28.5.10
























































ECHOS DU MONDE DES IRIS

Le Concours de Florence

Un palmarès atypique, avec un triomphe des hybrideurs européens et une déroute des américains. Cela met en évidence les progrès remarquables des iris européens depuis quelques années. Et la présence d’un iris ukrainien ajoute à l’incongruité !

Premio Firenze 2010 = ‘Ale Viola’ (Stefano Gigli, 2010) ;
Deuxième Prix = ‘Tatras’ Eagle (Anton Mego, 2010)
Troisième Prix = 'Pursuit of Happiness' (Thomas Johnson, 2007)
Quatrième Prix = ‘Beautiful Victoria’ (Anton Mego, 2010)
Cinquième Prix = 'Ink Patterns' (Thomas Johnson, 2007)
Sixième Prix = 'Valeria Romoli' (Lorena Montanari, 2010)
Septième Prix = 'Ciel et Mer' (Richard Cayeux, 2007)
Huitième Prix = 'Amico Mio' (Stefano Gigli, 2010)
Neuvième Prix = 'Delfin I Rusalka' (Igor Khorosh, 2007)
Dixième Prix = 'Bon Appetit' (Terry Aitken, 2006)

meilleure variété rouge : 'Capoliveri' (Antonella Affortunati, 2010)
meilleure variété bleue : 'Merchant Marine' (Keith Keppel, 2007)
meilleure variété rose : 'Guilt Free Sample' (Paul Black, 2007)
variété ayant le meilleur branchement : 'Royal Snowcap' (Schreiner, 2007)
couleur la plus originale : 'I love a parade ' (Paul Black, 2007)
meilleure variété tardive 2009 : 'Out of Nowhere' (Allan Ensminger, 2003)

Les autres photos devraient venir la semaine prochaine.










LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1994

Dykes Medal : ‘Silverado’ (Schreiner, 1987) ((Starina x Navy Strut) X Carriage Trade) devant ‘Bumblebee Deelite’ (MTB) (Norrick, 1985) (Peewee X Ornate Pageant). et ‘Batik’ (Ensminger, 1981) (Aegean Star X Purple Streaker). Une nouvelle fois des iris qui ne sont pas des TB ont frôlé la victoire, mais comme prévu, c’est ‘Silverado’ qui l’a emporté.

Wister Medal : ‘Honky Tonk Blues’ (Schreiner, 1988) ((Admiral Blue x Sailor's Dance) X (( semis x Neptune's Pool) x Royal Regency sib) devant ‘Champagne Elegance’ (Niswonger, 1987) (((Magnetic Isle x Rhythm and Blues) x Snowlight) X (Coral Strand x Peach Spot)) et ‘Orange Slices’ (Niswonger, 1987) (Far Corners x Copper Classic). Si la règle (non écrite) est respectée, le vainqueur de la WM sera le vainqueur de la DM l’an prochain : on verra ça la semaine prochaine.

Walther Cup : ‘Hello Darkness’ (Schreiner, 1992) ((semis x Titan's Glory) X Midnight Dancer. Un futur champion est apparu.

President’s Cup : ‘Feature Attraction’ (Schreiner, 1994) (Song of Angels sib X (Visual Arts x (Fabulous Frills sib x (Starina x Grand Waltz)))). Encore une variété Schreiner dans un palmarès ! C’était la grande période Schreiner ; elle allait bientôt s’arrêter.

Franklin-Cook Cup : ‘Strawberry Fair’ (SIB) (Hollingworth, 1992) ((Pink Haze x Wing on Wing) X Jewelled Crown). Un Iris de Sibérie rose magenta.

Fiorino d’Oro : ‘Steadfast Love’ (F. Carr, 1994) (Edge of Winter X Chico Maid) devant ‘Rumbleseat’ (Innerst, 1991) ((Colortrack sib x Burgundy Brown) X ((April Melody x Wedding Wow) x Flamenco)) et ‘Grosser Garten’ (Moos, 1993) (Jean Hoffmeister x God Bless). Florence désigne parfois des variétés qui ne proviennent pas des grandes maisons. C’est le cas cette année puisque deux des trois principaux prix sont allés à des amateurs.

BDM : ‘Orinoco Flow’ (Cy. Bartlett, 1989) (Blue Staccato x Raziza). Après deux ans sans médaille, les britanniques ont trouvé, avec ‘Orinocco Flow’ un BB de grande valeur, qui, d’ailleurs, dépasse souvent la taille de sa catégorie.



