28.5.11

ECHOS DU MONDE DES IRIS





Critérium du public (Jouy 2011)

Parallèlement au concours FRANCIRIS, les visiteurs étaient appelés à exprimer leurs préférences. Les voilà :

  1. ‘Grenade’ (Richard CAYEUX – France – 2007)
  2. ‘Aleutian Islands’ (Michael SUTTON – US – 2007)
  3. Semis 0203 B1 (Siegmar GÖRBITZ – Allemagne – NR)
  4. (ea) ‘Erdeven’ (Gérard MADORÉ – France – 2007)
  1. (ea) ‘Fay’s Oscar’ (BEEMAN, by Ann & David CADD – US – 2004)

ECHOS DU MONDE DES IRIS






FRANCIRIS 2011

Le concours FRANCIRIS 2011 s’est déroulé cette semaine à Jouy en Josas dans des conditions difficiles (plantes ayant souffert d’un manque de soins de la part de l’hébergeur Técomah, végétation avancée du fait des conditions climatiques) mais un palmarès a néanmoins pu être établi. Il favorise évidemment les variétés tardives. Le voici :

Premier prix, Prix Philippe de Vilmorin :

‘Aleutian Islands’ (Michael SUTTON – US – 2007)

Deuxième prix, Prix de la Ville de Jouy en Josas :

Semis n° 2000/jaune (Bernard LAPORTE – France – NR)

Troisième prix :

‘Danube du Barry’ (Rose-Linda VASQUEZ-POUPIN – France – 2007)

Prix spéciaux :

  • Variété la plus parfumée, Prix Jacques de Givry :

Semis 06/64/02 (Jean-Claude JACOB – France - NR)

  • Meilleure variété française, Prix de la SNHF :

Semis n° 2000/jaune (Bernard LAPORTE – France – NR)

Prix du jury de la Presse horticole

Ex aequo :

‘Fay’s Oscar’ (BEEMAN, by Ann & David CADD – US – 2004)

‘Cheremosh’ (Igor KHOROSH – Ukraine – 2004)

A L’ENVERS





3 . Contraste

Place cette semaine à ceux qui ont recherché avec acharnement des pétales bien bleus et des sépales bien blancs.

  • ‘Cold Shoulders’ (Sutton M., 2006) (Crowned Heads X Eagle's Spirit) ;
  • ‘In Reverse’ (Gatty, 1993) ((Edge of Winter X Swirling Seas) ;
  • ‘Lilac Swan’ (Jones B., 1977) (Avis X ((semis blc. barbe rouge x semis Shoop bleu barbe rouge) x Off Shore)) ;
  • ‘Winter Horizon’ (Niswonger, 2006) (Rear View Mirror X Crowned Heads).

QUELQU’UN DE BIEN : ALICE HARDING


L’histoire des iris a été écrite par un certain nombre de femmes remarquables. On pense généralement aux grands hommes qui ont marqué cette histoire, mais on parle moins des femmes. Elles sont pourtant nombreuses à avoir contribué à l’extension de ce petit monde. On ne peut pas les citer toutes. Certaines ont une place plus anecdotique que fondamentale, comme Mme Kuntz, qui n’a enregistré qu’une seule variété, mais qui a obtenu une Médaille de Dykes pour cet unique chef d’œuvre. D’autres sont restées dans une ombre qui ne rend pas justice à leur rôle, comme Clara Rees, dont le ‘Snow Flurry’ figure parmi les variétés les plus importantes pour toute l’iridophilie. Il y a celles dont la réussite a été récompensée, comme Neva Sexton, et celles qui ont joué de malchance, comme Melba Hamblen. Il y a enfin celles dont l’importance ne se situe pas exclusivement dans leur travail d’hybridation, mais qui se sont signalées soit par leurs recherches scientifiques, comme Bee Warburton, soit leur influence plus générale. C’est à l’une de ces dernières que je vais rendre hommage aujourd’hui en la personne de Alice Harding.

