19.4.13

ATTENDRE UN PEU

La semaine prochaine vous ne retrouverez "Irisenligne" que le 30 avril. Pardon !

CALENDRIER RÉPUBLICAIN

Le calendrier « républicain » créé de toute pièce par la Convention en 1792, pour effacer toute trace de l’ancien régime et des allusions au christianisme, n’a vécu que quatorze ans. Mais il est resté bien vivace dans l’esprit des français et tous ceux de mon âge connaissent par cœur les noms des douze mois imaginés par le poète Fabre d’Eglantine. 

 VI. Ventôse

 Parmi les phénomènes météorologiques, le vent est un grand inspirateur des obtenteurs d’iris : ils y font fréquemment allusion.

· ‘Candele al Vento’ (Augusto Bianco, NR)  

· ‘Like the wind’ (Benjamin Hager, 2004) 

· ‘Sous le Vent’ (Luc Bourdillon, NR) 


· ‘Veter Peremen’ (Sergeï Loktev, 2006) « Vent du Changement »

UN NOM A VENDRE ?

Aujourd’hui il est possible de réserver un nom pour une future variété d’iris. C’est une opportunité qui n’est apparue qu’à partir de moment où l’enregistrement des noms est devenu payant.

 L’attribution des noms devient de plus en plus délicate, au fur et a mesure de la multiplication des nouvelles variétés. On a du déjà passer à un maximum de quatre mots par noms et à la possibilité d’utiliser jusqu’à trente lettres ! C’est une conséquence, aussi, de la multiplication des langues utilisées pour attribuer des noms : bien longtemps, en ce domaine, le choix s’est limité aux langues anglaise et française, avec de temps en temps de petites incursions dans une langue moins commune. Mais maintenant on propose des noms exprimés en une grande quantité d’idiomes. Rien que parmi les langues parlées en Europe j’ai trouvé des noms d’iris en anglais et français, bien sûr, mais aussi en letton, polonais, russe, ukrainien, allemand, italien, flamand, espagnol, slovène, slovaque, tchèque, hongrois, et même en breton et en espéranto ! Peut-être même en oublié-je. La vérification de l’application des règles d’attribution est devenue un véritable casse-tête pour le « registrar » américain qui doit leur donner l’imprimatur officiel.

 La multiplication des langues utilisées pose un autre problème, qui est celui des homonymies. Quand un nom a été exprimé en une langue, y-a-t-il homonymie quand le même concept est exprimé dans une autre langue ? Par exemple, le ‘Terra del Fuoco’ d’Augusto Bianco est il l’homonyme du ‘Terre de Feu’ de Richard Cayeux enregistré précédemment ? Et l’on a connu la controverse entre Lawrence Ransom et Lowell Baumunk à propos de ‘Alienor d’Aquitaine’ et de ‘Queen Eleanor of Aquitaine’.

Enfin une autre difficulté peut se faire jour : le « registrar » ne peut évidemment pas connaître toutes les langues du monde. Un obtenteur s’exprimant dans une langue inconnue du « registrar » peut très bien enfreindre une des règles d’attribution : par exemple traduire tout simplement un nom déjà attribué, contrevenant à la règle n° 11, ce qui est déjà souvent le cas aujourd’hui, de sorte que ‘Starlette Rose’ (Cayeux, 1996), n’aurait pas du être accepté puisque existait déjà ‘Pink Starlet’ (Wood, 1993), ou choisir le nom de ‘Meilleur au Monde’, qualificatif outrancier interdit par la règle n° 10, mais difficilement décelable en ouzbek ou en gaélique. De même un mauvais plaisant pourrait attribuer, par malveillance, un nom grossier ou injurieux qui passerait inaperçu sauf des locuteurs de la langue utilisée. Faudrait-il obliger le gardien du temple à utiliser systématiquement le traducteur de Google avant d’avaliser un nouveau nom ? Un solution plus sûre et moins contraignante serait d’exiger de donner dans tous les cas, à côté du nom choisi, sa traduction en anglais.

