26.8.11

AVIS AUX AMATEURS

La semaine prochaine, patience ! Irisenligne ne sera alimenté que le dimanche 4 septembre.

AU BONHEUR DES DAMES


VII. Au pouvoir




Qu’il s’agisse de têtes couronnées ou de grandes dames du pouvoir, elles ont chacune eu les honneurs du pays des iris.

· 1 ‘Madame Chirac’ (Ladislaw Muska, 2000) (de White Window, Mys Horn, Don Epifano, Soissons...)
· 2 ‘ Lady Bird Johnson’(Clarence Mahan, 1996) (Laced Cotton x Blue Zipper)
· 3 ‘ Elizabeth of England’ (William Miles, 1949) ((Purissima x Bruno) X Maise Lowe)
· 4 ‘Prinzessin Victoria-Luise’ (Goos und Koenneman, 1910) (non précisé)

1 = On ne présente pas la dédicataire ! A noter que le nom officiel de cette variété est ‘Chirac in White’, du fait que l’usage du mot « madame » est interdit par les règles actuelles de dénomination des plantes ;

2 = Epouse du Président US Lyndon B. Johnson ;

3 = Dédié à la reine d’Angleterre, reine, aussi, du Canada, pays de l’obtenteur ;

4 = Fille du Kaiser Guillaume II et petite-fille de la reine d’Angleterre Victoria.

ECHOS DU MONDE DES IRIS


Quinze Dollars

C’est le prix qui sera désormais demandé pour chaque enregistrement d’une variété d’iris quel que soit le pays où cette variété sera proposée à l’enregistrement. Cette disposition est sensée établir une égalité de traitement entre les obtenteurs américains et ceux du reste du monde. Sur cette somme dix dollars seront reversés à l’AIS et 5 dollars resteront à l’organisme national du pays d’enregistrement.

Avec 1,40 dollar pour un euro, les européens sont avantagés dans ce système.

‘SEASHELL’ ET LES ORCHIDÉES





Une des belles histoires du monde des iris est celle qui, de ‘Seashell’ (Loomis, 1940 – mais en réalité obtenu au milieu des années 1920), a conduit jusqu’aux rose saumon à barbes mandarine. Elle est très bien racontée dans « The World of Irises » par Keith Keppel et Melba Hamblen.

« De petite taille, rose pâle avec des barbes mandarine, ce fut le premier iris rose clair qui, même en bouton, ne présente aucune trace de bleu. » Il est issu d’un plicata descendant d’I. ricardi, croisé avec un semis variegata, lui-même provenant très certainement d’I. ricardi. Au demeurant, si le Dr Loomis travaillait effectivement à la recherche du véritable iris rose, il ne s’attendait pas à ce qu’il a obtenu avec ce croisement. Il dit lui-même : « Un ancien hybrideur anglais a dit une fois que les plicatas pouvaient donner des unicolores. J’ai donc croisé ce plicata avec un variegata, juste pour voir ce qui allait se passer ». En fait ‘Seashell’ est devenu la base de son travail. Quand il l’a croisé avec un semis brun-rouge issu de ‘Lent A. Williamson’, le fameux ‘Morocco Rose’ (Loomis, 1937) en a résulté. Croisés entre eux, ‘Seashell’ et ‘Morocco Rose’ ont donné naissance à ‘Spindrift’ (Loomis 1929), le rose orchidée le plus vif de son époque. Avec quelques autres de la même origines, on dispose là de ce qui a constitué le point de départ des iris à barbes mandarine. A noter qu’a leur apparition ces variétés d’un coloris si révolutionnaire n’ont suscité que le doute sur la sincérité de leur obtenteur. Une journaliste d’alors a même écrit : « …Des experts en horticulture ont dit que cette couleur n’était pas possible dans la nature, et que le Dr Loomis avait mis quelque teinture dans le sol. »

Un autre obtenteur à s’être acharné à la recherche de l’iris rose a été David Hall. Il s’est mis à la tâche en 1926 et a persisté dans sa quête jusqu’à l’apparition, en 1942, de trois pionniers : ‘Overture’, ‘Dream Girl’ et ‘Fantasy’. Convoqués pour constater la naissance de ces merveilles et donner un nom à leur nouvelle lignée, deux artistes ont choisi « flamingo pink », et ce nom est resté. Pendant les 17 ans de sa patiente recherche, Hall a été amené à ajouter ‘Morocco Rose’ à son panel de parents constitué essentiellement de ‘Dauntless’, ‘Rameses’, ‘W.R. Dykes’ ‘Dolly Madison’ et ‘Prairie Sunset’, et il n’est pas douteux que cet apport a contribué à l’apparition des « flamants roses ».

