10.6.11

LES FLEURS COUPÉES




C’est une opinion toute personnelle.

Aux Etats-Unis, mais surtout en Grande-Bretagne, il est habituel d’organiser des concours de fleurs d’iris coupées. Les tiges, précautionneusement préparées puis emballées sont transportées vers un lieu d’exposition où elles sont élégamment disposées dans des vases. Dans le magasin attenant à l’exploitation de Richard Cayeux, lorsque les juges du concours FRANCIRIS 2011 et leurs accompagnateurs sont venus lui rendre visite, un nombre assez important de fleurs étaient ainsi présentées.

Cette pratique peut avoir quelque intérêt : Présentées à hauteur du regard, les fleurs peuvent être examinées en détail sans que l’on ait le mal de se pencher vers elles ; c’est la même chose si l’on veut analyser leur parfum ; enfin là où le climat se montre chagrin le visiteur peut laisser libre cours à ses observations sans frissonner sous le vent ou sans patauger dans la boue. Mais je trouve qu’ainsi privés de leur environnement naturel les iris perdent l’essentiel de leur charme. Offertes au regard dans une pièce un peu obscure, ou exposées sous une lumière artificielle, leurs couleurs ne sont pas celles qu’on voit à ciel ouvert, soit qu’elles soient éteintes par l’excès de lumière, soit qu’elles grisaillent dans la pénombre. Et quand bien même un éclairage savant voudrait-il les mettre en valeur, il ne fait qu’en fausser davantage les teintes, comme une sorte de maquillage de lumière : le soleil artificiel, si perfectionné soit-il, n’équivaut pas au soleil véritable.

Qui plus est, baignant tristement dans leur pot, les tiges, quoi qu’on fasse, ont pris cet aspect inerte qui témoigne de leur mort. Adieu toute trace de vie ! Le velouté des sépales à laissé la place à une pâleur morbide, la force gracieuse des pétales dressés en dôme ou élégamment turbinés a été rapidement remplacée par une mollesse exsangue montrant inexorablement les stigmates du sacrifice. Devant un tel spectacle je ne puis m’empêcher de ressentir une impression de gâchis : même sur sa fin, avec les reliefs à demi séchés de la splendeur de ses fleurs passées, une hampe florale, au jardin, conserve l’aspect attendrissant d’une vie qui s’achève ; c’est le soir d’un beau jour…

Une fleur coupée, qui s’étiole dans son vase, c’est un peu un cadavre devant lequel on défile.
La photo ci-dessus de ‘Copper Bubble Bath’ (Cadd, 2002) illustre bien mon propos : la photo est excellente, la hampe coupée superbe d’élégance et d’équilibre, mais la fleur est malheureusement sans vie.

7 commentaires:

jibe a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
jibe a dit…

Tu ouvres un débat sans fin...
Quand on dispose de beaucoup de hampes florales d'une même variété ou semis, je trouve que faire des bouquets avec des grands iris égaye nos intérieurs et permet de faire partager, à ceux qui ne vont pas dans nos jardins d'iris, nos plaisirs d'extérieur...
http://aucroisement.blogspot.com/2009/05/bouquet-french-elegance-et-00-03-03-b.html
est un exemple des bouquets de grands iris qu'il m'arrive faire...
Cela ne remplacera jamais une vue "de jardin" mais moi j'aime !
Le top pour moi pour les bouquets d'iris ce sont les spurias, mais c'est un autre sujet. bref.
@ bientôt

jibe a dit…

...de faire... (bien sur)

gerard a dit…

la bizarrerie de la présentation a pour effet de mettre en valeur le dernier paragraphe et renforce son caractère mortifère (à mon goût).
Je pense en effet que l'appréciation est profondément subjective (et ça se conçoit). J'ai vu pour ma part de très belles présentations en fleurs coupées qui évoquaient davantage la vie par le chatoiement des couleurs que la mort.
J'utilise beaucoup d'iris (spurias ou grands barbus) pour mes bouquets à la saison et ça me me procure pas de sensation du même type que vous !

Bien cordialement

Anonyme a dit…

Oh combien d'accord avec toi Sylvain ! Je n'aime pas du tout ces présentations qu'on voit sur Facebook dans les concours américains. C'est tristounet.
Un bouquet complet d'iris, pourquoi pas, mais une seule fleur dans un vase, à côté d'une autre dans un autre vase et ainsi de suite, non !

Anonyme a dit…

A. Bettinelli est l'anonyme ci-dessus

Anonyme a dit…

Réflexions intéressantes. Je ne sais pas un bon compromis.

~Brock