POUR SES FEUILLES

Ce qu’il y a de moins intéressant chez les iris, ce sont les feuilles. Qui ne s’est pas désolé de voir son jardin d’iris, en juillet, constitué de plantes jaunies, en partie desséchées, en hiver, réduit à des moignons pâles à peine émergeants du sol gelé ? On compare souvent iris et poireaux dès que la floraison est achevée. On sait que la cause majeure de cet état est la présence dans nos iris modernes des gènes de I. aphylla qui ont pour avantage d’aviver les couleurs, mais pour conséquence de produire un feuillage triste qui ne se rencontre pas – ou moins – sur les anciennes variétés essentiellement à base de I. x germanica et de I. pallida. Ces derniers ont même la chance de disposer quelquefois de feuillages plutôt agréables à regarder. D’ailleurs les catalogues de la plupart des producteurs proposent maintenant des variétés améliorées de I. pallida, désignées sous le nom « aurea » ou « argentea » suivant la couleur que prennent les rayures qui ornent leurs feuilles. Celles-ci peuvent donc être rayées de jaune – pour aurea – ou de blanc – pour argentea - .

Mais Richard Cayeux propose cette fois, non pas l’espèce I. pallida, mais une variété particulière de grand iris des jardins, ‘Canadian Streaker’ (Chapman, 1997) qui se présente avec des feuilles rayées de jaune crémeux et de blanc sur un fond vert vif avec, à la base, une teinte très nette d’un intéressant rouge pourpré. A la différence des pallidas classiques, dont le défaut majeur est d’offrir des tiges florales trop molles et flexueuses, traînant souvent au sol, et des fleurs étroites, bleu pâle, que certains trouvent insignifiantes, les tiges de ‘Canadian Streaker’ se dressent solidement, et ses fleurs sont d’une jolie couleur bleu lavande clair. On peut donc maintenant considérer que le feuillage des grands iris n’est plus obligatoirement pauvre et triste aussitôt finie la saison des fleurs.

Auparavant d’autres producteurs, qui sont aussi obtenteurs, ont été tentés d’exploiter la coloration pourprée de la base des feuilles de certaines variétés pour en faire un argument commercial. Le Bulletin de l’AIS de janvier 2000 y a même consacré un long article constitué des témoignages des plusieurs hybrideurs, Ginny et Donald Spoon, Roger Duncan et Richard Tasco, Brad Kasperek, John Weiler, Terry Aitken…

Kasperek est plus intéressé par la production d’iris au feuillage rayé. Il a d’ailleurs enregistré et introduit plusieurs variétés ayant cette caractéristique de façon fiable et constante : ‘Zebra Blush’ (1995), ‘Zebra Halo’ (1997), ‘Zebra Night’ (1998) et ‘Tricerabottomz’ (oh ! le nom !!) (1999) qui se présente avec des feuilles tricolores, vert, jaune, blanc.

Weiler signale qu’il lui-même enregistré des variétés au feuillage veiné, mais que ce caractère n’est pas celui pour lequel ces variétés ont été sélectionnées (‘Striped Jade’ (1983) et ‘Bold Stripes’ (1992). Il déplore le manque de stabilité des feuillages colorés et se demande si ces variations de couleur n’ont pas pour origine l’utilisation d’herbicides…

C’est aussi l’opinion de Terry Aitken qui accuse le « roundup » et ses équivalents.

Duncan et Tasco s’interrogent sur la stabilité de la coloration. Il leur semble qu’elle apparaisse sur les poussent de certaines variétés, mais pas toutes celles d’une même touffe. Ils notent au passage la présence sur certains de leurs semis, de feuilles rayées blanc ou crème, comme celles du désormais célèbre ‘Canadian Streaker’.

Les Spoon se relaient, Ginny commence par dresser l’inventaire des variétés à base pourprée, elle l’évalue à 6 %, Donald lui emboîte le pas pour en rechercher les origines, qu’il situe, essentiellement, chez I. variegata et, accessoirement, chez I. pallida. Il en profite pour faire une savante analyse de la nature chimique de cette coloration et la façon dont elle s’est répandue parmi les iris hybrides.