Une fois la mécanique enclenchée, elle ne s’est plus arrêtée et David Hall a enregistré chaque année des iris rose, saumon ou orchidée, jusqu’à sa mort en 1965, à 93 ans ! Chacune de ces variétés a obtenu un succès. Aussi bien au plan commercial (cela a fait la fortune de la pépinière Cooley qui a diffusé tous les iris de Hall) qu’au plan horticultural puisque la plupart des ces iris a obtenu à tout le moins un HM. Un descendant de ‘Fantasy’, ‘Cherie’ (1948), est allé jusqu’à le Médaille de Dykes en 1951.

Orville Fay, autre obtenteur de génie, a aussi utilisé les variétés de Hall pour lancer sa propre lignée de roses. A partir de ‘Overture’, il a obtenu ‘Pink Cameo’ (1946) qui est aussitôt devenu incontournable, et qui lui a donné ‘Mary Randall’ (1948) lequel fut une autre pierre angulaire dans la recherche des roses et aussi des oranges, des jaunes et des mauves, tous avec des barbes mandarine ou minium.

Mais si l’on veut être complet avec les descendants plus ou moins directs de ‘Seashell’ puis des lignées de Hall et de Fay, il faut parler des roses de Tell Muhlestein, Nate Rudolph, George Shoop, Ray Schreiner, Glen Corlew et même Joë Gatty…

Aujourd’hui ceux que l’on appelle les iris roses se sont un peu éloignés des teintes d’origine, plutôt rose orchidée que rose saumoné, mais les barbes mandarine sont toujours d’actualité et leur présence au cœur des fleurs du XXIeme siècle, toujours aussi fréquente, rappelle qu’il y a maintenant presque 80 ans, un certain ‘Seashell’ les a offertes au monde avec élégance et fierté.

Source : « The World of Irises » AIS – 1978.

19.8.11

AU BONHEUR DES DAMES





VI. Par amour

Les obtenteurs d’iris sont des hommes comme les autres. Ils savent à l’occasion clamer leur amour. Parmi celles qui sont ainsi distinguées, voici :

· 1 ‘My Ginny’ (Donald Spoon, 2000) ((Sweet Musette x Femme Fatale)x(Winifred Ross x My Katie))
· 2 ‘Gladys my Love’ (Allan Ensminger, 1998) (de Coral Beauty, Silver Showers, Chartreuse Ruffles, Coral Chalice...)
· 3 ‘Lesley my Love’ (Barry Blyth, 2007) (Bursting Bubbles X April Jewel)
· 4 ‘Suky’ (Clarence Mahan, 1991) (Violet Miracle x Victoria Falls)

Toutes les quatre épouses de l’obtenteur.

ELIZABETH NESMITH : L’AUTRE GRANDE DAME DES IRIS





On a déjà parlé ici de Grace Sturtevant, considérée comme la première grande dame des iris. Aujourd’hui on évoquera l’autre grande dame (ou plutôt une autre grande dame), Elizabeth Nesmith, née Elizabeth Noble.

Ces deux personnes ont beaucoup de traits communs. D’abord une même origine : elles sont l’une et l’autre issue d’une grande famille de la Nouvelle Angleterre. Si celle de Grace Sturtevant était plutôt dans le domaine scientifique et universitaire, celle d’Elizabeth Noble faisait partie du milieu industriel puisqu’elle dirigeait depuis 1831 une importante filature, dans le Vermont.

