30.4.10
















LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1990

US Dykes Medal : ‘Jesse’s Song’ (Williamson, 1983) (American Heritage sib X (Smoke Rings x Decolletage) devant ‘Az Ap’ (Ensminger, 1979) IB. (Charmed Circle X semis de Jungle Shadows) et ‘Everything Plus’ (Niswonger, 1984) (Focus X Spinning Wheel). C’est la période des plicatas, et un court intermède entre les victoires des variétés Schreiner qui vont dominer le marché pendant plusieurs années.

Wister Medal : ‘Edith Wolford’ (Hager, 1986) (Merry Madrigal X Freedom Road). Une variété dont on reparlera.

Walther Cup : ‘Honky Tonk Blues’ (Schreiner, 1988) ((Admiral Blue x Sailor's Dance) X (( semis x Neptune's Pool) x Royal Regency sib). Première apparition dans les hautes sphères d’un iris qui fait partie des meilleurs de son époque.

President’s Cup : ‘Morning Show’ (Ensminger, 1987) IB. (semis de Extravaganza, Pink Formal, Snow Goddess, Flame Kiss et Moon River x Shahrohk Mahrohki) X (Solar Song x Wampun).

Franklin-Cook Cup : ‘Rustler’ (Keppel, 1987) (Laredo X Dazzling Gold) ; un des iris de Keppel qui a eu le plus de succès commercial.

Fiorino d’Oro : ‘Skyblaze’ ( Keppel, 1987) ((Firewater x (((semis Jones x (Marquesan Skies x Babbling Brook)) x ((Morning Breeze x Babbling Brook) x autre semis Jones)) x Intuition)) X (Vivien x (Actress x Firewater))) devant ‘Evening Canticle’ (Carr, 1988) (((Cup Race x Debby Rairdon) x Navy Strut) X Song of Norway)) et ‘Orange Slices’ (Niswonger, 1987) (Far Corners X Copper Classic).

BDM : ‘High Peak’ (Dodsworth, 1987) (Annabel Jane X Dialogue).

Australasian Dykes Medal : ‘Jazz Ballet’ (Iris de Louisiane) (John Taylor, 1986) (Secret Spell X Helen Naish) ; dans les tons de violet.



LA FLEUR DU MOIS
‘Terre de Feu’

‘Terre de Feu’ (Cayeux R., 1997) est un iris flamboyant, décrit officiellement comme : « Pétales rouge cuivre brillant, sépales cuivre rouge, grand cœur violet métallique, barbes bronze. » Il faut y ajouter des reflets dorés qui accroissent l’intensité du coloris. C’est une fleur par ailleurs traditionnelle, ample, légèrement ondulée, avec des sépales très larges aux épaules et des pétales bien coiffés qui dénotent l’origine purement Schreiner de la plante. En effet les parents de ‘Terre de Feu’ sont deux célèbres iris Schreiner : ‘Supreme Sultan’ (1988) et ‘Gold Galore’ (1978). Il peut être intéressant de savoir pourquoi (ou comment) on est parvenu à ce rouge cuivre lumineux à partir de variétés qui, apparemment, ne mènent pas directement à cette couleur. On restera quand même un peu sur notre faim car, à plusieurs endroits, la biographie de ‘Terre de Feu’ comporte des parents inconnus ou des semis mal identifiés. ‘Supreme Sultan’ est un dérivé d’un autre variegata très coloré qui se nomme ‘Peking Summer’, lequel à une identité « maternelle » bien arrêtée, mais est aussi un enfant de père inconnu. Il arrive assez souvent que les iris Schreiner comportent cette ambiguïté. C’est paradoxalement un souci d’authenticité qui aboutit à cette situation, la maison Schreiner ne souhaite pas qu’une origine hasardeuse ou incertaine puisse passer pour formellement affirmée. Du côté maternel, donc, ‘Peking Summer’ descend d’iris roses ou mauves, et en particulier du fameux ‘Amethyst Flame’ (Schreiner 1958 – DM 63). C’est peut-être de ce côté là qu’il faut chercher la marque violacée des sépales de ‘Terre de Feu’. Pour ce qui est de la teinte cuivrée, peut-être doit-on se tourner vers ‘Gracie Pfost’ (R.Smith, 1961) et ‘Wild Ginger’ (Gibson, 1962) qui figurent dans le pedigree de ‘Gallant Moment’ (Schreiner, 1980), le géniteur femelle, brun-rouge, de ‘Supreme Sultan’. Pour la chaleur du coloris, il y a sans doute à glaner du côté paternel de ‘Terre de Feu’. ‘Gold Galore’ est issu de deux grands jaunes d’or, qui sont ‘West Coast’ (Knopf, 1968) et ‘Warm Gold’ (Schreiner, 1972). ‘West Coast’ provient de ‘Denver Mint’ (Knopf, 1962), sans doute le plus beau jaune de son époque, très utilisé en hybridation et de ‘Celestial Glory’ (Reckamp, 1961), un iris chamois, chez qui l’on retrouve le rose ‘Mary Randall’ (Fay, 1950 – DM 54) et le jaune pâle ‘Techny Chimes’ (Reckamp, 1955), lui aussi maintes fois utilisé et, anecdotiquement, le premier jaune clair à barbes mandarine. Quant à ‘Warm Gold’, également jaune et brillant, la seule chose dont on soit sûr est que son « père » s’appelle ‘Kingdom’ (Fay, 1963) et qu’il s’agit d’un iris jaune clair, avec une plage blanche sous les barbes, assez voisin de son propre père le ‘Techny Chimes’ déjà découvert parmi les ancêtres de ‘West Coast’. Du côté féminin, la seule indication du pedigree fournie par la maison Schreiner est un numéro de semis…
La parenté de ‘Terre de Feu’ laissait espérer un jaune ou ocre vif et riche en pigments, ou un robuste variegata. La nature a décidé autrement et fait apparaître cette variété somptueuse, l’une des plus colorée de la production de la famille Cayeux.

