25.2.11

FRAIS COMME UN ROSE






3. Schreiner and co

Les Schreiner ne sont pas des spécialistes des iris roses, mais ils en proposent presque chaque année au moins une nouvelle variété. Et comme toujours, ces variétés sont des plantes splendides, solides, majestueuses, sûres à défaut d’être originales. Les photos ci-dessus donnent un aperçu du travail de l’usine à iris Schreiner, de Salem, Oregon :

· ‘Alpenrose’ (Schreiner, 1959) (Savage X Cordolon)

· ‘Codi’s Angel Face’ (Schreiner, 2004) (Goodbye Girl X Tootsie)

· ‘Earlirose’ (Schreiner, 1980) ((Pink Horizon x (Valimar x semis)) X Fashionable Pink)

· ‘Goodbye Girl’ (Schreiner, 1995) (de My Girl, Carved Angel, Paradise...)

LES MEEKS






Duane et Joyce Meek, deux obtenteurs connus bien au-delà de leur pays d’origine, ont disparu en peu de temps : Duane est mort en 2008, et Joyce l’a suivi en octobre dernier. Le monde des iris américain perd peu à peu ces hybrideurs qui ont eu leur célébrité pendant les années 70/90...

Pendant un quart de siècle Joyce et Duane Meek ont obtenu un grand nombre d’iris parmi les plus jolis et les plus renommés. Ils les ont commercialisé eux-même sous l’appellation « D&J », depuis leur pépinière de Silverton, en Oregon. Leurs enregistrements ont été faits sous leurs propres prénoms de sorte qu’on peut savoir lequel est à l’origine de quoi. Pour sa part, Duane Meek n’a commencé sa vie d’hybrideur que relativement tard, à la fin des années 70, mais dès lors il se consacra entièrement à cette passion. Ses premiers enregistrements datent de 1972 (‘Sunday Sage’, plicata bourgogne/jaune) Ses iris sont très nombreux. Il nous a offert, entre autres, ‘Cherry Smoke’ (78), grenat foncé très original, ‘Desert Echo’ (80), jaune au cœur poudré de brun, ainsi que, la même année ‘Carved Crystal’ (80), d’une grande pureté dans le ton de bleu glacier. En 93 vinrent ‘Imaginarium’, en rose corail, et ‘Tempting Fate’ dont on admire le bleu tendre des pétales et le bleu marine des sépales. Il faut citer aussi le sombre ‘Matt McNames’ (2000) et, parmi ses dernières réalisations, ‘Sudden Love’ (2004), amoena inversé tout en délicatesse. Ce vétéran de la dernière guerre savait trouver les croisements efficaces, dans un grand choix de domaines.

Joyce a commencé dans le métier en 1972 avec ‘Montego Bay’, mais elle est toujours restée en retrait par rapport à son mari, même si on lui doit près de 50 enregistrements. Les plus connus de ses iris, en Europe du moins, doivent être ‘P.T. Barnum’ (1979), ‘Candace’ (1981), ‘Janie Meek’ (1987) ou ‘Striking’ (1991).

Ils n’ont jamais atteint la vrai célébrité et n’ont pas remporté de récompense majeure. Mais leur contribution à l’amélioration des iris est incontestable. Ce sont de ces « seconds rôles » indispensables au succès des grands chefs d’œuvre.

ECHOS DU MONDE DES IRIS



De Bohême

Le forum de la SFIB peut être le lieu d’échanges intéressants, comme celui qui a eu lieu la semaine dernière à propos du semis de Zdenek Seidl dont la photo est place ci-dessus. La réponse définitive aux interrogations des uns et des autres est venue de Keith Keppel qui a bien voulu nous fournir son analyse de maître incontesté de l’hybridation. La voici :

« "La barbe mandarine provient des variétés présentant ce caractère ;
les pétales sans anthocyanine dans un modèle bicolore viennent de 'Prince George', renforcé par 'Last Laugh' ;

le haut clair des sépales est influencé par 'Prince George' et 'Last Laugh', les veines ne sont pas rares dans ces bicolores avec un faible taux d'anthocyanine ;

le bords des sépales plus clair est peut-être influencé par le facteur luminata de 'Mind Reader' et de 'Flights of Fancy', mais cela se produit maintenant assez régulièrement dans de nombreuses lignées ;

la couleur jaune est une modification des caroténoïdes en provenance des luminatas et surtout de 'Flights of Fancy' ;

le plus intéressant c'est la barbe mandarine en combinaison avec les pétales jaunes ; ce caractère est susceptible d'être reporté sur des semis de différents modèles à base de jaune."

NLMF.PG7 Seidl ((Nordica x Last Laugh) x (Mind Reader x Flights of Fancy)) X Prince George

LE CÔTÉ OBSCUR DE LA FLEUR






Certains les appellent « umbratas », dans un latin de cuisine coutumier dans le monde des iris. Cette appellation peu orthodoxe dans le domaine de la linguistique correspond à un modèle de fleur qui n’est pas récent, mais qui s’est développé assez largement à la jonction des XXeme et XXIeme siècles. Elle désigne des iris dont la couleur générale est claire, essentiellement aux pétales, mais aussi sur la partie extérieure des sépales, avec au centre de ces derniers une large tache de couleur sombre.