 On n’est pas arrivé à cette solution et pour l’instant le « registrar » se contente de mesurer la longueur des noms et de veiller à ce que la suite des lettres utilisées dans un nom ne coïncide pas avec celle d’un autre nom déjà attribué ! C’est un aveu d’illettrisme absolument navrant ! Et qui peut aboutir à des situations plutôt surprenantes, comme de choisir volontairement une suite de lettres totalement privée de sens. C'est la solution choisie par une obtentrice allemande, Pia Altenhofer, qui crée des noms dépourvus de sens, par exemple ‘Anagorepta’ (Alttenhofer, 2009) (Burnt Toffee X Test Pattern), mais pour lesquels elle n’a pas, pour l’instant, à craindre qu’ils aient été déjà utilisés ou retenus. Car il n’est dit nulle part qu’un nom doit avoir une quelconque signification, alors !

 Ces quatre paragraphes de digression nous ont éloigné du sujet du jour, les noms à vendre. Revenons-y.

 En effet, il est désormais possible de retenir un nom. C’est a priori une offre intéressante : quand on a eu bien du mal à en trouver un qui plait, il serait dommage de se le faire souffler par quelqu’un de plus pressé ! Du moment qu’on a payé, le nom est réservé. John I. Jones, le « registrar », précise les conditions : « Une réservation est valide pour le reste de l'année où le nom est réservé plus 3 années supplémentaires. (La période d'inscription se termine le 30 novembre de chaque année). Par exemple, si une réservation est faite en février 2013, elle est valide jusqu’au 30 novembre 2016. Un nom peut être renouvelé après expiration de la période de réserve avec le renouvellement du paiement des frais. Une réservation peut être renouvelée autant de fois que l'on veut, tant que les frais sont payés pour chaque renouvellement. » Il ajoute que le nom est réservé pour tout semis appartenant à celui qui l’a fait enregistrer, lequel peut aussi « le donner à quelqu'un qui peut l’utiliser de la même façon. »

 Cette possibilité crée un fait nouveau : si l’on peut en effet faire cadeau d’un nom pré-enregistré, on peut aussi le vendre ! Verra-t-on le monde des iris entrer dans une ère du « tout commerce » où certains feront de l’argent en faisant enregistrer une foule de noms et, quand quelqu’un souhaitera donner véritablement l’un de ces noms, en lui revendant le droit de l’utiliser ? Ce n’est pas inimaginable, mais la période relativement courte pendant laquelle la réservation est valable, de même que l’éthique propre aux irisariens, devraient nous préserver de cette dérive mercantile.

 Quoi qu’il en soit, il y a à l’heure actuelle un grave problème avec les noms de variétés, et il faudra bien un jour que l’AIS se décide à mettre de l’ordre en ce domaine.

 Illustrations : 

- Terre de Feu (Cayeux, 1997) 


- Terra del Fuoco (Bianco, 2005) 

- Pink Starlet (Wood, 1993) 

- Starlette Rose (Cayeux, 1996) 

- Anagorepta (Altenhofer, 2009)

12.4.13

CALENDRIER RÉPUBLICAIN

Le calendrier « républicain » créé de toute pièce par la Convention en 1792, pour effacer toute trace de l’ancien régime et des allusions au christianisme, n’a vécu que quatorze ans. Mais il est resté bien vivace dans l’esprit des français et tous ceux de mon âge connaissent par cœur les noms des douze mois imaginés par le poète Fabre d’Eglantine. 

V. Pluviôse 

Quelle que soit la saison, la pluie vient souvent à l’esprit de ceux qui choisissent le nom des iris. Prenez les quatre qui suivent, par exemple.


· ‘After the Rain’ (Paul Black, 2013) 

· ‘Gentle Rain’ (Keith Keppel, 1977) 

· ‘Silent Rain’ (Tom Burseen, 1997) 


· ‘Tomorrow May Rain’ (Richard Ernst, 1995)

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Made in ailleurs 

Dans les années 1990, quand ma collection d’iris est devenue importante, j’ai été tenté d’aller chercher hors de France les variétés dont je me faisais envie mais que ne proposaient pas, ou pas encore, les pépiniéristes français. C’est ainsi que je me suis procuré des catalogues américains puis ceux d’obtenteurs d’Europe de l’Est qui se lançaient dans l’hybridation et qui s’ouvraient vers l’Ouest avec leur liberté recouvrée.