Très proche de ‘Terre de Feu’, il y a une quasi homonyme, ‘Terra del Fuoco’ (Bianco, 2005) dont on aura très vite résolu les problèmes de parenté puisqu’il est tout simplement déclaré « de parents inconnus ». A la fois plus richement coloré et plus banal, il ne manque pas d’attirer l’œil. Cependant je lui préfère son voisin français parce qu’il représente une famille de coloration plutôt rare et, d’ailleurs, pas forcément du goût du public. En tout cas il a été au catalogue Cayeux pour la dernière fois en 2007, après une présence discrète (et non illustrée) les années précédentes.










GHIO, KEPPEL, BLYTH, MÊME COMBAT

Serait-ce une nouvelle version de la querelle des anciens et des modernes ? Après tout, la création de nouveaux iris est bien un art, alors pourquoi le domaine de l’horticulture ne réagirait-il pas aux mêmes stimuli que celui de l’art ? Toujours est-il qu’une intéressante controverse s’élève actuellement et fait beaucoup jaser dans le petit monde des iris. Il s’agit de savoir si les fleurs modernes sont belles ou laides. Mais de quelles fleurs s’agit-il ? De ces fleurs épaisses, dentelées et bouillonnées comme un jupon de french-cancan que l’on rencontre de plus en plus fréquemment dans les catalogues d’iris.

Les précurseurs dans ce genre de fleurs ont été les trois grands maîtres que sont Keith Keppel, Barry Blyth et Joë Ghio. Ces trois personnages ont entre eux des liens d’amitiés et même de connivence très profonds. Keppel et Ghio se rendent chaque année l’un chez l’autre pour comparer leurs dernières obtentions et échanger du pollen. C’est de ces rencontres que sont nés, entre autres, les « distalatas ». Keppel est le distributeur aux USA des iris de Barry Blyth, chez qui, chaque hiver, il va passer quelques semaines, sous le brûlant soleil d’Australie, au moment où, là-bas, les iris sont en fleurs. Ensemble ils ont mis sur le marché un grand nombre de variétés qui sont à l’origine de la controverse en cours.

Au cours des dix dernières années, ces trois hybrideurs ont introduit sur le marché près de 400 nouvelles variétés d’iris ! Ajoutez-leurs G. Grosvenor, P. Black, T. Johnson, R. Tasco, R. Duncan, R. Ernst et les Schreiner, et vous aurez cumulé l’essentiel de la production australo-américaine des iris. C’est dire que ce que ces trois hommes réalisent est forcément très important et joue un rôle essentiel dans l’évolution de cette plante.

Pour ce qui est des iris bouillonnés, ils s’en sont donné à cœur joie, et aujourd’hui leurs catalogues regorgent de ces fleurs. Mais où se situe l’origine du mouvement ? Pour ma part, je le situe en 1999, avec l’apparition simultanée de ‘Sea Power’ (Keppel), ‘Louisa’s Song’ (Blyth) et ‘Entangled’ (Ghio). Mais ce qui est curieux c’est que ces trois variétés ont des pedigrees très différents. ‘Sea Power’ fait appel à deux variétés Shreiner fort connues : ‘Yaquina Blue’ (92) et ‘Jazz me Blue’ (93), eux-même issus de longues lignées d’iris bleus, excellents mais pas particulièrement ondulés ou frisés. ‘Louisa’s Song’ est de (Cloud Berry x About Town) ; seul ‘About Town’ présente déjà les caractéristiques qui nous intéressent, qu’il tient de ‘Bubble Up’ (Ghio 88). Quant à ‘Entangled’, on trouve dans son pedigree ses traits de luminata mais pas une prédisposition marquée au « bouillonnement », même si chacun de ses parents est abondamment ondulé. Plutôt qu’issu d’une recherche systématique, il semble bien que le « bouillonnement » soit le produit d’une évolution normale et d’une sélection délibérée que l’on pouvait pressentir dès les ‘Bubbling Over’ (82), ‘Bubble Up’ (88) et autres « bubble quelque chose » de Ghio, et si l’on recherche une paternité pour ce phénomène, c’est vers Ghio qu’il faut se tourner. Cependant si les iris bouillonnés ont été sélectionnés, c’est que leurs obtenteurs leurs avaient trouvé quelque chose d’intéressant. Et comme ils ont beaucoup de goûts communs, il s’agit d’un choix volontaire mais pas nécessairement concerté.

Si le modèle ne s’est pas limité à quelques variétés expérimentales, c’est qu’il a rencontré un accueil favorable de la part des acheteurs. Leur enthousiasme s’est manifesté dès la mise sur le marché, c’est à dire en 1999. Il n’a fait que s’amplifier, de sorte que les obtenteurs concernés ont continué leur sélection de variétés bouillonnées. A Florence, en 2008, j’ai pu personnellement constater combien les visiteurs du jardin d’iris, principalement les dames, s’extasiaient devant les plus contournés des iris en compétition, notamment ‘Florentine Silk’, qui n’était évidemment pas identifié par son nom mais qui attirait plein de commentaires dithyrambiques. Les termes les plus entendus étaient : charme, élégance, grâce, originalité, fantaisie…