Le porte drapeau de ce modèle pourrait être ‘Ringo’ (Shoop, 1979) en ce sens qu’il est l’un des tout premiers à afficher une large flaque sombre sur des sépales blanc rosé. Mais, en raison d’origines moins franchement établies, je préfère confier cette fonction à ‘Ecstatic Echo’ (Merle Daling, 1983). A moins qu’on ne préfère désigner pour ce rôle son géniteur ‘Stunning’ (John Nelson, 1977) auquel il ressemble beaucoup. Mais on pourrait aussi remonter jusqu’à ‘Wine and Roses’ (Hall, 1963), l’ancêtre du précédent, chez qui les traits caractéristiques du modèle se trouvent amorcés. Ce ‘Wine and Roses’ est l’une des variantes d’une série entreprise par David Hall, qu’il a lui-même appelée « flamingo pink », et qui a fait son apparition en 1942. Ces « flamingo pinks » remontent en fait à 1926, quand Hall réalisa ses premiers croisements ayant pour but de donner de la consistance à cette couleur débutante à ce moment qui est le rose orchidée, celui que les anglo-saxons désignent sous le nom de « pink », alors que le mot « rose » s’adresse au rose crémeux. Il a fallu à David Hall une constance et une ténacité exceptionnelles pour arriver à son but puisqu’il a dit lui-même : « Imaginez le frisson de satisfaction que j’ai ressenti en atteignant mon objectif après 17 ans de travail et la culture d’environ 20000 semis. » Il a continué sur sa lancée et « Wine and Roses », 21 ans plus tard, fait partie des « flamingo pinks », avec cette différence que ses pétales sont rose orchidée mais ses sépales beaucoup plus près du grenat, avec un liseré de la couleur des pétales.

Passer de ‘Wine and Roses’ à ‘Ecstatic Echo’ a consisté à développer la largeur du liseré des sépales tout en approfondissant la teinte de la tache centrale.

On pouvait s’attendre à ce que ‘Ecstatic Echo’ ait une importante descendance compte tenu de l’originalité de son modèle. Mais il n’en a rien été : seulement trois ou quatre enregistrements, dont, à ma connaissance un seul a retrouvé le fameux modèle. Il s’agit de ‘Lights Camera Action’ (Baumunk, 1999), qui est vraiment en plein dans le mille. Jusqu’à aujourd’hui aucun autre descendant de ‘Ecstatic Echo’ n’a retrouvé les traits de ce dernier.

Cependant le modèle s’est tout de même perpétué, mais avec d’autres origines. On ne peut donc pas dire qu’il soit définitivement fixé. L’obtention la plus proche de sa définition est peut-être ‘Yosemite Sam’ (Spoon, 1999). Ce qui est intéressant c’est que les deux parents de cette variétés ne laissaient pas penser à la réapparition du modèle « umbrata ». Je ne connais pas de descendant de ce ‘Yosemite Sam’.

C’est Barry Blyth qui a développé avec le plus de bonheur une souche d’iris « umbrata ». Il y est parvenu tout d’abord avec ‘Magharee’ (1983), même si le côté obscur n’est pas absolument convaincant car trop clair, à mon avis. Ce ‘Magharee’ a eu une certaine descendance, mais dans celle-ci seuls ‘Exclusivity’ (Innerst, 1999) et ‘Opal Brown’ (Duane Meek, 1996) ont retrouvé (ou à peu près) les traits du modèle. Deux descendants de ‘About Town’ (Blyth, 1996), lui-même mauve avec gros spot prune, méritent d’être cités : ‘Lily my Love’ (Blyth, 1999), un peu terne, et ‘Coffee Whispers’ (Blyth, 1999) lui, bien dans la ligne. Mais c’est sans doute ‘Mastery’ (Blyth, 2000) qui renoue le mieux avec le modèle. Il semble qu’il en tienne les caractéristiques de ‘Latin Melody’ (H. Nichols, 1988) que l’on peut qualifier d’ « umbrata », avec un gros spot pourpre et un fond ivoire. A noter une nouvelle fois que les parents de cette variété ne la prédisposaient pas spécialement à devenir un « umbrata »…

En entreprenant cette étude, je m’attendais à trouver une trace d’iris aril dans les pedigrees des « umbratas », mais je n’ai rien trouvé de tel. Il est vrai que l’apport des arils dans les grands iris actuels est, pourrait-on dire, imperceptible. Quoi qu’il en soit, le modèle – ou pseudo-modèle – « umbrata » est intéressant en ce sens qu’il apporte au jardin une touche colorée et franchement peu commune.

18.2.11

ECHOS DU MONDE DES IRIS




Bravo Loïc !

Parmi les variétés enregistrées en 2010 par Loïc Tasquier, j’ai été frappé par la beauté de ce petit iris de table (MTB) baptisé ‘Quagga’, qui allie avec bonheur les qualités reconnues de sa « mère » ‘Bumblebee Delite’ et la sombre originalité de I. variegata var. reginae.