Alice Harding (Howard de son nom de jeune fille), née dans le New Hampshire, était issue d’une famille de la grande bourgeoisie de Nouvelle Angleterre. Elle a reçu l’enseignement d’un précepteur, à son domicile, puis fut envoyée en Europe pour compléter l’éducation d’une parfaite jeune fille de la bonne société. En 1900 elle a épousé Edward Harding, un éminent juriste et homme d’affaire new-yorkais. Quelques années plus tard, le couple s’offrit une maison de campagne dans le New-Jersey, avec un jardin décrit comme « d’une taille et d’une beauté inhabituelles ». Alice se fit jardinière, et cultiva toutes sortes de plantes, avec un soin et un discernement remarquables. Peu à peu elle s’est acquis une certaine renommée en ce domaine, car elle savait intelligemment sans états d’âme distinguer le meilleur et écarter le moins bon. Elle a écrit à ce sujet en 1926 :

« Une des phases les plus intéressantes du jardinage est, chaque année, la sélection des plantes. Il faut pour ce travail faire preuve d’un jugement impartial, d’une ferme résolution ainsi que d’une main assurée… »

Cette sévérité s’appliquait entre autre au domaine des iris, dont elle devint rapidement une amatrice experte et respectée.

Elle fut membre de l’AIS et se lança elle-même dans l’hybridation, enregistrant pendant quelques années ceux de ses semis qu’elle considérait comme digne de cette reconnaissance. Il y en a six : ‘Arsinoe’ (1929)Caroline Clement’ (1929), ‘Elizabeth Howard’ (1934), ‘Commodore Fellows’ (1934), ‘Nicole Lemoine’ (1934), et ‘Topgallant’ (1935). Mais aucun de ceux-ci n’a été mis sur le marché. Son intérêt n’était pas là. En revanche elle l’a marqué en contribuant généreusement (500 FF de l’époque) à la Conférence Internationale sur les Iris qui s’est tenue à Paris en 1922.

Ses goûts ne la portaient pas exclusivement vers les iris, mais comme beaucoup d’irisariens, elle aimait aussi les pivoines à propos desquelles elle a écrit deux ouvrages : « The Book of the Peony » (1917), et « Peonies in the Little Garden » (1923) qui lui valurent la Médaille d’Or de l’APS (American Peony Society) et la Médaille de la SNHF, en notre pays. Car elle avait conservé de son séjour de jeunesse en Europe un réel amour de la France. Elle a d’ailleurs écrit un autre livre « Lilacs in My Garden » (1933), préfacé par son ami Emile Lemoine, célèbre obtenteur de lilas. Elle fut également faite Chevalier du Mérite Agricole, et déclarée « Dame Patronnesse » de la SNHF. Elle fit de nombreux voyages en France et fréquenta Ferdinand Cayeux qui lui dédia l’une de ses plus belles réalisations, l’un des tout premiers iris jaunes, le fameux ‘Alice Harding’ (1933), à qui fut attribué l’une des Médailles de Dykes françaises. Déjà en 1925, l’obtenteur anglais Amos Perry lui avait dédié une de ses obtention, ‘Mrs. Edward Harding’.

Son décès, en 1938, fut durement ressenti par tous ceux qui l’avaient appréciée. Avec elle disparaissait l’un des derniers représentants d’un monde qui savait mettre sa fortune au service de ses passions et des causes qu’il entendait soutenir, sans en tirer ni gloire ni vanité. Un monde qui, de toute façon allait s’éteindre dans la conflagration mondiale qui se préparait et qu’elle a eu, en quelque sorte, la chance de ne pas connaître.

Source : article de Anner Whitehead in ROOTS, Vol. 13 n° 1, automne 2000.

20.5.11

AVIS

La semaine prochaine il y aura un peu de retard. La cause ? FRANCIRIS 2011.

