5.12.13

DESCRIPTIONS

Deux discussions récentes m’amènent réfléchir sur la fiabilité des descriptions données par les obtenteurs lorsqu’ils font enregistrer une variété.

 Le premier cas concerne une variété récente, ‘Losiny Ostrov’ (Olga Riabykh, 2010). La description donnée est : « S. light red-brown; style arms same, darker midrib; F. red brown, light red-brown rim, white haft marked brown; beards white base, hairs tipped subdued white; ruffled. ». Que l’on peut traduire par : « Pétales brun-rouge clair ; bras des styles identiques, côtes plus sombres ; sépales brun-rouge, bords brun-rouge clair, épaules blanches marquées de brun ; barbe à base blanche, pointes presque blanches ; ondulé. » Le différend tient à la couleur des barbes car la photo fournie par l’obtentrice elle-même laisse à penser que ces barbes sont plutôt de couleur orangée. Qui a tort, qui a raison ? Le meilleur juge serait l’œil de celui qui pourrait examiner la fleur, mais à défaut il faut se contenter d’un point d’interrogation.

En particulier pour les barbes, l’apparence immédiate est dominée par la couleur des pointes des poils, alors que l’obtenteur méticuleux va indiquer en premier celle de leur base. La photo ne saisit pas cette subtilité et peut sembler trompeuse. J’en ai fait maintes fois le constat.

Mais tous les descripteurs ne sont pas d’une précision perfectionniste. Bien des fois ils se contentent de donner les traits généraux. Tel est le cas de la description de ‘Casque d’Or’ (Cayeux, 1957) qui fait l’objet d’une autre discussion sur le forum de « Iris & Bulbeuses ». On ne peut pas être plus concis que celle donnée par la famille Cayeux : « Light-brown self. », autrement dit « unicolore brun clair ». Il semble qu’elle ne corresponde pas à l’apparence de la fleur de la plante que les collectionneurs appellent ‘Casque d’Or ‘, laquelle est plus jaune doré que brun. Une telle concision ne facilite pas l’identification d’une plante qui aurait perdu son nom ! Ce minimalisme est chose courante dans les descriptions des anciennes variétés : il faut attendre les enregistrements postérieurs aux années 1950 pour trouver des descriptions précises, voire pointilleuses.

Il va de soit que trois ou quatre mots ne suffisent pas à donner une image suffisante d’une fleur, c’est pourquoi les détails modernes sont beaucoup plus satisfaisants. Quand ils ne tombent pas dans charabia abscons comme on en rencontre parfois, avec des références à la couleur d’une fleur improbable ou des indications millimétriques sur la largeur des liserés ! (1)

 Sur le même forum de « Iris & Bulbeuses » une question a été posée concernant un code étrange placé dans la description d’une variété ancienne.

Il s’agit d’une application de la « Iris Color Classification » conçue en 1939 par l’AIS pour tenter de réduire la description des couleurs à quelques codes simples. Elle apparaît dans le tableau ci-dessous dans sa version de 1949 (simplifiée par rapport à la précédente).

 OFFICIAL COLOR CLASSIFICATION, 1949 REVISION
COLOR PATTERN
predominant and governing color     self     plicata      bitone     bicolor     neglecta     blend

white                                                W1      W2         W3         W4          W5          W6
violet                                                 V1       V2          V3          V4           V5           V6
blue                                                   B1        B2          B3          B4           B5           B6
green                                                 G1       G2          G3          G4           G5          G6
yellow                                                Y1       Y2          Y3          Y4           Y5          Y6
orange                                               O1       O2          O3          O4          O5          O6
red                                                     R1       R2          R3           R4           R5          R6
black (niger)                                       N1      N2          N3          N4           N5         N6

The background color of the standards determine the color classification, except in the case of plicatas or fancies, when the ground color is taken to be the predominant and governing color. Two color symbols used together designate a mixed color effect. Letters placed after the color symbol mean: P, pale, L, light, F, full, D, dark, DD, very dark.             



Elle consiste donc en 5 couleurs prédominantes part de 8 "couleurs prédominantes" qui sont :
Blanc, désigné W
Violet            " V
Bleu              " B
Vert              " G
Jaune            " Y
Orange         " O
Rouge           " R
Noir             " N
et 6 modèles :
 Self désigné   1
Plicata          " 2
Bitone          " 3
Bicolor         " 4
Neglecta       " 5
Blend           " 6

On associe la lettre d'une couleur prédominante et le chiffre d'un modèle. La couleur de base des pétales est déclarée comme étant la couleur prédominante. Deux symboles de couleur utilisés ensemble désignent un mélange de couleur; par ex. VB pour bleu violacé.

La lettre placée derrière le chiffre désignant le modèle signifie :
P= pâle
L= léger (light)
D= profond (deep)
F= total -ou très profond- (full).

Cette codification a été abandonnée dans les années 1960 car son côté schématique s’est révélé inadapté. Tout ceci résume bien la difficulté qu’il y a à vouloir modéliser quelque chose qui relève, avant tout, de la sensibilité du descripteur. La situation actuelle, où chacun procède comme il l’entend, est évidemment plus libérale mais elle se révèle, en fin de compte préférable aux descriptions schématisées. Simplement, comme en toute chose il faut savoir garder la mesure…

(1) Ainsi en est-il de la description donnée par K. Keppel – qui, en l’occurrence, pèche par l'utilisation d'un vocabulaire excessivement spécialisé - pour sa variété ‘Ringtone’ (2010) : 
« S. and style arms golden glow (M&P9-L-6) to goldenrod (10-L-5), faint peach blush more pronounced at base ; F.same, «3/8’’ to ½’’marginal band of kazak (7-L-9) to algerian red (7-L-5) ; beards solid indian orange (1/2- D-12). » 

Qui en effet, en dehors, peut-être, des possesseurs de la charte M&P saura distinguer le rouge kazakh du rouge algérien ?

 Illustrations : 


· ‘Losiny Ostrov’ 


· ‘Casque d’Or’ 


· ‘Ringtone’

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