Symposium

Ne parlez pas de changement ! Le vote de popularité organisé chaque année par l’AIS reflète la stabilité, voire l’immobilisme des amateurs américains. Voici le classement 2011 :

1. ‘Dusky Challenger’ - à cette position depuis 1997

2. ‘Queen’s Circle’ - …depuis 2009

3. ‘Conjuration’ - dans le « Top 10 » depuis 2000

4. ‘Jesse’s Song’ - n’a pas quitté le « Top 10 » depuis 1990 !

5. ‘Paul Black’ - entré au classement en 2008, pour le première fois dans les 10

6. ‘Gypsy Lord’ - apparu en 2010, nouveau au « Top 1

0 »

7. ‘Decadence’ - entré au classement en 2008, pour le première fois dans les 10

8. ‘Sea Power’ - au « Top 10 » depuis 2007

9. ‘Thornbird’ - au « Top 10 » depuis 2000

10. ‘Silverado’ - au « Top 10 » depuis 1992

Il n’y a que huit nouveaux entrants sur 100 variétés classées, le plus surprenant de tous étant ‘Braggin Rights’ (Burseen, 2004), une variété quasi introuvable dans les catalogues ! Une curiosité, mais un iris somme toute assez banal (voir photo).

La Warburton Medal à Lech Komarnicki

La Warburton Medal est attribuée par l’AIS « aux irisariens non américains qui ont apporté une exceptionnelle contribution au monde des iris ». Elle revient cette fois à l’obtenteur polonais Lech Komarnicki.

Curieuse destinée pour cet homme, né en 1934, qui a trouvé sa voie dans le théâtre et a obtenu son diplôme de metteur en scène en 1962. Dans son pays, c’est un directeur d’acteurs fort connu, qui a joué et mis en scène de très nombreuses pièces, polonaises mais aussi françaises, des opéras (par exemple Don Pasquale de Donizetti) et réalisé plusieurs films que l’on peut qualifier de « films d’auteur ».

Quand il a pris sa retraite, en 1990, il s’est passionné pour les iris ; il dit lui-même avoir eu une « histoire d’amour avec les iris ». Dans sa terre de Wielgie, dans la voïvodie de Cujavie, entre Bydgoszcz et Varsovie, il s’est créé un jardin d’iris magnifique, tant de grands iris barbus que d’iris nains et d’espèces botaniques. Il a aussi écrit un livre sur sa nouvelle passion, « Irysy », publié en 1993.

Il enregistre des variétés de tous types, TB, SIB, SPEX… elles qu’il avait envoyées pour FRANCIRIS 2007 sont présentes dans le jardin TECOMAH de Jouy en Josas. Comme ‘Tajemnica’ (2005) ((Temple Gold x Saffron Robe) X Deltaplane).

FRAIS COMME UN ROSE





Puisqu’on dit que l’amour et le rose vont si bien ensemble, voici, pendant ce mois de la St Valentin, et pendant quelques semaines supplémentaires, un florilège d’iris roses.

2. Vernon Wood

Il fait partie des « maîtres des roses », avec quelques-uns que nous verrons dans les semaines à venir. Sa production a concerné essentiellement en iris roses, gracieux et frais. Il n’a jamais reçu de grande récompense, mais il n’empêche que ses iris sont d’une grande valeur, et qu’ils font plaisir à l’œil. En voici quatre, pour un peu de gaîté pendant les soirées d’hiver :

· ‘April in Paris’ (Wood, 1993) (de Vision in Pink, Carved Cameo, Blushing Pink…)

· ‘Larue Boswell’ (Wood, 1997) (Bubble Up X semis)

· ‘Pink Starlet’ (Wood, 1993) (de Pink Belle, Carved Pink, Blushing Pink...)

· ‘Vision in Pink’ (Wood, 1987) (((Flaming Arrow x semis) X (Carved Angel x Paradise)

A LA MANIÈRE DE...

Pour ceux que le genre intéresse, voici un nouveau pastiche.

Philippe DELERM (Le trottoir au soleil)

Alizés

Meurtre, séisme, scandale, le journaliste, qui hache ses phrases, énumère tranquillement les informations télévisées du jour. Une douce clarté, un peu pâle, baigne la pièce. Un objet en cristal, qui intercepte le rayon de soleil, en diffracte la lumière. Arc-en-ciel domestique. Les gouttes de couleur, vert, bleu, rouge, viennent frapper le tableau accroché devant moi et mettent de curieuses irisations sur une toile où dominent les couleurs froides : blanc et bleu. Un iris bleu et blanc. Vautré dans mon siège, je sens une irrésistible envie de dormir m’envahir peu à peu. Une torpeur invincible. Pourquoi lutterais-je d’ailleurs ? En quoi triompher du sommeil serait-il un exploit, une victoire ? Je me laisse glisser. La voix du journaliste, entrecoupée de poses inexplicables, devient sourde et même incompréhensible. D’habitude il m’agace avec ces micro-coupures qui font clignoter son discours. Mais je ne l’entends presque plus. L’indifférence me gagne et mes yeux vont se clore. Lorsqu’on s’endort devant la télévision, dans la plénitude qui suit le repas, c’est comme si l’univers se refermait comme une coquille douillette et protectrice. Plus rien n’a d’importance, sauf ce besoin de fermer les yeux en se calant dans le coin du fauteuil.

