25.10.13

ECHOS DU MONDE DES IRIS

D’Australie 

 La Médaille de Dykes Australienne, ou ADM (Australasian Dykes Medal) a ceci de particulier qu’elle est trustée depuis de nombreuses années par la famille Grosvenor/Taylor. En 2012 c’est une variété d’iris de Louisiane (LA) de John Taylor qui l’a obtenue : ‘Italian Affair’ (2000). Pour ne pas faire de jaloux ; c’est Graeme Grosvenor qui a obtenu l’ISAM (Iris Society of Australia Medal), - récompense n° 2, qui, si j’ai bien compris, est attribuée à un TB quand c’est un LA qui prend la première place et à un LA quand c’est un TB qui triomphe – pour ‘Star of the Morn’ (2006).

« JAUNES »

Avec la victoire de ‘That’s All Folks’ dans la course à la Dykes Medal, l’année 2013 sera l’année des iris jaunes. C’est le moment de faire un tour parmi les plus belles photos de fleurs, dans tous les tons de jaune. En huit semaines nous pourrons voir quelques-uns des plus beaux jaunes jamais obtenus. 

Cinquième semaine : les improbables 

Maintenant on trouve des obtenteurs d’iris dans des pays où on ne soupçonnerait pas leur présence. Certains travaillent encore « en catimini », n’osant pas enregistrer leur travail (un peu comme on faisait en France il y a encore une vingtaine d’années). Voici quatre photos d’iris d’un peu partout : Lituanie, Slovénie, Ouzbékistan…

 ‘Olu Kauja’ (Laimondis Zakis, NR circa 2010) pedigree non communiqué 


‘Saules Taka’ (Laimondis Zakis, NR circa 2010) pedigree non communiqué 


‘Zlaty Ornat’ (Izidor Golob, Slovénie, 1996) (‘Gala Gown’ x ‘Foxfire’) X ‘Kimba’ 


‘Zolotaya Korona’ (Adolf Volfovitch-Moler, Ouzbékistan, 1998) ‘Deep Fire’ X ‘Christmas Time’ 

LE CHAÎNON MANQUANT

Dans la chaîne des honneurs qui caractérise les récompenses décernées par l’AIS, il y a un chaînon manquant. Il s’agit d’une médaille ou d’une coupe qui reviendrait à la variété ayant obtenu le plus grand nombre de votes pour les Awards of Merit (AM). Exactement l’équivalent de la Walther Cup pour ce qui concerne les HM. Pourquoi cette récompense n’existe-t-elle pas ? Il faudrait le demander aux Américains !

Pour se faire une idée de ce que serait cette récompense, j’ai compilé les résultats des Awards of Merit depuis 2003.

 2003 =
1. ‘Starwoman’ IB (Marky Smith, 1997)
2. ‘Sea Power’ TB (K. Keppel, 1998)
3. ‘Ace’ MTB (Lynda Miller, 1999)

2004 =
1. ‘Golden Panther’ TB (R. Tasco, 2000)
2. ‘Starring’ TB (J. Ghio, 1999)
3. ‘Happenstance’ TB (K. Keppel, 2000)

2005 =
1. ‘Delirium’, IB (Marky Smith, 1999)
2. ‘Somewhat Quirky’ MTB (R. Probst, 1997)
3. ‘Hollywood Nights’ TB (R. Duncan, 2000)

2006 =
1. ‘Cat’s Eye’ SDB (P. Black, 2002)
2. ‘Puddy Tat’ SDB (P. Black, 2002)
3. ‘Maslon’ MTB (D. Spoon, 2002)

2007 =
1. ‘Paul Black’ TB (T. Johnson, 2002)
2. ‘Drama Queen’ TB (K. Keppel, 2002)
3. ‘Slovak Prince’ TB (A. Mego, 2002)

 2008 =
1. ‘Decadence’ TB (B. Blyth, 2001)
2. ‘Tour de France’ TB (K. Keppel, 2003)
3. ‘Oreo’ TB, (K. Keppel, 2003)

