31.5.13

MEA CULPA

Sur la foi de je ne sais quelle information j’ai écrit que Lorena Montanari était « italo argentine ». Cette personne me fait savoir qu’elle est exclusivement italienne. Je lui demande pardon de mon erreur.

 Cela devrait me servir de leçon. Je vais m’efforcer d’éviter ces pédanteries qui n’apportent rien à mes propos. Un peu d’humilité ne me fera pas de mal !

ECHOS DU MONDE DES IRIS

George Sutton 

 George Sutton vient de mourir, brusquement, pendant son sommeil. C’est un hybrideur qui n’a pas fait une longue carrière puisque ses premiers enregistrements datent seulement de la fin des années 1980 (‘Cute Orange Horn’ – 1988). C’est aussi un producteur sérieux et un des rares à bien vouloir continuer d’expédier vers l’Europe. Il est bien connu des amateurs français pour son ‘Bye Bye Blues’ (1996), vainqueur du concours FRANCIRIS 2005. Son fils Michael, déjà associé à son entreprise depuis 1994, va continuer les hybridations et l’exploitation de la pépinière, la plus importante de Californie, à Porterville.

 Illustrations : 


· ‘Cute Orange Horns’ 

· ‘Bye Bye Blues’

CALENDRIER RÉPUBLICAIN

XI.      Thermidor

 La chaleur, l’été en général ont donné naissance à une multitude de noms évocateurs. En voici quatre, parmi tant d’autres…


· ‘Podzni Leto’ (Zdenek Seidl, 1997) « Eté Indien » 

 · ‘Summer Song’ (Elizabeth Nesmith, 1948) 

· ‘Summer Sunburst’ (Terry Aitken, 2010) 

· ‘Tropical Fruit' (Paul Black, 1989)

CLASSIQUE ? MODERNE ? Une vieille querelle

Peut-on dire de telle ou telle variété qu’elle est « moderne » ou « classique » ? Qu’est-ce qui peut constituer cette distinction ? Je ne m’étais pas posé ces questions, jusqu’à ce que Lawrence Ransom me fasse part de son désaccord avec les exemples que j’en ai donné dans quelque chronique passée. Je vais donc essayer de préciser ma pensée à ce sujet.

 Les premiers iris cultivés datent des années 1830, mais ne se sont véritablement développés qu’après 1850, et surtout à partir de 1900. Dans ma classification personnelle, les iris antérieurs aux années 1920 sont à considérer comme « iris anciens ». Les iris « classiques » sont apparus ensuite. Ils se divisent en deux sous-classes : les « proto-classiques » et les ‘classiques » à proprement parler. Les « proto-classiques » sont ceux qui sont apparus entre le commencement de la révolution tétraploïde et les débuts des ondulations et des bords dentelés. Grosso modo cela couvre les décennies 1930/40. Viennent ensuite les véritables classiques. Mais mon classement n’est pas seulement un classement chronologique. Il fait appel à des notions très suggestives essentiellement liées à la forme de la fleur, à la tenue des sépales et à la position des pétales. Ce que j’appelle une forme classique exemplaire peut se rencontrer chez les fleurs telles qu’en sélectionne la Maison Schreiner depuis des années. Pas d’excès, pas de fantaisie, mais un produit impeccable, qui plaira à la majorité de la clientèle. Cependant il y a tout de même une certaine évolution : comparez ‘Gingersnap’ (1965) et ‘Fortunate Son’ (2006). A côté de cela il existe des obtenteurs qui sélectionnent des fleurs différentes.

 Avec ‘Bubbling Over’ par exemple, Joë Ghio a choisi quelque chose qui n’est pas classique et que je qualifie donc de « moderne ». Les iris dont les pétales s’écartent ou se dressent à la verticale, oubliant la forme en dôme traditionnelle, sont aussi des iris « modernes », comme ‘Boutefeu’ (Jacob, 2012). Les variétés aux pétales bouillonnés, façon ‘Sea Power’ ou ‘Decadence’ sont à mettre dans le même panier. Voilà ce que j’appelle des iris « modernes ».