L’air est tiède et le sable déjà chaud au toucher. Trois pélicans patrouillent au-dessus des vagues bleues, dans un ciel également bleu. L’un d’eux tend le cou, replie à demi ses ailes et s’enfonce dans l’eau comme une flèche. Un petit sucrier à ventre jaune a fait son nid dans le tronc du filao qui a poussé sur la plage, dans le sable aride. Est-ce celui qui tout à l’heure a transpercé sans hésiter, d’un coup de bec bien ajusté, l’opercule plastique d’une barquette de confiture, sur la table du petit-déjeuner ? Brusque risée de vent, venue de la mer. L’eau frissonne et devient grise. Comme les longues aiguilles des filaos qui soupirent et exhalent leur odeur douceâtre. Quelques petits fruits, secs comme de minuscules pommes de pin, se détachent et tombent sur le sable. L’alizé. A cette saison c’est l’alizé du sud-est. Il balaie la plage en longues rafales. Il fait presque frais, tout d’un coup.

C’est le silence qui me réveille. La télé est éteinte. Les informations sont terminées. Combien de temps ai-je dormi ? Plus de trace d’arc-en-ciel sur le tableau, devant moi, mais un beau rayon de lumière dorée qui embrase la toile bise sur laquelle est dessinée cet iris bleu et blanc. Au fait, comment s’appelle-t-il déjà ? Ah, oui ! ‘Alizés’…

TOUR D’HORIZON par Keith Keppel (janvier 2011)





TOUR D’HORIZON

Chaque année Keith Keppel complète son catalogue par un ou deux textes où il décrit son travail en cours et nous communique son enthousiasme. Voici la traduction de son « Tour d’Horizon » 2011.

Par où commencer ? L’horizon, comme j’écris ces lignes, est un indescriptible mélange de ciel gris et de végétation tristounette, sur une base de boue brune. L’horizon que nous attendons est fait d’immenses champs qui attirent l’œil : des iris en pleine gloire technicolore.

Chaque hiver on se projette vers les semis qui ont été sélectionnés et qui attendent dans les coulisses avant d’entrer en scène – et chaque printemps le metteur en scène change la distribution quand les répétitions du mois de mai n’ont pas marché. Ça a été particulièrement vrai en 2010, quand des machinistes se sont mis en grève, des acteurs sont tombés malades, et quand des études plus approfondies ont mis en avant les contre-performances de celles qui devaient être les vedettes du spectacle. Je suppose que 2011 ne sera pas foncièrement différent et que certaines choses qui vont être dites ici seront des contre-vérités dans quelques mois.

L’acte I de la saison des grands iris devrait être celui des luminatas… En général ils fleurissent très tôt et, ainsi, sont moins enclins aux problèmes liés aux conditions climatiques et à un nombre irrégulier de boutons. Il y a encore des progrès à faire. On guette plusieurs « possibles » et on cherche la perfection en les laissant fleurir pendant plusieurs générations. Il y a tellement de possibilités dans ce groupe ! Des bords de pétales clairs plus grands peuvent être tout à fait surprenants, en particulier sur des fleurs sombres et ondulées. La tache claire au cœur de la fleur peut être plus grande et plus remarquable, en particulier en compagnie de grosses barbes voyantes. Les sépales peuvent présenter de fines rayures, …ou un subtil mélange de tons pastels, …ou être tellement sombres et unis que les rayures n’apparaîtraient que lorsque la fleur commence à vieillir. Il y a tellement de modèles différents imaginables, sans même que la couleur entre en ligne de compte ! ‘Telepathy’, ‘Moonlit Water’ ‘Montmartre’, ‘High Master’ et ‘Lip Service’ constituent la base des domaines de recherche les plus prometteurs.

Le projet de plicata noir / blanc vient tout juste de se mettre en route, mais les plicatas sombres sur fond jaune ont décollé – je veux parler des marques brun-noir sur fond couleur jaune d’œuf, et pas n’importe quels œufs, pas ces œufs pâlots et chétifs produits en masse pour les super-marchés. Le fond jaune est en train d’évoluer vers des tons abricot et saumon, en combinaison avec des marques noir violacé.

Des plicatas avec pétales au fond blanc et sépales au fond jaune sont en train de se montrer. On aimerait travailler hardiment sur cette lignée, parce qu’elle produit des modèles compliqués très intéressants. Ces deux projets de plicatas comptent largement sur une lignée de semis alambiqués auxquels s’ajoutent ‘Drama Queen’ et ‘Charleston’ (d’où proviennent les gènes noirs).

Les bicolores, particulièrement ceux du type « Emma Cook » avec une fine bordure de couleur sur les sépales, ont été largement travaillés, avec quelques combinaisons profondément saturées encore en cours d’évaluation. ‘Queen’s Circle’ et ‘Last Laugh’ (plus leurs enfants ‘Gypsy Lord’, ‘Restless Heart’ et ‘Parisian Dawn’) apparaissent dans la plupart de leurs pedigrees. ‘Silk Road’ a donné de nombreux descendants jaunes et bleus (ou violets) d’excellente forme et bien branchus, quelques-uns avec des épaules et des liserés dans les tons bruns pour ajouter de l’intérêt.

