10.6.11

L’AFFAIRE DES ‘VANITY’ PERDUS




Dans une précédente chronique, j’ai évoqué le problème créé par l’existence de deux variétés connues sous le même nom : le ‘Romance’ d’Olive Murrell en 1928, et le ‘Romance’ qui figure sous cette appellation dans le catalogue actuel de Richard Cayeux. Dans le numéro du printemps 2010 de ROOTS, la Revue de la HIPS (Historic Iris Preservation Society), Keith Keppel relate l’anecdote des quatre ‘Vanity’.

Tout le monde connaît le ‘Vanity’ de Ben Hager (1974), mais il faut avoir l’érudition de Keith Keppel et sa longue expérience de « registrar » de l’AIS pour savoir qu’il a été précédé par trois variétés portant le même nom.

Le premier ‘Vanity’ a été enregistré en 1928 (comme le premier ‘Romance’, quelle coïncidence !) par B. Y. Morrison. Il est décrit comme ayant : « Pétales lilas ; sépales entre violet archevêque et pourpre madère. » Soit, en fait, un neglecta violet. Cet iris avait une bonne réputation, mais il n’a pas rencontré le succès, et dès 1939 il a été considéré comme obsolète et sans doute même perdu.

Keppel parle ensuite d’une série de quatorze iris nains (SDB) mis en vente en 1945 dans le catalogue de l’obtentrice Frances Horton, dont douze ont été enregistrés en 1949. Deux n’ont donc pas été ainsi identifiés, dont un certain ‘Vanity’ décrit comme un petit iris jaune clair, avec des veines vert olive aux épaules, et des barbes assorties.

Passons au ‘Vanity’ n° 3. Il vient de Nouvelle Zélande et a été obtenu par Emily Jean Stevens. Son pedigree a été noté comme étant (Miss California X ((Rewa x New Dawn) x (New Dawn x Radiant Morn))). Quant à sa description, la voici : « Mélange de rose et de lilas ; grand et de bonne forme. Pétales touchés de bronze clair, sépales mélangés de lilas et d’or, avec une flamme héliotrope sous la barbe jaune. Hâtif, 90cm, remontant quand la touffe est bien établie. ». Il semble qu’il n’ait pas été officiellement proposé à l’enregistrement. Mais il est avéré que des rhizomes ont été expédiés vers les Etats-Unis, alors que l’on n’a pas trace de distribution dans ce pays. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas eu de diffusion et qu’il y a sûrement, quelque part, quelques reliquats de cette variété fantomatique. Il est même probable qu’elle s’est trouvée disponible à la bourse aux plantes 2010 de la HIPS !

Le dernier ‘Vanity’ a eu plus de chance que ses prédécesseurs. Ben Hager a réalisé le croisement suivant : (Cherub Choir X Pink Taffeta), union de deux roses excellents de leur époque en vue d’un classique cas d’endogamie. Le résultat a dépassé les espérances : un rose magnifique, qui fait encore l’honneur à son obtenteur et la fierté des amateurs qui le cultivent. Une plante impeccable à tous points de vue, qui a décroché la DM en 1982. Aujourd’hui encore il ne fait pas « oldie ». Bien sûr il n’offre pas les frisettes et les fanfreluches des variétés modernes. Mais beaucoup d’amateurs, un peu lassés par les excès de ces ondulations, regardent avec un certain plaisir cet iris qui a la simplicité des choses élégantes et réussies.

Cette histoire des quatre ‘Vanity’ démontre bien la nécessité de faire enregistrer les variétés que l’on conserve et que l’on distribue commercialement. Les cas d’indiscipline en ce domaine sont révélateurs des risques de confusion qu’ils déclenchent.

1 commentaire:

gerard a dit…

J'acquiesce!
Vanity est un superbe iris qu'on a toujours plaisir à voir fleurir dans son jardin, d'autant plus qu'il est résistant et florifère.