 Mais il y a un nombre considérable de variétés dont le rangement dans l’une ou l’autre des classes est absolument subjectif. Par certains traits une fleur peut me paraître « moderne », par d’autres elle peut mériter de se trouver parmi les « classiques ».

 Finalement, effectuer un tel classement n’est qu’une question d’appréciation personnelle. Un iris contemporain, mais issu de variétés anciennes, tout en faisant ressortir des traits qui datent, peut présenter un intérêt qui lui donne toute sa place parmi les modernes. Dans quelle colonne vais-je le placer ? A bien y réfléchir, je me demande si cette classification que j’ai établie dans un souci d’ordre sans doute excessif, n’est pas artificielle. Peut-être serait-il plus simple que je m’en tienne à un ordre purement chronologique. Cela au moins serait indiscutable !

 Illustration : 


· ‘Gingersnap’ (Schreiner, 1965) – variété dite « classique » 

· ‘Bubbling Over (Ghio, 1982) – variété qualifiée de « moderne » 

· ‘Boutefeu’ (Jacob, 2012) – variété qualifiée de « moderne » 

· ‘Sea Power’ (Keppel, 1999) – variété qualifiée de « moderne »

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Chapeau !

 J’ai visité le site de Iris en Provence et j’ai été séduit par les nombreuses nouveautés présentées. Il y a un net renouvellement, avec des variétés européennes et même françaises ! Quelques bugs informatiques devront être corrigés, mais dans l’ensemble, c’est un catalogue très réjouissant.

 Jeunes hybrideurs

 Après une visite chez Iris en Provence, TF 1 a proposé un sujet sur la Maison Bourdillon. Ce fut pour moi l’occasion d’apprendre qu’une troisième génération de Bourdillon se prépare à prendre le relais. Il est de plus fort intéressant que le jeune Nicolas Bourdillon se lance dans l’hybridation, ce que n’ont fait ni son grand-père ni son père. De son côté le fils de Laure Anfosso a repris le flambeau familial et ses premières variétés apparaîtront bientôt sur le marché. Cela fait deux espoirs majeurs pour l’hybridation française.

 Complément d’information : Concorso Firenze 2013

 Florence Darthenay a rapporté de Florence des photos des semis d’Anton Mego, classés 2eme et 3eme au concours 2013, qui ont reçu un nom :


 seedling AM-04/1734-5 (classé 2eme) = ‘Sweet Candy’















 seedling AM-05/1942-2 (classé 3eme) = ‘Classy Lady’

24.5.13

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Florence 2013

 Le concours de Florence 2013 s’est déroulé pendant la semaine du 13 au 18 mai. En voici le palmarès :

 1er Premio Firenze (Florin d’or): ‘Vento di Maggio’ (A.Bianco - 2012)
 2nd : seedling AM-04/1734-5 (A. Mego)
 3eme : seedling AM-05/1942-2 (A. Mego)
4eme : ‘Blue Trill’ (P. Black - 2010)
5eme : ‘Barbablu’ (S. Gigli)
6eme : ‘Vymarna’ (S. Paolin)
7eme : ‘Magnétisme’ (R. Cayeux - 2009)
8eme : ‘Nouvelle Vague’ (R. Cayeux - 2010)
9eme : ‘Calgary’ (T. Johnson - 2010)
10eme : ‘Ballerina’ (L. Montanari) (1)


 Ce succès pour Augusto Bianco vient couronner une longue et belle carrière d’hybdideur. La liste ci-dessus apporte une preuve supplémentaire de ce que les hybrideurs européens ont atteint le niveau international. Quand leurs iris apparaîtront-ils dans les catalogues des grandes pépinières françaises ?



 (1) Le nom de ‘Ballerina’ a déjà été attribué à une variété de D. Hall, en 1950. Il est vraisemblable qu’il ne pourra pas être retenu lors de l’enregistrement de cet iris.