Elizabeth Noble, née en 1880, s’est très tôt intéressée à la botanique, et très vite à l’horticulture, à la suite de son mariage avec Tom Nesmith. C’est au début des années 1920 que sa pépinière, Fairmount Gardens, est devenue un jardin incontournable, connu et prisé sur toute la côte Est des Etats-Unis. Le catalogue qu’elle a édité contenait les meilleurs iris de son époque, essentiellement originaires de la côte Est, mais où l’on trouvait aussi des variétés d’un peu tout le monde des iris. Ainsi celui de 1959 contenait quatre nouveaux cultivars de Stedman Buttrick, du Massachusetts, deux d’Edward Watkins, du New Hampshire, trois de Jesse Wills, du Tennessee et trois également de Kenneth Smith, de l’Etat de New-York. Rédigées dans un style impeccable et soutenu, les descriptions de Mme Nesmith ont contribué à la renommée des iris dans toute l’Amérique. Pépinière et catalogue ont vécu jusqu’à la fin des années 60 et la disparition de leur animatrice à près de 90 ans.

Elizabeth Nesmith, fidèle en amitié, n’était pas d’un caractère expansif. Ceux qui l’ont approchée la décrivent comme quelqu’un d’impressionnant qui, sous des apparences de douceur, faisait montre d’une évidente autorité et d’un réel sens des affaires, celui qui convient à un citoyen des Etats-Unis qui veut réussir. Elle a conservé toute sa vie les attitudes et les habitudes d’un monde victorien, dans une confortable maison à l’ancienne entourée d’un jardin élégant et riche de mille fleurs.

Sa passion pour les plantes, plus encore qu’aux iris, elle l’a consacrée aux hostas et aux hémérocalles. De ce côté elle s’est montrée très prolifique, enregistrant près de l’AHS (American Hemerocallis Society) plus 300 variétés nouvelles ! Un grand nombre des ces variétés sont encore couramment cultivées.

Avec les iris elle s’est montrée sans doute plus sélective. D’ailleurs la plupart de ses obtentions ont été remarquées et primées. Pour n’en citer que quelques-unes, on peut parler de ‘Summer Song’ (1950), un jaune ocré issu de ‘Bryce Cannyon’ ; de ‘Carissima’ (1954), un « blanc par les bleus » à barbes crème, dont le pedigree fait état de ‘Lady Boscawen’ et de ‘Azure Skies’ ; de ‘Bar Harbor’ (1957) en bleu marine doucement velouté de bleu pourpré, chez qui l’on retrouve le fameux ‘Jane Phillips’. Mais son obtention la plus remarquable est sûrement ‘Melitza’ (1940) qui est considéré comme le premier iris rose à barbes mandarine. Comme on peut lire dans « The World of Irises », ‘Melitza’ est le grand-parent de ‘Frances Kent’ (DeForest, 1948) et l’arrière grand-parent de ‘Dawn Crest’ (DeForest, 1957) ; et parmi les descendants de ‘Frances Kent’ il y a le blanc ‘Christmas Angel’ (DeForest, 1959), le rose, souvent utilisé par la suite, ‘Marilyn C.’ (Crosby, 1957), le très répandu ‘Real Delight’ (Waters, 1958), rose abricot, ou un autre blanc bien connu, ‘Risque’ (Gatty, 1974).

Madame Nesmith est une des rares personnes à avoir été honorée par deux fois d’un iris à son nom. Une première fois avec ‘Betty Nesmith’ (Thomas A. Washington, 1934), un unicolore jaune doré et une seconde avec ‘Elizabeth Noble’ (Kenneth Smith, 1953) ; cela prouve à quel point elle était appréciée.

Quand on parle d’Elizabeth Nesmith, on évoque un autre monde, bien loin de nous maintenant, mais qui reste présent dans le cœur de tous les amateurs d’iris, parce qu’il représente ce que l’Amérique a fait de mieux : le chic, la classe de la Nouvelle Angleterre, associés à ce désir de réussite et à cette force de caractère qui sont à la base de la suprématie américaine dans le monde des iris comme dans bien d’autres.

Sources : ROOTS, Vol. 11/2 (automne 1998)

12.8.11

AU BONHEUR DES DAMES





V. Par amitié

Il est agréable de faire plaisir à quelqu’un qu’on aime. Les hybrideurs ne se privent pas de faire connaître au monde entier les liens d’amitié qu’ils entretiennent avec certaines dames. En voici quatre :

· 1 ‘Colette Clavel’ (Roland Dejoux, 2008) (Dream a Little X Flute Enchantée)
· 2 ‘Elizabeth Poldark’ (R. E. Nichol, 1990) (Mary Frances x Paradise)
· 3 ‘Mady Carrière’ (Armand Millet, 1906) (non précisé)
· 4 ‘Betty Simon’ (Melba Hamblen, 1976) (Misty Dawn x Foggy Dew)

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Après le concours de Munich

 

Voici deux photos des SDB envoyés au concours par Michèle Bersillon et distingués dès leur première année.