Attribuer l’apparition des rayures sur les feuilles à l’utilisation de désherbants ne me paraît pas vraiment sérieux. Oui, les désherbants ont des conséquences sur les plantes touchées, mais cela ne modifie pas durablement la coloration : si ces plantes ne meurent pas, la pousse suivante sera exempte d’anomalies. Or les variations de feuillage du type de celles qui affectent ‘Canadian Streaker’ continuent d’apparaître d’année en année, comme chez les pallidas diploïdes. La proposition de Donald Spoon est certainement beaucoup plus sérieuse. En tout cas elle concerne sans erreur la coloration de la base des feuilles qui a évidemment une origine génétique. Il semble bien que l’origine soit la même pour les rayures claires. C’est ce qui permet à ‘Canadian Streaker’, plus que la couleur de ses fleurs, de figurer dans les catalogues. Mais achète-t-on un iris pour cette raison ?

20.5.10

UN PEU D'AVANCE...

Pour cause de déplacement à la recherche de fleurs et surtout d'iris, les chroniques de cette semaine sont publiées avec un jour d'avance. de ce fait, je n'ai pas encore reçu les résultats du Concours de Florence. Ce sera pour la semaine prochaine.










LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1993

Dykes Medal : ‘Edith Wolford’ (Hager, 1986) (Merry Madrigal X Freedom Road) devant ‘Breakers’ (Schreiner, 1986) (Victoria Falls X (Shipshape x Sailor's Dance) et ‘Immortality’ (Zurbrigg, 1982) (I Do X English Cottage). ‘Edith Wolford’ est une des variétés les plus utilisées en hybridation. Cela reste un iris remarquable et toujours commercialisé avec succès à travers le monde. ‘Immortality’, malgré ses défauts (fleurs fragiles, manquant de chair) a connu un succès exceptionnel et reste un des favoris du public.

Wister Medal : ‘Silverado’ (Schreiner, 1987) ((Starina x Navy Strut) X Carriage Trade). La Wister Medal est l’antichambre de la Dykes. ‘Silverado’ est bien placé pour 1994 !

Walther Cup
: ‘Tennessee Gentleman’ (Innerst, 1991) (Point Made X (Capricious x Colortart)). Les juges ont choisi une variété au coloris peu courant et sans doute peu « commercial ».

President’s Cup : ‘Lenora Pearl’ (BB) (Nicholls, 1988) (Ann Glitsch X Elizabeth Marrison). Un iris rose saumon, issu de deux BB, ce qui n’est pas courant.

Franklin-Cook Cup : ‘Quito’ (Ghio, 1993) ((Esmeralda sib x Sratagem sib) X Bogota). Une récompense pour Joë Ghio qui, malgré sa grande renommée, n’est pas souvent distingué à ce niveau.

Fiorino d’Oro : ‘Conjuration’ (Byers, 1989) ((Sky Hooks x Condotiere) X Alpine Castle) devant ‘Son of Dracula’ (Hedgecock, 1991) (Superstition X Soul Music) et ‘Rossetto’ (Bianco, 1994) (Red Rose X (Natchez Trace x Post Time)). Les juges de Florence ont été les premiers à reconnaître les mérites de ‘Conjuration’ et à couronner un iris à éperons.

BDM
: non attribuée

Australasian Dykes Medal : ‘Dural White Butterfly’ (LA) (J.C. Taylor, 1989) (Screen Gem X Helen Naish). Un Iris de Louisiane blanc pur, dans la ligne de son « père » ‘Helen Naish’.










DE LA BEAUTÉ

S’il arrive que la beauté d’une chose soit universellement reconnue, notamment en ce qui concerne les grandes œuvres du passé, il est très fréquent, au contraire, que les opinions divergent à propos de celle-ci. Pour ne pas s’éloigner du microcosme des iris qui est le nôtre, il n’y a qu’à considérer ce qui se passe avec l’aspect des fleurs. Certains en tiennent pour les fleurs rigides, strictes, dont les seules qualités doivent être l’harmonie des couleurs, la tenue de celles-ci quelles que soient les conditions météorologiques, le nombre et l’espacement des boutons. D’autres accordent le plus grand intérêt aux ondulations et aux chantournages qui donnent à la fleur un aspect différent. Certains dénoncent les fleurs bouillonnées comme des dérives malencontreuses, d’autres s’extasient devant cette évolution. La beauté n’est donc pas unique, elle est le fait de la sensibilité de chacun, et ce qui est laid pour les uns est admirable pour les autres. Elle est, de ce fait, sujette aux modes et aux évolutions sociétales. Prenez l’exemple des iris space–age (ou rostratas). Leur existence n’est pas nouvelle et il en apparaissait déjà parmi les semis des frères Sass, dans les années 30/40. Mais ils étaient impitoyablement détruits parce que considérés comme des monstruosités. Un jour quelqu’un y a vu autre chose et s’est mis à les développer. Longtemps cette pratique a été contestée, puis, peu à peu, elle a été acceptée jusqu’à devenir d’une certaine banalité. Ce changement d’opinion a ainsi été le cas chez Richard Cayeux qui n’a longtemps trouvé aucun intérêts aux appendices pétaloïdes jusqu’au jour où il a commencé à utiliser ‘Conjuration’ en hybridation et en faire un de ses parents les plus prisés, enregistrant plusieurs iris à éperons qui lui ont valu honneurs et récompenses. On pourrait faire la même démonstration avec les iris broken-color (ou maculosas). Ce qui est laid un jour peut devenir beau le lendemain.