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X .      Messidor

 Autres événements qui inspirent, l’été, les vacances, les blés qui mûrissent sous un soleil doré…


· ‘Days of Summer’ (Tim Stanek, 2001) 

· ‘Gold Country’ (Joseph Ghio, 1987) 

· ‘Sands of Gold’ (Gordon Plough, 1972) 

· ‘Summer Holidays’ (Lloyd Zurbrigg, 1979)

PORTRAIT DE JOSEPH GHIO

Joseph Ghio n’a jusqu’à présent obtenu qu’une seule fois la Médaille de Dykes. C’était en 1980, pour ‘Mystique’, une variété qui avait suscité une admiration générale pour sa couleur bleue unique. Depuis, sa renommée mondiale n’a pas réussi à lui valoir une nouvelle consécration.

Enfant de Santa Cruz, en Californie, sur la côte du Pacifique, au sud-est de San Francisco, il y fut enseignant dans une école de commerce pendant 19 ans avant d’en devenir le maire dans les années 1970. il est d’une famille où l’on aime à cultiver des choses. Pas étonnant donc qu’encore adolescent il se soit intéressé au jardinage. Un jour il a vu dans un magazine une annonce pour une collection d’iris à 5 $ ; admiratif de la variété des couleurs, il a passé commande après avoir tondu maintes pelouses pour se procurer l’argent nécessaire. Cet achat lui est parvenu accompagné d’un catalogue en couleur de chez Shreiner, et Joe a immédiatement passé une autre commande.

 Le printemps suivant, en 1954, il s’est mis à croiser tout et n’importe quoi, comme il dit. « J’étais encore collégien à cette époque ». Mais il s’est assagi et a pratiqué l’hybridation avec de plus en plus de discernement et de plus en plus de succès. D’après lui, ‘Mystique’ est particulièrement intéressant parque c’est l’aboutissement d’une longue lignée suivie à partir de ‘Frosted Starlight’, variété issue d’un croisement réalisé dès sa troisième année de pratique.

 Aujourd’hui, Joe Ghio en est à sa soixantième année d’hybridation ! Il cultive toujours des milliers de nouveaux semis chaque année, et a enregistré pas loin de 900 variétés nouvelles, essentiellement des grands iris et des iris de Californie, catégorie dont il s’est fait une spécialité. Cette masse de nouveaux iris lui a valu de très nombreuses médailles, mais seulement une cinquantaine d’Awards of Merit. Chacun s’accorde à le considérer comme l’un des plus habiles hybrideurs, dans tous les modèles et dans toutes les couleurs. Mais beaucoup d’amateurs reprochent à ses obtentions d’être souvent capricieuses et quelque fois décevantes. Ce sont des iris qui promettent beaucoup, mais qui exigent des conditions de culture délicates et pas toujours à la portée des jardiniers ordinaires. C’est sans doute la conséquence de croisements subtils et astucieux mais affaiblis par des consanguinités répétées. De plus, nées dans la douceur climatique de la baie de San Francisco, ses iris ne s’accommodent pas toujours de conditions moins clémentes. Sont-ce les raisons pour lesquelles les plus hautes récompenses lui échappent depuis si longtemps ? En dehors de la DM de ‘Mystique’, seuls ‘Designer Gown’ (1985) et ‘Starring’ (1999) se sont approché du sommet. A Florence, les conditions climatiques plutôt proches de celles de leur Californie natale, ont sans doute contribué aux belles prestations de ‘Dialogue’ (1973, Florin d’Or 1976), ‘Entourage’ (1977, Florin d’Or 1980), ‘Dignitary’ (1973, 2eme Prix 1980), ‘Haunting Rhapsody’ (1967, 2eme Prix 1971), ‘Ghost Story’ (1975, 3eme Prix 1976) et ‘Intuition’ (1977, 3eme Prix, 1979).

 Joseph Ghio est un hybrideur génial, plus préoccupé sans doute de la beauté de ses produits et de leur originalité que de leurs qualités végétatives, mais qui force néanmoins l’admiration.