ECHOS DU MONDE DES IRIS




Bizarreries

Bob van Liere a publié sur Facebook quelques photos de semis pour le moins originaux. Sans doute que ces variétés fort peu commerciales ne connaîtront jamais l’honneur de l’enregistrement. Mais leur obtenteur va probablement les conserver, « pour le fun » !

UNE HISTOIRE DE RACINES


Dans une récente chronique, ici même, j’ai écrit ceci : « Un rhizome en pleine forme, qui comporte plusieurs yeux, gages de multiplication des pousses, suffisamment développé pour soutenir l’effort de croissance et doté d’assez de racines pour pouvoir se ré-alimenter sans manquer, va pouvoir supporter le choc d’une transplantation, avec une chance de reprise presque absolue. » En effet, si le rhizome est le réservoir de nourriture de l’iris, il lui faut des racines pour approvisionner ce réservoir.

Chez les iris barbus (et quelques autres), elles se développent sous le rhizome sous la forme de fils, un peu épais, charnus, blanchâtres, plus ou moins longs et nombreux. Elles s’enfoncent dans le sol où l’iris a été planté à la recherche de nutriments et d’eau. Leur nombre et leur longueur dépendent de la nature du terrain : dans un sol meuble et sableux elles vont être nombreuses et plutôt longues car la perméabilité de leur environnement va les obliger à plonger pour trouver l’humidité, et la faible quantité d’éléments nutritifs va les inciter à se multiplier largement, d’autant plus que leur autre raison d’être est d’ancrer la plante dans son support et que, si ce support est meuble et peu résistant, elle vont devoir se ramifier et s’enfoncer pour trouver une assise suffisante. Prenez le cas des iris produits chez Bourdillon, en Sologne, dans un sol sableux : ils disposent de racines abondantes, chevelues, mais plutôt minces. Au contraire ceux en provenance des cailloutis morainiques de chez Cayeux ont des racines moins nombreuses, mais plus charnues et plus courtes.

Dans le même but d’assurer à la plante une stabilité suffisante, les racines les plus latérales vont s’écarter en éventail, courant près de la surface du sol. Celles placées à l’avant de la plante vont avoir un rôle primordial à jouer dans cette recherche de la stabilité, en effet la partie la plus lourde de la plante se trouve là : la hampe florale est placée à cet endroit et il va falloir la tenir bien dressée. Il arrive assez souvent que des iris, emportés par leur poids ou la pression du vent sur les lourdes fleurs épanouies, se couchent au sol. La faute en est à un enracinement insuffisant, soit que le sol, peu profond, n’ait pas permis un ancrage parfait, soit que les racines, peu ou pas assez développées, ne puisse pas jouer complètement leur rôle, soit qu’un substrat trop peu humide ne confère pas assez de raideur aux parties aériennes de la plante. J’ai coutume de comparer un tronçon de rhizome d’iris à une écrevisse : la partie charnue du rhizome rappelle la queue de l’écrevisse, la pointe est comparable à la tête de l’animal, grosse et lourde, les pinces sont la hampe et les pattes, avec lesquelles l’écrevisse se cramponne sur le fond du ruisseau, se sont les racines de l’iris.

Toutes les sections et séries d’iris rhizomateux n’ont pas exactement le même système radiculaire. Tout dépend de la nature du sol dans lequel ils poussent spontanément. Ainsi les iris préférant un milieu aquifère, ont-ils un réseau radiculaire fortement développé. C’est le cas des iris de Sibérie, des iris du Japon ou, tout simplement des iris pseudacorus qu’on rencontre si souvent, chez nous, au bord ou au fond même des fossés et des étangs. Il est évident que s’ils doivent s’ancrer dans la vase, les iris vont devoir produire des racines nombreuses, longues et ramifiées, bien différentes de celles des iris poussant dans des rocailles ou des talus. Les iris bulbeux, eux, n’ont pas les mêmes problèmes à résoudre. La forme symétrique de leurs bulbes et leur tige qui s’élève au centre de l’ensemble, en font des plantes beaucoup plus stables. Les racines se contentent de se développer régulièrement, en cercle autour du plateau où elles ont leur point d’implantation et se concentrent sur leur rôle de pourvoyeur de nutriments.