2009 =
1. ‘Florentine Silk’ TB (K. Keppel, 2004)
2. ‘Dividing Line’ MTB (C. Bunnell, 2004)
 3. ‘ Plum Querky’ MTB (R. Probst, 2005)

2010 =
1. ‘Bluebeard’s Ghost’ SDB (P. Black, 2006)
 2. ‘Crow’s Feet’ BB (P. Black, 2006)
3. ‘Gypsy Lord’ TB (K. Keppel, 2005)

2011 =
1. ‘Ink Patterns’ TB (T. Johnson, 2007)
2. ‘Money in your Pocket’ TB (P. Black, 2007)
3. ‘Merchant Marine’ TB (K. Keppel, 2006)

2012 =
1. ‘Dazzling’ IB (P. Black, 2008)
2. ‘Eye of the Tiger’ SDB (P. Black, 200)
3. ‘Montmartre’ TB (K. Keppel, 2007)

2013 =
1. ‘Brazilian Art’ TB (K. Keppel, 2008)
2. ‘Star in the Night’ IB (P. Black, 2009)
3. ‘Tobacco Chew’ TB (T. Burseen, 2008)

Première constatation, si les TB se taillent la part du lion (19 cultivars dans la liste ci-dessus), les autres classes sont honorablement représentées, en particulier les MTB qui placent cinq de leurs représentants, et les IB qui l’emportent trois fois, avec seulement quatre représentants.

Deuxième constatation, seulement 14 obtenteurs ont été cités. Dont Keppel, 10 fois sur 33 dont 2 en tête ; et Black (8 fois cité, 3 fois en tête) ; Tom Johnson n’a que deux citations mais a emporte le morceau à chaque fois. Ces trois hybrideurs dominent actuellement la profession, dans toutes les classes d’iris.

Créer une nouvelle médaille ne serait pas une idée farfelue. Elle ne ferait cependant que confirmer ce que l’on sait déjà.

 Illustrations : 


· Tom Johnson, le jeune hybrideur qui pend de l’importance ; 


· Anton Mego, le premier étranger à être cité. 


· ‘Ace’ premier MTB récompensé 


· ‘Star in the Night’ IB récompensé en 2013

19.10.13

ECHOS DU MONDE DES IRIS

De Russie 

L’association russe des amateurs d’iris, qui s’appelait CIS, se nomme à présent ROI (Rossyiskoie Obchtchiestvo Irisa – Société Russe des Iris). Ses dirigeants ont profondément changé et elle devient de plus en plus puissante. Les iris sont devenus un « must » en Russie.


 La région située au pied du Caucase est, évidemment, plus favorable aux iris que les régions plus nordiques. Elle est devenue la deuxième zone de culture de l’iris en Russie et l’influence des hybrideurs qui y sont installés est grandissante. C’est pourquoi un concours d’iris était organisé cette année à Krasnodar (dans la vallée du Kouban, près de la Mer Noire), animé par Vladimir Osipenko. En voici les résultats :
1 - ‘Losiny Ostrov’ (Riabykh, 2010) – brun à barbes blanches
2 – ‘Rosovy Slon’ (Loktev, 2009) – rose, barbes crème
3 – ‘Khorovod’ (Volovik, 2009) – blanc, fin liseré violet sur les sépales

L’importation d’iris en provenance de Russie est une opération compliquée et hasardeuse. Néanmoins quelques collectionneurs français ont tenté le coup cette année. Les plantes sont arrivées après un très long voyage et dans un état inquiétant. La prochaine floraison dira si l’expérience valait la peine d’être tentée. Les iris qui fleuriront devraient en tout cas nous donner une idée de la valeur de ces plantes dont les photos sont flatteuses mais dont les qualités sont inconnues.

« JAUNES »

Avec la victoire de ‘That’s All Folks’ dans la course à la Dykes Medal, l’année 2013 sera l’année des iris jaunes. C’est le moment de faire un tour parmi les plus belles photos de fleurs, dans tous les tons de jaune. En huit semaines nous pourrons voir quelques-uns des plus beaux jaunes jamais obtenus.