A L’ENVERS





2 . Sans appuyer

Comme chaque fois qu’il est question de bicolores, il y a les partisans du contraste à tout prix, et les défenseurs des teintes pastel. En matière d’amoena bleu inversé, il faut dire que les amateurs de tons clairs ont (ou ont eu) la partie belle parce que très longtemps la nature n’a pas daigné donner raison à leurs contradicteurs ! Moins difficile, peut-être, mais tout joli certainement. Voici quatre amoena inversés « légers » :

  • ‘Clear Morning Sky’ (Ernst, 1991) ((Song of Norway x Inheritance) X sib) ;
  • ‘Eagle Control’ (G. Sutton, 1998) (Dauber's Surprise X Honky Tonk Blues) ;
  • ‘Heavenly Valley’ (M. Sutton, 2006) (Abiding Joy X (Sky Hooks x Drum Roll)) ;
  • ‘It’s All Good’ (Ernst, 2003) (Timescape X Drum Roll).

ECHOS DU MONDE DES IRIS











Florence 2011

La semaine florentine s’est achevée sur un nouveau succès pour Keith Keppel, l’homme en vue du monde actuel des iris.

J’espère être prochainement en mesure de publier une photo de l’outsider ‘Egeo’ (Dotto, 2010) qui s’est adjugé le second prix.

1 - Premio Firenze (Gold Florin) : SILK ROAD (Keith Keppel, 2007) 2 - EGEO (Tiziano Dotto, 2010) 3 - CLOUDSCAPE (Paul Black, 2007) 4 - SPOT ON (Michael Sutton, 2007) 5 - BATTLESTAR ATLANTIS (Terry Aitken, 2008) 6 - RAVEN GIRL (Schreiner, 2008) 7 - ATLANTIC SKY (Gary Middleton, 2006) 8 - CORAL SPLENDOR (Paul Black, 2008) 9 - FLASH OF LIGHT (Thomas Johnson, 2008) 10 - SERTSE OKEANU (Igor Khorosh, 2005)

FRISETTES ET FANFRELUCHES






Les avis sont très partagés à propos de ‘Decadence’ (Barry Blyth, 2004). Certains trouvent cet iris remarquable, d’autres le considèrent un peu comme une monstruosité ! Les uns et les autres appuient leur jugement sur le même argument : la fleur est vivement ondulée et crêpée. Vous me direz qu’il en faut pour tous les goûts et que ce n’est pas la première fois que les amateurs se divisent à propos d’un iris. Toutes les modifications de la forme ont, notamment, provoqué ces controverses. Les plus admiratifs de ‘Decadence’ sont, cependant, le plus souvent, des personnes qui regardent les iris en tant que spectateurs. Ils voient une fleur élégante, féminine, joliment tournée et d’une belle couleur. En s’arrêtant à ces caractéristiques, on peut dire qu’ils ont raison. ‘Decadence’ est effectivement une fleur qui fait de l’effet, roulée comme une star, maquillée comme une pin-up. Beaucoup de professionnels et d’amateurs confirmés sont moins enthousiastes. Que reprochent-ils ? Justement : Cette surabondance de frisettes, ces puissantes ondulations. Ils disent : trop, c’est trop, on n’est plus devant un iris mais devant une fleur déformée. Ils ajoutent des considérations sur la difficultés des fleurs trop crêpées à s’ouvrir correctement, car les pièces florales, agrippées les unes aux autres comme avec du ruban « velcro », ne parviennent pas toujours à ce séparer correctement, et soit se déchirent, soit restent accrochées et fanent tristement. Enfin ils constatent que la plante n’a qu’une vigueur fort modeste. Ce sont des arguments que seuls des connaisseurs éclairés des iris peuvent avancer et qui ne viennent pas à l’idée du simple spectateur.

Tout le problème de ‘Decadence’ est donc dans ces fanfreluches qui font son charme mais aussi son handicap. De qui tient-t-il cet aspect ? Un petit tour dans son pedigree va nous en apprendre beaucoup là-dessus.

