27.3.13

LA BARBE ET LES PETITS NOIRS

La présente chronique n’a pas d’autre but que de décrire un ensemble de fleurs dont l’évolution a été remarquable au cours des dernières années.

 La catégorie des SDB (Iris barbus nains standard), que l’on appelle aussi iris lilliputs, rassemble des hybrides dont la hauteur est comprise entre 25 et 40 cm, portant des corolles qui ne dépassent pas les 10 cm de diamètre. Ils proviennent de croisements entre I. pumila ou autres espèces voisines, et grands iris de jardin et sont apparus dans les années 1950. Ils ont été considérablement développés et offrent aujourd’hui à l’amateur un choix de coloris exceptionnel. Le travail acharné et astucieux des hybrideurs est parvenu à un stade où tous les avantages des espèces de base ont été exploités en vue d’obtenir des iris de petite taille, hâtifs, élégants et prolifiques. Quant au panel des couleurs, il doit, en fin de compte être encore plus vaste que celui des grands iris, ce qui n’est pas peu dire !

 Comme chez leurs grands cousins, en ce qui concerne les iris unicolores, la fantaisie a été apportée par l’addition de barbes au couleurs tranchantes. C’est le cas des fleurs noires, qui sont apparues tardivement, mais qui sont parvenues à une diversité réjouissante. On trouve désormais des SDB noirs qui portent des barbes de toutes les couleurs. Les variétés évoquées ici en sont la démonstration.

 Prenons pour commencer par une variété toute récente, obtenue par Loïc Tasquier et enregistrée en 2012. Son nom ? ‘Oda Mae’ ; son pedigree ? (Lollipop X Devil Baby). ‘Lollipop’ (Hager) est une variété déjà qualifiée d’historique puisqu’elle date de 1976. C’est un iris grenat à barbes assorties. ‘Devil Baby’ est un produit Keppel de 2004, de couleur grenat très sombre, avec des barbes moutarde, titulaire d’un pedigree plutôt compliqué comme il en est fréquemment chez K. Keppel. ‘Oda Mae’ a retenu le côté sombre de ses parents et y ajoute une barbe franchement noire. L’ensemble est, à mon avis, d’un coloris exceptionnel par sa saturation et son uniformité.

 ‘Devil’s Night’ est un frère de semis de ‘Devil Baby’ dont il vient d’être question. Il a été enregistré en 2007 seulement. Il a beaucoup de ressemblance avec son aîné, mais en diffère par la couleur de ses barbes. Celles-ci sont pourprées à la base et jaune moutarde à la pointe, plus clair que chez ‘Devil Baby’, ce qui illumine la fleur de façon très agréable.

 Après le jaune, allons au rouge, avec une nouveauté signée Paul Black, qui a pour nom ‘Matador’s Cape’. Cette cape de torero fait référence aux barbes rouges qu’arbore cette petite merveille sympathique dont le pedigree est (Delayed Development X He's So Shy sib). La barbe rouge est une évolution de celle de son parent masculin, mais il faut chercher beaucoup plus loin pour identifier l’origine de la couleur noire…





 On peut tout envisager parmi les alliances de couleur entre les tépales et les barbes. Paul Black s’essaie depuis quelques temps aux extrêmes comme blanc sur noir. Il y est parvenu très bien avec ‘Wish upon a Star’ (2006). Les pétales sont bleu nuit ombré de noir, les barbes vont du blanc crémeux au blanc pur. Le pedigree s’écrit ('Zap' sib X 'Neutron'). Le parent féminin, ‘Zap’ (Black, 2004) approche du noir – mais reste plus bleu nuit que noir – avec une barbe jaune orangé, le parent masculin ‘Neutron’ (Johnson, 2000) est moins significatif, en bleu violacé assez ordinaire. Le dernier perfectionnement se rencontre chez ‘Black Olive’ (2013) où les pétales reflètent encore une origine rougeâtre, mais où les sépales parviennent au plus beau noir, tandis que les barbes éclaboussent la fleur d’un blanc parfait. Le pedigree fait appel à ‘Wish upon a Star’ évoqué ci-dessus : (Fido sib X (Wish Upon a Star x Bad Intentions).


 Pour terminer ce bref tour d’horizon, jetons un œil vers ‘Black Lightning’ (Chapman, 2009) (‘Ruby Eruption’ X (‘Chubby Cheeks’ x (‘Velvet Caper’ x ‘Michael Paul’)), qui propose une autre association : bleu/noir. ‘Ruby Eruption’, dans les tons de pourpre foncé, est un des meilleurs SDB de la fin des années 1990 ; On ne présente plus ‘Chubby Cheeks’ (Black, 1984) qui est un des piliers de la catégorie ; ‘Velvet Caper’ (Warburton, 1963) est un vieux de la vieille sans doute choisi pour sa vigueur et sa floribondité, et ‘Michael Paul’ (Jones, 1979) fait partie des tout premiers SDB « noirs ».

 Ainsi, de nos jours, chez les SDB, le noir est offert dans tous les mélanges possibles, depuis le noir/noir jusqu’au blanc/noir, en passant par le jaune, le rouge et le bleu. De quoi enthousiasmer les collectionneurs et constituer de jolies bordures !

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