Quatrième semaine : Russie et Ukraine

Il n’y a pas vingt ans que Russes et Ukrainiens se sont lancés dans l’hybridation des iris. Mais ils la pratique maintenant à grande échelle. Le seul ennui, c’est qu’il est très difficile de donner un avis objectif sur cette production puisqu’il est presque impossible de voir ces fleurs autrement qu’en allant sur place !


‘Fedor Chaliapin’ (Miroshnichenko, NR circa 2000) pedigree non communiqué 


‘Sontse Kupajetsia’ (I. Khorosh, 2008) ‘Buisson de Roses’ X ‘Temple Gold’ 


‘Gorod Solntsa’ (S. Loktev, 2004) (‘Wedding Candles’ x ‘Pledge Allegiance’) X ‘Pu Abi’ 


‘Limpopo’ (Kolesnikov, 2010) ‘Kauai Gold’ X ‘Fancy a Flutter’

MARYOTT ET LES IRIS JAUNES

L’attribution de la Médaille de Dykes 2013 à ‘That’s All Folks’ (Maryott, 2004) a attiré l’attention sur un obtenteur discret, qui a commencé sa carrière au début des années 80 et l’a poursuivie jusqu’en 2004. A partir de cette date il s’est orienté plus nettement vers les hémérocalles, et son site ne parle plus d’iris aujourd’hui.

Discret, peut-être, mais sûrement pas insignifiant ! Nombre de ses variétés ont atteint le niveau AM dans la course aux honneurs, et certaines ont obtenu un succès assez considérable auprès des amateurs. ‘Glistening Icicle’ (1982), ‘Hindenburg’ (1982), ‘Witches’ Sabbath’ (1982), ‘Oktoberfest’ (1985), ‘Austrian Garnets’ (1991), ‘Debrenee’ (1994), ‘Barbara My Love’ (1998) sont autant de noms qui disent quelque chose aux amateurs d’iris, partout dans le monde. A ces variétés célèbres, il faut ajouter un certain nombre d’iris jaunes, parmi lesquels ‘That’s All Folks’ n’a, à mon avis, pas plus d’intérêt que plusieurs autres. Mais la chance est aussi intervenue.

Tout au long de sa carrière William Maryott a proposé des variétés dans les tons de jaune. J’en ai compté seize, sur un total de 155. Cette couleur n’est donc pas chez lui la plus importante, mais elle tient quand même une bonne place.

La première variété à signaler est ‘Bengal Tiger’ (1980), jaune veinée d’acajou sur les sépales. Un paquet important est apparu un peu plus tard, en 1986 :

· ‘Bernice Roe’ : (Misty Moonscape x Roe sdlg.) X (Vernal Falls x White Lightning) = amoena jaune ;
· ‘Frosted Buttercup’ : Tranquil Star X (Misty Moonscape x (Misty Moonscape x sdlg.)) = amoena jaune;
· ‘Grecian Goddess’ : Goddess X Generosity = du modèle « Joyce Terry » ;
· ‘Radiant Energy’ : ((Shining Light x Honey Rae) x (Gypsy Belle x Victorian Days)) X Hindenburg = unicolore jaune vif.

Ensuite est apparu ‘Lemon Fever’ (1988), ((Carved Cameo x Wings of Dreams) x (Entourage x Homecoming Queen)) X Radiant Energy sib, autre bicolore façon « Joyce Terry », c’est à dire avec pétales jaunes et sépales blancs cerclés du jaune des pétales. En 1989 c’est une des plus grandes réussites qui a été enregistrée : ‘Pure as Gold’, Radiant Energy X Sound of Gold, qui a obtenu un AM en 1999. En 1990, c’est le tour d’un intéressant amoena jaune pâle, ‘Lucky Lemon’ : Frosted Buttercup sib, X Frosted Buttercup. Le jaune de 1991 s’appelle ‘Risen Star’, Radiant Energy X Sound of Gold (donc frère de semis de ‘Pure as Gold), qui se présente dans le même modèle que ‘That’s All Folks’ ; il est accompagné de ‘Wings of Gold’, Alpine Journey X (Tranquil Star x Frosted Buttercup), amoena jaune d’or. Avec ‘Sunny Bubbles’, en 1991, Radiant Energy X Blowtorch on revient au modèle avec spot blanc sous les barbes.