Les parents immédiats se nomment ‘Temple of Time’ et ‘Louisa’s Song’. ‘Temple of Time’ (Blyth, 2001) provient de (Man about Town x Poetess sib). C’est une variété moyennement ondulée, qui se signale plutôt par son coloris de pêche et d’abricot. Sa particularité c’est d’être un enfant de deux variétés cousines, issues de deux frères, ‘Plume d’Or’ et ‘Plume d’Or sib’, lesquelles descendent d’un couple fameux, qui a donné à Blyth dix frères de semis enregistrés, (Dance Man x Rembrandt Magic) :

‘Man About Town’ (Blyth, 1998) (Plume d'Or x Cafe Risque sib)

‘Poetess sib’ (Blyth, 1999) (Plume d'Or sib x Bygone Era)

‘Plume d’Or’ (Blyth, 1994) (Dance Man x Rembrandt Magic).

Quoi qu’il en soit ce n’est pas parmi tout ce beau monde qu’il faut chercher l’origine des frisettes.

Si ce n’est l’un, c’est donc l’autre. Et l’autre c’est ‘Louisa’s Song’ (Blyth, 1999), produit du couple (Cloud Berry x About Town). C’est là en fait que se tient la source. Les pétales sont finement crêpés, les sépales amplement ondulés. En continuant de remonter les branches de l’arbre généalogique, on doit trouver plus haut des variétés portant ces signes distinctifs. Voyons voir.

‘Cloud Berry’ (Turner, 1996) est un iris couleur orchidée très clair orné de belles barbes minium, mais qui n’est que discrètement ondulé et frisé. ‘About Town’ (Blyth, 1996) (Bubble Up x Electrique) est-il frisé ? Beaucoup plus nettement que son compatriote ‘Cloud Berry’. Et de qui tient-il ces frisettes ? Pas de ‘Eletrique’, en tout cas, qui n’a pas vraiment ces traits. De ‘Bubble Up’ donc. C’est à prévoir, car ce n’est pas sans raison que Joë Ghio a baptisé ‘Bubble Up’ son iris rose de 1988. C’est d’ailleurs dans le travail de Ghio qu’il faut chercher ondulations et crêpage. Ceux-ci sont présents, très nettement, même, chez ‘Bubble Up’. Par crainte de fatiguer ceux qui ne naviguent pas avec l’aisance d’un pro de la généalogie dans les pedigrees façon Ghio, on ne retiendra parmi les ancêtres de ‘Bubble Up’ que la présence éminente de ‘Romantic Mood’ (Ghio, 1988) (Just Married X Caption). Et derrière celui-ci, ‘Caption’ (Ghio, 1986) (Creme de Creme x Highness sib) X (Artiste x Tupelo Honey). On peut s’arrêter là. On est remonté de cinq générations, au fil desquelles on a vu les ondulations et les crêpelures peu à peu s’accentuer, jusqu’à atteindre les bouillonnés de ‘Decadence’. Les photos valent sans doute mieux qu’un long discours pour illustrer cette évolution.

Les traits qui font la renommée de ‘Decadence’ se rencontrent-ils dans sa parentèle ? Je lui connais au moins quatre frères de semis enregistrés. Chacun de ceux-ci présente un aspect différent, aussi bien pour ce qui est du coloris que de l’apparence. En ce qui concerne les ondulations et les crêpelures, ‘Love Actually’ (Blyth, 2004) est le plus simple ; c’est un mauve rosé très classique, très peu ondulé. ‘Easy Living’ (Blyth, 2002), amoena violet, et ‘Looking Beautiful’ (Blyth, 2002), pêche sur mauve, ont de belles ondulations, mais restent dans un registre traditionnel. Seul le quatrième frère ondule et bouillonne. Il s’appelle ‘Hello it’s Me’ (Blyth, 2002), et c’est le plus proche de ‘Decadence’, à peine est-il un peu plus rosé, mais c’est tout.

En fait le trait de ‘Decadence’ le plus caractéristique n’est pas son aspect outrageusement ondulé, mais plutôt la bordure des sépales blanc gris ou tout au moins d’un ton clair, qui, à cause des larges ondulations, fait tout de suite penser aux jupons des danseuses de french cancan.


13.5.11

A L’ENVERS





1 . Au commencement

« Le ciel est noir, la terre est blanche... », ainsi commençait une chanson de Noël de mon enfance. Description poétique d’une nuit de Noël enneigée, qui pourrait s’appliquer aux iris amoenas bleus inversés, avec un peu d’imagination. Pétales sombres, sépales clairs, c’est l’inverse de la situation « normale », celle qu’on connaît depuis le travail de Paul Cook dans les années 1950.