Mais tout le monde n’a pas cet engouement. Les détracteurs du modèle se recrutent surtout chez les collectionneurs et certains professionnels. Le reproche essentiel est que ces fleurs, excessivement ondulées ont perdu le côté vraiment « iris » pour une forme théâtrale mais lourde et un peu vulgaire (les danseuses du french-cancan n’avaient pas la réputation d’être particulièrement distinguées, et on allait les voir plutôt pour le côté canaille de leurs évolutions sur scène). Certains vont même jusqu’à considérer que ce modèle n’est qu’une démarche commerciale qui se fait au détriment de la pureté des iris classiques, avec leurs fleurs de petite taille (dainty), raides et ajustées (tailored). Bien souvent ce sont les mêmes qui louent les qualités des iris du type ‘Dolce’ (Black, 2002), qui se situent entre les grands iris et les iris de table. Question de goût…

En tout cas les iris bouillonnés rencontrent effectivement un succès commercial. Si leurs obtenteurs peuvent en tirer un certain profit, c’est tant mieux pour eux. Car il ne faut pas perdre de vue qu’à côté de ce modèle ils développent aussi des plantes plus classiques ainsi que d’autres, nouvelles dans un domaine différent et fort intéressant comme les « distalatas » par exemple, dont chacun, aujourd’hui s’empresse de copier le modèle.

23.4.10

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Fêtes des fleurs
En ce printemps les fêtes des fleurs se succèdent. En France, après St Jean de Beauregard, ce fut La Roche de Glun, puis Sérignan du Comtat… D’autres vont suivre où les iris seront présents et mis en valeur. C’est aussi le moment où l’on ouvre les jardins des producteurs, notamment dans le Sud.










LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1989

US Dykes Medal
: Pas de Médaille de Dykes, aucune variété n’ayant atteint le nombre de voix suffisant.

Wister Medal : ‘Shenanigan’ (Keppel, 1983), BB, (Flamenco sib x (Roundup sib x April Melody)) X Peccadillo sib. Un des nombruex descendants d’ ‘April Melody’ qui fut longtemps la variété préférée de K. Keppel.

Walther Cup : ‘Silverado’ (Schreiner, 1987) ((Starina x Navy Strut) X Carriage Trade). Premiers lauriers pour cette variété majeure, de la grande période Schreiner.

President’s Cup : ‘Country Bride’ (H. Mohr, 1987) (Chartreuse Ruffles X Country Manor). Un iris de couleur crème, à barbes oranges, à mon avis sans grand caractère.

Franklin-Cook Cup : ‘Peach Bisque’ (Maryott, 1987) ((Carved Cameo x Songster) x (Entourage x Homecoming Queen)) X semis Ghio de ‘Paris Original’.

Fiorino d’Oro : ‘Dusky Challenger’ devant ‘Early Light’ et ‘Fiesta Time’. ‘Dusky Challenger n’a manqué aucune des compétitions auxquelles il a été présenté. A Florence il a impressionné le jury.

BDM : ‘Early Light’ (Nora Scopes, 1983) (Cup Race X Lemon Brocade). C’est l’année ‘Early Light’ puisqu’il a triomphé dans son pays et fait très bonne figure à Florence.

Australasian Dykes Medal : ‘Jolimont’ (J. Baldwin, 1989) (Sterling Silver X Regal Rhythm) : un iris blanc glacier, d’un amateur australien expérimenté.






A LA CONQUÊTE DE NOUVEAUX MONDES

Dans le dernier bulletin de l’AIS (janvier 2010), Keith Keppel a publié un article sous le titre ci-dessus, qui commence par cet exergue :
« Le rêve de tout hybrideur est de découvrir quelque chose d’entièrement nouveau et différent. Un tel événement s’est produit dans les rangs de la pépinière de Barry Blyth, en Australie, en 2007, quand le semis R41-4 a fleuri pour la première fois. Coup de chance pourrait-on dire, mais pas totalement immérité, car de nombreuses années et beaucoup d’efforts ont contribué à ce que cette chance se produise. »

L’article commence par décrire la genèse de ce semis miraculeux numéroté R41-4. Avec une origine dans les années 40, en Nouvelle-Zélande, dans le jardin de Jean Stevens, et avec l’enregistrement de ‘Pinnacle’, ‘Mystic Melody’ et ‘Summit’, trois amoenas jaunes, dont le plus remarquable est ‘Pinnacle’, toujours présent aujourd’hui dans les iriseraies du monde entier. La suite est l’adjonction à ces variétés blanc/jaune du facteur mandarine et l’apparition de ‘Youthfull Charm’ en 1964, bientôt suivi de ‘Sunset Snows’ (1965) qui est le fruit d’amoenas jaunes et de semis roses.

