26.7.12

LES SEIZE COULEURS DE SCHREINER AND CO



X. Bleu clair

Bleu tendre ou bleu pastel ? Schreiner trouve presque chaque année de quoi ravir les amateurs de ces teintes douces qui vont si bien aux iris.


‘Abiqua Falls’ (2003)
‘Altruist’ (1987)
‘Mariah’ (1995)
‘Tide’s In’ (1983)

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Richard Cayeux à la BBC

Allez voir l’intervention de Richard Cayeux à la BBC sur le blog de Terry Johnson : http://historiciris.blogspot.fr/2012/07/richard-cayeux-talks-about-hybridising.html

C’est en anglais, évidemment, mais cette courte vidéo est très facile à suivre.

DE ROUILLE ET D’OR


Parodier le titre du dernier film de Jacques Audiard et une amusante façon d’aborder le descriptif d’une variété récente d’iris qui fait plutôt parler d’elle. Il s’agit de ‘Wizard of Odds’ (Paul Black, 2007). Bernard Laporte (l’irisarien, pas le rugbyman !) m’a donné à l’automne 2011 un morceau de rhizome de cette variété dont il me vantait les rutilantes couleurs. La transplantation et la reprise de ce cultivar se sont passées sans problème et dès ce printemps ‘Wizard of Odds’ à fleuri dans mon jardin. Merci Bernard.

Il est indéniable que les couleurs de cette fleur attirent le regard. Un jaune d’or bien brillant, barbouillé de brun rouille (d’où le titre de la présente chronique !). Ce coloris passe peu au soleil et c’est à peine s’il est un peu moins vif au moment où tout se fane. Les fleurs elles-mêmes sont de bonne taille, avec des sépales qui restent très horizontaux.

‘Wizard of Odds’ est, évidemment, ce qu’on appelle un « broken color » ou, en latin de cuisine, un « maculosa », c’est à dire que la couleur de surface, le brun rouille en l’occurrence, est répartie de façon aléatoire sur les pièces florales. Il serait même plus exact de dire que le brun rouille des sépales est le résultat optique de la superposition de pigments anthocyaniques bleus (présents dans le liquide intercellulaire) sur les pigments caroténoïdes jaunes qui constituent le fond coloré. Dans la majorité des cas les pigments sont harmonieusement répartis, peut-être un peu moins dans le cas des plicatas, mais dans celui des maculosas, ils se logent un peu n’importe comment et, surtout, jamais deux fois au même endroit, ce qui fait qu’une fleur n’est jamais colorée exactement comme une autre. ‘Wizard of Odds’ répond exactement à cette description : certaines fleurs sont légèrement poudrées, d’autres comportent de grosses taches irrégulières…

Pour obtenir un maculosa, il faut partir d’un plicata, car les maculosas sont des avatars de plicatas, ou d’un autre maculosa. C’est bien ce qu’a fait Paul Black. Il a croisé ‘Pure as Gold’ (Innerst 1989) par ‘Infernal Fire’ (Richardson, 1994). Le premier est un excellent jaune uni, avec une barbe un peu plus soutenue, le second un maculosa jaune taché de brun violacé. ‘Pure as Gold’ lui-même est le fruit d’un croisement endogamique de deux jaunes : ‘Radiant Energy’ (Maryott, 1986) et ‘Sound of Gold’ (B. Blyth, 1982) (même si on distingue les origines plicatas de ce dernier par la présence fréquente de traces brunes sur les sépales). ‘Infernal Fire’ a des origines plus complexes, largement inspirées du variegata plicata ‘Broadway’ (Keppel, 1979), son père. Du côté féminin on trouve un peu de tout, mais aucune variété enregistrée avant la troisième génération (‘Campus Flirt’ (Daling, 1963) et ‘Mulberry Rose’ (Schreiner, 1941)). Plus avant dans la généalogie, apparaissent, d’un côté comme de l’autre, une série de grands classiques comme ‘New Moon’ (Sexton, 1968), ‘Gracie Pfost’ (E. Smith, 1958), ‘San Leandro’ (Gaulter, 1968), ‘Palomino’ (Hall, 1951) et l’inévitable ‘Snow Flurry’ (Rees, 1939).