Bien des obtenteurs se sont essayés à créer l’amoena inversé avec des pétales franchement colorés et des sépales le plus blanc possible. Le travail n’a pas été facile. Mais si aujourd’hui on n’est pas loin de la perfection dans ce domaine, il ne faut pas oublier les grands anciens et leurs plus grands succès. En voici quatre :

· ‘Avis’ (Varner, 1963) ((semis x Enchanted pink) X (semis x Mary Randall)) ;

· ‘Surf Rider’ (Tucker, 1970) ((Stepping out x semis) X Joy dancer) ;

· ‘Edge of Winter’ (Schreiner, 1983) (semis de Blue Fantasy) ;

· ‘Undersea Adventure’ (P. Black, 1986) ((Thrill x Silver Shower) X Stormy Sea).

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Le blog de l’AIS

Vous lisez (au moins un peu) l’américain ? Allez jeter un cil sur le nouveau blog de l’American Iris Society.

Jusqu’à présent le site de l’AIS était un peu statique, les mises à jour plutôt rares et, de ce fait, les informations souvent un peu « réchauffées ». La création de ce blog, forcément plus réactif s’il est régulièrement enrichi, va corriger cette anomalie. Tenu par le jeune Andi Rivarola, actif également, à titre personnel sur Facebook, le nouveau blog s’intéresse à tous les thèmes du monde des iris.

www.theamericanirissociety.blogspot.com

LES QUATRE FRERES 06-33





Je suis fier d’avoir pour ami Bernard Laporte, l’obtenteur vivarois dont la renommée en France ne fait que croître. Nous nous fréquentons depuis ses débuts, du temps où les iris ne constituaient pour lui que le passe-temps d’un homme attaché à son travail autant qu’à sa terre, mais particulièrement sensible à la beauté et atteint par le virus de l’iridophilie. Dès ses premiers pas dans l’hybridation, il s’est intéressé aux choses originales et a eu un vrai coup de cœur pour les iris à éperons. A cette époque il était un des rares en France à voir de l’avenir à ces appendices dont d’autres, et des plus fameux, ne voyaient pas l’intérêt. Pendant des nombreuses années il a acheté chez lez producteurs français mais aussi directement aux USA, en Slovaquie et en Australie un grand nombre de variétés nouvelles. Il s’est ainsi constitué un panel génétique considérable dont il a appris à se servir avec goût et habileté, ce qui prouve qu’il n’est pas nécessaire d’être un profond connaisseur de la génétique pour entreprendre de créer des iris. J’ai vu peu à peu ses créations acquérir des qualités qui les ont vite rangées parmi les plus belles. Le succès de ‘Iriade’ (2004) l’a convaincu d’enregistrer ses meilleurs semis, geste que, par modestie et timidité, il n’avait pas osé faire auparavant. C’est Virginie Fur qui a, par la suite, porté sur les fonts baptismaux certaines de ses obtentions, comme ‘Mamy Framboise’ (2004) qui s’est fait remarquer à FRANCIRIS © 2007. A partir de ce moment, le nom de Bernard Laporte a parlé aux amateurs d’iris.

Depuis qu’il est à la retraite et qu’il peut consacrer à ses iris beaucoup d’un temps qui n’est jamais assez long pour lui tant il est occupé, ses obtentions ont acquis en maîtrise, élégance et originalité. Ce qui m’autorise aujourd’hui à parler d’un croisement extrêmement prometteur, réalisé en 2006 : le croisement 06-33 qui est (inconnu X (Honky Tonk Blues x Decadence)). Un accident dans la transcription de la parentèle est à l’origine de cette « mère » inconnue qui nous prive de renseignements précieux. Mais ce qui importe avant tout ce sont les résultats, et la satisfaction de voir que le couple (Honky Tonk Blues X Decadence) était porteur d’espoir.

