2.8.13

CE QUE L’ON DOIT AUX ESPÈCES À 48 CHROMOSOMES

Les plus intéressants des iris actuels sont ceux qui font partie de la grande famille de ceux qui comportent 48 chromosomes. Cela concerne non seulement les fameux grands iris barbus (TB), mais également leurs petits frères plus râblés qu’on appelle les iris de bordure (BB), ainsi qu’une partie des iris intermédiaires (IB) et des iris de table (MTB).

 A l’origine les grands iris barbus cultivés en Europe étaient des plantes diploïdes, avec 24 chromosomes, issus essentiellement de croisements plus ou moins spontanés entre les espèces I. pallida et I. variegata. Ces croisements étaient suffisamment naturalisés pour que Linné les considèrent comme une espèce à part et les baptise I. germanica. Pour faire court, c’est de là qu’est partie l’horticulture des iris telle que la concevaient les célèbres Marie Guillaume de Bure ou Jacques Lemon, au XIXeme siècle. Eux puis leurs émules français ou britanniques ont créé dès le début du XXeme siècle une multitude de variétés dans un large éventail de coloris. C’est alors qu’ils ont eu l’idée de combiner ces variétés diploïdes avec des espèces tétraploïdes découvertes au Moyen-Orient. La tâche n’a pas été facile et les résultats souvent décevants jusqu’au jour où, conséquence d’un incident génétique, la tétraploïdie s’est répandue parmi les grands iris jusqu’à supplanter complètement les vieilles variétés diploïdes dont tous les coloris ont fini par être transférés dans les nouveaux hybrides, lesquels ont également développé de nouvelles couleurs ou combinaisons de couleurs. C’est ainsi qu’on a vu apparaître les iris à barbes mandarine, les iris roses ou les iris luminatas…

 Ces grands barbus modernes ont tracé la voie vers les variétés plus basses, fertiles, qui se nomment iris nains standards (SDB) (mais aussi vers les arilbreds.)

Une espèce naine, I. reichenbachii, se rencontre sous les deux formes, diploïde et tétraploïde, cette dernière étant appelée généralement I. balkana. Egalement tétraploïde, I. aphylla a été utilisé en raison d’une part de son aptitude à accroître la saturation et le contraste des couleurs chez les grands iris (TB et BB), d’autre part de développer la fertilité des catégories naines (SDB, MTB). C’est à Ben Hager que l’on doit le développement de ces MTB tétraploïdes dotés de riches couleurs. Il a été suivi en cela par les Craig, Jim et Vicki. Plus récemment, Paul Black puis quelques autres comme Loïc Tasquier ont utilisé cet I. aphylla pour créer une nouvelle catégorie (non encore officialisée) d’iris de taille moyenne, très florifères, et remarquablement adaptés aux petits jardins. De son côté I. reichenbachii a été utilisé par Paul Cook pour créer ‘Progenitor’ qui a lui-même mis en avant le gène dominant à l’origine des iris neglectas, variegatas et amoenas. Parallèlement Joë Ghio a utilisé I. balkana dans le but d’obtenir des couleurs nouvelles chez les bitones et les bicolores.

 Y a-t-il encore du nouveau à attendre des espèces d’iris tétraploïdes ? Les spécialistes de la question pensent que la petite espèce I. schachtii pourrait sans doute être utilisée pour améliorer les tout petits MDB. Il disent aussi que les espèces un peu plus grandes I. junonia et I. purpureobractea pourraient être de quelque utilité, mais cela n’a pas encore été démontré.

On a tendance à penser que les espèces naturelles n’ont plus de rôle à jouer dans l’horticulture moderne. C’est certainement inexact et les quelques observations qui viennent d’être formulées apportent la preuve du contraire.

NDLA : Le présent article est en grande partie une adaptation d’un texte publié par l’Américain Tom Waters dans son blog « Telperion Oasis ». 

Illustrations : 


· I. reichenbachii (Heuffel – 1858) 


· I. aphylla (Linne – 1753) 


· I. balkana (Janka – 1876) 


· I. schachtii (Markgraf – 1957)

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