C’est à ce moment de l’histoire que Barry Blyth est intervenu et qu’il s’est lancé dans son immense programme d’iris bicolores qui nous vaut les plus belles variétés où se rencontrent les associations de couleurs les plus originales. Avec son art de la pédagogie et son talent de descripteur, Keith Keppel continue :
« En ce qui concerne R41-4, sa ligne commence avec ‘Sunset Snows’ et comprend les variétés ‘Twist and Shout’ (1973), ‘Outer Limits’ (1972) (tous les deux issus de Fanfare Orchid X Sunset Snows) et ‘Snowlight’ (1972) (de Rhythm and Blues X Sunset Snows). La ligne a été croisée et recroisée dans tous les sens et à la quatorzième génération est apparu le premier bicolor-plicata. Ce n’est pas l’effet plicata qui était recherché, mais c’est un trait à caractère récessif qui peut être porté mais rester caché pendant un grand nombre de générations. En fouillant dans l’arbre généalogique de cette variété on trouve ‘Light Beam’ (L. Blyth, 1985) (de Broadway X Beverly Sills), ‘Pink Ember’ (Gibson, 1973), et ‘Caramba’ (Keppel, 1975). Je sais par expérience personnelle que ‘Peach Spot’ (Shoop, 1973) et ‘Amber Snow’ (Blyth, 1987) portent aussi le facteur plicata. Avec la multiplication des semis, l’improbable cesse d’être impossible.
On ne peut pas avoir une parfaite connaissance de la transmission du caractère « carotène amoena »(1), mais on sait qu’il peut apparaître en cas d’endogamie, et selon de nombreuses variations. Blyth a non seulement utilisé ‘Sunset Snows’ en ligne directe, mais il a également fait usage de ‘Festive Skirt’ (1974), semis issu de ‘Sunset Snows’ développé par Franck Hutchings en Californie. Quand on établit la liste des antécédents de R41-4 sur 14 générations, la référence à ‘Sunset Snows’ apparaît 1086 fois dans les variétés obtenues par Barry Blyth, auxquelles il faut ajouter les 233 références à ‘Festive Skirt’, soit au total 1319 apparitions dans l’arbre de R41-4 ! La persévérance finit par payer. »

En quoi donc ce semis R41-4 est-il exceptionnel ? C’est qu’il rassemble les caractéristiques des plicatas et celles des « carotène amoenas ».

Quand il a fait ce constat, Keppel, dans son article, entreprend l’explication qui lui est chère de la constitution des iris plicatas, avec leurs deux couches de couleur superposées. A mon avis, cette deuxième partie de l’article constitue une digression, passionnantes certes, mais qui nous laisse sur notre faim en ce qui concerne le fameux R41-4 dont on n’entend plus directement parler, mais qui ouvre la porte à une extrapolation sur les différentes possibilités de mélanges de couleurs chez les bicolor-plicatas.

Et là l’enthousiasme de jeune homme de Keith Keppel éclate au grand jour. Il fait un inventaire minutieux et méticuleux des différentes possibilités, et envisage les innombrables occurences de mélanges. C’est alors qu’on comprend ce que le titre de son article veut dire : avec les bicolor-plicatas, tels qu’ils apparaissent avec R41-4 (2), l’avenir des coloris d’iris s’ouvre vers l’infini.

(1) ou amoena rose ou orange.
(2) La démonstration de K. Keppel sur les mélanges de couleurs, passionnante pour tous ceux que l’hybridation intéresse, fera l’objet d’un commentaire dans un prochain numéro.

16.4.10


PETIT COMPLÉMENT


Notre ami Loïc Tasquier nous adresse la photo ci-dessus de 'Abbey Chant', en complément de la chronique de la semaine dernière sur les barbes bleues. Merci à lui !


'Abbey Chant' : (George Sutton, 1997) IB, 65cm, Très hâtif et remontant. Aaron's Dagger X Chanted.










LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1988

US Dykes Medal :’Titan's Glory’ a triomphé ; c’est le temps de la plus grande gloire de la Maison Schreiner. En deuxième position apparaît ‘Az Ap’ (IB) (Ensminger, 1979) (voir ci-dessous) et en n° 3 ‘Laced Cotton’ qui est a ce niveau pour la deuxième fois, mais qui n’ira pas plus haut…

President’s Cup : ‘Latin Hideaway’ (Hooker Nicholls, 1986) (Taj Rani x In Tempo).

Franklin-Cook Cup : ‘Bumblebee Deelite’ (Norrick, 1985) (Peewee X Ornate Pageant) que l’on reverra dans quelques années sur les plus hautes marches de la pyramide.

Fiorino d’Oro : Le Florin d’Or n’a pas pu être attribué, les conditions météorologiques ont perturbé le concours en hâtant la floraison. Pas non plus de deuxième prix, mais le troisième est quand même revenu à une variété tardive, ‘Ginger Swirl’ (Schreiner, 1985) (issu d’un semis de ‘Chamber Music’).

BDM : ‘Wensleydale’ (Dodsworth, 1985) (Ingleborough x Mystique) qui illustre le cavalier seul de son obtenteur dans la compétition britannique.

Australasian Dykes Medal : ‘Koorawatha’ (LA) (J. C. Taylor, 1984) (Dural Charm X Clara Goula), variété jaune éclatante.

Pedigree de ‘Az Ap’ = Charmed Circle X ((Spring Salute x ((Patience x semis Welch) x (Jungle Shadows x pumila))) x (((Jungle Shadows x pumila) x (Jungle Shadows x cretica)) x ((Jungle Shadows x cretica) x semis Kavan))).
ECHOS DU MONDE DES IRIS

Enfin le site de Keith Keppel

Keith Keppel était jusqu’à présent l’un des rares obtenteurs américains à ne pas disposer de site web. L’anomalie est réparée. Enfin, presque. Parce que le site, tel qu’il se présente aujourd’hui, manque sérieusement d’intérêt ! Allez voir : http://www.keithkeppeliris.com



DE NEUILLY A GUÉRANDE
A la manière d’Honoré de Balzac


Lettre de madame du Guénic à sa bru.

