30.9.12

MISES EN PAGE

Blogger a changé son interface et je ne me suis pas rendu compte tout de suite que le nouvel interface modifiait la mise en page proposée.

Je vais rectifier.

28.9.12

LES PIONNIERS

II. Arthur John Bliss (1862/1931) 

 A peu près à la même époque que Ferdinand Cayeux, en France, un anglais talentueux suivait un chemin analogue au sien. Arthur J. Bliss, ancien ingénieur des mines, s’est fait connaître par l’obtention de ‘Dominion’ (1917).

Par la suite il nous donné de nombreuses variétés intéressantes que l’on trouve toujours dans nos jardins, comme :

 · ‘Bruno’ (1918)
 · ‘Susan Bliss’ (1922 ) 
· ‘Marsh Marigold’ (1925) 
· ‘Senlac’ (1929)

ECHOS DU MONDE DES IRIS

L’AIS dans la difficulté

 J’apprend que l’hébergeur du site de l’AIS est en faillite ! Cela veut dire que le site reste en place mais qu’on ne peut ni le modifier ni ajouter quoi que ce soit. C’est gênant pour une affaire comme l’AIS. Conséquence de cette chute, le système e-members est lui aussi en rade !

 Sûrement que les dirigeants vont trouver rapidement une solution de rechange.

CARACTÈRES D'UN BON IRIS

Il y a quelques semaines une discussion a eu lieu sur le forum de la SFIB à propos d’une variété récente, ‘Apostrophe’ (Cayeux, 2010). En effet une participante à ce forum y a exprimé une appréciation marquée alors que d’autres – dont je suis – ont fait part de leurs réserves. Cela a fait rebondir un vieux débat : à quoi reconnaît-on ce qui fait un iris de qualité ? Sur ces entrefaites, j’ai retrouvé, dans le bulletin n° 1 de la SFAI ( l’ancêtre de la SFIB), daté de 1969, un texte de Jean Cayeux qui fait le point sur les caractères d’un bon iris. Je vais partir de cet article pour ma chronique d’aujourd’hui.

On peut en fait classer les caractéristiques d’un iris en trois catégories : celles liées à la plante proprement dite, celles concernant le comportement de la plante dans la nature et celles intéressant la fleur. L’ordre dans lequel ces caractères sont appréciés peut varier en fonction de la sensibilité de chacun, mais d’une manière générale il est admis que les préséances s’établissent comme je viens de les écrire. Quand on dit « il est admis », cela signifie qu’il s’agit de l’avis de l’ensemble des professionnels et des amateurs éclairés parmi lesquels se trouvent les juges qui interviennent dans l’attribution des récompenses annuelles.

Au premier rang des caractères importants se situent les qualités de la plante, qu’il ne faut pas confondre avec ses qualités végétatives. Les premières concernent essentiellement le rhizome, le feuillage, les tiges, la résistance aux maladies et l’aptitude à produire des graines. Le rhizome, qui est la réserve de nourriture de la plante et celle de son potentiel génétique doit évidemment avoir un bon développement, être robuste, doté de racines puissantes et saines ; il doit donner chaque année un minimum de trois à quatre nouveaux rhizomes. Avec le feuillage on aborde les parties visibles de la plante ; Jean Cayeux écrit à son propos : « L’idéal serait un feuillage très résistant, nécessitant le minimum de traitements de façon à faire une masse toujours propre pendant la belle saison ». J’ajouterai qu’il doit donc avoir un développement important, mais pas excessif, une couleur franche et saine, et une hauteur régulière en rapport avec celle des tiges florales. Celles-ci, comme dit Jean Cayeux, « en plus de ramifications bien développées, doivent avoir suffisamment de fermeté pour résister à des vents normaux ». Il faut qu’elles aient la force de soutenir plusieurs lourdes fleurs ouvertes en même temps, et que les ramifications latérales s’écartent suffisamment de la tige elle-même pour permettre aux fleurs qu’elles portent de s’épanouir librement. Elles doivent s’élever au-dessus du feuillage pour que les fleurs soient bien visibles, mais pas prendre une hauteur exagérée qui donnerait à l’ensemble un air dégingandé peu esthétique. Pour apprécier la résistance aux maladies, il faut, dit J. Cayeux, « des essais sur un minimum de deux ou trois ans pour (…) permettre de bannir tout iris à pourcentage trop élevé de pieds malades. » Enfin il est intéressant que la plante sache se reproduire par graine. Les variétés totalement stériles arrêtent la progression de l’espèce, celles qui ne sont fécondes que dans un sens limitent cet espoir de progression, et si le nombre de graines normalement produites est faible, les chances d’obtenir des descendants de qualité sont forcément restreintes.