Il est exact que ‘Wizard of Odds’ est une plante spectaculaire ; dans un jardin, elle attire l’œil et devrait valoir à son obtenteur beaucoup de succès dans les concours avec jury populaire. D’autant plus qu’elle présente plusieurs fleurs ouvertes au même moment et strictement serrées les unes contre les autres. Ce sont là des caractères qui ne sont pas appréciés par les juges pro, car la fleur manque d’aération et de sveltesse, mais qui conviennent quand on se contente de l’apparence attrayante du produit.

En conclusion cette addition de rouille et d’or est séduisante pour le grand public, mais beaucoup moins pour les amateurs d’iris parfaits. Je serais étonné si ‘Wizard of Odds’ faisait une grande carrière dans la filière des honneurs.

Iconographie :
‘Wizard of Odds’
‘Pure as Gold’
‘Infernal Fire’
‘Campus Flirt’

20.7.12

ECHOS DU MONDE DES IRIS



Du rififi à Moscou

Le concours d’iris de Moscou a été victime, cette année, d’un conflit entre la CIS (la société russe des iris) et celui qui avait été désigné comme commissaire, donc chargé de suivre ce concours et d’en assurer le bon déroulement. Ulcéré des reproches qui lui ont été faits à propos de son action, le commissaire a claqué la porte et gardé pour lui les résultats de la compétition !

LES SEIZE COULEURS DE SCHREINER AND CO.

IX. Bleu vif

Existe-t-il du bleu pur ? Le spécialistes en discutent. Schreiner est parvenu à un haut degré de pureté.





‘Rapture in Blue’ (1990)

‘Oregon Skies’ (1991)
‘Captain’s Joy’ (1994)
‘All About Blue’ (2009)

CHANGER LE SYSTÈME ?


La Société Américaine des Iris (AIS) a mis en place un système d’accession aux récompenses extrêmement structuré basé sur une progression de degré en degré, avec élimination des moins brillants à chaque étape. Ce système a fait ses preuves, mais est-il cependant parfait ? Certains pensent qu’il pourrait être amélioré.

Dans la dernière livraison du bulletin de l’AIS (vol. 93 n° 2, avril 2012), Tom Waters, un original adhérent, présente un projet de réforme. Actuellement, pour obtenir une distinction un iris doit avoir été noté par un grand nombre de juges qui l’auront apprécié au cours de la saison de floraison. Ceci implique que, pour avoir des chances de triompher, une variété doit être particulièrement bien distribuée à travers le pays : plus elle a des chances d’être vue, plus elle a de chances d’être notée. Waters cite l’exemple suivant : « Un iris A est cultivé par 500 juges. 100 juges le considèrent comme digne d’être récompense, les 400 autres juges ne le trouvent pas digne (peut-être a-t-il mal poussé ou mal fleuri chez eux). Un iris B a été vu par 100 juges en différentes régions du pays, et ces 100 juges sont d’accord pour dire que cet iris doit être récompensé. Les deux variétés ont reçu 100 votes et seront traitées de la même façon dans le système actuel. Mais il est évident que l’iris B est supérieur (il a bien marché pour tous ceux qui l’ont apprécié), tandis que le A n’a pas été brillant dabs 80 % des jardins !
La conséquence est évidente : un iris peut remporter une médaille même si la plupart des juges ne l’en ont pas jugé digne, simplement du fait qu’il a été vu par beaucoup, beaucoup de juges. »
Il fait cette suggestion : « Au lieu de faire voter les juges pour un certain nombre d’iris précisément désignés (1), qu’ils votent pour tout iris qu’ils ont eu l’occasion d’évaluer. On fait ensuite l’addition de tous les points reçus par chaque iris. Les juges qui n’ont pas vu et évalué un iris n’ont aucune influence sur son sort, alors que dans le système actuel, le fait de ne pas avoir vu un iris est en fait voter contre lui. »
Il ajoute : « On ne doit plus considérer que ne pas connaître et désapprouver sont la même chose. » C’est en effet une lacune du système que de ne pas tenir compte des désapprobations.

