17.1.14

LE TROISIÈME MONDE Deuxième partie

On a évoqué la Nouvelle-Zélande qui a pris rang parmi les pays d’iris à partir des années 1940. On va parler maintenant de l’Australie.

Cette partie du monde n’a véritablement commencé à se faire connaître des amateurs d'iris qu’à partir de 1960, mais elle y a rapidement pris une place prépondérante. Les noms de John Baldwin, Robert Harding ou Leslie Donnell ne sont pas étrangers aux collectionneurs français. Ce sont des obtenteurs semi-professionnels qui ont eu leur moment de célébrité entre 1960 et 1990. De John Balwin on connaît ‘Jolimont’ (1989) qui a remporté la Dykes Medal of Australasia l’année de son enregistrement, et peut-être encore mieux ‘Como Queen’ (1977) que l’on trouve toujours dans quelques jardins européens. Robert Harding a fait sensation en 1986 avec ‘Penchant’ qui a été qualifié de nouveau ‘Babbling Brook’, mais son meilleur iris est sans doute ‘Pemcaw » (1994), en blanc pur. Leslie Donnell est encore mieux connu chez nous parce qu’il a été distingué par deux fois à Florence. D’abord avec ‘Light at Eventide’ (1977), classé en numéro 2 en 1976, puis avec ‘Coonalpyn’ (1995) classé n° 3 la même année. Mais son plus joli est peut-être le jaune ‘Marshlight’ de 1983.

Cependant ce ne sont pas ces noms-là qui viennent à l’esprit lorsqu’on évoque l’Australie, mais ceux de Barry Blyth et de Graeme Grosvenor.

Le premier est installé dans le sud du pays, près de Melbourne, le second habite dans la banlieue de Sydney, plus au nord-ouest.

Blyth a commencé son travail d’hybrideur au début des années 1960 et il s’est rapidement imposé dans le monde des iris comme le spécialiste des variétés bicolores. Son nom a fait le tour du monde en même temps que son entreprise prenait de l’extension et atteignait une taille considérable. Elle fait maintenant partie des plus importantes pépinières du monde et chaque année il met sur le marché un grand nombre de nouveautés toutes plus belles les unes que les autres, et, surtout, marquant souvent une étape majeure dans l’évolution de l’hybridation des iris. Depuis très longtemps il s’est donné pour but de parvenir à l’amoena rose parfait et il est effectivement près d’atteindre cette perfection. Au fil de ses innombrables croisements il a obtenu des variétés de tous les modèles et de toutes les couleurs, dont certaines sont devenues mythiques. ‘Cabaret Royale’ (1976), ‘Neutron Dance’ (1987), ‘Electrique’ (1993), ‘Decadence’ (2004) font partie de ces incontournables. Avec plus de 700 variétés enregistrées, son empreinte sur l’horticulture des iris est marquée à jamais : il a rejoint et peut-être dépassé les grands hybrideurs américains comme Paul Cook ou Orville Fay.

Venu un peu plus tard dans le monde des iris, après une carrière de professeur de math, Graeme Grosvenor n’est certainement pas parvenu au niveau de son illustre rival, mais il s’est créé une réputation d’obtenteur inventif et sérieux. Pour qui s’y connaît un peu, ses iris ne ressemblent pas à ceux de Blyth : plus classiques de forme, plus sages de coloris, ils atteignent une sorte de perfection formelle appréciée partout. ‘First Movement’ (1990), ‘Ribands’ (1993), ‘Helen Dawn’ (1998) ou ‘Rusty Taylor’ (2009) sont emblématiques de son style. Si l’on devait faire une comparaison, on pourrait dire que les iris de Grosvenor s’apparentent à ceux de Schreiner aux USA ou de Cayeux en France, alors que ceux de Blyth on beaucoup de points communs avec ceux de Keith Keppel, avec lequel d’ailleurs il partage amitié et complicité.

Dans le sillage de Barry Blyth, certains membres de sa famille se sont essayés à l’hybridation (un peu comme dans la famille Anfosso, en France) avec un réel succès. Notamment Lesley Blyth, première épouse du maître, ou son fils Timothy.

 Les deux majors australiens atteignent un âge respectable. D’autres hybrideurs, plus jeunes, apparaissent dans leur paysage. Ils sont loin d’avoir atteint la renommée des deux champions, mais ils ont encore le temps de faire leur trou ! Kevin Nilsen, a enregistré une cinquantaine de grands iris dans les années 1990, mais a disparu. Sue Stribley a fait son apparition au début des années 2000 ; elle a maintenant une trentaine de variétés à son compteur. Ann Head et Colleen Modra, deux voisines, de la région d’Adélaïde, se sont lancées récemment dans le grand bain –voir le ‘Foxymoron’ de C. Modra -.

 Nul ne peut dire ce que sera l’avenir irisarien de l’Australie, mais à l’heure actuelle sa place est au premier rang.

 Et tout ce qui précède ne concerne que les grands iris. Il ne faut pas négliger le fait que l’Australie est avant tout la patrie des iris de Louisiane. Dans ce domaine des personnalités comme John Taylor (beau-frère de G. Grosvenor) et Heather Pryor, ont également atteint le zénith de leur spécialité. On en reparlera un jour dans ces pages.

Illustrations : 


‘Como Queen’ (Baldwin, 1977) 


‘Glamorama’ (Blyth B. 2009) 


‘Rusty Taylor’ (Grosvenor, 2009) 


‘Foxymoron’ (Modra, 2009)

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