La beauté elle-même résulte de nombreux facteurs qui s’additionnent pour constituer ce que nous trouvons beau. Prenez une fleur d’iris. Elle est composée de plusieurs éléments qui s’articulent les uns avec les autres et c’est l’ensemble qui est plus ou moins beau. C’est déjà ce qu’au 3eme siècle, à Rome, le philosophe Plotin écrivait : « Le tout sera beau, alors qu’aucune des parties par elle-même ne sera belle, puisque chacune doit être en rapport avec le tout pour devenir belle. » Mais revenons à nos iris. Souvent Loïc Tasquier, l’amateur franco-néerlandais qui commence à se faire un nom dans le microcosme, lorsqu’il photographie une fleur d’iris, la capte dans son entier puis la décortique et présente individuellement pétales, sépales et styles. Cette dissection a pour but d’attirer l’attention sur les particularités de chacun de ses éléments : les différentes teintes du tépale depuis son point d’attache jusqu’à son extrémité, la forme spécifique qu’il peut prendre, les veines et dessins qui y apparaissent. Ce sont des éléments qui enrichissent la connaissance de la fleur, mais pris individuellement ils ne sont pas fondamentalement beaux. La beauté résulte de l’agencement de ces diverses pièces dans la fleur en son entier. Mais, dit Plotin avec juste raison, « Il faut pourtant que si le tout est beau, les parties le soient aussi. Une totalité de parties belles n’est certainement pas faite de parties laides ; tout ce qu’elle contient est beau. » Dans nos tépales décortiqués il y a donc une part de beauté qui, à première vue, nous échappe.

Cependant dans une compétition iridophile, lorsque les juges se penchent sur une variété, ce qui en fait la beauté n’est pas exclusivement la qualité de la fleur. Ils examinent comment les fleurs sont implantées sur la tige, comment celle-ci se dégage de la touffe, comment le feuillage accompagne les tiges florales, comment la plante se comporte là où elle pousse… C’est, comme écrit Plotin, « (…) la proportion des parties les unes par rapport aux autres et par rapport à l’ensemble, ajoutée à l’agrément des couleurs, (qui) produit ce qui est beau pour la vue. » Il y a donc autant de niveaux de beauté qu’il y a de niveaux d’observation.

Et la sensation de beauté ne sera pas seulement fonction des éléments qui composent ce qui est beau, mais également, et dans une large partie, de ce que nous sommes prêts à considérer comme beau. Nous sommes préparés à réagir par une quantité d’acquis que des dispositions nouvelles peuvent heurter et, par conséquent, nous aurons du mal à considérer comme beau quelque chose qui entre en conflit avec ces acquis. Pourquoi la musique dodécaphonique a-t-elle été violemment rejetée au moment de son apparition sinon parce qu’elle agressait nos oreilles conditionnées à l’audition de la musique classique ? Pourquoi a-t-on mis au compost pendant des années les iris aux fleurs bariolées avant de les accepter, d’abord timidement, puis sans retenue, sinon parce que l’image de l’iris que nous avions en tête était celle des germanicas ou pallidas traditionnels présents depuis toujours dans nos jardins ?

Aujourd’hui on parle d’iris « spider », qui auraient des pièces florales étroites et allongées. Tout comme on trouve des détracteurs pour les fleurs bouillonnées qui se multiplient actuellement, il y aura des contempteurs des iris « spider », jusqu’au jour où leur abondance les aura rendus incontournables et où les mêmes qui les auront longtemps rejetés leur trouveront enfin une certaine beauté.