 Pour rentabiliser les achats, plusieurs amateurs dans mon genre se sont groupés et ont fait venir des iris des USA, d’Italie, d’Australie, de Slovaquie et même d’Ouzbékistan. C’est amusant, quelquefois décevant, mais le plus souvent tout à fait convenable.

 Là aussi les facilités offertes par Internet ont ouvert le champ à la multiplication des commandes à l’étranger. Les jeunes fous d’iris se sont rués sur ce système. Là aussi la SFIB s’est improvisée facilitatrice, toujours pour avoir à offrir un service intéressant à ses adhérents. Les achats internationaux se sont donc structurés et développés, en dépit des tracasseries administratives entravant les échanges avec les pays hors de l’Union Européenne. Aujourd’hui des commandes sont passées, mais elles ne concernent qu’un petit nombre d’acheteurs car les difficultés d’ordre comptable et matériel que génère la distribution vers les différents participants deviendraient vite insurmontables. Ces achats profitent surtout à ceux que j’appelle les nouveaux commerçants, ces petits producteurs qui trouvent là matière à se démarquer vis à vis des « grands », en proposant très rapidement des variétés récentes qui, constitution de stock oblige, mettront plusieurs années à apparaître dans les gros catalogues. Ces trublions sympathiques proposent aussi des variétés européennes – et bientôt russes et ukrainiennes – que leurs grands concurrents dédaignent jusqu’à présent.

 L’éclatement actuel du marché de l’iris en France est favorisé par les potentialités des productions non-hexagonales et la mondialisation des échanges via Internet. Je crois qu’il va falloir que les producteurs historiques, en complément de leurs propres obtentions, se détournent un peu des Américains et s’orientent vers les nouveaux obtenteurs de France comme d’Europe centrale ou orientale, s’ils ne veulent pas se faire distancer.

QUELQUES ENNEMIS DE NOS AMIS

Dans un récent article, la revue du SIGNA (le versant botanique de l’AIS) fait le tour des ennemis de l’iris. Pour suivre son exemple, j’en ai choisi sept, plus ou moins connus, mais qui peuvent faire du dégât dans nos bordures. Ce rapide tour d'horizon, uniquement descriptif, commencera par les champignons, puis se poursuivra par les mollusques gastéropodes, qui précèderont les insectes. Pour terminer, nous évoquerons une célèbre bactérie, connue et redoutée de tous les iridophiles.

 LES CHAMPIGNONS

 Botrytis cinerea

 C’est un redoutable adversaire, même si les iris ne sont pas sa cible de prédilection. D’après Wikipedia, « les pertes provoquées par ce champignon correspondent à 20 % des récoltes mondiales des cultures concernées et leur coût est estimé à environ 100 milliards d'euros par an ». C’est dire sa dangerosité et son pouvoir nuisible ! Il cause des dommages formidables dans les cultures, notamment dans celles des fruits. On le connaît bien, pour l’avoir vu maintes fois sur les fraises. Vous savez, c’est cette pourriture grise qui poudre certains fruits, et finit par les envahir complètement. Il s’en prend aussi au raisin, qu’il peut gâter irrémédiablement, mais il a aussi une version rédemptrice, ce que l’on appelle la « pourriture noble » que les viticulteurs laissent se développer pour obtenir des vins plus liquoreux (sauternes, vouvray, coteaux-du-layon, monbazillac…). Chez les iris, il attaque aussi bien les tiges que les feuilles ou les fleurs et en particuliers les boutons. La partie atteinte devient grise et molle et dégage une odeur de pourriture ; les fleurs se cassent alors à leur base…

 Heterosporium iridis (autrement appelée Davidiella macrospora)

 Ce champignon-là a été doté d’un grand nombre de dénomination et les deux ci-dessus indiquées ne sont que les plus souvent employées pour l’identifier. Il est fort connu et largement répandu, mais n’a pas la nocivité du précédent. Il attaque essentiellement les iris chez qui il fait apparaître des taches brunes, plus ou moins étendues, sur le feuillage, en particulier dans la partie supérieure de la feuille. Plus l’été s’avance, plus les feuilles se trouvent tachées. C’est pour le moins inélégant, mais il n’y a pas de profond danger à craindre. Le préjudice est uniquement esthétique.