Les quatre fleurs dont il est question maintenant portent toutes les qualités de leur « père » et de leurs grands parents paternels. C’est à se demander si l’inconnu maternel ne cache pas une mère porteuse, parfaitement neutre dans les gènes des enfants. De ‘Honky Tonk Blues’ (Schreiner, 1988) elles ont l’aspect délavé, s’éclaircissant vers les bords, la forme impeccable, signature de la maison Shreiner, et les qualités végétatives rassurantes. De ‘Decadence’ (Blyth, 2004) le bouillonnant cultivar dont l’apparence déchaîne des passions contradictoires, elles tiennent les abondantes ondulations et les traces de jaune et de rouge acajou. Le résultat, c’est un quatuor de fleurs étranges, fantomatiques, où les couleurs se mélangent autour d’une base grise bleutée ; quelque chose de rare mais de saisissant. Je les ai vues dans la fraîcheur d’un matin de mai 2010, sur les pentes rocailleuses de la pépinière ardéchoise de Bernard Laporte, au milieu d’un grand nombre de nouveautés souvent alléchantes. Elles vont fleurir cette année dans mon jardin tourangeau, à l’essai sous d’autres cieux, sous un climat et dans un sol complètement différents, avant un enregistrement éventuel si leurs qualités apparentes se révèlent fiables et si leur robustesse les prédisposent à se prêter à une éventuelle commercialisation.

Comme je fais chaque fois (je n’aime pas les identifications chiffrées car je suis plus littéraire que scientifique), j’ai donné un nom provisoire à chacun de ces quatre iris. Un nom tiré du folklore finlandais et de la musique de Jan Sibelius.

‘Kullervo’ (06-33-14) : un fond de fleur blanc crémeux, des pétales bleu lavande, des épaules brun rougeâtre, une petite flamme blanche sous une barbe jaune orangé, dans une fleur bien ondulée ;

‘Luonnotar’ (06-33-26) : le plus clair de la fratrie, en gris bleuté, plus sombre sur les côtes des pétales, s’étalant sur un fond crème, autour de barbes jaunes ;

‘Tapiola’ (06-33-30) : un mauve lavande, recouvrant une base brun noisette, plus foncée aux épaules, plus claire sur les styles, bien visibles, avec des barbes jaune moutarde ; une fleur gracieusement mouvementée ;

‘Tuonela’ (06-33-36) : une infusion de mauve améthyste sur un fond brun noisette, plus sombre au centre des sépales, sous une barbe orange, volumineuse.

Les photos de Delphine Laporte rendent bien justice à ces iris peu courants que je me réjouis de posséder.

7.5.11

FRAIS COMME UN ROSE





13. Les récompensés

La semaine dernière on parlait ici de ‘Ribands’ qui a obtenu la Médaille de Dykes australienne en 1999. il y a d’autres variétés roses qui ont reçu de grandes récompenses. A commencer par ‘Cherie’ qui est le premier iris rose à recevoir la DM. ‘Mary Randall’ fut le second. Il fallut attendre ensuite 1975 pour la victoire de ‘Pink Taffeta’. ‘Vanity’ fut couronné en 1982 et ‘Beverly Sills’ en 1985. parmi les autres variétés ayant obtenu une grande distinction, il faut citer ‘Entourage’, Florin d’Or en 1980, puis ‘H.C. Stetson’ en 2001 (mais est-il rose, ou blanc ?) ‘Fisrt Movement’ a reçu l’ADM en 1992.

  • ‘Entourage’ (Ghio, 1977) ((Show Time x San Leandro) X (Ponderosa x New Moon))
  • ‘H.C. Stetson’ (Stetson, 2001) (Art School Angel X Elizabeth Poldark)
  • ‘Mary Randall’ (Fay, 1950) (New Horizon X (Pink Cameo x Cherie))
  • ‘Pink Taffeta’ (Rudolph, 1968) (semis de Arctic Flame et Pink Ice)

LA FLEUR DU MOIS :





‘Jane Phillips’

A la foire aux plantes du château de Valmer, près de Vouvray, en Touraine, un vendeur proposait une dizaine de potées d’iris identifiées sous le nom de ‘Jane Phillips’. Vérification faite il s’agissait bien de cette variété, fort proche par son coloris du classique Iris pallida, mais s’en distinguant par plusieurs caractères. D’abord par la robustesse de la hampe, puis par la grosseur de la fleur, enfin par la couleur de la barbe, blanche pour I. pallida, mandarine pour ‘Jane Phillips’. La présence de cette variété dans une manifestation horticole généraliste montre assez combien elle est encore largement présente dans nos jardins.