16.5.10











LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1992

US Dykes Medal : ‘Dusky Challenger’ (Schreiner, 1986) (parents inconnus) devant ‘Edith Wolford’ (Hager, 1986) (Merry Madrigal X Freedom Road) et ‘Bumblebee Deelite’ (MTB) (Norrick, 1985) (Peewee X Ornate Pageant). C’est le triomphe de la variété qui sera pendant un temps record la favorite du public américain et une des plus vendue à travers le monde.

Wister Medal : ‘Before The Storm’ (Innerst, 1989) (Superstition X Raven's Roost). Le « noir de noir » va connaître une année particulièrement glorieuse, avant de continuer son magistral parcours.

Walther Cup : ‘Boogie Woogie’ (H. Nichols, 1993) ((Taj Rani x In Tempo) X Song of Spring

President’s Cup : ‘Before The Storm’ voir ci-dessus.

Franklin-Cook Cup : ‘Bangles’ (MTB) (L. Miller, 1993) (Lucky Mistake X Rosemary’s Dream). C’est l’année des MTB, avec la 3eme place de ‘Bumblebee Delite’ pour la DM, et la FCC pour ce petit bicolore.

Fiorino d’Oro
: ‘Sighs And Whisper’ (P. Black, 1989) (Divine Guidance X Miss Personality) devant ‘Goodbye Heart’ (Schreiner, 1989) (((Son of Star x semis) x Sandberry) X ((Rippling Waters x semis) x (Dream Time x semis))) et ‘Wensleydale’ (Dodsworth, 1985) (Ingleborough X Mystique). La notoriété de Paul Black ailleurs qu’aux USA va commencer là.

BDM : non attribuée

Australasian Dykes Medal : ‘Temptone’ (Grosvenor, 1993) (Silverado X Dusky Challenger). C’est un premier succès pour Graeme Grosvenor qui va devenir le n° 2 des obtenteurs australiens.
UNE TROISIÈME RÉVOLUTION ?
Mise au point de Keith Keppel


Keith Keppel (qui lit ‘Irisenligne’, ce qui est très flatteur) me fait remarquer que la photo publiée sous le n° 3 dans la dernière chronique, n’est pas celle d’un semis plicata mais celle d’un semis du type ‘Emma Cook’. Merci à cet illustre lecteur pour cette rectification.






‘PRINCE GEORGE’ ET LES FILS D’OR

En 1996 Keith Keppel (toujours lui !) a enregistré une variété obtenue par George Shoop, récemment décédé. Ce fut ‘Prince George’. C’est un semis de 1990 dont la description est la suivante : « pétales blanc glacier, devenant blanc pur en vieillissant ; bras des styles blanc glacier, crêtes lavées de blanc ambré ; sépales pourpre violacé, plus pâle vers les bords ainsi qu’entre les veines, mince liseré bleu lavande clair, légères veines sur fond blanc allant des épaules au dessous des barbes variant du pourpre violacé à l’ocre verdâtre ; barbes orange sur base blanche ; ondulé. » Pedigree : Parisian Flight X Condottiere.

La description minutieuse ne relève pas la présence d’un fil argenté (ou doré) tout autour de pétales. Pourtant c’est ce trait qui intrigue tout particulièrement les détenteurs de ‘Prince George’. Mais si Keppel ne l’a pas noté, c’est sans doute qu’il n’apparaît pas de façon permanente sur chaque fleur. Je dispose de plusieurs photos de ‘Prince George’, mais une seule montre très nettement le fil d’or au bord des pétales.

Le premier, à ma connaissance, à avoir fait cette observation est Terry Aitken. Voici ce qu’il écrit à ce sujet dans le n° 348 (janvier 2008) du Bulletin de l’AIS : « Il y a quelques années que j’ai remarqué un détail intéressant sur certains boutons d’iris. Si vous examinez le bord des pétales d’iris blancs ou bleus, il vous arrivera de trouver une bande étroite qui fait l’effet d’un fil argenté brillant. Si vous faites le même examen sur des iris orange ou jaunes, le même filet brillant sera doré. Plusieurs hybrideurs on fait ce constat. Ne serait-il pas merveilleux si nous pouvions en quelque sorte améliorer ce trait caractéristique ? Ça n’arrivera sans doute pas de mon vivant, mais certains d’entre vous, plus jeunes, pourraient apporter quelque chose de vraiment spectaculaire. »