Les bicolores inversés deviennent plus sombres et plus brillants dans de nombreuses combinaisons. ‘Secret Rites’ a été un parents surprenant pour cette lignée, même s’il y a des problèmes de tenue des pétales. Les meilleurs peuvent en plus être recroisés avec ‘Fogbound’, en particulier via ‘Crystal Gazer’ et ses frères de semis. Et derrière ‘Fogbound’ il y a ‘Spring Tidings’ ce merveilleux iris de Shoop. Comme disait une fois Duane Meek, ce n’est pas facile d’obtenir un vilain iris avec un tel parent.

Le travail sur les unicolores ne doit pas être oublié. La simplicité du coloris met davantage l’accent sur la forme de la fleur. Chez les roses, ‘Kitty Kay’ a la forme, mais ‘Happenstance’ et ‘In Love Again’ poussent beaucoup mieux. Le mélange des deux et l’apport des roses ondulés de Ghio, se montre prometteur. Les frères de ‘Happenstance’, ‘Vienna Waltz’ et ‘Social Graces’ constituent la base de roses orchidée avec une forme supérieure. En bleu, il y a ‘Adriatic Waves’ et ‘Raging Tide’, descendants de ‘Sea Power’ pour continuer le travail. On utilise ‘Sea Power’ avec beaucoup de couleurs différentes. ‘Silk Road’, dont il a été question plus haut, vient de ‘Sea Power’ et a ‘Bollywood’ pour frère de semis. Ah ! Toutes ces couleurs, et plus que si peu de temps pour leur ajouter à tous des ondulations.

Chez les nains, il y a des roses et des abricot avec de grosses barbes bleues ; apparaissent aussi davantage de variantes dans les plicatas. Mais les nains ne sont que la répétition générale, c’est le numéro des grands barbus qui doit être le clou du spetacle. Que le rideau se lève !

11.2.11

ECHOS DU MONDE DES IRIS


Catalogue Keppel 2011

J’ai reçu cette semaine le catalogue Keppel 2011. Le choix en nouveautés est peut-être un peu plus restreint que les années précédentes, et je trouve qu’il n’y a pas les innovations qu’on a connu il y a quelques années. Cela n’est qu’une pose, mais les variétés présentées sont là pour apporter des perfectionnements dans des modèles éprouvés. On peut dire qu’elles sont proches de la perfection. De toute façon, on n’attend pas moins de celui qui est le pape des hybrideurs américains.

Comme chaque année les deux dernières pages sont consacrées à des réflexions toujours passionnantes. Je traduis son « Tour d’horizon » et je le publierai la semaine prochaine.

En illustration : ‘Revision’ (Keppel, 2011) (Gypsy Lord X (Restless Heart x Queen’s Circle).

ECHOS DU MONDE DES IRIS





Rien de nouveau sous le soleil ?

N’y aurait-il donc rien de nouveau sous le soleil ? Mon attention a été attirée sur les deux images ci-dessus, qui se sont retrouvées côte à côte par un heureux hasard.

D’abord ‘Gay Stripes’ (Fielding, 1957) qui est un petit oncobred dont le pedigree n’est pas précisé, puis ‘Head Games (Lauer, 2009) qui est de (Owyhee Desert X Puccini). La ressemblance est troublante. Cependant rien ne dit que ‘Puccini’ et ses semblables, si « tendance » aujourd’hui, aient du sang d’onco dans la sève.

FRAIS COMME UN ROSE





Puisqu’on dit que l’amour et le rose vont si bien ensemble, voici, pendant ce mois de la St Valentin, et pendant quelques semaines supplémentaires, un florilège d’iris roses.

1. David Hall

Il pratiquait l’hybridation des iris, mais aussi l’élevage des chevaux et du bétail dans une ferme du côté de Calgary, au Canada. Il se rendait compte qu’en cette matière les résultats tangibles n’apparaissaient guère avant la troisième génération. C’est pourquoi il en a déduit que les lois génétiques applicables aux animaux devaient valoir aussi pour les plantes. Il a donc poursuivi son travail sur les iris sans se décourager et ses premiers résultats appréciables sont apparus en 1927. Il a poursuivi ses travaux d’amélioration de générations en générations et on peut sans se tromper lui attribuer le titre de père de l’endogamie. Il a obtenu les premiers iris roses connus sous le nom de « flamingo pink », mais aussi beaucoup d’autres qui ont fait sa célébrité. En voici quatre, des plus représentatifs de son travail :

· ‘Ballerina’ (Hall, 1950) (Cherie X Fantasy)

· ‘Fantasy’ (Hall, 1941) (de Rameses, Dauntless, Jean Cayeux, Morocco Rose…)

· ‘Fashion Fling’ (Hall, 1965) ((May Hall x semis) X Pink Magic)

· ‘Happy Birthday’ (Hall, 1952) (semis non précisé)

