12.9.14

ROSES DE FRANCE

Les iris roses semblent être les préférés des Français. Du moins cela ressortait-il d'une enquête que j'ai menée il y a une dizaine d'année pour le revue « Iris et Bulbeuses ». Depuis, bien des choses se sont produites et il est possible qu'un nouveau sondage fasse apparaître de nouvelles préférences. Un de ces événements nouveaux survenus ces dernières années a été l'explosion du nombre des enregistrements d'iris obtenus par des hybrideurs français. Ce phénomène tout à fait réjouissant, a mis sur le marché une quantité de nouvelles variétés, bien hexagonales, dont beaucoup de fleurs roses, ce qui tendrait à prouver que les iris roses continuent d'avoir du succès. J'ai voulu savoir si des liens particuliers réunissaient ces diverses variétés provenant de toutes les régions et émanant de gens qui n'avaient pas forcément de relations entre eux.

L'histoire a commencé avec Jean Cayeux. Ce qui pourrait être son premier iris rose a été le très connu 'Madame François Debat' (1957). Très banalement, cette variété provient d'un iris jaune primevère, 'Bellerive'  (Clifford Benson, 1949). Elle n'a pas de descendance connue. Elle a été suivie trois ans plus tard par 'Dentelle Rose' (1960), un cultivar d'un rose très pâle, qui fait très « oldies » maintenant. Sa descendance est amusante : deux variétés anecdotiques obtenues en Belgique au début de années 1990, et 'Encore Un', un BB de Monique Anfosso, en 1985. 'Nuage Rose' est aussi un produit de Jean Cayeux, en 1978. Il est décrit comme : « Unicolore rose léger, barbes rose-rouge », et provient de 'Pink Taffeta' (Nate Rudolph, 1965), le triomphateur de la Médaille de Dykes en 1975, utilisé maintes fois en hybridation ('Alizés, 'Cherub's Smile', 'Pink Sleigh', 'Vanity'...), et parent d'un grand nombre de variétés roses. 'Hélène C.' (1974) est encore un semis de Jean Cayeux, plus rouge magenta que rose, mais qui a une descendance rose dont on va parler un peu plus loin.

'La Belle Aude', est une obtention de Jean Ségui, en 1982. Il descend du rose le plus soutenu de son époque, 'One Desire' (Shoop, 1960). Il a connu une carrière commerciale flatteuse et se trouve toujours dans beaucoup de nos jardins, mais n'a pas inspiré les hybrideurs. Jean Ségui a aussi enregistré 'Aïda Rose', en 1988, qui descend de 'Princess' (1971), l'un des premiers roses de Joseph Gatty.

La génération d'hybrideurs suivante est celle de la famille Anfosso, une famille qui n'a pas négligé les iris roses. Cela a commencé en 1989, avec la sortie de 'Ah, ça Ira' (Pierre Anfosso) et de 'Carmagnole' (Laure Anfosso). La couleur de base provient, pour le premier, de 'Entourage' (Ghio, 1975), et de 'Beverly Sills' (Hager, 1978) pour le second. Même si le rose n'est pas le domaine de prédilection de la famille Anfosso, trois autres variétés vont apparaître : 'Riviera Stop' (Pierre Anfosso, 1990), une très jolie fleur, 'Flûte Enchantée' (Laure Anfosso, 1991), frère de semis de 'Carmagnole', puis 'Paris-Paris' (Pierre-Christian Anfosso, 1995), issu de Pink Sleigh X Paradise. Ce 'Paradise' (1979) est un nouveau rose de Gatty dont le 'Princess' a été évoqué ci-dessus.

C'est au tour de Richard Cayeux d'entrer en scène. Il aborde le domaine des roses avec 'Starlette Rose' (1996), fils de 'Playgirl' (Gatty, 1975). Il enregistre l'année suivante 'Buisson de Roses' (1997), enfant de 'Paradise' déjà cité, et de 'Hélène C.' 'La Vie en Rose' (1999) vient ensuite. Un nouvel iris de Gatty fait avec lui son apparition dans le panel des parents : 'Eden' (1982), associé à 'Hélène C.' 'Succès Fou' (2000) associe un frère de semis de 'Buisson de Roses' et 'Coming Up Roses' (Gatty, 1991).

Dans le même temps, Lawrence Ransom, franc-tireur particulièrement talentueux, propose 'Desiris' (1994), enfant de 'Beverly Sills', qui sera le parent femelle de 'Sensuelle' (2000) et de 'Gladys Clarke' (2000), deux iris à la limite du rose et du pêche.

Il faut quitter à présent le cercle des « professionnels » pour aller vers celui des « amateurs ». A commencer par Gérard Madoré. Le rose est, avec l'orange, la couleur favorite de l'obtenteur breton. Il a produit une dizaine de variétés, pas toutes enregistrées malheureusement, qui découlent de la sûreté de son goût et de son art des croisements. Pour ne pas surcharger cet article je n'en citerai que quatre : 'Ploumanac'h' (2005), particulièrement réussi, 'Poul-Fetan' (NR, circa 2005), rose pur, 'Rostudel' (NR, circa 2005) et mon préféré 'Rosmalo' (2007), rose clair à barbes blanches, descendant de 'Buisson de Roses'.

Isolé dans ses Cévennes, Clément Murati travaille sans contacts avec ses confrères. Il a enregistré quatre variétés roses dont on ne sait pas grand chose, faute d'avoir pu les observer : 'Rêve en Rose' (2008), 'Rose d'Arphy' (2008), 'Danse Ballerine' (2011) et 'Just for Me' (2012).

Dans la production de Rose-Linda Vasquez-Poupin, l'autodidacte provençale, j'ai relevé deux iris roses : 'Nacré' (2009), plutôt beige rosé, et 'Orane' (2009) bien rose, celui-ci, issu de 'La Vie en Rose'.

Pour en finir avec le sujet, revenons chez Richard Cayeux pour jeter un œil sur ses derniers cultivars roses. 'Je l'Adore' (2006), de 'Buisson de Roses', et 'Sandro' (2007) sont un peu passés inaperçus, 'Caprice de Star' (2011) rassemble deux grands roses archi-connus : 'Happenstance' et 'La Vie en Rose' ; 'Subtilité' (2014) vient de faire son apparition.

 Peut-on tirer un enseignement quelconque de toute cette liste de roses français ? Oui. On note en effet une présence dominante des variétés roses de Joseph Gatty. Il faut dire que celles-ci sont devenues des classiques appréciés partout dans le monde et abondamment utilisés en hybridation. Les confrères de Richard Cayeux ont utilisé avec succès ses splendides roses des années 1990. Ils ont été bien inspirés.

D'autres roses viendront. Il y a tant maintenant d'hybrideurs dans notre pays qu'on peut s'attendre à découvrir bien des merveilles.

Illustrations : 


'Flûte Enchantée' 


'Buisson de Roses' 


'Desiris' 


'Rosmalo'

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