31.5.13

CLASSIQUE ? MODERNE ? Une vieille querelle

Peut-on dire de telle ou telle variété qu’elle est « moderne » ou « classique » ? Qu’est-ce qui peut constituer cette distinction ? Je ne m’étais pas posé ces questions, jusqu’à ce que Lawrence Ransom me fasse part de son désaccord avec les exemples que j’en ai donné dans quelque chronique passée. Je vais donc essayer de préciser ma pensée à ce sujet.

 Les premiers iris cultivés datent des années 1830, mais ne se sont véritablement développés qu’après 1850, et surtout à partir de 1900. Dans ma classification personnelle, les iris antérieurs aux années 1920 sont à considérer comme « iris anciens ». Les iris « classiques » sont apparus ensuite. Ils se divisent en deux sous-classes : les « proto-classiques » et les ‘classiques » à proprement parler. Les « proto-classiques » sont ceux qui sont apparus entre le commencement de la révolution tétraploïde et les débuts des ondulations et des bords dentelés. Grosso modo cela couvre les décennies 1930/40. Viennent ensuite les véritables classiques. Mais mon classement n’est pas seulement un classement chronologique. Il fait appel à des notions très suggestives essentiellement liées à la forme de la fleur, à la tenue des sépales et à la position des pétales. Ce que j’appelle une forme classique exemplaire peut se rencontrer chez les fleurs telles qu’en sélectionne la Maison Schreiner depuis des années. Pas d’excès, pas de fantaisie, mais un produit impeccable, qui plaira à la majorité de la clientèle. Cependant il y a tout de même une certaine évolution : comparez ‘Gingersnap’ (1965) et ‘Fortunate Son’ (2006). A côté de cela il existe des obtenteurs qui sélectionnent des fleurs différentes.

 Avec ‘Bubbling Over’ par exemple, Joë Ghio a choisi quelque chose qui n’est pas classique et que je qualifie donc de « moderne ». Les iris dont les pétales s’écartent ou se dressent à la verticale, oubliant la forme en dôme traditionnelle, sont aussi des iris « modernes », comme ‘Boutefeu’ (Jacob, 2012). Les variétés aux pétales bouillonnés, façon ‘Sea Power’ ou ‘Decadence’ sont à mettre dans le même panier. Voilà ce que j’appelle des iris « modernes ».

 Mais il y a un nombre considérable de variétés dont le rangement dans l’une ou l’autre des classes est absolument subjectif. Par certains traits une fleur peut me paraître « moderne », par d’autres elle peut mériter de se trouver parmi les « classiques ».

 Finalement, effectuer un tel classement n’est qu’une question d’appréciation personnelle. Un iris contemporain, mais issu de variétés anciennes, tout en faisant ressortir des traits qui datent, peut présenter un intérêt qui lui donne toute sa place parmi les modernes. Dans quelle colonne vais-je le placer ? A bien y réfléchir, je me demande si cette classification que j’ai établie dans un souci d’ordre sans doute excessif, n’est pas artificielle. Peut-être serait-il plus simple que je m’en tienne à un ordre purement chronologique. Cela au moins serait indiscutable !

 Illustration : 


· ‘Gingersnap’ (Schreiner, 1965) – variété dite « classique » 

· ‘Bubbling Over (Ghio, 1982) – variété qualifiée de « moderne » 

· ‘Boutefeu’ (Jacob, 2012) – variété qualifiée de « moderne » 

· ‘Sea Power’ (Keppel, 1999) – variété qualifiée de « moderne »

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