 Le comportement de la plante dans le jardin est aussi un critère important. Sur ce chapitre, Jean Cayeux s’est exprimé si clairement que son opinion doit être reproduite dans sa quasi-intégralité : « Un des grands charmes de l’iris à l’origine, avec la magnificence et l’abondance de sa floraison, réside dans sa facilité de culture, sa résistance au froid et aux maladies et sa spontanéité. Ces caractères ne doivent en aucun cas être sacrifiés pour l’amélioration des fleurs. Ils doivent être maintenus dans leur intégralité car les iris, comme toutes les plantes vivaces ont une floraison abondante mais limitée dans le temps. Ils doivent continuer à ne réclamer qu’un minimum de soins. Naturellement les observations qui suivent présupposent des conditions de culture normales pour l’iris, c’est à dire un sol peu acide, très perméable, parfaitement drainé et bien ensoleillé. (…) Nos iris actuels résultent de l’hybridation d’espèces sauvages bien adaptées à nos climats avec d’autres, souvent originaires du bassin méditerranéen et de ce fait résistant de manière très variable à nos hivers. Il est donc normal que dans la descendance, même lointaine, de ces hybridations, apparaissent parfois des sujets moins résistants aux froids. Ceux-ci seront naturellement éliminés après des essais d’au moins deux ou trois ans pour bien juger de leur comportement à cet égard. Certains autres ont une végétation très abondante presque continue (…). Dans des régions à climat continental, où les gelées arrêtent dès l’automne la végétation, ils se comportent mieux que sous des climats plus tempérés où ils ont tendance à souffrir des alternances de temps doux suivis de gelées soudaines. Enfin certains hybrideurs des régions chaudes (1) (…) peuvent difficilement juger la résistance au froid de leurs obtentions et introduire ainsi des nouveautés qu’il est prudent d’essayer auparavant ». Ajoutons qu’une plante qui pousse mal, ou difficilement, apportera bien des déceptions à celui qui la cultive.

Viennent pour finir les considérations concernant la fleur proprement dite. Solidité, substance et forme doivent être examinées en premier lieu car c’est un élément primordial. « Des pétales trop mous, trop minces, n’auront aucune tenue et ne résisteront ni aux pluies, ni aux vents (2). Il en résultera une fleur toujours déformée sur laquelle le coloris ne sera jamais mis en valeur ». Il importe aussi que les pétales restent dressés et que les sépales ne retombent pas trop (à ce sujet, Barry Blyth, lors de son séjour en France, a répété qu’il était d’avis que, sur les grands iris, des sépales restant très horizontaux n’étaient pas assez visibles et nuisaient à la contemplation de la fleur). Les ondulations contribuent à cette bonne tenue en conférant à la fleur une certaine rigidité. Par ailleurs, comme précise Jean Cayeux, « L’élégance des fleurs dépend et de leur forme et de leurs proportions ». Pour la forme, les goûts et les modes évoluent, mais le souci de l’harmonie des proportions reste immuable. Le nombre des boutons par tige doit être aussi important que possible car « il va de soi que plus une tige possède de boutons plus longue et plus généreuse sera la floraison ». Et la disposition des fleurs au long de la tige contribue largement à la tenue et à la bonne présentation de l’iris. Jean Cayeux précise que : « …sont à proscrire les variétés dont les ramifications commencent trop haut sur la hampe et dont les branches trop serrées nuisent au bon épanouissement des fleurs qui se présentent alors en paquet informe ». J’ajouterai, pour la bonne présentation de la hampe que la floraison doit aller du bas vers le haut pour permettre à chaque fleur d’éclore sans être gênée par les restes de la fleur précédente et placer le centre de gravité de la tige le plus bas possible, pour sa bonne résistance aux intempéries.

De quoi reste-t-il à parler ? De la couleur de la fleur ! En cette matière, les goûts de chacun trouveront à s’exprimer, mais Jean Cayeux insiste : « …quelle que soit cette couleur, il faut toujours considérer en premier lieu sa pureté. (…) Cette pureté ( et non uniformité) fera toujours ressortir l’ensemble de la teinte quelle que soit son intensité ». Et pour terminer, il ajoute : « Autre point essentiel : la fixité des coloris. Sont à éliminer les variétés dont la fleur, sous l’influence du soleil ou du vent, à tendance à brûler (3). Rien n’est plus disgracieux que de voir parmi des fleurs fraîchement épanouies celles de la veille, blanchies ou brûlées ».