HÉRÉDITÉ DES INVERSÉS






II. L’apport de ‘Honky Tonk Blues’

‘Honky Tonk Blues’ (Schreiner, 1988) n’est pas un amoena inversé, même s’il manifeste quelques signes d’inversion des couleurs, mais il a démontré son aptitude à engendrer des inversés de qualité, notamment par une amélioration du contraste entre pétales et sépales. De nombreux hybrideurs ont voulu exploiter cette aptitude. Ils ont intégré ‘Honky Tonk Blues’ à leurs lignées d’amoenas inversés, qu’elle soit de souche pure ou issues d’un mélange des souches. Pour ce qui est de la souche ‘Avis’, c’est sans doute Bernard Laporte qui en a tiré le meilleur parti en associant ‘Honky Tonk Blues’ et ‘Special Mozart’ pour obtenir ‘Iriade’ (2004), une variété désormais bien connue, même aux Etats-Unis. C’est encore Bernard Laporte qui a réalisé le croisement (Honky Tonk Blues X Timescape), lequel a produit une série de semis, très proches les uns des autres, mais nettement « dark top », avec, ce qui ne gâte rien, des fleurs bien formées et délicatement ondulées. Ces jolies fleurs n’ont pas été enregistrées, ce qui est bien dommage, mais la photo ci-dessus de ‘Yemanja’ (nom que j’ai personnellement attribué au plus achevé de ces semis) donne une idée du produit.

On a vu la semaine dernière les origines de ‘In Reverse’. Cet iris là a eu une descendance remarquable. Ainsi de lui viennent directement ‘Reversi’ (Michaël Sutton, 2005) qui a pour pedigree In Reverse X (Bye Bye Blues x (Honky Tonk Blues x Dauber's Delight)), et ‘Crowned Heads’ (Keppel, 1997) (In Reverse X Honky Tonk Blues).

Croisé avec d’autres variétés a priori pas destinées à donner naissances à des inversés, ‘Honky Tonk Blues’ en a quand même engendré, et non des moindres ! Prenez ‘Quite the Reverse’ (Maryott, 1998), qui est de (Yankee Pride X Honky Tonk Blues), et surtout ‘Fogbound’ (Keppel, 1997) qui est à lui seul une souche d’amoenas inversés. ‘Honky Tonk Blues’, associé à ‘Battle Fury’ (Varner, 1978) a donné naissance à ce ‘Fogbound’. Celui-là a été mis à toutes les sauces et est en passe de devenir l’un des principaux géniteurs de ce siècle. Dans le domaine des amoenas inversés bleus, il est à l’origine de ‘Alpenview’ (Keppel, 2002), ‘Dance Recital’ (Keppel, 2005), ‘Endimanché’ (Bersillon, 2008), ‘Soiree Girl’ (B. Blyth, 2005), et ‘Waterfall Mist’ (P. Black, 2006), pour ne citer que quelques-uns uns. Quant à ‘La Part des Anges’ (Bersillon, 2008), il fait, le lien entre la souche ‘Fogbound’ et la souche ‘Surf Rider’.

Comme il fallait s’y attendre, les hybrideurs se sont mis à mélanger les différentes souches, comme ils ont fait pour les autres modèles ou coloris. Un exemple parfait de ce mélange est ‘Cloudscape’ (Paul Black, 2007) qui a pour pedigree Quite the Reverse X (Crowned Heads x Fogbound). Voilà un exemple de « tout en un » !

Ce qui, il y a encore dix ans était un événement est aujourd’hui assez facile à obtenir et chacun a à cœur d’enregistrer son ou ses amoenas inversés. On en trouve partout y compris chez les hybrideurs de Russie ou d’Ukraine. Sergueï Loktev a enregistré ‘Doberman’ (2006) qui est de (Silverado X Crowned Heads) et Igor Khorosh ‘Zaprosy Mene u Sny’ (2009) dont le pedigree est (Kathleen Kay Nelson X In Reverse). En Italie, avec (Edge of Winter x Soap Opera) X Honky Tonk Blues, Augusto Bianco nous a offert ‘Aldo Ratti’ (1998) qui n’est pas tout à fait inversé, mais presque, de même qu’en France Lawrence Ransom est l’auteur de ‘Claude Louis Gayrard’ (1996) qui vient lui-aussi de ‘Edge of Winter’. Pour sa part Michelle Bersillon a encore parmi ses semis des inversés intéressants. Enfin en Slovaquie, Anton Mego a obtenu son semis numéroté AM 03-1214.1 qui me paraît une pure merveille… Mais le fait que ces iris soient devenus relativement communs n’enlève rien à leur charme, et c’est bien agréable d’avoir l’embarras du choix.

4.2.11

ECHOS DU MONDE DES IRIS



Enfin !

Le prochain catalogue de Cooley’s Gardens proposera un iris en provenance de Russie. Il s’agit de ‘Feodosiya’ (Loktev, 2011). A ma connaissance, c’est la première variété russe à être mise sur le marché occidental. Peut-être les amateurs curieux vont-ils enfin pouvoir apprécier la production russe, la seconde en quantité après la production américaine. Jusqu’ici des lois draconiennes et surannées empêchaient l’exportation de plantes vivantes par les particuliers (ou plutôt les « non-professionnels »). Auraient-elles été levées ? Ou Sergeï Loktev, qui est un malin, a-t-il trouvé un moyen de contourner l’interdiction ?

AIS Website

Le site web de l’American iris Society a fait peau neuve. Peut-on pour autant dire qu’il s’est modernisé ? Je lui trouve un air romantique, pas laid, mais éloigné de ce qu’on peut appelé le look 2010. Quant au contenu, il a été modifié avec une évidente amélioration.

