2.7.10











D’ALLEMAGNE

Première partie : avant guerre

Sans qu’on s’en rende vraiment compte, l’Allemagne est devenue la seconde nation européenne en matière d’iris. Cela devrait donc plaire aux amateurs français d’en apprendre un peu plus sur leurs voisins.

Le début de l’implication des Allemands dans le domaine de l’iridophilie ne date pas d’hier puisque celui que l’on considère comme le premier Allemand à s’être intéressé aux iris fut Max Josef Goos, né à Altona, banlieue de Hamburg, en 1858 ! Passionné dès son enfance pour l’horticulture, il dut à l’Electrice de Hanovre, la princesse Sophie, de perfectionner ses connaissances d’abord en étudiant les ouvrages de la bibliothèque du Prince-Electeur, puis en allant poursuivre ses études en Angleterre. C’est d’ailleurs là qu’il fit la connaissance d’un autre Allemand, August Koenemann, avec lequel il devait créer en 1887 une entreprise qui devint universellement célèbre sous l’acronyme de G & K.

Max Goos s’est intéressé aux iris dès 1880 et a aussitôt entrepris un programme de croisements. Mais ce n’est qu’en 1899 que commencèrent les enregistrements de nouvelles variétés et leur commercialisation par la firme G&K, qui s’était déjà fait un nom dans le commerce des pivoines. Installée au bord du Rhin, un peu au nord de Wiesbaden, l’entreprise atteignit rapidement une renommée internationale et, en matière d’iris, fit rapidement jeu égal avec les maisons Vilmorin ou Cayeux. D’ailleurs, lorsque un « Top 100 » des iris fut établi en Europe en 1922, neuf variétés labellisées G&K y ont trouvé leur place. Après la disparition des fondateurs, la Maison continua d’exister avec succès jusqu’à la guerre de 1940 et même un peu après puisqu’elle ne disparut complètement qu’en 1952…

Celui qui parle le mieux de l’entreprise Goos et Koenemann est Clarence Mahan dans son livre « Classic Irises and the Men and Women who created them ». Il y consacre douze pages emplies d’informations précises et bien documentées.

Les iris de Max Goos ont été très nombreux et ils sont encore souvent présents dans nos jardins, sans qu’on en soit d’ailleurs bien conscient parce qu’ils ont souvent perdu leur identification, mais qu’on continue de les cultiver malgré tout pour leur beauté et leur solidité à toute épreuve. Les variétés qui ont eu le plus de succès furent soit des grands iris diploïdes, soit des iris de plus petite taille qu’on appellerait aujourd’hui Intermédiaires. A ce sujet, une anecdote relatée par C. Mahan, concerne la rumeur selon laquelle les iris intermédiaires de Goos seraient en fait des variétés obtenues auparavant par John Carpane, rebaptisées pour la circonstance. Ces soupçons de contrefaçon ont cependant tout l’air d’avoir été lancés pour valoriser les iris de Carpane, bien quon considère maintenant qu’ils n’avaient pas besoin de cette sulfureuse publicité. Citons le petit ‘Walhalla’ (1907), le rose bleuté ‘Rheingauperle’ (1924), et aussi ‘Brising’ (1930), l’ultime production G&K, et toute une série de brillants variegatas, comme ‘Gajus’ (1906), le fameux ‘Iris König’ (1910), ‘Flammenschwert’ (1920) ou bien ‘Vingolf’ (1924).

La deuxième guerre mondiale a laissé l’Allemagne couverte de ruines. La firme Goos et Koenemann n’a pas échappé aux destructions car elle était située dans une zone où les combats furent particulièrement violents. Mais peu à peu, et dès le début des années 50, on a vu réapparaître des iris allemands. A l’époque leur diffusion était confidentielle et limitée au amateurs d’Outre-Rhin. Cette situation a duré longtemps car les iris venus d’Amérique obnubilaient les Européens et inondaient le marché. Raison de plus pour que dans les prochaines chroniques on s’intéresse aux iris allemands d’après guerre, et jusqu’à nos jours.

Aucun commentaire: