26.7.13

IRIS EN PROVENCE : EXÉGÈSE D’UN CATALOGUE

En feuilletant ma documentation, j’ai remarqué que je possédais tous les catalogues de Iris en Provence, de 1985 à 2005. Vingt ans d’images et de rêves…

 Tous ces catalogues sont, esthétiquement, de petits chefs-d’œuvre qui jouent pleinement leur rôle : donner envie d’acheter ! Il existe beaucoup de catalogues, certains bien modestes, certains plutôt médiocres, d’autres plus ou moins luxueux. Tous reflètent la personnalité de leurs créateurs et leurs orientations commerciales. Les catalogues d’Iris en Provence me semblent les plus proches de la perfection, car non seulement ils sont riches et variés, mais encore ils ont en plus la beauté et même vingt ou trente ans après leur édition, ils restent tentateurs. Tout y est agréable : la typographie, la mise en page, pour le côté visuel ; le choix des variétés, leur description, pour le côté horticole. On sent à tout moment la patte de l’artiste qu’était Pierre Anfosso, leur créateur.

 La typographie :

 Elle n’a que peu évolué car elle était belle dès le départ. Elle n’a changé que trois fois. De 1986 à 1988 le corps des caractères est large et particulièrement lisible ; à partir de 1989 il s’amenuise parce que le contenu s’alourdit et qu’il ne faut pas multiplier le nombre de pages ; la police change au début des années 2000. Cette nouvelle période est sans doute moins agréable à lire.

 La mise en page :

Elle suit à peu près l’évolution de la typo. Dès le départ elle est claire et résolument moderne. Les pages destinées à la présentation des collections promotionnelles sont particulièrement soignées, avec un brin de fantaisie très plaisant. Curieusement elle devient plus sage et plus classique dans la formule des années 2000.

Les photos :

Toujours judicieusement choisies, elles ont quelque fois le tort d’arranger un peu la réalité pour la rendre plus attractive…

La couverture :

C’est là que s’exprime véritablement la fantaisie et la modernité qu’insuffle Pierre Anfosso à son entreprise. Chaque année d’une présentation différente, elle joue avec le graphisme et les couleurs d’une façon très raffinée. Les plus réussies ? A mon avis, celles de 1993, 1997 et 2002.

Les variétés :

Iris en Provence mise sur un renouvellement rapide de l’offre, au risque de frustrer un peu l’amateur qui, ayant fait un choix une année, ne peut bien souvent pas le compléter l’année suivante comme il en avait l’intention. Certaines variétés n’apparaissent que deux ou trois ans. Cela a l’avantage de multiplier les opportunités et d’offrir à tous moments des fleurs modernes et à la mode. Les variétés maison ont évidemment la part belle mais les iris étrangers font partie de meilleurs au monde.

Les descriptions :

Souvent les catalogues adoptent un ton dithyrambique (surtout aux USA !) pour décrire leur offre. La famille Anfosso choisit de mettre l’accent sur l’aspect artistique de la fleur. En témoigne une comparaison, prise dans les catalogues Cayeux et Anfosso de 1994 :

‘Caribbean Dream’ selon Cayeux : « Bleu vraiment bleu au nom évocateur. Larges fleurs rondes de forme parfaite et de ferme substance. Produit souvent plusieurs tiges par rhizome. Le vrai bleu est rare mais Caribbean Dream en est un exemple. Eblouissant. »

‘Caribbean Dream’ selon Iris en Provence : « Aussi limpide que l’eau des Caraïbes. Un iris bleu moyen, très bleu, à fleur ronde et large, ondulée et épaisse et à barbe blanche ; le rhizome porte parfois plusieurs tiges. »

 Les informations sont presque identiques, mais le ton est franchement différent. L’originalité est encore plus sensible lorsqu’il s’agit de décrire les variétés « maison », comme pour le portrait de ‘Douce France’ (P. Anfosso, 1988) : « L’accord bleu-rouge, celui qui se retrouve le plus dans la peinture française. »

 Se plonger de nouveau dans ces catalogues que l’on peut qualifier d’anciens est un moment de bonheur, à savourer paisiblement.

 Illustrations : 

· Couverture du catalogue 1987 (ou comment embellir la réalité) 


· Couverture du catalogue de 1993 


· ‘Caribbean Dream’ (Schreiner, 1990) 


· ‘Douce France’ (P. Anfosso, 1988)

1 commentaire:

Franco Alain a dit…

Merci pour ce bel article !
Pour les curieux, toutes les couvertures sont en ligne sur le blog d'iris-en-provence :