Jean Cayeux désigne, ainsi les variétés – récentes à l’époque de la rédaction de l’article – ‘Stepping Out’ (Schreiner, 1964) et ‘Amethyst Flame’ (Shreiner, 1957) comme étant exemplaires.

Ce sont ces caractères que, dans les compétitions, les juges vont examiner. Ils feront leur travail avec minutie et honnêteté. Evidemment ils seront sensibles aux effets de mode, aux engouements du public, mais, même s’il leur arrive de commettre collectivement des erreurs, la liste des variétés récompensées comporte peu de cultivars décevants, jamais il n’en est de médiocres ; ce qu’on peut qualifier d’erreurs est plutôt le fait d’oubli car, dans la masse extraordinaire des variétés à apprécier, il y en aura toujours qui passeront à côté de ce qui leur serait du. La chance à aussi sa place dans ces affaires.

(1) C’est sans doute ce qui fait que de nombreux amateurs français se plaignent, par exemple, de certains iris de Joë Ghio, originaires d’un secteur très méditerranéen de la Californie. 
(2) Ci-joint une photo d’une obtention personnelle, retoquée pour ce motif. 
(3) Beaucoup d’iris bruns ou mordorés se trouvent dans ce cas. 

Illustrations :

 ‘Amethyst Flame’ (Schreiner, 1957 – DM 1963), un « historique » justement récompensé ;
‘Designer Gown’ (J. Ghio, 1985), une variété souvent fragile ; 

‘Fumée sans Feu’ (S. Ruaud, non enregistré), un semis sans réelle valeur, hormis son coloris ;
‘Autumn Echo’ (J . Gibson, 1975), un iris qui « passe » très rapidement.

21.9.12

LES PIONNIERS




Pendant les dix prochaines semaines nous allons évoquer les grands pionniers de l’horticulture des iris. Ce sont des personnages qui se sont illustrés au début du 20e siècle, de la Belle Epoque à la Drôle de Guerre, et qui ont marqué définitivement l’histoire d’une fleur qui fait aujourd’hui partie des plus recherchées et dont l’hybridation semble même s’envoler à l’heure actuelle quand on constate que chaque année un nombre de plus en plus important de variétés se trouvent enregistrées, dans toutes les parties du monde.

I.                    Ferdinand Cayeux (1864/1946)

On ne peut pas évoquer les pionniers de l’hybridation sans commencer par Ferdinand Cayeux. Avec les mêmes moyens que ses contemporains, il a réussi de cultivars d’une qualité supérieure. Si l’on avait à décerner la médaille du meilleur, elle serait sans conteste pour lui.




·        Agrippa (1936)
·        Fidelio (1924)
·        ‘Ithaque’ (1930)
·        ‘Salonique’ (1923)

ECHOS DU MONDE DES IRIS



Un de plus !

A la retraite depuis quelques mois, Daniel Boris, amateur d’iris chevronné, s’est décidé à transformer son jardin et à l’ouvrir au public ; parallèlement il a créé un site très bien fait où il décrit et offre à la vente toutes les variétés de grands iris qu’il cultive.

Allez y jeter un coup d’œil :