Cette suggestion me semble donc pleine de bon sens. L’attribution des récompenses ne serait plus assujettie à la quantité de plantes présentes dans les jardins, et les variétés valeureuses mais moins bien commercialisées auraient aussi leur chance. Il faut cependant admettre que les plus hautes récompenses concernent des variétés en générales excellentes à tous points de vue, ne serait-ce que parce que la compétition est d’une telle durée que les premiers jugements favorables ont pu être corrigés par une appréciation étalée sur de nombreuses années. Quoi qu’il en soit la suggestion de Tom Waters est particulièrement intéressante. A-t-elle cependant quelque chance d’être prise en considération ? Les producteurs d’iris, ceux donc qui les commercialisent, tiennent une grande place au sein de l’AIS (contrairement à ce qui se produit en Europe où les rivalités commerciales font que les producteurs se tiennent en marge des sociétés iridophiles pour ne pas être soupçonnés de vouloir les investir à leur profit) et peut-être craindront-ils que des plantes « indépendantes » ne fassent de l’ombre à celles qu’ils commercialisent…

Iconographie :
‘Dream Lover’(Tams, 1971 – DM 1977), l’une des DM qui eu le moins de succès commercial ;
‘Debby Rairdon’ (Kuntz, 1965 – DM 1971), une exception à la règle de Tom Waters ;
‘Mesmerizer’(Byers, 1991 – DM 2002), l’une des DM les plus controversées ;
‘Sky Hooks’ (Osborne, 1980 – AM 1986), une variété qui n’a pas dépassé le stade de l’AM, mais qui a été universellement appréciée.

(1) Les juges reçoivent chaque année la liste des variétés qu’ils ont à juger pour chaque degré de la course aux honneurs. Cette liste est établie en fonction des conditions de participation précisées dans le règlement de la compétition.

13.7.12

ECHOS DU MONDE DES IRIS

München

Le concours d’iris de Munich fait le distinguo entre les variétés allemandes et les autres.

Cette année, dans la catégorie « indigène », c’est ‘Miltitzer Tanzparty’ (M. Herm, 2011) qui l’a emporté.
La compétition internationale a couronné ‘Bel Avenir’ (Cayeux, 2008) devant ‘Certe Notti’ (Bianco, 2008)
Avec ‘Jacques Cœur’ et ‘Eclipse de Mai’, Richard Cayeux a pris une option sur le titre de 2013.
Quant à Michèle Bersillon, elle accumule les places d’honneur avec ses semis 0610 L et 0714 H dans la catégorie TB international, et 0796 B, 0796 L et 0796 U chez les SDB.



Illustrations :
· ‘Miltitzer Tanzparty’
· ‘Bel Avenir’
· ‘Certe Notti’

LES SEIZE COULEURS DE SCHREINER AND CO.

VIII. Indigo

Le mot indigo n’apparaît presque jamais dans les descriptions d’iris. Les obtenteurs lui préfèrent l’expression bleu-violet, allez savoir pourquoi ! Schreiner n’a pas négligé ce bleu-violet, du plus clair au plus foncé : en voici quatre exemplaires.

‘Last Hurrah’ (1983)
‘Blenheim Royal’ (1990)
‘Feature Attraction’ (1994)
‘Spirit Mountain’ (2002)

EVA FAUGHT ou MADAME CAHOKIA

La vaste plaine, au centre des Etats-Unis, où coulent le Mississipi et le Missouri est une région qui a donné naissance à un grand nombre de personnages éminents du monde des iris, depuis la première moitié du XXeme siècle jusqu’à nos jours. Eva Faught fait partie de ces gens-là.

Dans un article publié récemment sur le blog de l’AIS, l’excellent Mike Unser, spécialiste des iris historiques, donne quelques précisions sur cette personne de qualité. « Je crois, dit-il, qu’elle est née dans l’Iowa (1), mais elle a vécu la plus grande partie de sa vie à Carbondale, Illinois (2) où elle exerçait la profession de bactériologiste. » Ce n’est pas la première fois qu’on rencontre un scientifique s’intéressant à l‘hybridation. Peut-être que le côté savant de cette activité a des corrélations avec celle du chercheur. En tout cas Eva Faught ne s’est pas officiellement lancée dans l’hybridation dès sa tendre jeunesse : ses premiers enregistrements datent des années 1940, alors qu’elle avait dépassé l’âge de cinquante ans. D’ailleurs ces enregistrements ne furent pas nombreux : seulement une quinzaine de nouvelles variétés, mais parmi celles-ci deux qui ont marqué. Il y a plusieurs hybrideurs (ou plutôt hybrideuses) qui ont connu le succès pour une seule variété. Ce fut le cas de Clara Rees avec son fameux ‘Snow Flurry’ ou de Lois Kuntz grâce à ‘Debby Rairdon’. Eva Faught a fait coup double. Mike Unser continue en disant : « Dans les années 1940 elle a commencé à travailler avec beaucoup des bleus de Californie, et à partir d’un croisement complexe incluant 'Purissima', 'Santa Barbara', et 'Santa Clara' elle a créé un des meilleurs bleus de l’irisdom : ‘Cahokia’. » Ajoutons que ce ‘Cahokia’ (Faught, 1946) avait un frère jumeau baptisé ‘Pierre Ménard’ (Faught, 1948). Le premier était un bleu clair, le second un bleu foncé.

