19.3.11

SUR LES BORDS DE LA WILLAMETTE





I. Panorama

Le paradis des amateurs d’iris s’appelle Vallée de la Willamette. Faisons un peu mieux connaissance avec cette contrée exceptionnelle, que tous ceux qui s’intéressent aux iris devraient connaître.

La Willamette est une rivière qui coule dans le nord de l’Etat d’Oregon, parallèlement à la côte de l’Océan Pacifique, sur une distance d’un peu plus de 300 kilomètres. Son point de départ officiel se situe dans la petite ville de Springfield, un peu au sud d’Eugene. Mais cet endroit n’est, en fait, que le lieu de confluence de plusieurs rivières torrentueuses qui descendent de la chaîne des Cascades, à l’est, ou des monts Calapooya, au sud, et qui ont déjà parcouru, pour les plus longues, environ 150 km. Pour ceux qui ne le sauraient pas, la chaîne des Cascades constitue, dans le nord des Etats-Unis, la bordure occidentale des Montagnes Rocheuses. Les Monts Calapooya, eux, forment une barrière confuse qui relie les Montagnes Rocheuses à la chaîne côtière, le long du Pacifique, qu’on appelle l’Oregon Coast Range ; au nord des Mts. Calapooya, c’est la vallée de la Willamette et l’Oregon, au sud c’est un enchevêtrement de montagnes plus ou moins élevées qui s’effondrent en fin, après le col de Siskyou, vers la vallée du Sacramento, et la baie de San Francisco, en Californie. A partir d’Eugene, la Willamette s’oriente totalement vers le nord et descend doucement vers la Columbia, qu’elle rejoint à Portland, la plus importante ville de l’Oregon. Eugene est à 108 m. d’altitude, Portland à 6. Entre les deux, 150 km de la plus riche vallée des Etats-Unis.

A l’origine de cette richesse, un phénomène géologique qu’on appelle les inondations de Missoula. Il y a environ 15000 ans, un immense lac, grand comme le lac Michigan, s’était formé derrière la barrière de la chaîne des Cascades. On l’a baptisé le lac glacé de Missoula, parce qu’il était le plus souvent gelé. Mais quand la température remontait – et cela s’est produit une quarantaine de fois en 2000 ans – l’eau longuement accumulée, libérée, cherchait à s’échapper du bassin et trouvait pour cela uniquement la zone d’effondrement qui a donné naissance aux gorges de la Columbia. Par ce trou, des milliards de m3 d’eau s’écoulaient vers le Pacifique, entraînant des masses immenses de sédiments volcaniques qui se déposaient en bas, dans le fossé qui prolongeait le Puget Sound et dans les vallées inondées, dont celle de la Willamette, la plus importante. C’est ainsi qu’au fil des temps une couche de sédiments d’environ 1000 m d’épaisseur s’est déposée dans la vallée ! De quoi faire pousser des iris !!

Cette version américaine du paradis terrestre profite d’un climat particulièrement doux, protégé des vents d’ouest par la Coast Range, et des froidures montagnardes par les Cascades. Très arrosé l’hiver, entre novembre et février, plutôt sec ensuite. Mais l’amplitude des températures reste faible, entre –5 et +25 : les jours de gel profond sont exceptionnels de même que ceux de canicule.

La vallée de la Willamette est la région la plus peuplée de l’Oregon, puisqu’elle rassemble 60% de la population de l’Etat. Le peuplement a commencé vers 1840 quand les premiers colons sont arrivés de l’Est par l’itinéraire connu sous le nom d’Oregon Trail, qui franchissait la chaîne des Cascades par les gorges de la Columbia. Auparavant seuls quelques trappeurs, arrivés par la mer et l’embouchure de la Columbia, s’éparpillaient dans la région, au milieu des Indiens Chinooks. La vallée est une région agricole très importante, tant pour la production des légumes et des fruits que pour celle du houblon destiné aux brasseries de l’Ouest. La majorité des arbres de Noël et des noisetiers vendus dans tous les USA vient aussi de ce secteur. Quant à ses contreforts, ils sont couverts de vignobles qui produisent des vins réputés constitués des cépages merlot et pinot gris. Mais c’est d’abord, pour nous iridophiles, la plus grande concentration au monde de plantations d’iris.

Sur 70 km, entre Salem et Portland, on trouve ce qui se fait de mieux et de plus grand en matière de culture d’iris. La concentration de pépinières y est phénoménale et pour en faire le tour il nous faudra deux autres chroniques. Ce sera pour les deux prochaines semaines.

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