 Ce n’est pas d’aujourd’hui que certains iris se présentent avec des appendices à l’extrémité des barbes. Les frères Sass en avaient découvert parmi leurs semis, dès les années 40, mais ils les avaient purement et simplement éliminés, les considérant comme des monstruosités sans aucun intérêt. Peut-être, d’ailleurs, ces premiers iris à éperons étaient-ils fort laids. En tout cas ils étaient rejetés. Ce n’est que dans les années 60 que quelques hybrideurs, désireux de se démarquer de leurs confrères, et peut-être véritablement inspirés, ont commencé à les sélectionner. C’est Lloyd Austin qui a inventé le nom de « Space Age » qui continue de désigner ce type de fleurs. Ses variétés, tout comme celle de Tom Craig, autre précurseur, proviennent en fait d’une même lignée développée à partir de plicatas en provenance des semis de Sydney Mitchell et en particulier d’une variété dénommée ‘Advance Guard’. Dans tous les cas il s’agit de plantes issues des plicatas de la fratrie Sass. Chez Austin, l’origine de la lignée se situe notamment chez une variété au nom particulièrement bien choisi : ‘Horned Papa’ ! Pendant de nombreuses années les obtenteurs qui se disent sérieux ont dédaigné ces fleurs qui ne se contentent pas de trois pétales et de trois sépales. Il y a même eu à leur sujet des commentaires peu flatteurs. Cependant un autre non-conformiste, Manley Osborne, a cru au type « space age », qu’ici nous appelons « rostrata », et lui a apporté la plus belle contribution. Ses meilleures réalisations s’appellent ‘Moon Mistress’ (1976), pêche, barbes oranges, éperons pêche ; ‘Battle Star’ (1979), lumineux bicolore cannelle et fuchsia, barbes or et éperons violets, puis ‘Gladys Austin’ (1985), variegata à éperons mauves. Mais c’est ‘Moon Mistress’, qui a été certainement le plus grand pourvoyeur de «rostratas », avec, notamment, ses plus fameux enfants, qui ont pour nom ‘Twice Thrilling’ (1984) et ‘Sky Hooks’ (1980). Aujourd’hui plus aucun ostracisme ne frappe les « rostratas » et il faut s’appeler Schreiner pour n’en pas avoir encore enregistré un ! Dès leur apparition les iris à éperons ont connu le succès auprès des amateurs. C’est d’ailleurs ce qui a incité bien des producteurs à en proposer dans leurs catalogues. Tout le monde s’y est mis et, évidemment, quelques débordements ont été commis : sépales déformés, fleurs franchement laides, appendices extravagants… Mais une fois passée une période de « n’importe quoi », le bon sens a pris le dessus et des nouveautés intéressantes et esthétiques sont apparues. Ce qui fait l’intérêt des « rostratas », c’est que, par leur intermédiaire, on peut imaginer l’apparition d’iris véritablement « flore pleno », comme de nombreuses pivoines, par exemple. Chez celles-ci ce sont les étamines qui sont transformées en organes pétaloïdes, chez les iris cela peut être les barbes. Et cela devient le cas lorsque les éperons prennent une apparence touffue et frisée. Certaines variétés comme parmi les dernières obtentions de Ladislaw Muska (‘Sunny Dragon’ ou ‘Gaiüs’) en prennent le chemin. D’autres présentent des extensions filiformes qui peuvent être très gracieuses, comme chez ‘Westpointer’ (Sutton G., 2001). Cependant il ne faut pas confondre hypertrophie des appendices et iris élégants. Il y a vraiment des variétés à éperons qui deviennent, à mon avis, franchement excessives dans leurs développements. Tom Burseen, au Texas, a ainsi commis quelques excès, comme ‘ice for Brice’ (2001), ‘Mercy Marcy’ (2008), ‘Rocket Randy’ (2002)… Par ailleurs, après avoir mis beaucoup d’espoir dans les « rostratas », je suis devenu plus réservé à leur égard. J’en viens à leur reprocher d’oublier de ressembler à des iris ! En effet des fleurs très récentes associent des pétales très ouverts, des pétaloïdes importants et des sépales très horizontaux, voire concaves, qui s’éloignent des canons traditionnels de la fleur d’iris, telle que je l’aime. Cela a fait son apparition avec ‘Mesmerizer’ (Byers, 1991), et c’est flagrant avec ‘Apostrophe’ (Cayeux, 2011), même si la photo présentée accentue un peu les caractères en question. Alors ? Vers quoi nous emmènent les iris « space-age » ? Peut-être une nouvelle forme de fleur d’iris, qui recevra l’approbation enthousiaste de ce certains, mais sera rejetée par d’autres. Cela n’a pas vraiment d’importance, en fait, si la plante elle-même reste harmonieuse dans son apparence, solide dans sa constitution, abondante dans son développement et sa floraison, et vigoureuse dans son comportement au jardin. Car une plante médiocre, fut-elle extraordinaire par sa fleur, est nécessairement à rejeter.

Illustrations : 
‘Moon Mistress’ (Osborne, 1976) ; 
‘Gaïus’ (Muska, non enregistré) ; 
‘Westpointer’ (Sutton G., 2001)
 ‘Ice for Brice’ (Burseen, 2001) ; 
‘Apostrophe’ (Cayeux, 2011).

14.9.12

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Doublons et lacunes

L’AIS dispose de deux bases de données destinées à recenser tous les iris enregistrés. La première, Irisregister, est la version informatique des R&I et Checklists, c’est à dire la liste officielle des variétés enregistrées. La seconde, Iris Encyclopedia, est une « wiki », autrement dit une base regroupant informations écrites et images. Cette base n’est pas exhaustive, mais est alimentée par les contributions de "docents" qui fournissent ce dont ils disposent eux-même. Elle comporte actuellement plus de 48000 descriptions, mais seulement 36000 photos. Sachant que certaines variétés sont photographiées plusieurs fois, il y a plus de 15000 iris pour lesquels il n’y a pas d’image. Pour ceux-là, la base fait simplement double emploi avec Irisregister.