Guérande, le 5 juin 1841

Ma chère fille,

Depuis que Madame des Touches est dans son couvent de Nantes, et que Calyste est son légataire universel, vous savez que je veille à la bonne conservation de son castel, qui sera un jour votre bien. Il y a deux semaines je m’y suis rendue pour vérifier que le maçon Chaussenard avait bien terminé la remise en état de la cheminée mise à mal l’hiver dernier par une grosse tempête. En traversant le jardin, j’ai aperçu des fleurs dont la présence n’avait pas encore attiré mon attention. Il s’agit d’iris. Ici, cette plante est des plus courantes, c’est pourquoi celles de Mme des Touches n’avaient pas attiré jusque là mon attention. Mais cette fois je n’ai pas pu faire autrement que de les remarquer, car figurez-vous que ce ne sont point des iris ordinaires, ces fleurs mauves si parfumées mais dont le port manque tellement de tenue. Ceux de Mme des Touches au contraire se dressent fièrement, et s’ils ne sont point d’une taille exceptionnelle, du moins les tiges ne traînent-elles pas au sol, même quand le vent d’ouest balaie les jardins comme c’est encore le cas ces jours-ci. Il s’agit d’autre part d’iris dont les fleurs ont des couleurs tout à fait originales : il y en a une touffe avec des fleurs jaunes et une autre dans les tons de rouge pourpré balayé de brun. Ils étaient encore pleinement épanouis la semaine dernière et je n’ai pu résister à la tentation d’en cueillir un joli bouquet qui vient seulement de faner complètement.

Peut-on encore, ma chère enfant, à mon âge, s’enflammer pour des fleurs ? C’est ce qui m’arrive cependant. Je me suis prise à rêver que notre triste jardinet de Guérande pourrait être considérablement égayé par quelques taches de couleurs. J’ai fait part de cette réflexion à ma nièce Charlotte de Kergarouët qui est venue pendant quelques jours me tenir agréablement compagnie. Elle m’a confirmé qu’à Paris, il était possible de se procurer des iris de toutes les couleurs, en particulier auprès d’un Monsieur Jacques, jardinier du Parc Royal de Neuilly. Il paraît que ces fleurs-là se plantent en été. Voilà pourquoi, ma chère fille, je prend l’audace de vous demander s’il vous serait possible de me procurer quelques-unes de ces iris superbes. Vous pourriez me les apporter quand vous viendrez en Bretagne à la fin d’août, comme chaque année.

J’ai bien regretté de ne pouvoir être auprès de vous pour l’anniversaire de notre petite Fanny, le mois dernier. Mais je sais qu’elle est belle et qu’elle se porte bien. Je vous embrasse, ma chère Sabine, ainsi que notre Calyste adoré, et je vous assure de mes pensées les plus affectueuses.
Fanny du Guénic.

Lettre de Sabine du Guénic à sa belle-mère.

Chère maman,

Il n’y a pas qu’à Guérande que le temps soit exécrable. A Paris ce mois de juin est des plus maussade, et l’on ne peut point sortir sans se crotter.

J’ai reçu votre lettre il y a quelques jours et je me suis aussitôt mise en quête de trouver les iris dont vous me parlez. Puisque hier, exceptionnellement, nous jouissions d’un rayon de soleil, je suis passée rue des Saints Pères prendre mon amie Ursule de Portenduère, et nous sommes allées ensemble à Neuilly, au château, pour rencontrer Monsieur Jacques. C’est un homme qui doit avoir à peu près votre âge, mais qu’une vie au grand air a conservé dans un état de verdeur peu ordinaire. Il a conservé un enthousiasme de jeune homme et parle de ses iris avec une passion qui fait plaisir à constater. La saison est trop avancée pour que nous ayons pu voir ces plantes en fleur, mais les descriptions de Monsieur Jacques ont suffi pour guider notre choix. Vous m’avez parlé d’une iris jaune : M. Jacques nous en a recommandé une, qu’il a baptisée « Aurea » et qui, selon ses dires, se présente avec de petites fleurs, très nombreuses, de deux tons de jaune, les pétales étant un peu plus sombres que les sépales. Une autre iris doit correspondre à celle que vous avez admirée chez Mme des Touches. Il s’agit de « Palissy », une fleur décrite comme d’un brun violacé pour les pièces inférieures, alors que les pièces supérieures sont d’un beige vineux, veiné de plus sombre. Cela devrait vous plaire. Pour faire bonne mesure, nous avons choisi deux autres sortes d’iris. D’abord un violet profond avec de grosses fleurs, que M. Jacques a nommé « Château du Raincy », en souvenir, nous a-t-il dit, de l’ancienne demeure du Duc d’Orléans où il a longtemps travaillé. L’autre est, paraît-il, presque blanc, à peine bleuté, et porte le nom de « Princesse Amélie ».

Nous vous apporterons tout cela, comme vous le suggérez, lors de notre voyage d’automne à Guérande. Calyste pense que nous pourrons partir vers le 20 août. En tout cas ce ne sera pas avant parce que mon amie Ursule attend un enfant pour les alentours du 15 et que je veux être auprès d’elle en cette circonstance car vous savez avec quel dévouement elle m’a assistée au moment de la naissance de Fanny, qui fut un moment si pénible de mon existence.

Au printemps 1842 vous pourrez admirer sous votre fenêtre les iris de M. Jacques, et je me réjouis à la pensée du bonheur que ces quelques fleurs vous apporteront. Votre fille affectionnée,
Sabine.

10.4.10











LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1987

US Dykes Medal : non attribuée. Selon l’ancienne règle, quand aucune variété n’atteint le nombre de votes suffisant, la médaille n’est pas attribuée…

President’s Cup : ‘Son of Sun’ (F. Wikenkamp, 1982) (Archie Owen X Baritone) ; un spuria ! Ce n’est pas si souvent qu’un iris de cette sorte remporte une compétition où tous les types sont en lice. Il s’agit d’un jaune brillant, de haute taille mais qui se tient bien.

Franklin-Cook Cup : ‘Autograph’ (Luihn, 1986) ((Song of Norway x Evening Echo) X (Song of Norway x (Navy Strut x Five Star Admiral))).