‘Jane Phillips’ a été enregistré en 1946 par son obtenteur N. Graves, de Concord, en Nouvelle Angleterre.

Voici ce que dit de cette variété « The World of Irises » : « Graves a croisé ‘Sensation’ et ‘Gloriole’ ; le résultat a été le bleu lavande pâle ‘Cloud Castle’, lequel, croisé avec ‘Purissima’ est à l’origine de ‘Helen McGregor’. ‘Helen McGregor’ croisé avec un semis de ‘Great Lakes’ et ‘Pale Moonlight’, a donné ‘Jane Phillips’. Une nouvelle et célèbre lignée de bleus avait commencé. »

Parmi les premiers éléments de cette lignée on trouve ‘Ice Carnival’ (Watkins, 1950), en bleu lilas clair, puis ‘Lady Ilse’ (Kenneth Smith, 1950), en mauve, et ‘Cloudless Sky’ (Graves, 1951), en bleu. Les plus grands obtenteurs ont utilisé ce ‘Jane Phillips’. C’est le cas de Schreiner, à qui l’on doit ‘Harbor Blue’ (1954) et ‘Blue Baron’ (1959). Chez Clifford Benson, cela a donné le fameux bleu ‘Van Cliburn’ (1961), et chez Ghio, le blanc ‘First Courtship’ (1962). ‘Jane Phillips’ a très vite traversé les océans : en Nouvelle Zélande, Jean Stevens en a tiré ‘Foaming Seas’ (1957), superbe bleu pâle ; en France, Jean Cayeux a obtenu deux célèbres iris blancs, ‘Boule de Neige’ (1962) et ‘Glacier (1962) ; en Angleterre deux Médailles de Dykes anglaises vont en résulter, ‘Patterdale’ (Randall, 1955, BDM 1961) et ‘Constance West’ (Howe, 1967, BDM 1970).

‘Harbor Blue’ a été abondamment utilisé chez Schreiner et a donné naissance entre autres à ‘Salem’ (1957), ‘Sparkling Waters’ (1959), ‘Alpine Blue’ (1961) ou ‘Big League’ (1969). Benson a utilisé son ‘Van Cliburn’ pour un paquet de cultivars intéressants, à commencer par ‘Skywatch’ (1964 – DM 1970), mais aussi ‘Maestro Puccini’ (1972), ‘Victor Herbert’ (1977) et ‘Elvis Presley’ (1982). ‘Salem’ est derrière ‘Sapphire Hills’ (Schreiner, 1971) lequel est parent d’un grand nombre de variétés excellentes comme ‘Blue Aristocrat’ (Schreiner, 1987), ‘Frison-Roche’ (R. Cayeux, 1994), ‘La Part des Anges’ (Bersillon, 2008), ‘Portrait of Larrie’ (Gaulter, 1977), ‘Tide’s In’ (Schreiner, 1983), et pour finir ‘Yaquina Blue’ (Schreiner, 1992 – DM 2001).

Je n’ai pas ‘Jane Phillips’ dans ma collection personnelle, mais je le regrette car c’est une variété qui a bien vieilli et qui, pour cette raison, mérite de figurer dans les meilleures collections d’iris historiques. Par-dessus le marché elle est facile à trouver ici ou là tellement elle a été largement diffusée et tellement elle est robuste et facile à cultiver.