 LES GASTERODOPES

 Les escargots

 A l’origine, nous dit Wikipedia, c’était des gastéropodes aquatiques qui ont quitté leur univers pour entreprendre une vie terrestre. Pour cela ils ont abandonné leur respiration par branchies pour adopte le système des poumons. Certes cet organe n’est pas vraiment identique à celui des vertébrés, mais il joue le même rôle. Cela étant ces petits êtres se sont répandus partout : on les appelle les escargots et les limaces.

 Les amateurs d’iris les connaissent bien. Ils en trouvent souvent au cœur des touffes où ils passent la journée à l’abri. La nuit, ils sortent de leur cachette et, suivi de la trace brillante de leur mucus, ils s’en vont prendre leur repas. Ils mangent les parties vertes des plantes, tout particulièrement les plus tendres, comme le sommet des feuilles d’iris qui sont grignotées et noircissent. Quand le massacre s’arrête là, il n’y a que demi-mal, mais quand la base des fleurs est la proie du jour, la tige casse, et adieu la fleur !

 LES INSECTES

 Mononychus punctum-album

 Cette déplaisante petite bête est communément appelée le charançon de l’iris des marais. Il vit en effet sur l’Iris pseudacorus. Il intéresse donc plus précisément l’amateur de cet iris botanique aux belles fleurs jaunes, qui colonise les fossés et le bord des lacs et des étangs. Il perce les capsules avec son rostre pour en pomper le suc, ce qui est un premier dommage, mais aussi la femelle profite du trou qu’elle a fait pour s’alimenter, pour glisser un œuf dans l’orifice. La larve va éclore à cet endroit et se nourrir des graines en formation.

 Ce parasite aime particulièrement l’iris des marais, mais il peut aussi envahir d’autre espèces et, dans ce cas, anéantir les espérances de l’hybrideur…

 Oxythyrea funesta

C’est la cétoine grise. A cause de ses points blancs sut fond noir, elle est appelée « drap mortuaire ». Elle ne se nourrit pas seulement de pollen, mais aussi des organes floraux, en particulier des bourgeons et fleurs (les fleurs d’iris et de roses notamment). Elle affectionne particulièrement les fleurs blanches ou claires et elle les dévore. Certaines années, elles sont rares, d’autres, elles pullulent. Dans ce cas la floraison est rapidement ravagée. Mon ami Sébastien Cancade s’est fortement documenté à son sujet et il a écrit à son sujet un remarquable article publié dans la revue de la SFIB, « Iris & Bulbeuses » .

 Les pucerons

 Ce n’est pas qu’en eux-même les pucerons soient bien dangereux pour nos chers iris, mais ils ont la mauvaise habitude de véhiculer les virus et donc de contaminer des plantes dont on voudrait qu’elles restent indemnes de ces inesthétiques marques qui gâchent les feuillages.

 LES BACTÉRIES

 Erwinia carotovora

 Cet ennemi-là est certainement le plus redoutable pour les iris. Les bactéries se développent en milieu humide et s’installent sur les rhizomes et particulièrement sur leur partie apicale, d’où part le panache de feuilles et de tiges florales. Elles font pourrir le rhizome en dégageant une odeur infecte caractéristique. C’est une attaque grave et le plus souvent mortelle pour la plante. Je ne dirai rien de plus à leur sujet car Gérard Raffaelli, dans son blog « Irisemoi » a traité le sujet de manière exhaustive.

 Il faudrait maintenant parler de la manière et des moyens pour lutter contre ces adversaires. Sachons seulement que les traitements chimiques sont forcément dangereux pour l’environnement et qu’ils sont inefficaces pour se débarrasser des insectes, pour lesquels une récolte manuelle est ce qu’il y a de mieux.

