10.2.12

REMONTÉES OU EXTENSIONS ?






Depuis que je m’intéresse aux iris et que j’en ai infesté mon jardin, je me suis penché sur tout ce qui pouvait prolonger la saison de cette fleur que j’admire mais dont je déplore la brièveté de la floraison.

J’ai commencé par me dire que tout le mal que je m’étais donné pour constituer un jardin plaisant méritait que l’agrément recherché soit prolongé au maximum. Mais comment faire pour que la ronde organisée autour de mon jardin, dans un labyrinthe complexe, puisse se poursuivre au devant ou au delà du mois de mai ? J’ai d’abord pensé aux grands iris remontants. J’ai donc planté une série de ces variétés réputées capables de refleurir aussitôt leur première floraison terminée. Ma déception a été à la mesure de mon investissement. Une remontée, oui, mais capricieuse et d’une qualité souvent médiocre. Capricieuse, en partie – j’en suis convaincu – due à ma négligence dans la conduite de la culture. Le climat de la Touraine présente la particularité d’être très sec et presque torride au cours des mois d’été. Il faudrait donc, je le sais, pour favoriser la remontée, que mes fleurs soient copieusement arrosées entre juin et septembre quand la nature ne se charge pas de cette humidification. Mais je me pose des questions éthiques : ai-je le droit, quand l’agriculture manque d’eau, quand l’arrosage est officiellement restreint, de détremper mes iris qui, reconnaissons-le, ne sont là que pour faire joli ? Je choisis donc de ne pas arroser… Et mes iris remontants ne refleurissent pas, ou si peu ! Et l’effet recherché n’est évidemment pas là : une ou deux hampes en fleur sur un espace de 200 m2, cela n’a rien d’attrayant ! Même les étés où la pluie tombe en quantité suffisante, d’ailleurs, la présence d’une quinzaine de variétés en fleur en même temps, pendant quelques jours étalés sur plusieurs mois, cela n’incite pas à musarder parmi des iris qui, en majorité, sont en train de perdre leurs rares feuilles déjà jaunies… J’ai donc choisi de supprimer les remontants, dans la mesure où, sur un autre plan, ils ne présentaient pas un intérêt particulier. Bye-bye ‘Autumn Echo’, ‘Hallowed Thought’, ‘Sign of Leo’ ou ‘Violet Miracle’…

Je me suis alors tourné vers les variétés hâtives ou tardives, imaginant que mon jardin allait être agréable plus longtemps. Autre déception : en avant-saison je suis encore victime du climat tourangeau ! Il n’est pas rare en effet que des matinées de gel se produisent jusqu’à la fin de la troisième semaine d’avril. Un dicton local affirme d’ailleurs que la St Georges (23 avril) est une date fatale pour les plantes gélives. Or c’est à ce moment que les iris hâtifs montrent le bout de leurs fleurs, et que les boutons floraux sont particulièrement sensibles au gel ! Bien souvent donc, au lieu des fleurs attendues, je ne trouve que des boutons noircis et pourrissants. Adieu les espoirs de ‘Earl of Essex’, ‘Juicy Fruit’, ‘Soft Jazz’, ‘Thundercloud’ ou ‘Yes’, trop souvent victimes des frimas d’avril. Du moins n’ai-je pas ces incidents à redouter avec les iris tardifs ! Peine perdue : d’une part, après l’euphorie de la pleine saison, l’apparition des tardifs se produit quand on a déjà l’esprit ailleurs, d’autre part, bien souvent ces variétés qui fleurissent quand les autres cessent de le faire vont avoir du mal à se reconstituer avant les gelées de l’automne tourangeau (elles commencent le plus souvent aux alentours du 10 octobre) et ne vont refleurir qu’après un an ou plus de latence. Fini le rêve suscité par ‘Belle Embellie’, ‘Jud Paynter’, ‘Last Call’, ‘Last Hurrah’, ‘Snehulienka’ ou ‘Tangerine Sky’ !
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J’ai aussi essayé les variétés naines ou médianes.

Les SDB m’intéressent pour leur vigueur, leur floribondité et l’extraordinaire variété de leurs coloris. Mais ils ont à mes yeux deux défauts majeurs : ils sont nains et, si l’on veut les voir comme il faut, il ne faut pas les placer au milieu des grands iris car ceux-ci, qui poussent à toute vitesse en avril, vont les masquer, et ce n’est qu’en arrivant dessus qu’on va les apercevoir ; ils sont d’autre part en fleur à un moment où le ciel est souvent maussade et l’air frisquet, ce qui n’incite pas à s’attarder au jardin. J’ai donc fini par planter mes iris nains pas trop loin de la maison et dans un parterre qui leur est exclusivement dédié. Dans ces conditions je profite pleinement de s petites merveilles signées de Lawrence Ransom, ainsi que de ‘Cameo Queen’, ‘Pumpin’ Iron’ ou ‘Sangue di Drago’.

Restent les iris intermédiaires. Ceux-là ne pâtissent pas de se trouver mêler aux grands en approche de floraison. Ils ont suffisamment d’attrait pour supporter la comparaison avec les premiers TB à fleurir. Ils peuvent donc jouer le rôle que je voulais leur voir jouer. Alors ce sont eux que je privilégie maintenant pour prolonger le plaisir de me promener dans mon labyrinthe. Merci à ‘Fioletovy Nizkorozly’, ‘Mezza Cartuccia’, ‘Voilà’ et leurs semblables et cousins plus modernes. Ces jolis IB modernes, élégants, florifères et devenus fertiles sont les nouveaux ornements de mon jardin d’iris, au pays des vignes.

Iconographie :
  • 'Earl of Essex' (Zurbrigg, 1979) (de Crinckled Ivory, Grand Baroque, Violet Classic)
  • 'Hallowed Thought' (Zurbrigg, 1977) (Grand Baroque X Halloween Party)
  • 'Snehulienka' (Muska, 1997) (((Laced Cotton x Monte Albano) x (Mary Frances x Tide's In)) X Carrara Lace
  • 'Fioletovy Nizkorosly' (Driagina, 1978) (Sable X Chernomorets)
  • 'Cameo Queen' (B. Jones, 2001) (((Live Jazz x Pink Caper) x Orange Tiger) X Vintage Rose)

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