L’un et l’autre ont connu immédiatement le succès et ils ont été abondamment utilisés par tous les obtenteurs du moment, de telle sorte qu’aujourd’hui on compte environ 170 variétés issues en direct de l’un ou l’autre de ces deux frères.

‘Pierre Menard’ doit avoir au moins 90 descendants enregistrés dans le pedigree desquels son nom apparaît à un niveau ou à un autre. C’est du moins ce que dit la base de données « Iris Register » de l’AIS. Cela donne une idée de la quantité d’iris qui proviennent de lui ! Dans cette brassée de vedettes, on trouve un grand nombre de noms devenus célèbres à leur tour, comme ‘Allegiance’ (Cook, 1957), ‘Dialogue’ (Ghio, 1970), son frère de semis ‘Mystique’ (Ghio, 1972) et son cousin ‘Intuition’ (Ghio, 1975).

Cependant c’est ‘Cahokia’ à lui seul qui a assuré la célébrité d’Eva Faught. De lui descendent en effet des variétés aux innombrables rejetons. Orville Fay, Paul Cook et Georgia Hinkle ont assuré son triomphe. Le premier avec ‘Rippling Waters’ (Fay, 1952), le second avec ‘Whole Cloth’ (Cook, 1956) et la troisième avec ‘Symphony’ (Hinkle, 1956). Il est pratiquement impossible de compter les iris qui sont issus de ces illustres variétés.

Cela dit à quel point les jumeaux d’Eva Faught sont des éléments essentiels de l’histoire de l’hybridation. Ne leur doit-on pas au moins sept vainqueurs de la DM ? On aurait pu s’attendre à ce que des variétés aussi intéressantes reçoivent la reconnaissance du monde des iris sous forme d’une distinction particulière, mais ce ne fut pas le cas. Ce n’est pas la première fois que la Dykes Medal ignore les iris qui deviendront des pierres angulaires, ‘Snow Flurry’ a été oublié de la même façon. ‘Pierre Menard’ et ‘Cahokia’ n’ont pas dépassé le stade de l’Award of Merit… Leur récompense est ailleurs, dans le fleuve de leurs descendants et la place inestimable qu’ils ont prise dans le monde des iris.

Le nom de Miss Faught est aujourd’hui un peu perdu de vue. Qui se souvient encore de variétés comme ‘Carbondale ‘ (Faught, 1954), ‘Illinois Sunshine’ (Faught, 1949) ou ‘Roxy’ (Faught, 1954) ? Heureusement pour elle ( et pour nous !) que ses jumeaux sont là pour nous rappeler son existence et la place qu’elle tient dans les milieux de l’iridophilie.


(1) en 1888.
(2) L’Iowa est sur la rive droite du fleuve, l’Illinois sur la rive gauche.


Iconographie

‘Cahokia’ (Faught, 1946)
‘Pierre Menard’ (Faught, 1948)
‘Allegiance’ (P. Cook, 1957)
‘Symphony’ (G. Hinkle, 1956)

7.7.12

LA FLEUR DU MOIS


‘VDOKNOVENIE’