Fiorino d’Oro : ‘Missy Yorktowne’ ( Innerts, 1984) (Lemon Mist x Madeira Belle) devant ‘Bahloo’ (Caldwell, 1984) ((Caramba x (((Lilac Champagne x Sunset Snows) x (Sunset Snows x Campus Flirt)) x (Barcelona x Outer Limits)) x Spanish Gift) X Solano) et ‘Sterling Prince’ (Innerst, 1983) ((Pencil Sketch x (Henna Stitches x High Life)) X Flamenco). Il arrive que Florence couronne des variétés peu commercialisées. C’est le cas pour 1987. Le Florin d’or est allé à un iris blanc qui n’a pas eu de carrière, le second prix est allé à un iris jaune australien dont on n’a plus entendu parler, et le troisième prix a été donné à un autre iris de Sterling Innerst, original certes, mais que l’on n’a guère revu par la suite.

BDM : ‘Buckden Pike’ (Dodsworth, 1985) (semis x Jill Rosalind). Blanc au cœur jaune crémeux ; bel iris, mais comme tous les produits britanniques, pas ou trop peu commercialisé.

Australasian Dykes Medal : ‘Dural Charm’ (J.C. Taylor, 1982) (Charjoy’s Anne X semis Arny) ; nouveau succès pour John Taylor, avec cet iris de Louisiane jaune pur.















L’AVENTURE DES BARBES BLEUES

Trouver des iris à barbes bleues n’est pas une aventure. Il y en a plein. Mais l’immense majorité concerne des iris bleus, violet, ou à base de bleu, comme les plicatas, ou, encore blanc, mais ces dernier sont aussi à base de bleu. Ce qui n’est pas banal en revanche c’est de trouver des iris d’une autre couleur arborant des barbes bleues.

Apporter des barbes bleues dans une fleur rose ou jaune n’est pas une petite affaire. Du moins chez les grands iris, car, pour les iris nains, la situation est plus naturelle. On peut donc se dire que les gènes d’un SDB à barbes bleues ajoutés à ceux d’un TB devraient assurer le transfert. Mais ce serait aussi transformer le TB en IB ! La tentative a eu lieu, et elle a réussi. C’est Allan Ensminger, un hybrideur audacieux, qui l’a faite, et il a obtenu un très intéressant IB, qu’il a baptisé ‘Blue-Eyed Blond’ (89), un beau jaune à barbes bleues, mais qui n’est pas un grand iris…

Deux hybrideurs américains ont été tenté par le défi. L’un et l’autre sont arrivés à des résultats, plus ou moins convaincants, par des voies différentes que l’on va examiner maintenant.

Le premier à avoir essayé est Ben Hager, un grand monsieur de l’hybridation. Le cheminement qui a été le sien reste pour moi énigmatique et il est dommage qu’il ne soit plus là pour l’expliquer. En effet aucune des variétés qui figurent au pedigree de ses roses à barbes bleues ne comporte des barbes de cette couleur et, même, toutes sont des roses à barbes mandarine, qu’il s’agisse de ‘Orchid Song’ (Blyth 72), ‘Carved Cameo’ (Rudolph 72), ‘Picture Pink’ (Terrell 73), ‘One Desire’ (Shoop 60), ‘Adorable You’ (E. Smith 62), ‘Wings of Dreams’ (Woodside 74) ou ‘Pink Taffeta’ (Rudolph 68). Tout au plus peut-on dire que certaines de ces variétés comportent des gènes anthocyaniques dans leur rose orchidée.
Les iris en question se nomment ‘Magic’ (87) puis ‘Magic Wish’ (89), le second étant le fils du premier. Pour les avoir cultivé l’un et l’autre je puis affirmer qu’il y a un réel progrès chez le second par rapport à sa « mère ». Celle-ci est effectivement rose, mais ses barbes n’ont qu’une vague teinte bleutée, pas très convaincante. ‘Magic Wish’ en revanche dispose de vraies barbes bleues, d’un beau bleu de myosotis. L’expérience n’est pas allée au-delà.

En matière de jaune à barbes bleues, Ben Hager a également tenté sa chance. Avec ‘Triple Whammy’ (89) on peut dire qu’il est parvenu à une réelle avancée. Le pedigree de cet iris monumental (par la taille : plus d’un mètre de hauteur) est (((Birthstone x Sky Hooks) x Jester) X (Barbary Coast x Buckthorn)). Et dans cette mixture l’élément majeur c’est le semis (Birthstone x Sky Hooks). En effet la barbe bleue vient de là. Elle est en place sur ‘Birthstone’ (Babson 77). Celui-ci résulte d’un croisement aux origines plutôt compliquées, où il me semble qu’on puisse chercher les origines des barbes bleues chez ‘Blarney Stone’ (Babson 62).

Le second obtenteur à avoir tenté d’obtenir des iris jaunes à barbes bleues est le Californien Larry Lauer. Il est parti de ce qu’avait fait Ben Hager avec ‘Triple Whammy’ et le couple (Birthstone x Sky Hooks). Il a renforcé le mélange en y ajoutant ‘Nancy Glazier’ (Hamblen 85) qui fait partie des travaux de Melba Hamblen sur les iris à barbes noires et se présente en blanc bleuté, infus de violet au cœur et doté d’une barbe bronze. Il a obtenu tout d’abord ‘Blue-Eyed Susan’ (98) qui est tout simplement ((Nancy Glazier x Brandy)x Triple Whammy) ; puis ‘Magic Bus’ aux origines plus complexes mais où apparaissent (Birthstone x Sky Hooks) et son cousin ‘Ride the Tiger (2002) où (Birthstone x Sky Hooks) est associé à (Nancy Glazier x Brandy) ; puis encore ‘It’s Getting Better’ (2001), le bien nommé, descendant de ‘Triple Whammy’, et enfin ‘Irish Gold’ (2003) qui est en quelque sorte l’association de ‘Blue-Eyed Susan’ et de ‘It’s Getting Better’.