Rien à déclarer en 1993, mais en 1994 sont venus s’ajouter à la liste ‘Sunmaster’, Lemon Fever X Blowtorch, analogue au précédent, et ‘It’s Magic’, son frère de semis, très voisin mais agrémenté d’éperons blancs au bout des barbes.

La production ralentit par la suite. Il faut attendre 1998 pour découvrir ‘Warm Wishes’, Sunny Bubbles X (Honey Crunch x Juan Valdes), jaune vif, dégradé de blanc sous les barbes, puis 2003 pour ‘Pure and Simple’, Barbara my Love X semis Ghio, « Joyce Terry » moderne.

Et le petit dernier, c’est le champion d’aujourd’hui, ‘That’s All Folks’, Barbara My Love X semis Ghio, comme le précédent, qui est le couronnement de la vie iridophilique de leur obtenteur. Ce cultivar n’a rien de révolutionnaire, j’ai même lu que certains s’en sont étonnés. Mais les critères retenus pour récompenser un iris tiennent compte de toutes ses caractéristiques, parmi lesquelles la couleur ou le modèle ne sont pas prééminents. ‘That’s All Folks’ est une plante superbe qui ne brille certes pas par l’originalité, mais qui rappelle aux irisariens qu’un iris classique peut toujours être un bon iris.

Illustrations : 


· ‘Witches’ Sabbath’ 


· ‘Bengal Tiger’ 


· ‘Risen Star’ 


· ‘It’s Magic’

11.10.13

« JAUNES »

Avec la victoire de ‘That’s All Folks’ dans la course à la Dykes Medal, l’année 2013 sera l’année des iris jaunes. C’est le moment de faire un tour parmi les plus belles photos de fleurs, dans tous les tons de jaune. En huit semaines nous pourrons voir quelques-uns des plus beaux jaunes jamais obtenus. 

Troisième semaine : du bout du monde 

Ce n’est pas vraiment la tasse de thé des hybrideurs de l’hémisphère sud, mais on trouve chez Blyth et chez Grosvenor quelques beaux iris jaunes.


 ‘House Guest’ (B. Blyth, 2004) (('All Silent' sib, x 'Goldie the Pirate' sib) x 'Natural Grace' sib) X ( ('Over The Blues' x 'China Walk') x 'Street Talk' sib). 


‘Saffron Drift’ Blyth B., 2011) ‘That’s All Folks’ X ‘Treasure Trader’ 


‘Sunshine Status’ (Grosvenor, 1999) ‘Dance Man’ X ‘Bogota’ 


‘Zillionnaire’ (Blyth B., 1996) ‘Dance Man’ X ‘Rembrandt Magic’

‘ZANTHA’

le « jaune » universel 

Le jaune est à l’honneur cette année. A côté de la série « JAUNES » qui succède à la série « ROUGES » qui vient de se terminer, cette « Fleur du Mois » est consacrée à une variété jaune universellement connue, et peut-être la variété la plus répandue dans le monde.

‘Zantha’ n’est plus de première jeunesse, mais il est toujours présent dans de nombreux jardins privés et dans une multitude jardins publics. En effet, parmi ceux-ci, beaucoup de services « Parcs et Jardins », pas forcément attirés par la nouveauté, continuent de planter ce ‘Zantha’ en larges massifs. Il est vrai que c’est un iris qui fait de l’effet. Ses larges fleurs d’un jaune éclatant donnent de la couleur aux espaces verts municipaux, sans soucis pour les jardiniers car elles poussent avec vigueur et ne sont jamais malades. Et puis le public, trop souvent ignare en matière de fleurs, ne remarque pas l’apparence vieillotte qui saute aux yeux de l’amateur averti.