5.4.13

CALENDRIER RÉPUBLICAIN

Le calendrier « républicain » créé de toute pièce par la Convention en 1792, pour effacer toute trace de l’ancien régime et des allusions au christianisme, n’a vécu que quatorze ans. Mais il est resté bien vivace dans l’esprit des français et tous ceux de mon âge connaissent par cœur les noms des douze mois imaginés par le poète Fabre d’Eglantine.

 IV. Nivôse

 La neige est largement présente dans les noms donnés aux iris. Voici quatre évocations de cet élément.

· ‘La Neige’ (Verdier, 1912) 


· ‘Majski Sneg’ (Izidor Golob, 2006) 


· ‘Neige de Mai’ (Cayeux, 1978) 

· ‘Snowy Wonderland’ (Opal Brown, 1979)

LA FLEUR DU MOIS

‘Rustic Dance’ 

Un plicata très chargé, comme ‘Chief Hématite’ ou ‘Queen in Calico’, c’est un modèle que j’apprécie particulièrement. ‘Rustic Dance’ en fait partie. Chacune de ces variétés a fait partie, à un moment ou un autre, de ma collection personnelle. Ils l’ont quittée pour diverses raisons. Pour ce qui est de ‘Rustic Dance’, c’est le côté capricieux de sa floraison qui me l’a fait abandonner.

 Avec lui, on opère une remontée dans le temps car cette variété a été enregistrée en 1980 par Jim Gibson. Mais dans notre pays elle n’a pas obtenu le succès qu’elle méritait, même si je regrette que chez moi elle n’ait pas consenti a fleurir régulièrement chaque printemps. Rendons-lui néanmoins justice aujourd’hui.

Gibson a consacré sa vie d’hybrideurs aux iris plicata. C’était un homme persévérant, voire obstiné, qui ne s’est pour ainsi dire jamais détourné du but qu’il s’était fixé. J’ai déjà raconté comment, après une visite au jardin de Sydney Mitchell, il a rapporté chez lui, à Porterville, un peu de pollen qu’on lui avait donné, et comment, à partir du croisement Sacramento X semis Mitchell il allait orienter toute sa carrière. ‘Rustic Dance’ se situe près de la fin de celle-ci, et a donc bénéficié de tous les progrès accumulés pendant près de cinquante ans. Son pedigree est (Orange Plush x Anon) x (Orange Plush x semis). Un exemple d’endogamie. ‘Orange Plush’ (75) est un plicata à fond chamois orangé, parsemé de grenat. ‘Anon’ quant à lui a des pétales abricot et des sépales crème poudrés d’abricot. ‘Rustic Dance’ est crème fortement dessiné de brun. A titre d’anecdote, je puis dire que j’ai essayé de cultiver cet iris, qu’il a fleuri une fois, mais qu’il a refusé de recommencer cet exercice, si bien que j’ai fini par le remplacer…

 En hybridation c’est une variété qui a bien inspiré certains obtenteurs comme Keith Keppel et Brad Kasperek. Le premier en a tiré des plicatas comme ‘Jitterbug’ (88) ou ‘Art Show (90). Kasperek en a fait une des base de son programme de maculosas : ‘Anaconda Love’ (98), ‘Millenium Falcon’ (98) et son frère de semis ‘Gazellegant’ (2001) en descendent tout comme ‘Bewilderbeast’ (95).

 C’est ce dernier que Sébastien Cancade a utilisé pour celui qu’il a baptisé ‘Mûre Mure’ en raison de son coloris amarante foncé caractéristique. De ‘Rustic Dance’ à ‘Mûre Mure’ la filiation est rapide, même si elle n’est pas évidente, et même si le côté maculosa se trouve totalement dissimulé.

 Illustrations : 

- ‘Rustic Dance’ 

- ‘Gazellegant’ 

- ‘Jitterbug’ 

- ‘Mûre Mure’

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Echanges 

 Ce n’est pas d’aujourd’hui que les pépiniéristes producteurs d’iris froncent des sourcils quand on parle d’échanges de plantes entre collectionneurs. Car cette pratique n’est pas nouvelle : quand j’ai commencé à collectionner les iris, dans le début des années 1980, les magazines de jardinage proposaient des échanges dans une rubrique particulière des leur courrier des lecteurs. C’est ainsi que je suis entré en contact avec un certain nombre de personnes dispersées sur tout le territoire, en même en Belgique, et que ma collection s’est enrichie de nombreuses variétés. Cependant cette pratique n’a pas duré très longtemps car très vite ces échanges ont fait que mon jardin et ceux de mes correspondants contenaient à peu près les mêmes choses !