D’autres obtenteurs se lanceront un jour dans l’aventure des barbes bleues, parce qu’il faut bien trouver un thème de recherches et que celui-ci n’est pas éculé. Ce sera l’occasion de découvrir des fleurs nouvelles originales.

2.4.10







LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1986

US Dykes Medal
: ‘Song of Norway’ (Luihn, 1979) (Nobleman X Blue Luster) devant ‘Copper Classic’ (Roderick, 1979) et ‘Laced Cotton’ ( Schreiner, 1978). Rien que du beau monde !

President’s Cup : ‘Edith Wolford’ (Hager 86) (Merry Madrigal X Freedom Road) : première récompense pour ce champion;

Franklin-Cook Cup : ‘Dusky Challenger’ (Schreiner, 1986),parents inconnus. Première récompense également pour cet autre champion, le préféré de Américains depuis 18 ans !

Fiorino d’Oro : ‘Starcrest’ (Schreiner, 1983) ((Dream Time x Priceless Pearl) X Carnaby) devant ‘Robusto’ (P. Black, 1984) (Old Flame X Instant Charm) et ‘Morwenna’ (Nichol, 1984) (Maestro Puccini X Full Tide).

BDM : ‘Roman Emperor’ (Dodsworth, 1981) (Sterling Silver X Matinata) : un iris mauve dont la réputation n’a guère réussi à franchir la Manche.

Australasian Dykes Medal : ‘Sostenique’ (B. Blyth, 1975) ((Lilac Champagne x Bon Vivant) X Latin Tempo) ; c’est avec cette variété que Barry Blyth s’est fait largement connaître à travers le monde.






LA FLEUR DU MOIS
‘Mezza Cartuccia’

Une fois n’est pas coutume. Pour « Fleur du Mois » nous allons retrouver un IB, ‘Mezza Cartuccia’ (Bianco 98), dont le portrait a déjà été publié ici en janvier 2003. C’est que ce ‘Mezza Cartuccia’ est un de mes favoris. J’ai tout de suite apprécié ce petit iris avec ses pétales bleu argenté, et ses sépales violet clair, accompagnés de barbes assorties dans les tons lilas, un peu sombre ; la fleur est gentiment frisottée et ondulée, les sépales se tiennent très horizontaux ce qui est un trait un peu passé de mode aujourd’hui, mais que je trouve très élégant, surtout chez les petits iris que l’on regarde essentiellement par le dessus.

C’est un iris intermédiaire 2/3 TB, 1/3 SDB. Il provient en effet de deux grands iris : ‘Pacific Tide’ (Cowdery 86) et ‘Touch of Bronze’ (B. Blyth 83), et d’un SDB fameux, ‘Chubby Cheeks’ (P. Black 84).

‘Pacific Tide’ est un beau bleu marine à barbes rouges. Il a pour géniteurs ‘Vivien’ (Keppel 79) et ‘Full Tide’ (Opal Brown 72), et par conséquent pour grand-parent le célèbre bleu ‘Babbling Brook’ (Keppel 69 – DM 72) qui était notre fleur du mois de février. On est là chez les bleus les plus classiques, qu’ils soient ou non à barbes rouges. Le côté ‘Touch of Bronze’ est plus intéressant car il fait appel à un trait peu courant, les barbes sombres, violettes ou bronze. ‘Mezza Cartuccia’ tient sa barbe foncée de ‘Evening Echo’ (Melba Hamblen 77). Cette obtentrice très réputée s’était fixé comme défi de réussir un iris à barbes noires. Après bien de difficultés et des tentatives dans plusieurs directions, elle a atteint une première fois son but avec ‘Evening Echo’. Celui-ci est le descendant de quatre variétés très différentes : le bleu ‘Blue Sapphire’ (Schreiner 53 – DM 58), le gris-bleu à barbes sombres ‘Azure Accent’ (Durrance 67) ; l’étrange aril ‘Lady Mohr’ (Salbach 43) et le blanc ‘Swan Ballet’ (Muhlestein 53 – DM 59). Chacun de ces ancêtres lui a apporté une partie de ses caractéristiques. Un apport très classique, en bleu et en blanc grâce aux champions que sont ‘Blue Sapphire’ et ‘Swan Ballet’, et un apport plus excentrique de la part des deux autres. Ceux-ci, directement ou indirectement, recèlent des gênes d’arils, lesquels comportent la barbe noire qui leur donne cet apparence orientale qui fait leur originalité. L’astuce a consisté à faire passer cette barbe noire dans une fleur de grand iris.

Beaucoup d’obtenteurs ont utilisé cet ‘Evening Echo’ pour importer la barbe sombre dans leurs lignées. Le plus assidu dans cet usage a été Barry Blyth, en Australie, avec deux variétés exceptionnelles, ‘Touch of Bronze’, déjà cité, et ‘Inca Queen’ (83). Du premier descendent quelques iris originaux, comme ‘Beau Zam’ (Blyth 87), ‘Chinese Empress’ (Blyth 88), ‘Hello Hobo’ (Blyth 88) et ‘Chocolate Vanilla’ (Blyth 92), tous avec des barbes très sombres. Du second proviennent ‘Witching’ (Blyth 93) et surtout ‘Electrique’ (Blyth 93), un bicolore bleu glacier aux pétales et vieux rose aux sépales, avec barbes bronze foncé, dont la propre descendance est absolument surprenante.