On voit à quel point les racines sont importantes pour nos chers iris. On voit aussi comment la nature a réussi à déjouer les pièges qu’ont générés les choix de mode vie qu’ils ont adopté lorsqu’ils ont, au cours de l’évolution, choisi de s’implanter dans tel ou tel milieu, sous tel ou tel climat, dans tel ou tel environnement. Comprendre tout cela aide à aimer encore mieux ces plantes auxquelles on s’intéresse, avec lesquelles ont devient intime, mais qui ne cessent jamais de nous émerveiller.


5.8.11

AU BONHEUR DES DAMES

IV. Par reconnaissance

Beaucoup de dames s’intéressent aux iris, ou ont apporté quelque chose à l’irisdom. Pour qu’on ne les oublie pas les hybrideurs leur ont dédié l’une de leurs nouveautés. En témoignent :

· 1 ‘Gladys Clarke’ (Lawrence Ransom, 2000) (Désiris x Halo in Pink)
· 2 ‘Kathleen Kay Nelson’ (Ben Hager, 1993) (Tinted Crystal x(Silver Flow x Ruffled Ballet))
· 3 ‘Alice Harding’ (Ferdinand Cayeux, 1932) (Iceberg x Evolution)
· 4 ‘Anne Marie Chesnais’ (Jean-Jacques François, 1998) (Edith Wolford X Ringo)

1 = Fondatrice de la SFIB ;

2 = Fille et épouse d’hybrideurs et longtemps bénévole à l’AIS ;

3 = Mécène et bienfaitrice de l’irisdom ;

4 = Longtemps présidente de la SFIB.




Mauvaise note


Voilà ce que m’écrit Keith Keppel à propos du précédent « Au bonheur des dames » : « Esther Fay was Orville's sister; Emma Cook was Paul's wife. » En français : Esther Fay était la sœur d’Orville ; Emma Cook était la femme de Paul. J’ajoute que Mme Henri Cayeux n’était pas la belle-sœur de Ferdinand, mais sa bru. Je ne mérite pas une bonne note, cette fois…

UNE HISTOIRE DE RHIZOME



En Touraine, à partir de la fin de février, les grands iris sortent de leur léthargie hivernale. Pendant trois mois au moins ils ont été pour la plupart réduits à des petits moignons de 3 à 5 cm de haut, comme concentrés sur eux-même pour mieux résister au froid. Mais à coup de trois minutes par jour, la durée d’ensoleillement s’est peu à peu accrue et la végétation s’est réveillée. Les feuilles ont commencé à s’allonger et des pousses nouvelles sont apparues sur les côtés des rhizomes de l’année précédente (et parfois sur des tronçons de rhizomes plus anciens).

Certaines variétés cependant ne se ratatinent pas autant que les autres. Il y en a même qui conservent tout l’hiver un panache de feuilles bien vivantes, pouvant atteindre jusqu’à une vingtaine de centimètres de haut. On m’a souvent demandé la cause de cette différence touchant des plantes qui, en mai, auront à peu près toutes le même aspect et la même hauteur.

Ce qui fait la différence, c’est la dose de gènes d’Iris aphylla contenue dans chaque variété, au gré des croisements multiples qui ont abouti à son existence. Les variétés riches en aphylla perdent leurs feuilles, les variétés moins riches conservent plus ou moins leur panache. D’ailleurs si l’on regarde les espèces botaniques toujours présentes dans nos jardins, on comprend la différence. Les « anciens » iris, germanica ou pallida, originaires de nos régions de plaine, restent verts toute l’année. Mais ces espèces de base ont été croisées avec Iris aphylla, une espèce de montagne qui ne survivrait pas si elle conservait son feuillage toute l’année (comme son nom le laisse entendre à ceux qui savent que aphylla, en grec ancien, veut dire « sans feuilles »).