LE CONGRÈS DE 78





La conférence sur les iris de 1922 devait être l’amorce de réunions régulières sur le sujet. Mais malgré son grand succès et la présence de sommités venues d’Europe et d’Amérique, il n’y a plus jamais eu de semblable manifestation : trop cher à organiser. Cependant l’idée n’en était pas perdue et Maurice Boussard, dès qu’il a intégré la SFIB, s’est activement démené pour qu’une nouvelle conférence puisse se réunir. Avec l’aide de quelques enthousiastes rassemblés dans un Comité d’Organisation, il est parvenu à ses fins en 1978.

Et le Congrès International d’Orléans fut une grande réussite.

Il s’est déroulé du 24 au 29 mai, au Parc Floral de La Source, à Orléans. Le succès ne fut pas seulement scientifique. Plus de 6000 personnes ont visité le Parc le dimanche 28 mai !

Dès le jeudi 25 les choses sérieuses avaient commencé, avec une présentation des congressistes, venus d’Allemagne, des Etats-Unis, de Grande Bretagne, de Belgique, d’Italie, des Pays-Bas, de Suisse, de Tchécoslovaquie et d’URSS. Tout le gratin du microcosme des iris était donc là.

Il y eut un exposé sur les glaïeuls d’Afrique du Sud, préparé par le professeur Delpierre et commenté par Maurice Boussard. L’intervention suivante fut celle de J.D. Taylor, un obtenteur anglais très connu, qui parla des aspects pratiques de l’hybridation des iris barbus, avec un humour tout britannique. Puis le professeur Rodionenko, le grand irisarien russe, exposa sa théorie sur les modifications que peuvent subir les pièces florales de l’iris à la suite de mutations génétiques naturelles ou provoquées par des agents extérieurs. Autre conférence, celle du conservateur du jardin botanique d’Utrecht, au Pays-Bas, M. Hoog, sur les iris bulbeux, Iridodyctum (reticulatas), Juno et Xiphium. Enfin une discussion, animée par le directeur du Service National du Développement Horticole, M. Picard, aborda la question du désherbage des iris.

Moins savantes, les contributions de Mme Malenchini, envoyée de la SII, sur le jardin d’iris de Florence, de Bill McGarvey sur les iris de Sibérie, et de Francesca Thoolen sur les iris « pacific coast » intéressèrent néanmoins beaucoup les participants.

La vedette du Congrès devait être Mme Valéry Giscard d’Estaing, épouse du Président de la République, qui passa toute la journée du dimanche avec les congressistes, remettant un vase de Sèvres à Francesca Thoolen, qui représentait l’AIS.

Ce Congrès fut aussi l’occasion d’une exposition d’iris exceptionnelle, doublée d’une compétition peu ordinaire. Presque toutes les catégories étaient représentées et un large choix de récompenses, très diplomatiques, fut distribué. En voici les principaux résultats :

SIB : ‘Swank’ (Hager, 1969)

SPU : ‘Clarke Cosgrove’ (Hager, 1975)

LOUISIANA : ‘This I Love’ (Chowning, 1976)

MDB : pas de récompense attribuée

SDB : ‘Gingerbread Man’ (B. Jones, 1969)

IB : ‘Snappie’ (Warburton, 1976)

TB : ‘Pleasure Cruise’ (Plough, 1975).

Il y eut une récompense pour une infinité de sous-catégories et un grand nombre de personnes physiques ou d’organismes. De quoi satisfaire tout le monde.

Enfin le Critérium de l’Iris, où 47 variétés furent classées, a désigné aux cinq premières places :

  1. ‘Study in Black’ (Plough, 1968)
  2. ‘Fashion Fling’ (Hall, 1965)
  3. ‘Provençal’ (Cayeux , 1977)
  4. ‘Spreckles’ (Schreiner, 1972)
  5. ‘Stepping Out’ (Schreiner, 1963).

Un tel rassemblement pourra-t-il avoir lieu de nouveau un jour ? C’est malheureusement peu probable. Pour de multiples raisons. Les principales étant la difficulté à recueillir les fonds nécessaires à un tel déploiement, et la disponibilité des personnes pouvant se charger de l’organisation. Quand on voit le mal qu’il y a à organiser le concours FRANCIRIS, on comprend qu’un nouveau Congrès International est une vue de l’esprit !