LE MOIS DU BLANC (fin)






5. Appendices

Les éperons et autres appendices pétaloïdes viennent orner les fleurs blanches comme les autres. Voici quatre exemples de ces développements originaux :

· ‘Dame du Lac’ (Fur/Laporte, 2004) (Silverado X Sky Hooks)

· ‘Mesmerizer’ (Byers, 1991) ((Sky Hooks x Condotiere) X Branching Out)

· ‘Silver City’ (Sutton G., 2003) (Tiffany Time X (Sweet Musette x Twice Thrilling))

· ‘Wings of Peace’ (Sutton G., 1997) (Skating Party X Twice Thrilling)

LA FLEUR DU MOIS :





‘Last Hurrah’

L’ennui, avec les grands iris, c’est que leur saison ne dure pas longtemps ! On les soigne, on les désherbe, on les chouchoute pendant onze mois pour n’en profiter que pendant quatre semaines au maximum ! Pour prolonger le plaisir, il faut trouver des expédients. Par exemple de prolonger la saison en plantant d’un côté des iris hâtifs, de l’autre des iris tardifs. J’ai essayé les deux. Les hâtifs, chez moi, gèlent une année sur deux (mais avec le réchauffement climatique, peut-être que les fleurs ne seront bientôt plus brûlée par les frimas qui accompagnent la St Georges !), restent les tardifs…

‘Last Hurrah’ (Schreiner, 1983) fait partie de ceux-ci. C’est le produit du croisement Sailor's Dance X St Louis Blues sib, c’est à dire un pur produit de la grande époque de Schreiner and co. Pourquoi est-il tardif ? Ce n’est pas facile à dire, parce que si ‘St Louis Blues’ est effectivement qualifié de tardif, on ne sait évidemment rien de son frère de semis qui a donné naissance à ‘Last Hurrah’. Sans doute est-il lui aussi tardif. Cependant en remontant dans le pedigree de ‘St Louis Blues’, qui est (Blue Mountains x Sylvan Stream) X semis) on n’apprend rien à ce sujet : Les deux grands-parents identifiés ne sont pas eux-même tardifs. En tout cas, pour être tardif, ‘Last Hurrah ‘ est bien tardif, j’ai pu m’en assurer ! Quand il est apparu dans le catalogue Bourdillon, je l’ai aussitôt acheté. C’était, je crois, en 1986. Dans sa première année il a correctement poussé. J’avais pris soin de le mettre dans une bordure parfaitement ensoleillée car je me doutais que sa floraison tardive allait nécessiter un maximum d’ensoleillement pour lui permettre de se refaire des forces après sa période de pleine activité. J’ai apprécié ses fleurs parfaites, amples et riches, comme celles de toutes les variétés Schreiner. Sa couleur est sans doute un peu banale, mais c’est un moindre mal. Malgré son exposition très favorable, la pousse de la deuxième saison a été plus difficile, et les saisons suivantes ont été franchement aléatoires, avec un développement assez faible. Il a vivoté, comme ça, jusqu’à sa transplantation, en 1993, où il a disparu…

Alors, pourquoi en faire la « Fleur du Mois » ? Justement pour cela : une fausse bonne idée peut bien donner lieu à une chronique !

Depuis, j’ai renoncé aux extensions saisonnales : plus d’iris d’avant saison, plus d’iris d’arrière saison, plus de remontants… Mon iriseraie peut-être magnifique, mais elle n’est au top que pendant un mois. J’essaie d’un profiter au maximum, même si c’est difficile car lorsque mes iris sont en fleur, ceux des autres le sont aussi, et si je veux voir ce qui se fait ailleurs, je ne suis plus dans mon jardin … Les concours auxquels je participe, en tant que juge ou de simple amateur me prennent aussi des jours voire des semaines, et c’est rageant de savoir que pendant ce temps-là mes iris, ceux pour qui je me donne tant de mal, sont en train de fleurir, pour le seul plaisir de mes voisins ! Devrais-je revenir à un jardin d’iris tardifs ? Je ne le pense pas. Le climat de Touraine ne leur est pas assez favorable, car les automnes ne doivent pas atteindre les températures moyennes qui leur permettent de reprendre suffisamment de forces avant l’hiver. Je devrai donc me contenter de ce que j’ai et, avec l’âge, réduire mes déplacements au cours du mois de mai, pour être là au bon moment, et ne pas devoir compter sur ‘Last Hurrah’ ou ses semblables.

‘Last Hurrah’ (Schreiner, 1983) (Sailor's Dance X St Louis Blues sib)

HÉRÉDITÉ DES AMOENAS INVERSÉS





I. Les anciennes souches

L’apparition des iris amoenas inversés bleus ne date pas d’aujourd’hui, mais ils atteignent un degré de diffusion considérable. Il est temps de se pencher sur leurs origines et de retracer leur hérédité.

On distingue trois principales souches, c’est à dire trois variétés qui sont à l’origine d’une lignée d’amoenas inversés bleus.

