6.1.12

DES NAINS PARTOUT





B. A. WARBURTON (1903/1996)

Il n’est pas rare que la destinée d’un amateur d’iris ait été conditionnée par un événement particulier. Prenez mon exemple personnel : les iris germanicas qui, sur le coteau de Chinon, sont en fleur dès les premiers jours de février, et que j’admirais tous les ans chaque fois que je montais voir ma chère grand’mère, dans sa petite maison troglodyte, sont à la base de l’intérêt que je porte à ces plantes. La biographie de Beatrice Warburton comporte une anecdote identique : dans le jardin de sa famille il y avait un grand iris bleu, que l’on trouve encore ici ou là, qui s’appelle ‘Princess Beatrice’ (Barr, 1898). La fillette était persuadée que la princesse en question, c’était elle, et elle trouvait cela merveilleux. Pendant longtemps sa vie l’a quelque peu éloignée des iris, mais quand il s’est agi de créer une rocaille dans le fond de son nouveau jardin, dans le Massachusetts, elle s’est tournée naturellement vers cette plante dont elle avait gardé le délicieux souvenir.

Ses premiers iris ont donc été destinés à orner sa rocaille, et ce furent évidemment des iris nains issus de I. pumila. Autrement dit des SDB. Mais Beatrice Warburton, familièrement appelée « Bee », était une femme qui ne faisait rien à la légère. « Ne parlez pas de hobby, disait-elle en parlant de son travail avec les iris, je n’ai jamais eu de hobby, je mets trop de cœur dans tout ce que je fais. » Elle s’est donc donnée à fond dans le domaine qu’elle avait choisi.

Et elle a réussi du premier coup ! Dès ses premières réalisations elle a collectionné les récompenses. Ses premiers essais datent du début des années 50, et ses premiers iris enregistrés l’ont été en 1957. ‘Brassie’ (1957) a tout de suite été remarqué et a obtenu la Médaille de Cook-Douglas en 1962. Ce fut la première des sept CDM qu’elle a obtenues au cours de sa longue carrière. L’un de ses plus beaux succès a été celui de ‘Stockolm’ (1971), en 1977. Cependant, dans cette catégorie mon préféré reste ‘Open Sky’ (1975), cet adorable petit bleu, toujours fidèle et prolifique.

Mais les SDB n’ont pas été les seuls vers qui Bee Warburton se soit tournée. Son nom figure aussi en regard de SIB, MDB, MTB, IB et BB. Dans ce dernier domaine elle a même obtenu en 1972 la Knowlton Medal pour ‘Lace Valentine’ (1964), et son tout petit MDB ‘Sky Caper’ (1962) a reçu le Carpane Award (*) en 1968.

Cependant ce n’est peut-être pas l’excellence de ses semis qui a fait la renommée de Bee Warburton, mais plutôt sa parfaite connaissance de tout ce qui concerne les iris. Cette vaste érudition a été concrétisée par la rédaction de la bible des iridophiles, « The World of Irises », cette somme réalisée avec son amie Melba Hamblen et la collaboration de tous les meilleurs connaisseurs des iris des années 70.

Unanimement appréciée par ses collègues, elle a été honorée autant qu’il est possible, et les médailles de toutes sortes sont venues s’entasser sur sa cheminée !

Il y a peu de personnes qui ont autant fait pour le monde des iris. En plus de quarante ans de carrière, Beatrice « Bee » Warburton aura marqué son époque de manière indélébile et les iridophiles d’aujourd’hui ne peuvent ignorer combien elle a été importante dans le domaine auquel ils s’attachent.

(*) Le Carpane Award est la récompense qui a précédé la Carpane-Welch Medal attribuée à partir de 1984.

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