A mon avis il serait bon de regrouper les deux bases en une seule et d’alimenter cette base unique avec autant de photos que possible, celles-ci étant vérifiées par un comité ad hoc de façon qu’il n’y ait pas d’erreurs ou de clichés médiocres. Nous disposerions d’un outil complet et pratique.

Ajoutons qu’une autre base, très partielle, existe. Elle est tenue par le gestionnaire du Brighton Park de Chicago, Carlos Ayento, et ne concerne que les variétés Schreiner, depuis l’origine de cette fameuse maison. A celle-ci aussi il manque certaines photos d’identité…

LES SEIZE COULEURS DE SCHREINER AND CO.


XVII. … et le reste

C’est quoi, le reste ? Les coloris inclassables que Schreiner nous propose de temps en temps, pour faire croire que la vieille maison de Salem donne dans la fantaisie. Mais point trop n’en faut : la clientèle est plutôt conservatrice !

‘Bohemian’ (1988)
‘Ginger Swirl’ (1985)
‘Starship Enterprise’ (1999)
‘Strange Brew’ (2002)

LUMIÈRE AU COEUR


Il a été plusieurs fois question ici des iris plicatas. C’est une disposition des couleurs infiniment riche et variée, qui ne se rencontre que chez les iris et qu’il est donc essentiel de connaître quand on s’intéresse à cette fleur. Entre autres variations, elle peut être appliquée « à l’envers », et dans ce cas on la baptise « luminata ». Cette dénomination, officialisée par l’AIS, essaie de définir l’aspect lumineux d’une fleur dont le cœur se trouve éclairé, en opposition au reste, plutôt sombre.

Un luminata présente les mêmes dessins qu’un plicata, sur les mêmes fonds légèrement colorés. Ces fonds tiennent leur couleur, plus ou moins prononcée, de la présence dans leurs cellules d’un pigment caroténoïde – donc plus ou moins rouge ou orangé – à concentration variable. Les dessins, eux, sont constitués par les pigments anthocyaniques – bleus ou violet – et leur application a été faite sur les sépales ( et d’habitude aussi sur les pétales). Une caractéristique du modèle luminata est que la pigmentation anthocyanique tend à s’éclaircir notablement au fur et à mesure qu’elle approche des bords. Prenez l’exemple de ‘Moonlit Water’ (Keppel, 2005) : le fond ivoire de la fleur réapparaît vers les bords, lorsque l’effet plicata bleu pourpré s’estompe, très nettement sur les pétales, un peu plus discrètement sue les sépales.

Un autre trait typique des luminatas, ce sont les veines plus claires qui apparaissent habituellement dans les parties colorées. En général les fleurs d’iris sont veinées de sombre, dans le cas des luminatas, c’est le contraire. La photo de ‘Mind Reader’ (Keppel, 1994) montre précisément ce caractère.

Mais ce qui définit absolument le modèle luminata, c’est une zone claire absolument pure de part et d’autre de la barbe. Pas une seule trace de la couleur de couverture. ‘Montmartre’ (Keppel 2008) est un bon exemple de luminata classique. Au cœur de la fleur les pigments ont été totalement inhibés et par conséquent la surface apparaît dans son exacte teinte de base.

Le modèle luminata n’est pas de création récente : il est apparu très tôt dans l’histoire des iris et, inévitablement, dans cette caverne d’Ali Baba qu’étaient les jardins des frères Sass, dans le Nebraska. ‘Moonlit Sea’ (Sass, 1942) fait partie des variétés pionnières repérées par leur obtenteur.

Aujourd’hui, les luminatas deviennent nombreux car plusieurs obtenteurs ont acquis les connaissances et l’habileté qui leur permettent de se mesurer au maître incontesté de ce domaine, Keith Keppel. Donald Spoon est de ceux-là et son ‘Daughter of Stars’ (2000) fait partie des meilleurs. A l’autre bout des Etats-Unis la famille Sutton (Brandon, en l’occurrence) vient de proposer le superbe ‘Duplication’ (2010) qui tient à la fois de ‘Suky’ (Mahan, 1991) et de ‘Fancy Woman’ (Keppel, 1995), deux de ses parents.

