6.4.12

ENREGISTREMENT ET INTRODUCTION


Pour une nouvelle variété d’iris il y a deux dates importantes : celle de son enregistrement et celle de son introduction sur le marché. L’une et l’autre sont consignées annuellement par l’AIS, qui centralise toutes les informations concernant les variétés obtenues partout dans le monde. Ces deux dates peuvent être concomitantes ou espacées dans le temps. Elles sont indépendantes l’une de l’autre, et l’on rencontre continuellement des variétés enregistrées qui ne sont jamais introduites sur le marché, et des variétés mises au commerce mais qui n’ont pas été enregistrées.

Dans le premier cas on trouve, par exemple ‘Amber Elegance’ (Baumunk, 1998), qui a cependant été utilisé pour obtenir ‘King of Light’ (Baumunk, 2002), et dont on peut dire qu’il serait une esquisse. Dans l’autre cas il y a toutes les variétés obtenues par Luc Bourdillon, cédées à son frère Pascal, mais que ce dernier n’a jamais pris la peine d’enregistrer, ce que tous les amateurs regrettent. Parce que l’enregistrement d’une variété est son acte de naissance officiel. Sans cette formalité, un cultivar n’existe pas, juridiquement : son nom reste disponible et peut être repris à tout moment par un autre hybrideur, même si le cultivar d’origine a eu une descendance elle-même enregistrée et même s’il est très répandu dans les jardins. C‘est là où le bât blesse. Car il existe de part le monde des centaines de milliers d’iris hybrides, d’origine naturelle ou produits par l’intervention humaine qui poussent sans problème. Tant qu’ils ne sortent pas, ou peu, du jardin de leur obtenteur, ces hybrides « sauvages » n’entraînent aucune conséquence. Ce n’est pas comme lorsqu’ils sont commercialisés. Dans ce cas c’est faire preuve de négligence ou de désinvolture que de ne pas procéder à l’enregistrement. D’autant plus qu’il s’agit d’une formalité simple et peu coûteuse. Si, pour une raison ou une autre une variété n’a pas été enregistrée, il est toujours possible de réparer l’incident. Ainsi la variété ‘Lumière d’Automne’, obtenue en 1992 par Eric Besse, pour la Maison Anfosso, a-t-elle été enregistrée tardivement, en 2009, à la demande de nombreux amateurs qui, séduits par cette plante, voulaient l’utiliser en hybridation, et souhaitaient connaître ses origines. Car une des vertus de l’enregistrement est de fournir un maximum d’information sur les antécédents de la plante, notamment son pedigree, fort utile pour qui veut faire de l’hybridation sérieuse.

Enregistrer une variété commercialisée est donc une nécessité morale à défaut d’être une obligation juridique. L’introduction officielle sur le marché est d’une toute autre nature.

Le rôle de cette formalité est essentiellement d’ouvrir le champ aux compétitions américaines. Sans introduction, pas de médaille ! Or les obtenteurs US, et les producteurs qui tirent profit de la notoriété conférée par les récompenses, sont très friands de cette compétition. Mais il faut bien fixer à celle-ci un point de départ que la date d’enregistrement ne peut pas fournir à elle seule puisqu’elle peut être antérieure à celle d’introduction et n’est pas liée au côté commercial du concours. D’autre part les juges exercent leur fonction en visitant de nombreux jardins, et il faut bien qu’ils sachent quelles plantes ils ont à juger. Un variété qui a l’ambition de concourir doit donc être à la fois enregistrée et introduite. ‘Amber Elegance’, qui n’a que le premier de ces sacrements, ne recevra jamais le moindre HM. Voilà pourquoi l’AIS tient particulièrement à la date d’introduction et la place immédiatement après le nom de la variété dans les documents officiels. Pour les obtentions non-américaines, et qui ne prétendent pas à prendre part à la course aux honneurs, la date de mise au commerce n’a pas d’importance et n’est le plus souvent pas notée. Voilà pourquoi la seule date qui compte pour elles est celle de l’enregistrement.

Comme tout ce qui est créé par l’homme, le monde des iris a besoin d’ordre. Celui qui y entre doit en accepter les règles. Et comme celles-ci sont simples, logiques et raisonnables, il n’y a aucune raison valable pour s’y soustraire.

Iconographie :
· ‘King of Light’ (Baumunk, 2002) (Amber Elegance X Quito)
· ‘Libellule’ (L. Bourdillon, non enregistré)
· ‘Lumière d’Automne’ (E. Besse, 2009) (Solano X yellow or orange sdlg)
· semis Mego AM 97/207 (non enregistré)

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