‘Zantha’ a été enregistré par Orville Fay en 1947. Comme toujours chez cet hybrideur majeur, il a sélectionné une plante de toute première qualité et de tout repos pour son détenteur. La couleur est franche, brillante, les barbes mandarine avivent l’ensemble. L’iris est solide, vigoureux, plutôt hâtif, en capacité de garnir une bordure en peu de temps. Dès son apparition il a retenu l’attention des juges qui lui ont accordé une HM et la President’s Cup dès 1947 – l’année même son enregistrement – et un AM en 1952. Parallèlement le succès commercial en a fait une variété très vite archi-connue.

Il faut dire qu’au moment de sa mise sur le marché les bons iris jaunes n’étaient pas nombreux. L’obtention du jaune pur a été une opération très lente et difficile. Mais au cours des années 1940, la recherche de l’iris jaune a atteint une sorte de perfection aux Etats-Unis. Elle a utilisé les deux voies déjà explorées, en y ajoutant les mérites d’autres apparitions de la couleur dans des lignées qui ne lui étaient pas spécialement dédiées. Ce fut le cas, en particulier, de ‘Ola Kala’ (J. Sass, 1941), dont la renommée est vite devenue mondiale, ou de ‘Golden Eagle’ (Hall, 1942), lointain rejeton de ‘W.R. Dykes’. Zantha fait partie des descendants de ce fameux ‘W.R. Dykes’, par l’intermédiaire de ‘Golden Hind’ (Chadburn, 1931), ‘Lady Paramount’ (White, 1934), ‘Crown of Gold’ (Hall, 1940) et ‘Gold Medal’ (Fay, 1944). On suit, par ce cheminement, l’amélioration des qualités d’une couleur déjà bien nette chez ‘Golden Hind’ (ce n’est pas pour rien que cette variété a obtenu la Médaille de Dykes britannique en 1934 !), et ‘Lady Paramount’.

On compte une trentaine de descendants officiels de ‘Zantha’. C’est peu pour une variété aussi répandue. Peu de grands hybrideurs se sont intéressés à lui comme géniteur. On peut citer cependant Steve Varner (‘Illini Gold’, 1955) et l’inévitable maison Schreiner (‘Gold Piece’, 1958).

On n’est pas près d’oublier l’existence de ‘Zantha’, tant cette variété est présente à travers le monde. C’est un formidable succès pour ce grand obtenteur que fut Orville Fay.

Illustrations : 


· ‘Zantha’ ; 


· ‘Golden Hind’ ; 


· ‘Lady Paramount’ 


· ‘Gold Piece’

DU CÔTÉ DE CHEZ STERLING

Sterling Innerst, puisque c’est de lui dont il s’agit, est vénéré par les irisariens de la côte Est des USA dont il était originaire et où il a vécu, à Dover, en Pennsylvanie. Il est vrai qu’il a fait dans le monde des iris une carrière remarquable, diversifiée, et honorée d’une Médaille de Dykes pour ‘Before the Storm’, ce qui n’est pas rien. Il a enregistré plus de 200 variétés, dans à peu près toutes les catégories, mais en majorité dans celles des iris barbus, grands et médians. Un de ses admirateurs est Greg Hodgkinson, de Hannover (PA), qui, de plus, réalise de jolies photos. Alors que je regardais celles-ci, j’ai été attiré par l’existence, chez S. Innerst, d’un modèle de plicata dont on peut dire qu’il s’est fait une spécialité.
Le modèle de base qui est, en quelque sorte le point de départ d’une série composée d’une dizaine de variétés, s’appelle ‘Point Made’ (1987). Il est décrit comme ceci :
TB, 32" (81 cm), E-M. Pétales bronze doré ; Sépales blanc crémeux, recouvert et liserés de points de couleur prune noirâtre ; barbes bronze-prune ; léger parfum doux. Burgundy Brown X Spinning Wheel.

 Le croisement initial est donc celui de ‘Burgundy Brown’ (Gibson, 1978) par le fameux ‘Spinning Wheel’. ‘Burgundy Brown’ se présente comme un plicata très classique, de couleur prune sur fond blanc crémeux. C’est ce fond crémeux qui fait paraître un peu violacé l’application des pigments anthocyaniques de la couverture. ‘Spinning Wheel’ (Nearpass, 1974) a fait l’objet de nombreuses études car il est l’archétype des plicatas aux pétales clairs. ‘Point Made’ est, en quelque sorte, l’addition des dispositions de ses deux parents. Le jaune bronze des pétales est issu de ‘Burgundy Brown’, de même que le brun violacé qui parcourt les sépales ; le côté bicolore est un héritage de ‘Spinning Wheel’.