 NDLA : D’après un article anonyme publié dans le n° 239 du Bulletin de l’AIS

 Illustrations : 


· ‘Mystique’ 

· ‘Designer Gown’ 

· ‘Frosted Starlight’ 

· ‘Intuition’

17.5.13

ECHOS DU MONDE DES IRIS

TF1

 Le journal de 13H de TF1 du 13 mai 2013 a consacré un sujet de 1’54 aux iris de la famille Anfosso. Toujours aussi charmante, Laure Anfosso a donné quelques explications qui ont été suivies d’un bref exemple de croisement, bien photographié. C’est pourquoi on a envie de dire, comme Cyrano de Bergerac : « Ah, non ! C’est un peu court, jeune homme. »

CALENDRIER RÉPUBLICAIN

IX.     Prairial 

Situé du 20 mai au 18 juin, ce mois révolutionnaire a souvent inspiré les créateurs d’iris. Leurs choix portent à la fois sur les prairies et les céréales encore en vert, et sur le mois de juin lui-même.

 · ‘Going Green’ (Anton Mego, 2008) 
 · ‘Prairie Sunset’ (Hans Sass, 1939) 
 · ‘Silicon Prairie’ (Tim Stanek, 1991) 
 · ‘Vesna Krasna’ (Boris Krasheninnikov, 2006) « Printemps Rouge »

DES DAMES ET DES MÉDAILLES


Actuellement le petit monde des iris est dominé par des hommes. Aux Etats-Unis se sont les noms de Keith Keppel, Paul Black, Tom Johnson, Joë Ghio, Fred Kerr, George et Michael Sutton et quelques autres qui apparaissent le plus souvent en haut de l’affiche. Ailleurs dans le monde ce sont ceux de Barry Blyth, Richard Cayeux ou Augusto Bianco qui viennent spontanément à l’esprit. Et l’on doit aussi compter avec les obtenteurs russes ou ukrainiens qui sont en train de faire leur trou. Mais il n’en a pas toujours été ainsi et à l’âge d’or de l’hybridation, dans les années 1950/1970, plusieurs femmes tenaient le haut du pavé et obtenaient les plus hautes récompenses dans la course aux honneurs.

 La première femme à remporter la Médaille de Dykes est Mary Williamson, en 1940, avec ‘Wabash’ (Williamson, 1936), un iris qui est encore cultivé un peu partout et même proposé à la vente dans certaines jardineries. En fait on dit en général que le récipiendaire de la récompense était E. B. Williamson, le père de Mary, mais celle-ci a revendiqué l’origine de cette superbe variété.

 Dix ans plus tard, c’est Agnes Whiting qui a remporté la DM grâce à ‘Blue Rhythm’ (1945), un iris qui a longtemps été l’un des favoris du public américain et qui a été diffusé partout dans le monde. Un iris qui fut aussi un géniteur largement utilisé puisqu’on lui compte 77 descendants au premier degré ! C’est plus que n’en compte ‘Wabash’, précédemment honoré, qui n’a que 73 descendants enregistrés.

 Ensuite les choses se sont un peu précipitées. En 1957 la médaille a été attribuée à ‘Violet Harmony’ (1948), obtention de Edith Lowry. Ce fut une assez grande surprise car si l’iris est beau et solide, son obtentrice n’a pas une renommée internationale. ‘Violet Harmony’ a recueilli les suffrages de nombreux hybrideurs qui l’ont utilisé dans leurs croisements à 59 reprises. Parmi ces descendants il en est peu qui aient atteint la célébrité, si ce n’est ‘Yakina Blue’ (Schreiner, 1992) qui lui-même a obtenu la fameuse médaille en 2001.

 En 1965 c’est au tour de Neva Sexton de triompher, avec ‘Pacific Panorama’ (1960), un des iris les plus appréciés non seulement à son époque, mais aussi pendant de longues années. Il est à l’origine de 55 semis enregistrés parmi lesquels quelques grandes vedettes comme ‘Navajo Jewel’, Shipshape’ (Babson, 1969 – DM 1974) ou ‘Skylab’. Huit ans plus tard Neva Sexton retrouvera la gloire grâce à ‘New Moon’ (1968). Ce joli jaune citron est un des iris les plus riches en descendance directe, avec 184 petits ! Ceux qui en ont été les principaux utilisateurs furent Joseph Ghio, Bernard Hamner et le clan Schreiner.

