20.8.10


L’AVENTURE DES BARBES BLEUES (II)

Chez les SDB

Si les barbes bleues, chez les TB, se rencontrent essentiellement sur les iris bleus, il n’en est pas de même chez les iris nains, et en particulier chez les SDB. Mais si maintenant les barbes bleues existent sur des fleurs d’iris lilliputs d’à peu près toutes les couleurs, les faire apparaître n’a pas été une affaire facile. D’après « The World of Irises », qui ne s’attarde cependant pas longuement sur le sujet (sans doute parce qu’au moment de la rédaction de cette somme, les SDB n’avaient pas encore atteint le développement qui est le leur aujourd’hui), l’origine de ces barbes bleues se situerait dans un semis qui s’appelle ‘Green Spot’ (P. Cook, 1951), qui est blanc avec un signal vert, dont le pedigree n’est pas très explicite puisqu’il se résume à : « semis Cook 10942 X pumila jaune ». Il faudrait disposer des carnets de Paul Cook pour apprendre ce qui se cache derrière ce semis 10942. Cependant on sait que derrière la couleur verte il y a soit un peu de chlorophylle qui a migré des feuilles dans les fleurs, soit une association de pigments anthocyaniques (bleus) et carotenoïdes (jaunes) ; donc une perception de vert par l’œil du spectateur.

La suite de l’affaire intervient en 1960, avec ‘Easter Holiday’ (Durrance), un SDB jaune chartreuse (donc avec une trace de bleu) à barbes bleues. Elle se poursuit avec ‘Gingerbread Man’ (B. Jones, 1968), brun à barbes bleues et son descendant ‘Tropic Babe’ (O. Brown, 1972). La couleur brune est la résultante d’un mélange visuel de pigments jaunes et de pigments bleus, donc la couleur bleue de la barbe n’est pas exceptionnelle. Mais si obtenir une barbe bleue dans une fleur jaune ou brune se révèle plutôt facile, obtenir la même chose dans une fleur blanche a été beaucoup plus compliqué. Le même difficulté est apparue quand il s’est agit d’apporter une barbe bleue dans un amoena inversé. Dans l’un et l’autre cas, la couleur naturelle des barbes devrait être le blanc ; le bleu résulte d’une concentration extrême des pigments ailleurs dispersés. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui les hybrideurs ont surmonté tous les obstacles et les barbes bleues ont conquis toutes les couleurs.

Pour en être convaincu, voici quelques exemples de barbes bleues au cœur de fleurs modernes de différentes couleurs :

‘City Neon’ (B. Blyth, 2001) (Blissed Out X Moody Hues sib). Ni ‘Blissed Out’ (B. Blyth 1997) ni ‘Moody Hues’ (B. Blyth, 1998) n’ont les barbes bleues, mais le frère de semis de ‘Moody Hues’ utilisé pour ce croisement en est peut-être doté.

‘Cri-Cri’ (A. Bianco, 2003) ((Zounds x Stockolm) X ((Zounds x Stockolm) x Frosted Angel)). ‘Zounds’ (B. Blyth, 1984) est un bicolore lilas sur ocre, à barbes bleues. Le second ‘Stockholm’ (Warburton, 1971) est un jaune pâle, également à barbes bleues, et ‘Frosted Angel’ (Th. Blyth, 1984), un blanc à barbes bleues.

‘Gumby’ (G. Sutton, 2001) (Sigh X Chanted) a hérité ses barbes bleues à la fois de ‘Sigh’ (P. Black, 1988) et de ‘Chanted’ (B. Blyth, 1990).

‘Pumpin Iron’ (P. Black, 1990) ((Demon x (Cherry Garden x Bloodspot)) X Forte). ‘Forte’ (P. Black, 1987) est fortement imprégné de pigments bleus ; les trois autres, qui remontent aux années 60, sont à l’origine de la couleur pourpre de la fleur.

‘Spoken’ (B. Blyth, 2002) (Proton sib X Moody Hues sib). ‘Proton’ (B. Blyth, 1996) n’a pas de barbes franchement bleues, mais l’élément féminin de ce croisement est un frère de semis, ce qui peut laisser la place à toutes les suppositions ; le rose de ‘Bee’s Knees’ (B. Blyth, 1994), qu’on trouve dans les antécédents de ‘Spoken’ comme dans ceux de ‘City Neon’ est fortement infus de bleu lavande ; quant à ‘Chanted’, qui se trouve au pedigree de ‘Spoken’, c’est un rose à barbes lavande.

‘Tickety Boo’ (O.D. Niswonger, 2001) (Pink Twilight X inconnu). ‘Chanted’, qu’on a déjà vu dans deux des variétés décrites ci-dessus, est encore présent dans le pedigree de ‘Pink Twilight’ (Niswonger, 1998), lui-même doté d’une barbe violette.

Toutes ces jolies fleurs arborent des barbes bleues ou violettes très spectaculaires. Il est indéniable que ces barbes apportent un plus aux fleurs qu’elles décorent. L’effet est d’autant plus intéressant que les barbes des SDB sont en général grosses et proéminentes et qu’elle apparaissent nettement sur des fleurs que l’on regarde le plus souvent de haut. Leur donner la couleur bleue a peut-être été très difficile, mais cela s’est fait, finalement, plus vite que pour les grands iris et avec un succès beaucoup plus évident.

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