Ce texte a été suivi, six mois plus tard, d’un certain nombre de témoignages venus des quatre coins du monde et publiés dans le Bulletin n° 350. Jean Witt, de l’Etat de Washington, dans l’extrême Nord-Ouest des Etats-Unis , signale qu’elle a remarqué ce trait sur des iris depuis une trentaine d’année. Elle les décrit comme une suite de cellules vides qui accrochent la lumière. Un autre washingtonien, Gerald Richardson, signale l’apparition de ce phénomène sur un de ses semis, ‘Gilt-Edged Bond’ (2005). De Nouvelle –Zélande, Alison Nicoll raconte qu’elle a remarqué, une année, ces fils argentés ou dorés sur plusieurs variétés, mais que cela n’a pas eu la même importance l’année suivante alors qu’elle avait déplacé les iris concernés. Elle se demande si la nature du sol ou les conditions météorologiques n’ont pas une influence sur l’apparition du phénomène. Michèle Bersillon qui a des iris avec un fil doré, très difficile à capter sur une photo, se demande, compte tenu de son expérience, si le fil doré n’est pas lié au parent-mâle. Quant à Mary Swann-Young, d’Indianapolis, elle a établi une liste de variétés sur lesquelles elle a trouvé des fils d’or ou d’argent, dans laquelle figure ce fameux ‘Prince George’. Ce dernier semble donc être particulièrement prédisposé pour cette apparence. Enfin, récemment, le sujet est revenu à l’ordre du jour dans les messages du forum « Iris-photos » où Michaël Sutton, de Californie, et Linda Mann, du Tennessee, ont signalé des apparitions de fils dorés ; Linda Mann relatant qu’elle avait découvert ce trait sur des fleurs de ‘Shah Jehan’ (Neel, 1932)…

A la lumière de ces témoignages, rien ne laisse supposer que le fil d’or ou d’argent, qui semble bien constitués de cellules ayant perdu toute substance, soit un caractère constant et donc reproductible. En effet il n’y a pas de lien généalogique apparent entre les variétés citées. D’autre part le fils dorés n’apparaissent pas de façon constante, ni même sur toutes les fleurs d’une même plante. A mon avis il s’agirait plutôt d’un incident de végétation, susceptible de se reproduire dans des circonstances encore mal définies, mais de manière fugitive et donc pas ou peu prévisible et frappant certaines variétés, plus prédisposées sans doute à cette sorte d’avatar. Mais l’affaire n’est pas terminée et d’autres témoignages pourront faire évoluer la connaissance que l’on acquiert peu à peu sur le phénomène et, peut-être, comme l’espère Terry Aitken, en faire un nouveau modèle d’iris.

7.5.10

LA SEMAINE PROCHAINE

Il y aura deux jours de retard dans la parution d'Irisenligne, pour cause de visite en Provence chez des amis obtenteurs d'iris. Mais il y aura en prime des commentaires et des photos sur ce que j'aurai vu.















LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1991


US Dykes Medal : ‘Everything Plus’ (Niswonger, 1984) (Focus X Spinning Wheel) devant ‘Extravagant’ (Hamblen, 1983) (Lilac Flame X Glory Bound) et ‘Tide's In’ (Schreiner, 1983) (Fashion Trend X (Sapphire Hills x (semis s Tidelands))). A mes yeux, ‘Everything Plus’ est un plicata assez banal, mais il a eu et continue d’avoir un succès populaire considérable ; son dauphin, ‘Extravagant’ avait, à mon avis, plus de classe et d’originalité ; quant à ‘Tide’s In, c’est un superbe bleu, très recherché par les hybrideurs.

Wister Medal : Après l’attribution de la WM à ‘Silverado’ (Schreiner, 1987) ((Starina x Navy Strut) X Carriage Trade) il faudra attendre deux ans pour que cette variété décroche la DM.

Walther Cup : ‘Frosted Velvet’ (MTB) (K. Fischer, 1988) (Consummation x White Canary). La catégorie plutôt confidentielle des MTB est conforté par cette récompense pour un remarquable amoena.

President’s Cup : ‘Shaker's Prayer’ (SIB) (Warner, 1989) (parents inconnus). Ce n’est pas la première fois qu’un iris “né sous X” remporte une importante récompense.