 Entre les deux il y eut deux autres dames récompensées. Tout d’abord, en 1967, ce fut Opal Brown, pour ‘Winter Olympics’ (1963), qui est un autre champion de l’hybridation (147 enregistrements au premier degré). Puis en 1971 c’est Madame Kuntz, Lois pour les intimes, une grand-mère américaine, qui aimait les iris et qui, un jour, s'est amusée à semer les graines qu'elle avait récoltées dans son jardin. Au milieu d’un bon nombre d'iris d'un rose délavé, grisâtre, plutôt laids, elle a trouvé une jolie fleur aux pétales jaunes et aux sépales blancs liserés du jaune des pétales, avec une substance solide et résistant aux intempéries; une plante vigoureuse, bien branchue, bref une belle fleur. Mamie Kuntz en parla à des amis, qui répandirent la nouvelle dans le petit monde des iris. Luella Noyd, une obtentrice bien connue, se procura des rhizomes et les multiplia. Elle convainquit Mme Kuntz de faire enregistrer cette variété, et la bonne grand-mère dédia son iris à l'une de ses petites filles, Debby ; ce fut ‘Debby Rairdon’ (1965). Plusieurs hybrideurs s’en sont servis, Joë Ghio, mais aussi Lawrence Ransom, si bien qu’une cinquantaine de variétés en sont directement issues.

 Dernière de la série : Esther Tams. En 1977 son ‘Dream Lover’ (1971) a été couronné. Parmi tous les lauréats de la DM, c’est sans doute l’un de ceux qui ont connu le moins de succès, tant dans les jardins que dans les pépinières où l’on ne connaît que 48 de ses descendants. Curiosité : peu de grands noms de l’hybridation s’en sont servis.

 Il faudra ensuite attendre 31 ans pour voir, en 2008, de nouveau une femme honorée de la DM. Elle sera pour ‘Starwoman’ (Marky Smith, 1997). Non seulement c’est un iris de femme, mais c’est aussi un iris intermédiaire, et le premier de sa catégorie à recevoir la récompense suprême.

 Neuf lauréats seulement, sortis de la main de femmes, ont atteint le plus haut niveau de la course aux honneurs. Finalement, c’est assez peu. Et on ne sait pas quand cela recommencera car il n’y a à l’heure actuelle aucune variété d’essence féminine qui soit en capacité de postuler.

 Illustrations : 
· ‘Wabash’ 


· ‘Dream Lover’ 
· ‘New Moon’ 


· ‘Violet Harmony’ 
· Médaille de Dykes

10.5.13

CALENDRIER RÉPUBLICAIN

VIII. Floréal

 Ce mois-ci n’est pas comme son prédécesseur, une multitude de variétés évoquent les fleurs, sous tous leurs aspects.

 · ‘Brook Flower’ (Schreiner and co, 1973) 


· ‘Fleur de Lumière’ (Alain Chapelle, 2011) 


· ‘Floral Act’ (Graeme Grosvenor’ 1984) 


· ‘Floridor’ (Ferdinand Cayeux, 1927)

FITZ

Lowell Fitz Randolph 


Celui qui fut le neuvième président de l’AIS est toujours considéré avec admiration et respect. C’était le Professeur Lowell F. Randolph, celui que ses amis appelaient familièrement « Fitz ». On peut dire que c’était un « grand monsieur », comme le petit monde des iris n’en a pas connu beaucoup, même si les figures mémorables ne sont pas rares dans ce monde-là. On parle toujours de lui comme d’un scientifique de haut niveau, et certains de ses écrits, dans le domaine de la botanique, de l’horticulture et de l’agriculture sont encore des références.

 Le Professeur Randolph a acquis ses diplômes à l’Université Cornell, dans l’Etat de New York, l’une des plus renommées des Etats-Unis. Il y a poursuivi une carrière d’enseignant, et fut professeur de botanique à partir de 1939. Dans le même temps, et jusqu’en 1947, il se faisait remarquer comme éminent cytologiste au Département de l’Agriculture de l’Administration américaine. Son sujet de prédilection était les origines et l’amélioration du maïs. Ses études scientifiques sur la génétique de cette plante lui ont acquis une renommée internationale et ont abouti au développement d’un maïs tétraploïde et fertile qui a considérablement accru l’importance de cette plante dans l’alimentation de l’humanité. Ajoutons qu’il faisait autorité en matière d’effets des rayons X sur le maïs (et sur d’autres plantes) et que, dans un domaine moins fondamental, il avait une connaissance approfondie de la cytologie des orchidées.