 Actuellement le microcosme français des iris a beaucoup évolué. De nombreux jeunes collectionneurs sont apparus, pleins d’enthousiasme, mais pas toujours en mesure financière de satisfaire leurs envies d’expansion. Ils se sont donc orientés vers les échanges, d’autant plus aisément que la généralisation d’Internet permet d’être en contact permanent avec les autres amateurs. Ils se sont aussi organisés et la SFIB, sollicitées, a servi de lien et de fédérateurs entre tous ces fans d’iris. C’est un des rares services qu’elle peur encore rendre à ses adhérents. Mais, se structurant, les échanges sont aussi devenus plus importants et certains producteurs traditionnels considèrent qu’ils en souffrent. Admettons-le, mais ne perdons pas de vue que ces boulimiques de l’iris ne sont qu’une poignée et que le gros de la clientèle est constitué de jardiniers ordinaires.

 Plus ennuyeux peut-être pour le commerce deviendrait sans doute la multiplication des achats directement à l’étranger. Nous en parlerons une prochaine fois.

LE CLUB DES CENT

Le club des cent, c’est une association française de gastronomes, composée essentiellement de gens célèbres qui se réunissent pour déguster de bons repas. Il a été fondé en 1912 et fut un temps présidé par un de mes grands cousins, dont ce fut d’ailleurs le seul titre de gloire. Je me suis dit que l’on pouvait donner le même nom à l’ensemble des iris qui constituent le palmarès du Symposium de l’AIS, établi chaque année, et qui dresse le bilan des variétés préférées des Américains.

 Ce palmarès contient, en 2012, 103 noms, pour tenir compte des ex aequo à la centième place. Ces variétés si populaires sont les obtentions de trent-six hybrideurs seulement, tous américains sauf deux, l’Australien Barry Blyth et le Slovaque Anton Mego, pour un total de trois variétés. Un petit tour parmi ce beau monde donne un aperçu de la popularité des individus, d’un point de vue qui peut être différent de celui des collectionneurs.

 Tout d’abord, évacuons les obtenteurs qui ne sont représentés que par une seule variété. Ils sont au nombre de 15 dont 5 soit n’exercent plus, soit sont décédés. Les dix restants sont pour la plupart des hybrideurs sérieux qui ont eu la chance d’avoir une variété particulièrement appréciée, soit qu’elle ait reçu une récompense gratifiante, soit que le bouche-à-oreille lui ait fait une réputation flatteuse, en général fort méritée d’ailleurs. Dans le premier cas on trouve Bryce Williamson, grâce à ‘Jesse’s Song’ , Sterling Innerst (+) et son ‘Before the Storm’, H.C. Mohr (+) pour ‘Bride’s Halo’ et Walter Luihn (+) pour ‘Song of Norway’ ; toutes variétés honorées d’une Dykes Medal, ce qui confirme que cette distinction est d’une importance considérable au plan commercial . Dans l’autre cas il y a Evelyn Jones et ‘Pond Lily’, Ben Johnson pour ‘Heartstream Strummer’ ou Manley Osborne pour ‘Sky Hooks’, dont le renom à franchi les frontières américaines, mais aussi des outsiders dont les iris sont peu connus chez nous, comme les Cadd et leur ‘Italian Ice’ (présent à FRANCIRIS 2009, mais passé assez inaperçu), Hooker Nichols avec son ‘Boogie Woogie’, ou Ron Mullin pour ‘Barbara Jean’.

 Dans la liste des obtenteurs cités deux fois se rencontrent de grands « anciens » dont les variétés se maintiennent depuis des années dans le classement, et quelques autres que l’on aurait pensé trouver peut-être dans une meilleure place. Parmi les premiers il y a Larry Gaulter ou Lloyd Zurbrigg, parmi les seconds Paul Black et Roger Duncan mais aussi le franc-tireur Tom Burseen.