A partir du moment où la croissance du feuillage reprend, celle-ci va aller très vite. En deux mois, grosso modo du 1er mars au 1er mai, le grand iris des jardins (TB) va grandir jusqu’à 90 cm, sa hauteur moyenne au moment de la floraison. Cela représente une croissance d’environ dix centimètres par semaine, plus d’un centimètre par jour !

Pour soutenir un tel effort il faut une réserve d’énergie considérable. Ce n’est pas uniquement et immédiatement dans le sol que les iris vont puiser cette énergie. Ils vont la trouver essentiellement dans le rhizome, cette réserve qu’ils ont constituée à partir de la reprise de la végétation à la fin de la période de dormance qui se produit aussitôt après la floraison. La plante a fait des efforts gigantesques pendant la période printanière, pour se développer tout d’abord, pour fleurir ensuite, elle est épuisée. Elle va commencer par une période de repos presque total, pendant trois semaines environ. Puis elle va reprendre son activité en nourrissant, s’il y a lieu, ses graines et en développant de nouvelles pousses qui vont se charger de nutriments et d’eau. Cela va lui prendre tout l’été (c’est pourquoi il faut transplanter à ce moment, la plante aussitôt remise en terre va fabriquer de nouvelles racines et pomper autant de nutriments que possible). Le rhizome ainsi rempli, l’iris va peu à peu diminuer son activité, laisser ses feuilles se dessécher pour diminuer sa voilure et se protéger du froid…

Le rhizome est donc l’élément primordial de la croissance de l’iris. Un rhizome trop maigre, pauvre en ressources énergétiques, ne pourra pas soutenir une croissance puissante pouvant aboutir à une floraison. C’est une des raisons pour lesquelles certains iris plantés pendant l’été, qui ont peiné à reprendre, ne fleurissent pas au printemps suivant. C’est d’ailleurs la même chose pour les transplantations trop tardives. Mais un gros rhizome ne garantit pas forcément une belle floraison l’année suivante. En effet si ce rhizome est en fait gavé d’eau, il va avoir une apparence flatteuse, mais les nutriments peuvent néanmoins lui manquer. Après sa plantation il va perdre rapidement de son eau, et prendre son véritable aspect, celui d’un petit rhizome maigrichon et faiblard.

Un rhizome en pleine forme, qui comporte plusieurs yeux, gages de multiplication des pousses, suffisamment développé pour soutenir l’effort de croissance et doté d’assez de racines pour pouvoir se ré-alimenter sans manquer, va pouvoir supporter le choc d’une transplantation, avec une chance de reprise presque absolue. Même s’il reste hors de terre pendant des semaines. Je lisais il y a quelques temps le témoignage d’un amateur qui, ayant oublié deux ou trois rhizomes dans un colis, ne les a retrouvé que dix mois après leur arrachage, et, les ayant plantés malgré tout, les a vu reprendre gaillardement et ne perdre qu’un an avant de parvenir à l’anthèse (comme on dit savamment).

Un beau rhizome, sain mais sans être gorgé d’eau, n’est pas gourmand en engrais et autres apports extérieurs. Il sait se contenter de ce qu’il trouve là où il est pour peu que son substrat ne soit pas trop pauvre. Mais il ne refusera pas un peu d’aide. Celle-ci doit intervenir essentiellement à deux moments : quand il repart après la dormance estivale, et quand il redémarre après le repos de l’hiver. L’apport d’engrais à ce moment sera tout de suite utilisé alors que l’apport de l’été sera mis en réserve. A mon avis celui-ci est le plus important et le plus utile pour la vigueur future de la plante.

Tout repose donc sur le rhizome. La plante s’y trouve en résumé, avec tous ses gènes, elle y accumule ses réserves, elle y puise sa force. Le rhizome est une source d’immortalité.

ECHOS DU MONDE DES IRIS


La compétition de Munich

SDB :

Première année :
1. MAIENTANZ - Frank Kathe
2. MODEPUPPE - Frank Kathe
3. seedlg. Z 2010-2 - Dirk Nachtweide
dans cette compétition 3 variétés obtenues par Michèle Bersillon se classent 6, 7 et 8eme. En voici deux.