 En ce qui concerne les iris, il a pris la direction du Comité Scientifique de l’AIS au sein duquel, dans les années 1945/46, il a mené un monumental travail de recherche concernant notamment le décompte des chromosomes, la culture des graines in vitro et la classification des iridacées. En ce sens il a contribué largement à la connaissance scientifique du genre. Il a mené plusieurs expéditions à la recherche de nouvelles formes et espèces, en particulier de I. pumila ; il en rapporta aux USA de nouvelles formes dont il expérimenta la culture. On lui doit donc, entre autres, le développement de nos MDB, SDB et IB.

 Par la suite, infatigable, il devint vice-président puis président de l’AIS, fonction qu’il exerça pendant un mandat de 3 ans, de 1960 à 1962.

C’est à peu près la période au cours de laquelle il s’est appliqué à réaliser quelques hybridations, dans toutes les catégories, mais à la manière d’un amateur. La photo ci-jointe de ‘Jessie Viette’ –seule image trouvée – démontre que, en ce domaine, ses résultats ont été moins brillants que dans les autres et aucune des variétés enregistrées n’a particulièrement brillé.

Le Professeur Randolph a laissé une trace primordiale dans le monde agricole. La place qu’il a tenue dans le monde des iris, pour n’avoir évidemment pas la même importance, n’en a pas moins été essentielle.

Illustration : 


- ‘Jessie Viette’ (Randolph, 1960) ((Pinnacle x semis) X Mystic Melody)

3.5.13

LA FLEUR DU MOIS

‘Platinum Class’

 Dans la famille « Fogbound », je demande ‘Platinum Class’ (Blyth, 2006). Je n’ai jamais vu sur le sujet ce ‘Platinum Class’, et c’est peut-être présomptueux de ma part d’en faire ici l’éloge. J’en ai seulement reçu plusieurs photos, de photographes différents – mais excellents – et, à chaque fois, j’ai été séduit. Faisons donc connaissance avec ce bel iris.

 Il est ainsi décrit par son obtenteur : « S. soft pastel lavender, ³⁄8˝ edge of softest creamy pink, bubble ruffled; F. soft lavender as S., slight peach hafts; beards white heavily tipped coral tangerine; slight sweet fragrance. F174-4: (Man About Town x Island Dancer) X Fogbound. » En français, cela donne : « Pétales bleu lavande pastel tendre, bordés sur ½ cm de rose crémeux très doux, très ondulés ; Sépales du même lavande que les pétales, épaules marquées de rose pêche tendre ; barbes blanches se terminant par des pointes orange corail ; léger parfum doux. » Pour la couleur, c’est on ne peut plus exact. Et ce qui fait l’attrait de cette fleur, c’est cette association tout en douceur de bleu lavande et de rose pâle un peu orangé. Les barbes où domine la couleur corail donnent du piquant à l’ensemble. Ce teint de rose, c’est la signature de ’Fogbound’, que l’on retrouve chez la plupart des descendants de cet iris exceptionnel, dont j’ai parlé ici plusieurs fois.

 Le semis qui a été utilisé par Blyth comme parent femelle est une association intéressante de deux fleurs qui sont presque l’inverse l’une de l’autre : ‘Man About Town’ (Blyth, 1998) est une sorte de variegata beige sur vieux-rose ; ‘Island Dancer’ (Shoop, 1991) a des pétales brun clair et des sépales jaune orangé. Ces couleurs n’ont pas directement influencé celles de leur descendant. ‘Fogbound’, amoena inversé dans les tons de bleu pastel et blanc, est une des meilleures réussites de K. Keppel de ces vingt dernières années.

 ‘Platinum Class’ lui-même n’a pas encore de descendant direct connu. En aura-t-il, d’ailleurs, puisqu’en soi il est un aboutissement ? En tout cas Blyth en dit ceci : « ‘Platinum Class’, je l’aime bien, mais il fleurit tard pour nous et j’évite d’utiliser des variétés tardives parce que leurs descendants fleurissent à un moment où il fait trop chaud, ici en Australie et cela ne va pas. On dirait que les fleurs sont passées au micro-onde ! » En revanche il a des frères de semis que Blyth et Keppel ont largement utilisés. En particulier le semis L 304-1 (‘Platinum Class’, c’est L 304-5) qui se retrouve dans une grande partie des semis de Blyth commençant par la lettre V, ainsi que dans quelques autres. Barry Blyth m’a écrit au sujet de cet iris : « Je l’ai beaucoup utilisé en hybridation d’une part parce qu’il est très hâtif, d’autre part parce qu’il pousse remarquablement bien ; il n’est cependant pas parfait, notamment au niveau des épaules. ». Aujourd’hui, il a enregistré huit variétés qui ont ce semis dans leur pedigree. Ces iris font tous partie – sauf un - de la grande famille des variegatas (‘Treasure Trader’ – 2008 - et ‘Lording it’ – 2008 ) ou de ses cousins (‘Cinderella’s Secret’ – 2011 - et ‘Venus Bay’ – 2011). Même chose pour ‘Reckless Abandon’ (Keppel, 2009). Ils ne tiennent pas, physiquement, de ‘L304-1', qui est un amoena très contrasté. Mais on vient de voir que ce n’est pas pour ça qu’il a été utilisé !

 ‘Platinum Class’ joue dans un autre registre. Il donne dans la tendresse et le côté « layette », mais avec une élégance qui en fait une des plus jolies fleurs de ces dernières années, et son côté tardif n’est pas gênant sous nos latitudes où il est bien rare que le mois de mai soit une période de canicule !

 Illustrations : 


- ‘Platinum Class’ 

- ‘Fogbound’ 

- ‘Man About Town’ 

- ‘Island Dancer’ 

- L304-1

CALENDRIER RÉPUBLICAIN

VII. Germinal 

 Des douze noms de mois, celui-ci est le seul qui n’a pas inspiré les baptiseurs d’iris ! Les noms qui suivent n’ont que de lointains rapports avec la germination et les jeunes plantes qui apparaissent au début du printemps.


· ‘New Creation’ (Gary Middleton, 2005) 

· ‘New Leaf’ (Joseph Ghio, 1997) 

· ‘Renewal’ (George Sutton, 2001) 

· ‘Sprinf Fantasy’ (Rick Tasco, 2001)

C'EST LE POMPON

Il y a les roses pompon, les œillets pompon, les dahlias pompon et des tas d’autres fleurs doubles auxquelles le surnom de pompon n’est pas habituellement donné. Mais il n’y a pas encore d’iris pompon. Pas encore ? Voire ! En tout cas il y a des choses qui en prennent le chemin.

 On les a appelés « space age », une dénomination qui date maintenant. On a essayé de les appeler, en latin de sacristie, « rostrata » : c’était plus parlant et mieux dans la note de ce qui se dit en des cas analogues d’apparition d’un nouveau modèle ; il y a les « luminatas », les « glaciatas » et quelques autres de la même eau. Mais le nom – qui n’a pas été inventé par un américain- n’a pas eu de succès… Alors je vais me contenter de « iris à éperons », en bon français !

 Ces iris dotés d’excroissances à l’extrémité des barbes ont été, dès leur apparition, considérés comme la base de futurs iris « flore pleno », autrement dit « à fleurs doubles ». Mais ils sont restés jusqu’à nos jours des iris différents, avec des sépales souvent surchargés de pointes ou de pétaloïdes plus ou moins esthétiques. Pas de véritables fleurs doubles. Au fil des années ces agréments supplémentaires ont gagné en importance et en fiabilité. Dans les premiers temps ils étaient assez médiocres de taille et n’apparaissaient que sur les fleurs de tête, ensuite ils s’amenuisaient au fur et à mesure que la floraison atteignait les corolles inférieures, pour disparaître carrément. Souvent leur présence n’était qu’aléatoire, une année avec, une année sans… Peu à peu cela s’est arrangé. La consistance des appendices s’est accrue ; de gros semi-pétales sont apparus, quelquefois fort disgracieux, quelquefois franchement extravagants, mais jamais encore on ne les a considéré comme de véritables pétaloïdes, et jamais l’aspect global de la fleur n’a donné l’apparence d’un pompon, tout rond et tout sympathique.

