30.11.12

UN DÉBUT DANS L'AVIS

Pour donner un avis officiel à propos d’un iris il faut en principe avoir acquis le statut de juge. C’est une chose courante aux Etats-Unis, mais en Europe il n’en est pas de même. Cela n’est pas étonnant parce que les occasions de faire un apprentissage sont rares et nécessitent une large disponibilité et des moyens matériels relativement importants. En effet, aux Etats-Unis, il existe une quantité de clubs locaux ou régionaux d’amis des iris, qui organisent des compétitions, et un paquet de juges agréés pour tenir le rôle de mentor. En Europe, ces clubs n’existent pas ; il n’y a donc guère de moyens de se former. A moins de parcourir le continent pour participer à l’un des rares concours qui s’y déroulent.

Devenir juge n’est donc pas facile par chez nous ! D’autant qu’il faut un apprentissage auprès de juges agréés dans au moins trois occasions différentes. Si je prends en exemple mon cas personnel, cet apprentissage est passé par trois compétitions étalées dans le temps. Ma première expérience a eu lieu à l’occasion du concours FRANCIRIS 2000, à Bréal sous Montfort, en Bretagne. Mon instructeur était Paolo Gambassini, éminent juge italien, comme son nom le laisse entendre. Pour ma deuxième expérience, il a fallu attendre 2003, et le second concours FRANCIRIS, toujours à Bréal. Cette fois mon parrain a été le juge anglais Sidney Linnegar. Son expérience et sa connaissance du « métier » ne peuvent pas être mis en cause, mais ses aptitudes pédagogiques sont plus incertaines. Après la bonhomie et la faconde méditerranéenne de mon maître italien, le côté taciturne et renfrogné de mon second instructeur ne m’a pas beaucoup permis de progresser ! En route pour la troisième formation ! Mais deux ans d’attente, tout de même. Cette fois je fus juge assesseur auprès du sévère professeur américain Roy Epperson. Celui-ci non plus n’était pas très loquace, et si j’ai appris quelque chose, c’est en compagne de Valeria Romoli, la juge n° 2, précise, sensible, gaie et, en un mot, agréable, qui n’a pas lésiné sur les conseils et les encouragements.

Après chaque formation, il faut faire remplir à l’instructeur une sorte de crédentiale (comme on dit sur la route de Compostelle), attestant de notre participation et de nos progrès. Ce document est ensuite adressé à l’AIS qui délivre le certificat reconnaissant les aptitudes acquises et faisant de l’apprenti un juge confirmé.

Cependant la qualité de juge n’est pas acquise pour l’éternité. Il faut exercer et faire, encore, la preuve de ces exercices ! La règle est que, pour ne pas perdre la main, sans doute, un juge agréé doit juger pendant au moins cinq heures sur trois années consécutives. Si j’avais suivi strictement le cursus, mon agrément aurait donc été renouvelé une première fois par ma participation au concours FRANCIRIS de 2007, puis de nouveau, par ma présence au CONCORSO FIRENZE de 2008. J’aurais été considéré comme apte à juger jusqu’en 2011. Mais je n’ai pris part à aucune compétition depuis mon séjour à Florence, de sorte que maintenant, je ne figurerais plus sur les listes de l’AIS. Oui, mais en fait je n’ai jamais fait signer de « crédentiale » à mes instructeurs, je ne suis donc jamais devenu juge à part entière !

Cela n’a pas une importance considérable car l’adoubement de l’AIS n’est pas une obligation pour prendre part à un jury et pour que les résultats d’une compétition en Europe puissent être mis en doute : le concours de Florence a suffisamment fait ses preuves pour qu’il ne vienne à l’idée de personne de prétendre qu’il a été apprécié par des juges à la compétence contestable. Et les autres concours font très certainement figure d’anecdote aux yeux des dirigeants de l’AIS.

Est-il alors besoin d’être juge agréé pour être membre d’un jury européen ? Mon avis personnel est que non. Il suffit de bien connaître son sujet et d’être considéré comme tel par ses pairs. En revanche aux USA la fonction de juge est d’une importance majeure en raison des enjeux de la course aux honneurs dans ce pays.








 Illustrations : 
‘Samsara’ (Ransom, 1996) – vainqueur de FRANCIRIS 2000 
‘Belle de Nuit’ (Cayeux, 1999) – vainqueur de FRANCIRIS 2003 
‘Bye Bye Blues’ (G. Sutton, 1996) – vainqueur de FRANCIRIS 2005 
'Morning Sunrise’ (T. Johnson, 2005) – vainqueur de FIORINO D’ORO, Florence 2008

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