un amoena inversé (pétales bleus, sépales blancs) et le superposer à un amoena jaune (pétales blancs, sépales jaunes). Ce n'est malheureusement pas simple, car il y a beaucoup de facteurs qui interviennent. Les amoenas jaunes ont souvent beaucoup de jaune qui déborde vers les côtes des pétales. Ils contiennent aussi souvent un inhibiteur de la production d'anthocyanine qui va ternir le bleu de l'amoena bleu inversé. Tous débordements dans le système des couleurs va avoir pour effet de créer un mélange, le plus souvent vers le gris ou un crme ou jaune verdâtre. Les pétales bleus vont tendre à devenir d'un bleu plus foncé au centre plutôt que d'un bleu uniforme. Le jaune des sépales va être plus intense aux épaules. Il faut donc nécessairement sélectionner les semis qui montrent la démarcation des couleurs la plus nette de même que ceux qui ont la plus uniforme application des couleurs. » Keith Keppel propose un autre exemple : 'Party's Over' (D. Meek, 2005)(1). « C'est l'un des premiers et des meilleurs du genre. Notons qu'il est issu de 'Champagne Frost', pétales blanc bleuté légèrement infus de rose, avec des sépales pèche. Quand, lors d'un croisement, le facteur mandarine se trouve délayé, le rose devient jaune. C'est pourquoi 'Champagne Frost' est plutôt à considérer en hybridation comme un amoena jaune. » 

K. Keppel a réalisé un croisement de 'Alpenview', amoena bleu inversé, par 'Party's Over', numéroté 07-21, qui a donné naissance, explique-t-il, à : « un premier semis où les couleurs sont assez régulièrement réparties, mais où les traces de bleu dans les sépales donnent une teinte d'un vert sale. Un second semis ressemble davantage à 'Party's Over' mais le jaune des sépales n'est pas assez vif pour en faire quelque chose d'unique. Bref il reste du pain sur la planche ! » 

Ne doutons pas de la perspicacité et de la persévérance des hybrideurs pour nous donner un jour prochain un de ces « variegatas inversés » aux couleurs nettes et bien tranchées.

(1) pedigree = (Color Magician X Champagne Frost) – par 'Color Magician' c'est un descendant de 'Condottiere'. 

 Illustrations : 


 'City of Lincoln' 


'Swedish Modern'


'Gambling Man' 


'Party's Over'