 En inversant le croisement, Innerst a obtenu ‘Instructor’ (1986) qui ressemble beaucoup à son cousin, avec une forme sans doute un peu moins achevée. Ses descendants sont assez peu nombreux et n’ont pas donné les mêmes résultats que ceux de ‘Point Made’.

Pour parfaire son projet Innerst a utilisé une autre variété bronze de Jim Gibson, ‘Osage Buff’ (1972). Il en a obtenu tout d’abord ‘Handsome’ (1986) mais, à mon avis, ce résultat n’est pas foncièrement différent du précédent. La bonne vieille méthode de l’endogamie a permis d’apporter un peu plus de contraste, comme on le constate dans ‘Ominous Stranger’ (1994), association de ‘Point Made’ et d’un de ses frères de semis, et dans ‘Aggressively Forward’ (1995), qui est un mariage de ‘Handsome’ et de ‘Point Made’.

Dans tout ce travail Sterling Innerst a montré qu’il avait de la suite dans les idées car dès 1981 il avait enregistré une variété, issue d’une autre ligne de recherche qui présentait déjà des caractéristiques voisines : ‘Colortrak’, (Colortart X Caramba) où le fond jaune était extrait de ‘Caramba’ (Keppel, 1975). En 1983, une autre tentative avait donné ‘Sterling Prince’, provenant d’un croisement utilisant un autre iris Keppel, ‘Flamenco’ (1977) pour la base jaune. Cette variété avait eu la chance d’attirer l’attention des juges florentins qui lui ont donné la troisième place au concours de 1987. Ses couleurs cependant paraissent un peu ternes.

Pour bien faire il faudrait aussi parler d’autres essais ou expériences comme ceux qui ont abouti à ‘Tennessee Woman’ (1989) et ‘Tennessee Gentleman’ (1989) ou à ‘Exactitude’ (1996). Tous ces iris ont indéniablement un air de famille qui fait que, quand on les observe, on se dit qu’on est bien sur le chemin qui va du côté de chez Sterling.

Illustrations : 



· Burgundy Brown 


· Point Made 


· Ominous Stranger 


· Tennessee Woman

4.10.13

« JAUNES »

Avec la victoire de ‘That’s All Folks’ dans la course à la Dykes Medal, l’année 2013 sera l’année des iris jaunes. C’est le moment de faire un tour parmi les plus belles photos de fleurs, dans tous les tons de jaune. En huit semaines nous pourrons voir quelques-uns des plus beaux jaunes jamais obtenus.

Deuxième semaine : d’Europe 

Depuis que les Européens savent faire des iris, ils ont pris une place importante dans le monde des iris.


‘Sunset Street’ (Krupka, 2003) ‘Howdy Do’ X ‘Rustler’

‘Halberstädter Dom’ (Diedrich, 2002) ‘Esmeralda’ X ‘Martha's Gold’

‘Burka’ (Bianco, 2001) (‘Pink Froth’ x ‘Chinese Treasure’)x(‘Lady Friend’ x(‘Olympiad’ x ‘Undersea Adventure’))

‘Slonce Jazwinu’ (Piatek, 2009) ‘Fireside Glow’ X ‘Proud Tradition’

ECHOS DU MONDE DES IRIS

La convention de Dallas 

La traditionnelle grand’messe de l’AIS s’est tenue cette année à Dallas (Texas). Le héros en a été l’enfant du pays, Tom Burseen. Le critérium qui a lieu à l’occasion de cette assemblée générale a couronné les variétés suivantes :

· President’s Cup (pour une variété originaire de la Région organisatrice) = ‘Notta Lemon’ (Burseen, 2010) 

· Franklin-Cook Cup (pour une variété obtenue ailleurs que dans la Région organisatrice = ‘Double Platinum’ (Ghio, 2012)

· Ben Hager Median Cup (pour une variété autre que TB) = ‘Boy Genius’ (Ghio, 2012) 

Beau doublé pour Joë Ghio, obtenteur exceptionnel, mais si peu souvent récompensé.