Quand ils ont voulu pratiquer l’hybridation, juste après la fin de la guerre froide et la déconfiture des régimes totalitaires en Europe, les amateurs de l’Est n’avaient pas grand’ chose à se mettre sous les pinces. Pendant des années, en ce domaine comme dans bien d’autres, il avait fallu ruser, tricher pour se procurer des iris en provenance de l’Ouest. Le panel d’éventuels géniteurs était donc particulièrement maigre. Dans les jardins d’Asie Centrale, il y avait quelques variétés assez anciennes mais bien connues pour leurs qualités génétiques. Broadway Star (Schreiner, 1957), Chartreuse Ruffles (Rudolph, 1976), Christmas Time (Schreiner, 1965), Dancer’s Veil (Hutchison, 1959), Deep Fire (Schreiner, 1979), Fresno Calypso (Weiler, 1978), Mary Frances (Gaulter, 1973), Pink Sleigh (Rudolph, 1970), Pipes of Pan (O. Brown, 1963), Rippling Waters (Fay, 1961), Victoria Falls (Schreiner, 1977) et c’est à peu près tout. C’est avec cet équipement minimal qu’Adolf Volfovitch-Moler s’est lancé dans l’aventure.

Comme il avait du talent – et de la chance- il a obtenu un certain nombre de variétés d’une perfection surprenante. Son ‘Ikar’ (1992) a obtenu le Florin d’Or en 1995, et la même année son ‘Simfoniya’ (1992) a été consacré « Meilleure variété tardive » au même concours de Florence. ‘Askia’ (1992) et Tashkent (1992) ont été, eux, remarqués au tout nouveau concours de Moscou, de même qu’un certain ‘Vdoknovenie’ (1992).

J’ai été contacté par A. Volfovitch-Moler en 1995. Il cherchait à se procurer des iris modernes, sans trop dépenser d’argent et un échange avec un amateur français pouvait être pour lui une aubaine. Pour moi aussi puisque les variétés de l’Est étaient encore (et restent toujours) des curiosités rarissimes en Occident. Il m’a donc envoyé une poignée de ses obtentions et je lui ai fait parvenir deux gros paquets de variétés françaises et américaines toutes récentes. Il n’ a pas eu de problème, ni dans un sens ni dans l’autre avec la Douane et les services de contrôle phytosanitaires. Voilà pourquoi mon jardin s’enorgueillit aujourd’hui encore d’une vingtaine de variétés exotiques en provenance d’Ouzbékistan.

Parmi celles-ci, il en est trois ou quatre qui me plaisent particulièrement. J’ai déjà évoqué ‘Zolotaya Korona’ (1998), superbe iris mordoré, et, comme les juges de Florence, j’apprécie vivement ‘Ikar’ et Simfoniya’. Mais ‘Vdoknovenie’ n’est pas mal non plus !

C’est un iris dont la couleur dominante se situe entre le mauve parme et le rose magenta, plus clair et ocré sous les barbes mandarine, avec un liseré et une flamme sur les sépales plutôt dans les tons de gris. Un coloris qui n’est pas si fréquent, et que je qualifierais même de typiquement ouzbek. C’est le résultat d’un croisement de (Rippling Waters X Dancer’s Veil) qui, évidemment, n’a pas la silhouette d’un iris d’aujourd’hui, mais qui conserve bien du charme.

Adolf Volfovitch-Moler a croisé cette variété avec le plicata rose ‘Pink Sleigh’, dans les deux sens, et en a sélectionné plusieurs semis, comme l’unicolore pourpre ‘Ispoved’ (1999), le blanc ‘Morskoy Priboy’ (1997), le très original ‘Rah-Rah Boy’ (1997), et le gris ‘Vecherniaya Skazka’ (1997).

Iconographie :
‘Vdoknovenie’
‘Vecherniaya Skazka’
‘Rah-Rah Boy’
‘Simfoniya’.

LES SEIZE COULEURS DE SCHREINER AND CO.


VI. Violet

Voici le violet « archevêque », une couleur qui sourit à Schreiner and co.

‘Titan’s Glory’ (1981)
‘Royal Intrigue’ (1991)
‘Around Midnight’ (1995)
‘Dakota Smoke’ (2008)

L’AVIS DES GENS


Dans une précédente chronique il a été question des concours d’iris et de la possibilité de leur existence en France et en Europe. Aujourd’hui nous allons aborder ce qui concerne les critériums de popularité, l’autre forme de compétition qui existe dans le monde des iris.

