4.12.09











IRIS DE NOUVELLE ZÉLANDE

La Nouvelle Zélande est un pays dont on parle surtout en matière de rugby (les All Blacks). On la connaît aussi pour ses moutons. En matière de botanique ou d’horticulture, ce sont ses kiwis (actinidias) qui sont célèbres, mais pas encore ses iris. Pourtant, en cette matière, ce n’est pas une terre inconnue. Souvenons-nous de Jean Stevens et de son ‘Pinnacle’ de 1945, qui a fait le tour du monde et se trouve encore dans de nombreux jardins. Cette variété est une référence en matière d’amoena jaune. Mais son obtentrice a aussi obtenu quelques amoenas roses qui valent la peine, comme ‘Youthful Charm’ (61) ou son descendant ‘Sunset Snows’ (65) qui ont l’un et l’autre acquis une certaine célébrité. Le dernier a été assez largement utilisé en hybridation, tant aux USA qu’en Australie, et même en France puisque ‘Sur Deux Notes’ (J. Ségui 81) est son descendant direct.

Emily Jean Stevens a été une obtentrice féconde et les variétés qu’elle a enregistrées couvrent la période des années 40, 50 et 60. Sa renommée s’est étendue bien loin de son île natale et, dans un moment où les transports n’étaient pas simples, elle réussi le tour de force de placer ses iris partout dans le monde. En Nouvelle Zélande elle conserve une aura bien réelle que des gens comme Terry Johnson se chargent de soutenir.

Après le décès de Jean Stevens la Nouvelle Zélande est un peu tombée dans l’oubli, dans le domaine des iris. Il a fallu attendre une trentaine d’années pour revoir son nom dans les listings de l’AIS.

Celui qui l’a réveillée, c’est Ron Busch. Celui-ci est maintenant un monsieur d’un certain âge (il a commencé ses hybridations il y a une cinquantaine d’années) qui envisage aujourd’hui une demi retraite. On lui doit une grande quantité d’iris de tous modèles, mais, comme il le dit lui-même, son travail a été longtemps un peu « tout fou », sans objectif réellement réfléchi. Il y a eu beaucoup de produits inutiles avant qu’il ne se décide à choisir une direction à suivre. En fait il en a déterminé trois : les plicatas et amoenas roses et les noirs à barbes oranges. Il raconte lui-même sont chemin le long de ces trois voies dans une petite confession parue dans le bulletin de NZIS (société néo-zélandaise des iris). Celle des amoenas roses n’est pas allée loin car il a estimé que son travail en la matière n’aboutissait à rien d’intéressant. Il a été plus heureux avec les plicatas roses, même si il a obtenu des tas de choses, mais pas le plicata rose dont il rêvait. Quant à son travail sur les noirs à barbes orange il a, dit-il, lui aussi donné des iris intéressants, notamment dans les tons de pourpre, mais pas le noir qu’il espérait obtenir… La vie de l’hybrideur n’est pas toujours un long fleuve tranquille.

Quoi qu’il en soit il a enregistré un grand nombre de variétés diverses de grands iris, pour la plupart baptisés d’un nom commençant par « Irwell », qui est celui de l’endroit où il habite. Pour ma part, j’aime bien ses amoenas-plicatas récents comme ‘Irwell Fancy Dragon’ (2009), ‘Irwell Jazz Time’ (2009) ou ‘Irwell Tropical Magic’ (2009).

A la suite de ce franc-tireur de Ron Busch, c’est un couple d’hybrideurs plus jeunes qui a pris la succession. Ce sont les Nicoll, Alison et David. Leur pépinière, Richmond Irises, est située à Nelson, au fond de la baie de Tasman, tout à fait au nord de l’Ile du Sud et à 100 Km à vol d’oiseau à l’ouest de Wellington, la capitale de la Nouvelle Zélande. Leur première variété enregistrée, ‘It’s a Try’ (Alison Nicoll 99) fut peut-être un essai, mais, au pays du rugby, c’est un essai transformé, car il augurait bien de ce qui allait venir après. C’est un produit de (In Town X Honky Tonk Blues), un bitone bleu ciel sur bleu pourpré, qui, dans sa simplicité, me plait beaucoup. D’ailleurs les iris d’Alison se distinguent par leur côté simple et naturel, ceux de David étant plus sophistiqués. Pour comparer, voyez, de la première, le joli rose deux tons ‘Hi Babe’ (2005), et du second ‘Manuka Honey’ (2004), qui rappelle un peu l’ancien ‘Bayberry Candle’ (C. DeForest 69).

Les Nicoll ont déjà à leur actif un nombre important de nouveaux iris, dans un choix de coloris qui pose la question des pistes de recherche qu’ils ont décidé de suivre. Du bicolore d’ ‘Acrylic’ (D. Nicoll 2005) au vieux rose de ‘Tectonic’ (D. Nicoll 2009), du blanc bleuté de ‘Berlin Beauty’ (A. Nicoll 2007) au bleu de ‘Tasman Bay’ (A. Nicoll 2002), ont trouve de tout chez les Nicoll.

Ils nous donneront encore beaucoup d’iris car ils n’ont épuisé ni leurs ressources ni leur enthousiasme. Avec eux et avec quelques amateurs qui leur tiennent compagnie, la Nouvelle Zélande continuera de tenir sa place dans le monde des iris. Mais, freiné par les obstacles mis aux importations par les services phytosanitaires européens, leur travail n’a pas encore franchi les mers pour venir jusqu’à nous, ce que les collectionneurs doivent regretter.

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