Avant de clore cette chronique, il faut parler d’une fleur qui comporte à la fois les modèles plicata et luminata, superposés, comme ‘Artistic Web’ (Tasco, 2010). On arrive alors à un imbroglio que ne peut décrypter qu’un spécialiste de la génétique des iris, car les endroits où les plicatas ne sont pas marqués sont typiquement les endroits où les luminatas le sont. Vous avez le clair des plicatas qui se trouve vers le centre de la fleur, notamment des pétales, et le sombre qui s’intensifie en allant vers le bord, alors que le clair des luminatas est vers l’extérieur et le foncé à la base, surtout sur les pétales. Ce qui signifie qu’on finit par avoir une fleur presque complètement marquée ! C’est une preuve supplémentaire de la complexité à laquelle on parvient dans ce domaine bien particulier des plicatas et de leurs opposés les luminatas. C’est cette complexité qui ravit les grands spécialistes car ils y voient l’occasion de découvrir des combinaisons nouvelles et de donner libre cours à leur imagination. Pour notre plus grand plaisir !





Iconographie :
‘Moonlit Sea’ (Sass, 1942)
‘Moonlit Water’ (Keppel, 2005)
‘Montmartre’ (Keppel 2008)
‘Duplication’ (B. Sutton, 2010)
‘Artistic Web’ (Tasco, 2010)

À LA MANIÈRE DE… (explications)


Le pastiche du Guide Vert Michelin publié la semaine dernière, qui évoque une ville purement imaginaire, a été conçu autour des descriptions des villes d’Avranches et de Preuilly sur Claise (Indre et Loire), puisées dans le Guide lui-même et dans un opuscule distribué par la Société Archéologique de Preuilly/Claise. Admiratif du travail de cette dernière, je sais qu’elle ne m’en veut pas de lui avoir emprunté un peu des explications qu’elle donne aux touristes qui visitent sa petite ville. Les photos de chapiteaux lui appartiennent ; elles ont seulement été un peu retouchées pour la vraisemblance de la fiction.

Les noms de rues, fictives elles-aussi, reprennent ceux de variétés anciennes d’iris obtenues par Ferdinand Cayeux ou Armand Millet :
· ‘Colonel Candelot’ (Millet, 1907)
· ‘Geneviève Sérouge’ (Cayeux, 1932)
· ‘Eugène Bonvallet’ (Cayeux, 1906)
· ‘Souvenir de Mme Gaudicheau’ (Millet, 1914)
· ‘Jean Marie Duvernay’ (Cayeux, 1933)
· ‘St Wandrille’ (Cayeux, 1947)
· ‘Docteur Chobaut’ (Millet, 1931)

Les autres allusions sont, évidemment, totalement inventées.

7.9.12

LA FLEUR DU MOIS




‘VERDE LUNA’

Chaque année des milliers de nouvelles variétés d’iris apparaissent dans le monde. Quelques centaines seulement sont enregistrées. Quelques-unes unes de celles-ci acquerront la notoriété. ‘Verde Luna’ (Romoli, 1996) ne fait pas partie de ces élues que chacun rêve de voir fleurir dans son jardin. C’est un iris de deuxième classe, comme on disait d’un soldat du rang le plus ordinaire. Alors pourquoi le hisser au niveau de « Fleur du Mois » ? Je répondrai que dans les épreuves de longue haleine il y a un jour un sans grade qui réussit à se distinguer. C’est le cas de ‘Verde Luna’, du moins en ce qui me concerne.

‘Verde Luna’ est ainsi décrit dans la « Check-List » : Blanc sans ondulations, lavé de vert, sépales avec gorge et épaules jaune verdâtre ; bras du style blanc marqué de vert, crête d’un léger jaune verdâtre ; barbes allant du jaune-vert au blanc verdâtre, avec pointe violette ; parfum doux et prononcé. Semis 14A-87 X Evening Canticle. C’est donc un blanc tirant sur le vert. C’est pour cela qu’il m’a intéressé. À notre que son parent mâle, ‘Evening Canticle’ (Carr, 1988) s’est mis en évidence à Florence en 1990 puisqu’il y a obtenu le deuxième prix. Il descend lui-même d’iris blancs (‘Cup Race’), bleus (‘Navy Strut’) et blancs à barbes sombres (‘Song of Norway’).