‘Mezza Cartuccia’ a pour autre caractéristique d’être un IB, et pour son côté nain aussi, il a puisé à la meilleure source. Je veux parler de ‘Chubby Cheeks’. ‘Chubby Cheeks’ est un SDB qui a été introduit en 85 par Paul Black. Il a obtenu en 1991 la Médaille de Cook-Douglas qui est la plus haute récompense pour un SDB, et est devenu rapidement l’une des variétés de tous les temps les plus utilisées comme parent. Ses aptitudes, il les tient d’une brochette remarquable de variétés basiques comme ‘Snow Flurry’, ‘Great Lakes’, ‘Helen McGregor’ ou ‘Minnie Colquitt’, parmi les grands iris et, essentiellement, des I. pumila, bleus ou pourpres, parmi les iris nains.

Chaque printemps c’est un plaisir que de retrouver, fidèle et prolifique, ce ‘Mezza Cartuccia’ au jardin des petits iris.










LA MATIÈRE DE BRETAGNE

D’après la définition que donne l’encyclopédie Wikipedia, « la matière de Bretagne est le nom donné à l'ensemble des textes écrits au Moyen-Age autour des légendes de l’île de Bretagne (c’est à dire ce que nous appelons maintenant la Grande-Bretagne) et de la petite Bretagne actuelle, notamment celles du cycle arthurien. Elle représente la tradition celtique, par opposition à la tradition carolingienne de la matière de France et aux traditions latines et antiques de la matière de Rome. »
C’est à ce cycle littéraire, très à la mode de nos jours, que font allusions certains noms de variétés d’iris donnés par Virginie Fur et Bernard Laporte aux plantes qu’ils ont enregistrées en 2004. Cinq petits commentaires :

‘Dame du Lac’
(Fur 2004)
Silverado X Sky Hooks
La superbe couleur argentée de ‘Silverado’ réapparaît ici, associée aux éperons de ‘Sky Hooks’. Cette ‘Dame du Lac’ a toute la fraîcheur que l’on prête à ce personnage dangereux et glacial.
Dans la légende, la Dame du Lac c’est aussi la Fée Viviane. Puisque ces deux personnages ne font qu’un, rendez-vous un peu plus loin…

‘Enchanteur Merlin’
(Laporte 2004)
Sky Hooks X Leda's Lover
Une pureté qui fait plaisir, pour rendre hommage à un personnage essentiel de la « matière de Bretagne ». Le blanc de ‘Enchanteur Merlin’ est hérité de ‘Leda’s Lover’, les barbes et les épaules jaunes réchauffent cette fleur. Dans la « Matière de Bretagne », le blanc n’est cependant pas celle de Merlin. Il y a confusion, semble-t-il, avec le blanc de la robe des druides dont certains disent que Merlin faisait partie. A mon avis, un gris-bleu serait plus approprié pour représenter celui qui a mis sur le trône le Roi Arthur et qui l’a conduit à Avalon, après sa mort.

‘Fée Viviane’
(Laporte 2004)
Sky Hooks x Clear Day
Un bleu légèrement teinté de violet convient parfaitement pour évoquer cette figure majeure du cycle arthurien. C’est elle qui entraîne Lancelot dans son palais subaquatique. Le rouge vermeil lui aurait aussi convenu. Ce personnage est des plus énigmatiques, tantôt synonyme de mort (elle enferme Merlin dans les neuf cercles dont il ne peut plus s’échapper), tantôt porteuse de vie (elle recueille Lancelot et assure son éducation, elle protège le Roi Arthur à qui elle remet l’épée Excalibur).

‘Messire Lancelot’
(Laporte 2004)
Snow Spoon x inconnu
Les superbes couleur de l’iris qui porte le nom de Lancelot, le jaune pâle et le blanc, conviennent parfaitement au personnage. Innocent mais aussi traître, courageux mais plein de doutes, c’est le plus romantique des héros du cycle. Il trahit son maître Arthur en devenant l’amant de la Reine Guenièvre, et ses aventures dramatiques en font l’un des personnages les plus attachants de la légende.

‘Roi Arthur’
(Fur 2004)
Yaquina Blue X Bye Bye Blues
Cette association de bleus a donné naissance à un iris indigo, avec les sépales un peu plus sombres et des barbes bleues. Rien de bien original, même si la couleur est bien dense. Le roi Arthur de la légende, ce personnage magnifique, fils de Uther Pendragon et d’Ygraine, et époux de la Reine Guenièvre, qui a toute la noblesse des chevaliers et toute la majesté des rois, qui a établi un empire rassemblant toute l'île de Bretagne, ainsi que l'Irlande, l'Islande, la Norvège, le Danemark et une bonne partie de la Gaule, aurait sans doute mérité quelque chose de plus exceptionnel…

Quoi qu’il en soit, l’idée de dédier des iris aux héros du cycle arthurien est une veine qui mériterait d’être davantage exploitée. Combien de héros splendides reste-t-il à honorer ? Gauvain, Galaad, Perceval, et les autres Chevaliers de la Table Ronde, ainsi que les Dames fragiles ou fatales, Ygraine, Guenièvre, Morgane…

Et puis il y a aussi les lieux mythiques : Carduel, Tintagel, Camelot, et l’île d’Avalon… Mais il est vrai que ceux-là ont été mieux mis en valeur par le monde des iris : les ‘Avalon Sunset’ (Schreiner 94) ou ‘Mistress of Camelot’ (Baumunk 2004) sont là pour en témoigner.