On trouve, là-aussi, deux formes de critérium de popularité. Une première consiste à demander aux visiteurs d’un concours ou d’une exposition de choisir les variétés qui leur ont plu et de mettre leur bulletin dans une urne ; à la fin de la période de consultation les bulletins seront dépouillés et le classement général établi. Une autre forme, qui n’est pratiquée actuellement qu’aux Etats-Unis, est celle du Symposium où il s’agit de bâtir selon des critères précis une liste de variétés qui est présentée aux adhérents de la société organisatrice. Ces derniers font leur choix (toujours selon des règles précises) puis l’adressent à la société (l’AIS). Un classement est alors dressé. La première formule est ponctuelle. Elle met en évidence les variétés les plus belles – ou les plus spectaculaires – admirées par les visiteurs, mais ne répond à aucune autre règle que l’appréciation instantanée des votants. La seconde joue sur la durée (les variétés proposées au choix sont essentiellement celles qui avaient été retenues lors du critérium précédent) et sur la diffusion des iris dans les jardins tant publics que privés.

On fait plusieurs reproches à la formule n° 1 :
· Le choix des visiteurs votants est fonction de l’apparence des variétés au moment où ils passent dans le jardin ;
· Qu’un groupe important de visiteurs se présente un jour donné et l’abondance des bulletins déposés influera largement sur le résultat final ;
· Les votants réagissent majoritairement à l’aspect spectaculaire des variétés présentées et ne tiennent pas compte de leurs qualités végétatives ou de leur intérêt horticole.
D’autres réserves s’adressent à la formule n° 2 :
· Plus une variété a de succès commercial – et donc plus on a de chances de la voir dans les jardins – mieux elle se trouvera classée ;
· Le choix des variétés mises au vote est essentiellement fonction d’une notoriété déjà acquise ;
· Le nombre de votants est relativement faible et donc pas forcément représentatif de l’opinion générale des amateurs d’iris.

Dans le premier cas la victoire revient généralement à des iris de couleurs vives ou de grande taille, les plantes discrètes sont désavantagées. C’est ainsi qu’en 2000 les trois variétés les plus appréciées du public lors du concours Franciris ont été ‘Provençal’ (Cayeux, 1978), ‘Tumultueux’ (Cayeux, 1995) et ‘Andalou’ (Cayeux, 1993), trois variétés hautes en couleur. La même année, au Critérium d’Orléans, les visiteurs ont choisi ‘Avallon Sunset’ (Schreiner, 1994), variété orange brillante. Le second cas fait la part belle à la stabilité, les participants votant de préférence pour des iris connus et auxquels ils vouent un intérêt sentimental. Cela explique la présence de ‘Dusky Challenger’ (Schreiner, 1986) à la première place (depuis vingt ans !) du Symposium américain, et que ‘Jesse’s Song’ (Williamson, 1983) n’a pas bougé du top 5 depuis 1994 !

Ces deux types de confrontations ont néanmoins un gros intérêt : elles impliquent ceux qui achètent les iris et relancent leur intérêt pour cette fleur.

Les critériums du public sont organisés un peu partout, parce qu’ils constituent une animation autour des manifestations plus techniques, et qu’ils ne coûtent pratiquement rien à celui qui en a l’initiative. Chez nous le Parc Floral d’Orléans ouvre chaque année au mois de mai le Critérium de l’Iris, et la SFIB fait de même à l’occasion des concours Franciris qu’elle gère. La MEIS, société qui réunit les amateurs des pays de l’ex-Europe de l’Est, et la CIS, société russe, en organisent un autour de leur concours classique. En Allemagne l’Iris Bewertung de München se déroule dans des conditions voisines et rencontre de plus en plus de succès. Aux Etats-Unis, ils sont très nombreux car c’est la principale activité des sociétés iridophiles locales ou régionales ; ils ont beaucoup de succès. Mais la formule du Symposium reste l’apanage de l’AIS. En France, la SFIB a tenté de copier ce modèle dans les années 90. Ce fut un échec, parce que le nombre de réponses reçues est resté dérisoire : le public français n’est guère disposé à participer à ce jeu ! Sans doute une question de tempérament…

Iconographie :
· ‘Avallon Sunset’ (Schreiner, 1994) Critérium d’Orléans 2000 ;
· ‘Provençal’ (Cayeux, 1978) »Iris du millénaire », Franciris 2000 ;
· ‘Jesse’s Song’ (Williamson, 1983) Symposium de l’AIS ;
· ‘Guilt Free Sample’ (Black, 2007) Iris Bewertung München 2011.