Franklin-Cook Cup : ‘Thornbird’ (Byers, 1989) (Art of Raphael X (Cease Fire x Sky Hooks)). Malgré son originalité exceptionnelle, ‘Thornbird’ séduira toujours les juges américains qui lui préparent les plus grands honneurs.

Fiorino d’Oro : ‘Prince Charming‘ (Williamson, 1988) (Last Call X Anon) devant ‘Leibniz’ (Moos, 1989) (Fresno Calypso X Flaming Light) et ‘Knighted’ (B. Blyth, 1987) (Mossenova X Noon Siesta). Le palmarès du Florin d’Or est, cette fois, très atypique : le vainqueur n’aura aucun succès commercial en raison de ses couleurs assez peu appréciées, le second ne sera jamais commercialisé et le troisième restera une variété confidentielle. Pour une fois l’audace des juges internationaux n’aura pas payé !

BDM : ‘Wharfedale’ (Dodsworth, 1989) (Shipshape X Kildonan) ; continuation de la suprématie de Brian Dodsworth sur le monde anglais des iris.

Australasian Dykes Medal : Mes informations ne me fournissent pas le résultat 91 des l’ADM…










UNE TROISIÈME RÉVOLUTION ?

Dans une chronique précédente, la genèse des plicatas sur fond de « carotène-amoenas » a été présentée telle que Keith Keppel l’a décrit dans un article paru dans le numéro 2010/1 du Bulletin de l’AIS. L’article se poursuit avec l’analyse de la répartition des couleurs sur les iris plicatas. Puis vient l’application du principe précédent aux « carotène-amoenas », c’est à dire aux fleurs dont les pétales sont blancs et les sépales colorés par des pigments caroténoïdes (jaune, orange, rose…).

Keppel commence par définir les iris plicatas, puis il fait de même pour les « carotène-amoenas », et il termine en donnant la liste des combinaisons possibles entre tous ces caractères. Cela donne le tableau suivant :

« Trois sortes de plicatas :

A. Plicata ordinaire : pétales plus ou moins marqués, sépales marqués seulement sur le bord ;
B. Plicata classique : pétales et sépales marqués sur les bords ;
C. Amoena Plicata : les marques sont effacées sur les pétales, elles n’apparaissent que sur le bord des sépales.

Trois sortes de « carotène-amoenas » :

X. « Carotène-amoena » proprement dit : Pétales blancs, sépales pleinement colorés ;
Y. « Carotène-amoena » à bords clairs : pétales blancs, sépales colorés, mais s’éclaircissant, voire devenant blanc, vers le bord ;
Z. « Carotène-amoena » à bords colorés : pétales blancs, sépales blancs avec bandes colorée au bord.

Combinaisons des caractères précédents (considérant, à titre d’exemple que le dessin plicata est bleu et que le fond « carotène-amoena » est orange, ce qui doit aboutir à un ton de brun là où les colorations se superposent) :

A+X. Pétales bleus, sépales orange avec bords bruns ;
A+Y. Pétales bleus, sépales orange avec bords bleus ;
A+Z. Pétales bleus, sépales blancs bordés de brun ;

B+X. Pétales blancs cernés de bleu, sépales orange bordés de brun ;
B+Y. Pétales blancs cernés de bleu, sépales orange bordés de bleu ;
B+Z. Pétales blancs cernés de bleu, sépales blancs bordés de brun ;

C+X. Pétales blancs, sépales orange bordés de brun ;
C+Y. Pétales blancs, sépales orange bordés de bleu ;
C+Z. Pétales blancs, sépales blancs bordés de brun. »

Evidemment la combinaison des caractères suivra le même principe quelle que soit les colorations en présence, celles, anthocyaniques, de l’élément plicata (bleu, violet, pourpre…), et celles, caroténoïdes, du « fond » (jaune, orange, rose…).

Si vous ajoutez à cela les différentes teintes que peuvent prendre ces couleurs selon le degré de saturation ou l’influence visuelle des pigments les uns sur les autres, ou encore selon la largeur des bords, colorés ou non, vous imaginez le nombre pratiquement infini des colorations obtenues.

L’apparition d’un modèle nouveau comme celui du semis R41-4 de Barry Blyth ouvre donc l’avenir vers des iris dans des mélanges de couleurs comme on n’en a pas encore vu. On est bien en présence d’une nouvelle révolution dans le monde des iris comme celui-ci en a connu avec l’intrusion de la tétraploïdie ou avec l’apparition de la couleur rose.