 Pourtant quelqu’un, depuis 2004, a peut-être trouvé le chemin qui mène à ce modèle tant recherché. C’est en 2004 que Leonard Jedlicka, au fin fond du Nebraska (l’Etat des USA au climat le plus détestable, polaire l’hiver, tropical l’été) a planté un premier semis dans lequel il avait mis toutes ses espérances de nouveauté. En 2005 ce semis a connu son « maiden bloom », sa première floraison. Leonard Jedlicka écrit à ce propos : « Mon premier pom-pom est apparu en croisant un semis de Leroy Meininger, ‘White Extra’. C’est un iris qui n’a jamais été enregistré à cause de l’étroitesse de ses sépales. Je l’ai conservé. Je l’ai croisé avec ‘Coral Point’, des Sutton. Puis je l’ai recroisé pendant quelques années. » Premier succès, l’iris apparu en 2005 était un vrai gros pompon. Jusque là les différents semis n’avaient pas d’appendices assez denses pour donner l’apparence du pompon, car Jedlicka a constaté que « l’endogamie est nécessaire pour que les gènes de pom-pom deviennent stables. Quand j’ai commencé j’en ai constaté la présence environ tous les trois ans et seulement sur quelques tiges. Au bout de six ans j’ai commencé à avoir quelque chose de fiable : une excroissance dans chaque fleur, et chaque année. » En 2005, ce fut vraiment le pompon. Pour ce faire, Jedlicka considère que : « pour avoir un bon pom-pom on a besoin d’environ cinq ou six appendices empilés les uns sur les autres » sur un même sépale. « Chaque couche se gaufre de plus en plus vers l’intérieur jusqu’à ce qu’une sorte d’œillet de 2,5 cm soit créé. J’en ai vu qui avaient de 2,5 à 4 cm. » Et il continue : « Maintenant je vois plus de six couches d’appendices qui se mélangent. Je peux toujours compter le nombre d’éléments mais on ne peut plus les séparer. Une fois j’ai vu au moins dix couches d’appendices imbriqués les uns dans les autres , on aurait dit les pages d’un livre. »

 Voilà où l’on en est aujourd’hui. Leonard Jedlicka est le seul à avoir parlé de ses travaux sur cette question, mais Tom Burseen, au Texas, a proposé des variétés avec d’importantes excroissances qui peuvent être considérées comme des iris à pompon, et peut-être d’autres obtenteurs, discrets, ont un programme en chantier.

Cela dit, on est encore loin du pompon parfait. Les fleurs actuelles ne ressemblent plus vraiment à des fleurs d’iris, mais ce ne sont pas non plus les pompons que l’on attend. Leur créateur le reconnaît et constate, avec regret, que : « Mes pom-poms présentent un fort pourcentage de fleurs avec des sépales très étroits et les pétales ont tendance à s’ouvrir beaucoup trop. »

 En bon Américain, il est tenace et travailleur, et il continue ses croisements. Mais il se rend compte qu’il ne terminera pas le travail tout seul. C’est pourquoi il met des confrères à contribution pour accélérer l’évolution. « Les progrès viennent lentement » reconnaît-il amèrement.

 Les progrès ? A mon avis, il en faudra, car en l’état, ces fleurs ne me paraissent pas vraiment jolies, au moins inachevées. On peut donc les qualifier d’esquisses, ou, comme en photographie, d’épreuves qu’il va falloir retoucher. Certes ces pompons sont curieux, mais l’aspect général de la fleur n’est pas gracieux, ce qui est pourtant ce que l’on demande en premier lieu à une fleur ! Souhaitons donc à Leonard Jedlicka de réussir dans le défi qu’il a lancé à la nature. S’il parvient à ses fins, il fera partie de ces précurseurs visionnaires et entêtés dont le monde des iris est peuplé.

 Illustrations : 

- ‘White Extra’ (Meininger, NR) ; 

- ‘Coral Point’ (Sutton, 2000) ; 

- Semis corail avec pompon ; 

- Détail d’un pompon.