Comment se procurer un iris italien, non commercialisé ? Une seule solution, le demander à son obtenteur. C’est ce que j’ai fait. J’ai écrit à Valeria Romoli. Mais je n’ai pas eu de réponse. J’avais donc fait mon deuil de cet iris, quand, en plein mois décembre 1997 j’ai reçu un petit colis en provenance d’Italie. Dedans il y avait un petit mot et un rhizome de ce fameux ‘Verde Luna’ ! Sans grande conviction j’ai planté ce retardataire en me disant que s’il reprenait j’aurai de la chance, et que de toute façon, il ne fallait pas que je m’attende à le voir fleurir de si tôt. Raté !! Dès le printemps 1998, ‘Verde Luna’ était en fleur. Depuis il ne m’a pas manqué une seule année, sauf la dernière, 2012. Une telle fidélité méritait bien le titre dd « Fleur du Mois », n’est-ce pas ?

Mais, en plus, ce ‘Verde Luna’ est l’objet d’une petite anecdote.

Lors du concours Franciris 2005, j’ai fait la connaissance de Valeria Romoli. Nous avons bien sympathisé et, comme elle parle fort bien français, la conversation entre nous a été bien facilitée. De propos en propos, j’en suis venu à lui parler de son ‘Verde Luna’, de ses qualités et de sa constance. Elle m’a dit : « Figurez-vous que je l’ai perdu ! Il a disparu l’année dernière, et je le regrette bien. » « Qu’à cela ne tienne, lui ai-je répondu, cet été je vous en adresserai un morceau. » Il fut fait comme il fut dit et ‘Verde Luna’ a repris le chemin de Florence. Il a eu du mal à s’y réinstaller, car en 2008, quand je fus juge, sur la colline de San Miniato, il n’avait toujours pas refleuri. Mais il s’est rattrapé depuis !

Voilà comment cet agréable petit iris blanc a fait l’aller-retour Toscane-Touraine, pour le plus grand plaisir de son obtentrice et de moi-même.

Illustrations :
· Verde Luna (Romoli, 1996)
· Cup Race (Buttrick, 1963)
· Navy Strut (Schreiner, 1974)
· Song of Norway (Luihn, 1979)

LES SEIZE COULEURS DE SCHREINER AND CO.


XVI. Bicolore

Il arrive que la famille Schreiner agrémente son catalogue d’une variété bicolore, le plus souvent à base de rose. Ne nous privons pas d’en admirer quelques-uns .




‘Color Splash’ (1980)
‘Dawn to Dusk’ (2008)
‘Harvest King’ (1990)
‘High Chaparral’ (2006)

À LA MANIÈRE DE… Le Guide Vert MICHELIN


Pour les amateurs du genre, voici un nouveau pastiche. Un voyage de pure fiction !

POGONVILLIERS 1936 h. (les Pogonais)

St Flovier, évêque de Pogonvilliers au début du 11e siècle avait choisi l’iris pour la décoration de l’abbaye, en construction dans sa ville, qu’il avait confiée aux bénédictins. Ceux-ci réalisèrent une église caractérisée par la pureté de ses lignes, la hardiesse de ses proportions, la richesse de ses enluminures et la finesse de son décor sculpté ; les chapiteaux historiés, près d'une centaine, présentent des caractéristiques originales, ainsi en est-il de l’utilisation de l’iris comme élément récurrent.

LA SITUATION
Aux confins de trois anciennes provinces, la ville de Pogonvilliers dévale la pente abrupte de la vallée de la Sègre. Elle s’enorgueillit d’un passé très riche, centré autour de son abbaye, avec ses rues pentues et tortueuses où se nichent plusieurs églises, de beaux hôtels particuliers et d’élégantes maisons bourgeoises qui racontent la richesse de la ville jusqu’à la période moderne.

UN PEU D’HISTOIRE
La guerre du sel. – L’introduction, au XVIIeme siècle, de la gabelle dans la région de Pogonvilliers provoque une véritable guerre civile dite « la guerre du sel ». Les va-nu-pieds pillent et dévastent villes et campagnes, mais par bonheur épargnent le chef-d’œuvre qu’est l’abbaye et son décor aux iris.

Un industriel aimant les fleurs. Dans la deuxième moitié du XIXeme siècle, les ruines du château, mis à sac par les huguenots en 1562, rebâti puis de nouveau pillé lors de la « guerre du sel », puis laissé en l’état pendant plus de deux cents ans, ont été acquises par François-Marie de Sessigny, fils cadet d’une famille d’industriels parisiens spécialisés dans la pâte à papier. Il reconstruisit un édifice dans un style romantique, pseudo-moyenâgeux, et créa tout autour un magnifique parc arboré où il entreprit la culture et l’hybridation des iris. Il semble que cette passion lui soit venue par admiration pour les sculptures ornant les chapiteaux de l’église abbatiale.