UN HOMME DE TERRAIN : Bernard « Gus » Schreiner

Dans une entreprise comme la Maison Schreiner, il faut de l’organisation. Les trois enfants de F.X. Schreiner, lorsqu’ils ont repris l’affaire familiale, se sont partagé le travail en fonction de leurs aptitudes et de leurs goûts. Robert a choisi la tâche de manager général ; Connie s’est chargée de la partie administrative ; Bernard, alias Gus, est devenu le jardinier. Cette répartition était si parfaite qu’elle a duré jusqu’à la disparition de chacun des trois, et qu’elle a été reprise ensuite par les héritiers qui continuent le job.

« Gus » est né en 1919, à St Paul, dans le Minnesota. Quand le fondateur de la dynastie, François Xavier, est mort en 1931, il était encore collégien. Il se préparait à entrer dans l’entreprise familiale quand la deuxième guerre mondiale a éclaté. Il s’est engagé dans l’US Air Force et a servi dans les Transmissions, dans le Pacifique.

Il est rentré à la maison et a retrouvé son frère et sa sœur. Ils ont pris la décision de développer l’entreprise, mais pour cela il fallait trouver un site plus favorable que la région de St Paul, dont le climat est trop aléatoire pour garantir une continuité dans la production. La décision a donc été prise de se transférer dans l’Oregon, dans le quartier nord de Salem, là où les iris trouvent les conditions optimales pour leur développement. C’était en 1946. Tout a été transporté : les iris en cours de multiplication, les semis prêts à être mis en vente et ceux en attente de sélection…

Gus a pris la responsabilité de tout ce qui se passe en plein air, et, en particulier, tout le programme d’hybridation. Néanmoins les décisions ayant trait au choix des hybridations à réaliser, puis, ensuite, la sélection des variétés à conserver, sont prise collégialement par les trois frères. C’est pourquoi, dans les enregistrements, on parle de « Schreiners » et non pas de Gus Schreiner.

Les débuts de l’affaire dans sa nouvelle implantation n’ont pas été des plus faciles. Ce n’est qu’en 1958 que les efforts de la famille ont été récompensé par leur première Dykes Medal : ‘Blue Sapphire’. C’est la reconnaissance du travail acharné de Gus Schreiner. Un travail qui sera gratifié par trois Dykes Medals (pour ‘Blue Sapphire’ (1953 – DM 1958), ‘Amethyst Flame’ (1957 – DM 1963), et ‘Stepping Out’ 1964 - DM 1968), de nombreux Awards of Merit, et maintes récompenses étrangères ; de plus, près d’un quart des variétés répertoriées dans le Symposium annuel sont des variétés d’origine Schreiner.

Gus Schreiner est mort en novembre 1982. Les huit récompenses suprêmes reçues postérieurement, qui s’étalent de 1984 à 2003, lui doivent certainement beaucoup, mais il n’était plus là pour en récolter les honneurs.

En raison de son implication dans le travail au jardin, il n’a jamais connu les moments « publics » de l’entreprise familiale, mais son rôle était autrement important que celui de grignoter des petits fours en sirotant une flûte de champagne californien. Ceux qui voulaient le voir devaient s’enfoncer dans les profondeurs de la propriété, sur son lieu de travail. Là ils découvraient un amoureux de la nature, celui grâce à qui la famille Schreiner a bâti la plus importante entreprise du monde des iris et acquis une célébrité mondiale.

Sources : The Historical Iris Preservation Society (HIPS) et le blog de Carlos Ayento « A tribute to Schreiner’s iris garden ». 

Illustrations : 


· ‘Bright Lights’ (1946, année du transfert) ; 


· ‘Blue Sapphire’ ; 


· ‘Amethyst Flame’ ; 


· ‘Stepping Out’.