5.4.13

LE CLUB DES CENT

Le club des cent, c’est une association française de gastronomes, composée essentiellement de gens célèbres qui se réunissent pour déguster de bons repas. Il a été fondé en 1912 et fut un temps présidé par un de mes grands cousins, dont ce fut d’ailleurs le seul titre de gloire. Je me suis dit que l’on pouvait donner le même nom à l’ensemble des iris qui constituent le palmarès du Symposium de l’AIS, établi chaque année, et qui dresse le bilan des variétés préférées des Américains.

 Ce palmarès contient, en 2012, 103 noms, pour tenir compte des ex aequo à la centième place. Ces variétés si populaires sont les obtentions de trent-six hybrideurs seulement, tous américains sauf deux, l’Australien Barry Blyth et le Slovaque Anton Mego, pour un total de trois variétés. Un petit tour parmi ce beau monde donne un aperçu de la popularité des individus, d’un point de vue qui peut être différent de celui des collectionneurs.

 Tout d’abord, évacuons les obtenteurs qui ne sont représentés que par une seule variété. Ils sont au nombre de 15 dont 5 soit n’exercent plus, soit sont décédés. Les dix restants sont pour la plupart des hybrideurs sérieux qui ont eu la chance d’avoir une variété particulièrement appréciée, soit qu’elle ait reçu une récompense gratifiante, soit que le bouche-à-oreille lui ait fait une réputation flatteuse, en général fort méritée d’ailleurs. Dans le premier cas on trouve Bryce Williamson, grâce à ‘Jesse’s Song’ , Sterling Innerst (+) et son ‘Before the Storm’, H.C. Mohr (+) pour ‘Bride’s Halo’ et Walter Luihn (+) pour ‘Song of Norway’ ; toutes variétés honorées d’une Dykes Medal, ce qui confirme que cette distinction est d’une importance considérable au plan commercial . Dans l’autre cas il y a Evelyn Jones et ‘Pond Lily’, Ben Johnson pour ‘Heartstream Strummer’ ou Manley Osborne pour ‘Sky Hooks’, dont le renom à franchi les frontières américaines, mais aussi des outsiders dont les iris sont peu connus chez nous, comme les Cadd et leur ‘Italian Ice’ (présent à FRANCIRIS 2009, mais passé assez inaperçu), Hooker Nichols avec son ‘Boogie Woogie’, ou Ron Mullin pour ‘Barbara Jean’.

 Dans la liste des obtenteurs cités deux fois se rencontrent de grands « anciens » dont les variétés se maintiennent depuis des années dans le classement, et quelques autres que l’on aurait pensé trouver peut-être dans une meilleure place. Parmi les premiers il y a Larry Gaulter ou Lloyd Zurbrigg, parmi les seconds Paul Black et Roger Duncan mais aussi le franc-tireur Tom Burseen.

 Avec trois représentants ne figurent que deux obtenteurs aux destinées bien différentes, tous les deux disparus dans la fleur de l’âge : Monty Byers, le génial hybrideur aux trois DM, ‘Conjuration’, ‘Thornbird’ et ‘Mesmerizer’, et le mal-aimé Richard Ernst, jamais récompensé et présent pour, seulement, ‘Ring Around Rosie’ (46e), ‘Afternoo Delight’ (61e) et ‘Whispering Spirits’ (94e).

 L’étape suivante est taillée pour Larry Lauer et ses ‘Stairway to Eden (DM !) classé 7e, ‘Jurassic Park’ (28e), ‘Boysenberry Buttercup’ (64e) et ‘Peggy Sue’ (89e).

 Joseph Ghio, classe cinq variétés. On est surpris de trouver à ce rang le grand maître qu’est Joe Ghio, car on aurait pu penser qu’un plus grand nombre de variétés se trouveraient classées, et en meilleur rang. Hé bien non, il ne figure que grâce à l’historique ‘Lady Friend’ (32e) ainsi que ‘Starring’ (55e), Exposé (84e), ‘Romantic Evening’ (89e) et ‘Revere’ (89e ea) !

 Il y en a trois autres qui disposent de cinq représentants. Ce sont : Rick Tasco, Ben Hager et Brad Kasperek. C’est flatteur pour le premier qui, chez nous, n’atteint pas une telle notoriété ; c’est juste pour le second qui fut l’un des meilleurs obtenteurs de la seconde moitié du XXe siècle ; c’est surprenant pour le troisième que l’on ne s’attendait pas à trouver en aussi bon rang car les iris à couleurs rubanées, dont il s’est fait une spécialité, n’ont acquis que récemment leur popularité.

 On atteint ensuite le podium. Numéro 3, c’est à dire médaille de bronze à Tom Johnson. Le canadien est justement récompensé ; alors qu’on ne peut pas en dire autant de son compagnon Paul Black dont le rang, 20e, me semble nettement sous-apprécié. Numéro 2 Keith Keppel. Avec 13 représentants, le pape actuel de l’hybridation, est dignement représenté, même si ses variétés classées ne se situent pas dans les toutes premières : le mieux classé, ‘Florentine Silk’, n’est que 8e, ‘Gypsy Lord’ se trouve en 10e position, puis viennent ‘Sea Power’ (16e), ‘Drama Queen’ (19e), ‘Wintry Sky’ (28e), ‘Rustler’ (34e), ‘Happenstance’ (40e), ‘Montmartre’ (51e), ‘Oreo’ (59e), ‘Tour de France’ (64e), ‘Crowned Heads’ (67e), ‘Parisian Dawn’ (94e) et ‘Gitano’ (100e). Le grand vainqueur, médaille d’or si l’on peut dire, est évidemment la Maison Schreiner. Les industriels de l’iris placent 17 de leurs produits dans le paquet de 100, avec cinq vedettes internationales dans le premier quart : ‘Dusky Challenger’, (1er), ‘Silverado’ (10e), ‘Celebration Song’ et ‘Titan’s Glory’ (22e ea) et ‘Hello Darkness’ (24e). D’un point de vue strictement populaire, c’est normal car non seulement les iris Schreiner sont des plantes proches de la perfection, mais encore elles sont tout à fait classiques et par conséquent de nature à ne déplaire à personne ; en plus leur bonne réputation n’est pas nouvelle et elles son très bien commercialisées.

 En résumé la consécration populaire va en priorité aux variétés les plus classiques et aux lauréats de la Dykes Medal. Viennent ensuite des iris de grande qualité qui se rencontrent dans un grand nombre de jardins, ce qui favorise peur citation aux meilleures places.

 Illustrations : 


- ‘Barbara Jean’ (Mullin, 2005) dernier du classement ;

- ‘Italian Ice’ (Cadd,2001) un outsider, classé 40e ;

- ‘Pond Lily’ (Evelyn Jones, 1995)75e, presque inconnu en France ;

- ‘Revere’ (Ghio, 2001) 89e, ce qui n’est pas cher payé.

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