UN TOUR DE VILLE
Une visite de Pogonvilliers commence par la place centrale, où se trouve la Mairie et la Poste, baptisée Place du Colonel Candelot, en souvenir d’un généreux enfant de la ville qui fit don à la commune, à sa mort, de l’hôtel particulier qu’il s’était fait bâtir le long de la rue principale. Prendre à gauche, au-dessus de la charmante halle en bois datant du XVIIe siècle, la rue Geneviève Sérouge, qui s’élève doucement vers les hauts murs du château. On admirera, au 13, l’hôtel Villiers de Galzy, beau logis du début du 18e siècle. Presque en face, un peu en retrait, l’hôtel des Gabelles, contemporain du précédent, se fait plus discret, derrière ses hauts mûrs. Tourner à droite dans la rue Eugène Bonvallet, à l’angle de laquelle la vieille demeure à fenêtres à meneaux garde le souvenir de Mme Gaudicheau, une personne plus connue sous la désignation de « la bonne Madame Gaudicheau » tant elle a fait pour venir en aide aux malheureux de sa ville. Dans le prolongement de la rue Eugène Bonvallet, la rue Jean Marie Duvernay passe devant la poterne du château. C’est dans ce bâtiment, le seul qui reste du château initial, que sont exposées les collections d’arts et traditions populaire de la région. Le château lui-même ne se visite pas, mais le parc est ouvert au public en mai et juin, pendant la période de floraison des iris, puisque la collection rassemblée dès le milieu du XIXe siècle par le baron de Sessigny a toujours été maintenue, améliorée et développée. A l’heure actuelle, plus de 1200 variétés sont cultivées. La collection est classée « conservatoire national de l’iris ». En descendant, vers la droite par l’étroite et pentue rue St Wandrille, on parvient devant la façade occidentale de l’église abbatiale St Flovier ainsi nommée en hommage à son fondateur (voir plus loin). Rejoindre la place de la Mairie par la rue du Docteur Chobaut où l’on admirera un ensemble de maisons ouvrières du XVIIe siècle.

UNE ABBAYE FLEURIE
L’abbaye St Flovier est assurément le plus bel ornement architectural de Pogonvilliers. Fondée en 1036, elle atteignit l’apogée de sa renommée dans le premier tiers du XIIe siècle. Son déclin s’affirme au XVIe siècle, au moment où les huguenots la dévastent. Malgré maintes vicissitudes elle a survécu jusqu’au début du XIXe, époque à laquelle l’église a été scrupuleusement restaurée alors que les locaux conventuels étaient démantelés. Son originalité tient à la pureté de son architecture romane bénédictine et à la qualité de l’ornementation de ses chapiteaux, qui évoquent, pour la plupart, la fleur de l’iris, stylisée selon différents aspects.


LA CITÉ DES IRIS
Le parc du château recèle l’une des plus importantes collections privées d’iris de jardin. Connue sous le nom de « Collection Sessigny », c’est l’une des plus importantes de France. Elle contient un grand nombre de variétés anciennes, dont certaines apparues dans la seconde moitié du XIXe siècle, ainsi qu’un assortiment de variétés obtenues depuis 1900. La partie contemporaine, qui concerne des iris hybrides récents, se trouve dans le charmant vallon du ru de St Branchs venant rejoindre la Sègre un peu en amont du pont de Pogonvilliers. Pour y accéder suivre le fléchage réalisé par la Société Française des Iris, gestionnaire des collections.

Illustrations




Deux chapiteaux de l’abbatiale St Flovier où l’on distingue des fleurs d’iris stylisées.
Une vue du jardin d’iris modernes.

ECHOS DU MONDE DES IRIS


Une disparition

On ne le connaissais pas beaucoup en Europe, parce que ses iris n’y sont pas commercialisés, mais les amateurs chevronnés ont au moins entendu parlé de lui. Il s’agit de RONALD WILLIAM BUSCH (1935-2012), qui vient de s’éteindre dans son pays, la Nouvelle-Zélande.

La plupart des ses iris ont un nom qui commence par « Irwell », une manière de faire qu’on rencontre surtout dans les pays anglo-saxon (mais chez nous la famille Poupin-Vazquez utilise ce système avec le mot « du Barry »). Il en a enregistré un grand nombre ; dont certains présentent un indéniable intérêt. Cette année, sa carrière d’hybrideur atteignait son apogée, puisque la Médaille de Dykes pour l’Australasie a été attribuée à son ‘Norma of Irwell’ (2008), un bel iris violet sombre.

Voici une de ses premières obtentions : Autumn Prince (1991).