 Avec trois représentants ne figurent que deux obtenteurs aux destinées bien différentes, tous les deux disparus dans la fleur de l’âge : Monty Byers, le génial hybrideur aux trois DM, ‘Conjuration’, ‘Thornbird’ et ‘Mesmerizer’, et le mal-aimé Richard Ernst, jamais récompensé et présent pour, seulement, ‘Ring Around Rosie’ (46e), ‘Afternoo Delight’ (61e) et ‘Whispering Spirits’ (94e).

 L’étape suivante est taillée pour Larry Lauer et ses ‘Stairway to Eden (DM !) classé 7e, ‘Jurassic Park’ (28e), ‘Boysenberry Buttercup’ (64e) et ‘Peggy Sue’ (89e).

 Joseph Ghio, classe cinq variétés. On est surpris de trouver à ce rang le grand maître qu’est Joe Ghio, car on aurait pu penser qu’un plus grand nombre de variétés se trouveraient classées, et en meilleur rang. Hé bien non, il ne figure que grâce à l’historique ‘Lady Friend’ (32e) ainsi que ‘Starring’ (55e), Exposé (84e), ‘Romantic Evening’ (89e) et ‘Revere’ (89e ea) !

 Il y en a trois autres qui disposent de cinq représentants. Ce sont : Rick Tasco, Ben Hager et Brad Kasperek. C’est flatteur pour le premier qui, chez nous, n’atteint pas une telle notoriété ; c’est juste pour le second qui fut l’un des meilleurs obtenteurs de la seconde moitié du XXe siècle ; c’est surprenant pour le troisième que l’on ne s’attendait pas à trouver en aussi bon rang car les iris à couleurs rubanées, dont il s’est fait une spécialité, n’ont acquis que récemment leur popularité.

 On atteint ensuite le podium. Numéro 3, c’est à dire médaille de bronze à Tom Johnson. Le canadien est justement récompensé ; alors qu’on ne peut pas en dire autant de son compagnon Paul Black dont le rang, 20e, me semble nettement sous-apprécié. Numéro 2 Keith Keppel. Avec 13 représentants, le pape actuel de l’hybridation, est dignement représenté, même si ses variétés classées ne se situent pas dans les toutes premières : le mieux classé, ‘Florentine Silk’, n’est que 8e, ‘Gypsy Lord’ se trouve en 10e position, puis viennent ‘Sea Power’ (16e), ‘Drama Queen’ (19e), ‘Wintry Sky’ (28e), ‘Rustler’ (34e), ‘Happenstance’ (40e), ‘Montmartre’ (51e), ‘Oreo’ (59e), ‘Tour de France’ (64e), ‘Crowned Heads’ (67e), ‘Parisian Dawn’ (94e) et ‘Gitano’ (100e). Le grand vainqueur, médaille d’or si l’on peut dire, est évidemment la Maison Schreiner. Les industriels de l’iris placent 17 de leurs produits dans le paquet de 100, avec cinq vedettes internationales dans le premier quart : ‘Dusky Challenger’, (1er), ‘Silverado’ (10e), ‘Celebration Song’ et ‘Titan’s Glory’ (22e ea) et ‘Hello Darkness’ (24e). D’un point de vue strictement populaire, c’est normal car non seulement les iris Schreiner sont des plantes proches de la perfection, mais encore elles sont tout à fait classiques et par conséquent de nature à ne déplaire à personne ; en plus leur bonne réputation n’est pas nouvelle et elles son très bien commercialisées.

 En résumé la consécration populaire va en priorité aux variétés les plus classiques et aux lauréats de la Dykes Medal. Viennent ensuite des iris de grande qualité qui se rencontrent dans un grand nombre de jardins, ce qui favorise peur citation aux meilleures places.

 Illustrations : 


- ‘Barbara Jean’ (Mullin, 2005) dernier du classement ;

- ‘Italian Ice’ (Cadd,2001) un outsider, classé 40e ;

- ‘Pond Lily’ (Evelyn Jones, 1995)75e, presque inconnu en France ;

- ‘Revere’ (Ghio, 2001) 89e, ce qui n’est pas cher payé.