19.7.13

PLICATAS BY SCHREINER AND KEPPEL

PLICATAS BY SCHREINER AND KEPPEL C’est en écoutant sur Franc-Musique une émission de jazz, où il était question de comparer les styles des saxophonistes Sonny Stitt et Charlie Parker que m’est venue l’idée de risquer une comparaison analogue des plicatas de Robert Schreiner et de Keith Keppel. Deux styles bien différents !

J’ai choisi pour mon propos les plantes des années 1970. Parce que ce fut la période de maturité pour Robert Schreiner, celle où il réussit à obtenir des iris parmi les plus achevés de sa carrière, tout en conduisant à la toute puissance son entreprise commerciale. Pendant la même période, Keith Keppel, encore au début d’une longue et admirable activité, se consacrait essentiellement aux iris plicatas. Voilà pourquoi j’ai choisi d’axer la comparaison sur cette époque et sur ce modèle de fleurs.

Il ne faut pas longtemps pour constater que nos deux obtenteurs ont choisi d’agir dans des domaines différents. Pour en rester à la comparaison jazzistique, je dirais que Schreiner c’est l’improvisation magistrale sur des thèmes connus, telle que celle pratiquée par Sonny Stitt, tandis que Keppel, plus audacieux, explore des régions où son rival ne s’aventure pas ; c’est ce que pouvait faire le grand Charlie « Bird » Parker.

Le catalogue Schreiner de 1970 fait état de deux plicatas très classiques, ‘Dundee’, dans les tons lavande, et ‘Frivolity’ plus chargé et plus foncé. À ces deux-là, au même moment, Keppel oppose un variegata-plicata impeccable : ‘Montage’.

Chez Schreiner, ‘Gigi’, en 1971 présente un plicata limité à un fin liseré autour des tépales, une véritable originalité, à quoi Keppel répond, dans un registre à peine différent, par ‘Soft Touch’, où la couleur ne se tient qu’autour des sépales.

 Au ‘Spreckles’ (Schreiner) de 1972, Keppel n’a encore rien à opposer : ses variegata-plicatas dans la ligne de ce que faisait Jim Gibson, n’apparaîtront qu’à partir de 1975, avec ‘Caramba’, et plus parfaitement encore avec ‘Flamenco’ en 1975. Dès 1973 il propose néanmoins un avant-goût de ce qu’il saura bientôt faire : ‘Limerick’.

1973 va voir chez Schreiner une rafale de plicatas violet/blanc, façon ‘Stepping Out’ : ‘Cracken’, ‘Dancing Beauty’, ‘Light ‘n Gay’ et le fameux ‘Rondo’, le plus vivement coloré de la bande. Tout cela démontre un grand savoir-faire où les teintes sont variées mais où le modèle est parfaitement sage. Dans la production californienne de Keppel ‘Thundercloud’, un peu terne, intermédiaire entre le modèle variegata-plicata et la façon ‘Spinning Wheel’, n’est pas ce que l’on peut trouver de mieux, tout comme ‘Socialite’ qui reproduit le modèle ‘Gigi’ sans originalité : de ce côté, ce n’est pas le meilleur cru.

En 1974 ‘Roundup’ fera apparaître un fond jaune crémeux au lieu du traditionnel fond blanc, ce qui par contre-coup, fait paraître les dessins plicatas non plus violets ou bleus, mais plutôt rose indien. Cela vaudra à cette iris une indéniable célébrité. Schreiner attendra 1975 pour proposer son ‘Showcase’ qui revient sur le modèle de ‘Spreckles’, en moins chargé. La même année la ‘Petite Posy’, gentiment mauve sur blanc, sera complètement éclipsée par le célèbre ‘Loop the Loop’ qui fera le tour du monde.

Schreiner garde la main en 1976 grâce à son ‘Polka Party’, richement ondulé, qui surpasse, à mon avis, ‘Roundup’ dans le coloris grenat sur crème. Quant au ‘Focus’ de Keppel, ce n’est pas celui-là qui marquera l’avenir.

A partir de 1977 le match Stitt/Schreiner vs. Parker/Keppel va tourner à l’avantage de ce dernier, car la production schreinerienne va s’appauvrir, alors que du côté de Keppel elle va prendre un essor remarquable. Les improvisations bien sages de la maison Schreiner vont se traduire par seulement deux variétés en deux ans : ‘Stitch in Time’ (1978) et ‘Touch Up’ (1979), toutes les deux du modèle ‘Gigi’, le premier en bleu, le second en violacé. C’est joli, mais il n’y a rien de révolutionnaire. Comme le jazzman auquel je le compare, Keppel ose prendre des risques. Il propose quatre plicatas en 1977, très différents : ‘Emphasis’, indigo sur fond blanc, du genre classique ; ‘Gentle Rain’, délicat comme son nom, en mauve sur blanc ; ‘Phoenix’, plus audacieux, en prune sur crème ; et surtout ‘Flamenco’, rutilant, à la mode Gibson. Il y aura trois nouveautés en 1978 : les frères de semis ‘Patina’ et ‘Santana’, le premier est la version claire, le second la version enrichie ; et ‘Morocco’, qui continue le modèle Gibson de variegata-plicata richement coloré et de forme délicieuse. En 1979, le festival continue avec trois plantes de grande classe : l’étrange ‘Casbah’ dont on se demande s’il faut le classer dans les plicatas ou dans les luminatas ; ‘Broadway’, le plus achevé de la série de variegata- plicatas, et ‘Woodcraft’, étonnant plicata amarante sur fond crémeux.

Les amateurs de jazz (et de be-bop) admirent Sonny Stitt pour son sens de l’improvisation sur des thèmes de chansonnette. Les plicatas de Schreiner participent du même principe : des modèles sages et qui ont fait leurs preuves, modernisés et parfaitement réalisés. Le génial Charlie Parker emporte les suffrages de ceux qui aiment ses interventions puissantes et risquées. Keith Keppel n’hésite pas à s’aventurer dans des voies nouvelles, ses harmonies audacieuses, ses recherches d’associations nouvelles séduisent ou dérangent, mais, comme les chorus du « bird », ne laissent jamais indifférent.

Illustrations :

· ‘Montage’

· ‘Morocco’

· ‘Frivolity’

· ‘Touch Up’

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