Commençons par la souche ‘Avis’. C’est celle qui est mise en avant par Keith Keppel dans son approche des « dark tops » en général et bleus en particulier. ‘Avis’ (Varner, 1963) présente bien les traits spécifiques des amoenas inversés. Cette apparence ne lui vient pas directement de ses parents, on peut donc dire qu’il constitue le point de départ d’un nouveau modèle. ‘Avis’ provient d’une part de ‘Arctic Skies’, déjà légèrement inversé, d’autre part de deux cultivars dans les tons de rose orangé, l’un issu de ‘Mary Randall’, l’autre provenant d’un semis de David Hall. Ce semis a été recroisé avec ‘Enchanted Pink’, puis, à la génération suivante, avec un jaune de la famille de ‘Mary Randall’ pour donner enfin naissance à cet ‘Avis’ qui nous intéresse. Parmi ses descendants, le plus intéressant est ‘Sea Venture’ (Bennett Jones, 1972), qui provient du croisement d’ ‘Avis’ et d’un blanc teinté de lilas : ‘Eternal Love’ (Schmelzer, 1966), et qui est un véritable « dark top» aux pétales tendrement bleus et aux sépales qui, s’ils n’ont pas « la blancheur sanglotante des lys » comme disait Stéphane Mallarmé, n’en sont pas moins plus clairs que les pétales. A partir de ‘Sea Venture’, on est véritablement dans le domaine des « dark tops ». ‘Spécial Mozart’ (Anfosso, 1991) est directement issu de ‘Sea Venture’ et on verra plus loin qu’il a contribué lui-aussi au développement des amoenas inversés bleus.

La souche ‘Avis’ n’est ni la principale, ni la plus prolifique. La suivante, sur ce plan, est plus importante. Il s’agit de la souche ‘Surf Rider’. Cet iris a des pétales parme, des sépales d’un blanc laiteux où le bleu resurgit au cœur, et des barbes blanches. La fleur est peu ondulée, mais de texture épaisse ce qui lui confère une bonne tenue. Néanmoins ce qui a fait le succès de ‘Surf Rider’ (Tucker, 1970) c’est l’originalité de son coloris. Pour en arriver là, James Tucker a utilisé un semis de ‘Stepping Out’, associé à ‘Joy Dancer’. On ne décrit plus le premier, plicata emblématique mis sur le marché par la maison Schreiner en 64 et récompensé de la Médaille de Dykes en 68. ‘Joy Dancer’ est un autre produit Tucker, enregistré en 69, qui a attiré sur lui l’attention à Florence où il a obtenu la seconde place en 74. C’est un mauve lilas à barbes jaunes qui a pour pedigree (Crinckled Beauty X Rippling Waters). Ni l’un ni l’autre de ces antécédents ne sont des « dark top », ‘Surf Rider’ est donc le point de départ d’une nouvelle souche. Si son originalité et sa fraîcheur lui ont valu une renommée mondiale, elles ont aussi tenté certains hybrideurs qui ont essayé d’en améliorer les caractéristiques. Trois des plus grands noms s’y sont essayés : Joë Ghio, Ben Hager et Sterling Innerst. Ghio a obtenu ‘Little Much’ (84) dans lequel se rejoignent les souches ‘Avis – par ‘Sea Venture’, encore une fois – et ‘Surf Rider’. Il est décrit comme ayant des pétales bleu moyen, des sépales blancs et des barbes blanc bleuté. Il répond bien à la définition des « dark tops ». A la même confluence que ‘Little Much’ se trouve ‘Incantation (Ghio, 1987) qui se présente un peu comme un amoena inversé mais le contraste est atténué car la base des pétales est plus vivement colorée que le haut, pratiquement blanc, tandis qu’on retrouve le bleu des pétales aux épaules des sépales. ‘Ballerina Blue’ (Innerst, 1986) réunit ‘Surf Rider’ et ‘Sea Venture’, mais il n’a pas les qualités de ses cousins Ghio, ni celles de ses cousins Hager, et en particulier de ‘Timescape’ (1990).

Parlons maintenant de la troisième souche, la plus exemplaire et la plus productive. Elle a pour origine l’espèce I. imbricata. Voici ce qu’écrivait Keith Keppel à son sujet : « Originaire des montagnes du Caucase et du nord de l’Iran, ce diploïde de taille moyenne a des fleurs jaune verdâtre marquées de veines brun pourpré aux épaules. » Et Paul Cook, qui l’a utilisée en premier a écrit : « I. imbricata comporte indubitablement un gène inhibiteur qui supprime, certes incomplètement, les anthocyanes des grands iris. Cette suppression est d’habitude plus complète dans les sépales de la fleur que dans la partie supérieure, ce qui caractérise les bicolores inversés. » Partant de ce constat Paul Cook a utilisé I. imbricata pour obtenir ‘Wide World’ (1953), lequel peut être considéré comme cette fameuse troisième souche. Derrière lui, la première étape fut ‘Blue Fantasy’ (Louise Branch, 1958), puis vint ‘Edge of Winter’ (Schreiner, 1983). A partir de là on est en plein dans les « dark tops » avec au premier rang ‘In Reverse’ (Gatty, 1993) qui est proche de la perfection, avec des pétales nettement bleus et des sépales blanc bleuté ( sans parler de la qualité de la fleur qui a la grâce onduleuse de tous les iris de Gatty). Cet ‘In Reverse’ est à la base d’un grand nombre de « dark tops », notamment par l’entremise de ‘Honky Tonk Blues’, une variété qui a un grand rôle dans la multiplication actuelle des « dark tops ».

(à suivre)