11.12.09







GÉNÉRATION ‘DECADENCE’

I. l’arbre ascendant

Barry Blyth, l’obtenteur de ‘Decadence’ (2004), aime les grandes familles. Il n’hésite pas à enregistrer plusieurs « siblings » issus d’un même semis, créant ainsi un réseau souvent dense de relations familiales entre ses obtentions. On a déjà eu l’occasion d’aborder ici le cas des « frères koala » à propos du croisement (Dance Man X Rembrandt Magic). C’est d’une autre grande fratrie qu’il va être question aujourd’hui.

‘Decadence’ est souvent considéré comme le point de départ d’un nouveau modèle d’iris, avec une fleur charnue, large, abondamment ondulée et frisée, bitone ou bicolore, caractérisée par une barbe rouge et un épais liseré d’un ton dégradé par rapport à la couleur des sépales. Mais en même temps qu’un point de départ, c’est aussi un aboutissement, un perfectionnement dans un modèle qu’on trouve chez Blyth depuis plusieurs générations de cultivars qui figurent parmi les ancêtres de ‘Decadence’ et ceux de ses cousins. Car ‘Decadence’ n’est pas seulement le fruit d’un croisement heureux et prolifique, mais le membre d’une famille étendue et ramifiée.

Son pedigree s’écrit (Temple of Time X Louisa’s Song). Les liens familiaux qui le concernent proviennent de ce ‘Louisa’s Song’ (99) qui est lui-même issu de (Cloud Berry X About Town), ce dernier cultivar étant à l’origine d’un autre iris très remarqué, ‘Indulgence’ (2002) qui présente lui-même, avec quelques variantes, le modèle ‘Decadence’. On pourrait peut-être trouver parmi les variétés récentes de Barry Blyth, d’autres liens familiaux nous ramenant à ‘Decadence’ car les interférences sont multiples dans son travail.

Le modèle décrit ci-dessus provient visiblement de ‘About Town’ (96), et sur le parent mâle de ce dernier, ‘Electrique’ (96), il y a déjà le dégradé du bord des sépales, tandis que dans son parent féminin, ‘Bubble Up’ (Ghio 88), se rencontre le bouillonné de la fleur, si caractéristique. ‘Indulgence’ et ‘Decadence’ présentent incontestablement un air de famille, le premier étant même, à mon avis, plus joli parce que de tons plus vivement contrastés. L’un et l’autre ont des pétales jaunes, plus acides chez ‘Indulgence’, des sépales pourprés, presque couleur aubergine chez le premier, avec des veines claires qui s’effacent en approchant du bord dans une teinte pâle, chamoisée. Mais ‘Decadence’ ajoute à ce cocktail des barbes minium que son cousin n’a pas. Blyth n’a pas hésité à croiser ses deux vedettes. Cela nous vaut un ‘Rogue Trader’ (2007) flamboyant, où l’on retrouve aux pétales le jaune citron de ‘Indulgence’, ainsi que ses barbes moutarde, et au sépales le pourpre de ‘Decadence’, mais envahi par le jaune des pétales qui gagne les bords où il s’atténue en tirant vers le gris chamoisé.

Il ne faut pas passer sous silence les frères de semis de ce ‘Decadence’. Ils sont quatre à avoir, jusqu’à présent, été enregistrés : ‘Easy Living’ (2002), ‘Hello It’s Me (2002), ‘Looking Beautiful’ (2002) et le petit dernier ‘Love Actually’ (2004). ‘Easy Living’ est un amoena dont les sépales, indigo clair, sont veinés du blanc grisé qui s’étale sur les bords, selon le dessin que l’on trouve dans toute la nichée. ‘Hello It’s Me’ est, en matière de coloris, le plus proche de ‘Decadence’. Des pétales abricot, des sépales prune, des barbes d’un orange bronzé. ‘Looking Beautiful’ est une version « soft » du précédent, surtout pour le ton des sépales, d’un rose isabelle, très finement liseré de gris, avec barbes minium. Enfin ‘Love Actually’ remplace l’abricot des pétales pour la couleur des sépales, ce qui en fait plutôt une fleur unicolore, avec une flamme bleu vif sous les barbes d’un orange vif et brillant.

A l’heure actuelle seuls ‘Hello It’s Me’ et ‘Love Actually’ sont à la tête d’une certaine descendance, entièrement due au travail de Barry Blyth, dans la pure tradition de ses associations familiales.

‘Indulgence’ n’a pas encore la descendance que Blyth a donnée à ‘Decadence’, mais il est trop tôt pour dire s’il ne sera pas aussi fécond que son cousin. En tout cas ‘Pure Romance’ (2006), qui provient d’un frère de semis de ‘Decadence’, ‘Love Actually’, a tous les traits de la famille.

Voilà pour les liens de parenté qui affectent ‘Decadence’. Nous allons passer maintenant à ses frères, puis nous poursuivrons par ses descendants, mais j’ai peur de fatiguer mes lecteurs, aussi je leur propose, pour une fois, de faire une pause et de reprendre notre propos la semaine prochaine.

3 commentaires:

jibe a dit…

Hello Sylvain !
J'attends la suite avec impatience...
Comme d'habitude ta ''prose'' est captivante. Soit l'on aime DECADENCE, soit on le... déteste ! C'est une fleur, comment dirais-je ? Extravagante ? En tout cas, tu l'as bien écrit, elle représente, c'est sur, une avancée vers ce que j'appelle les ''iris orchidées de jardin''.
A noter pour tes lecteurs que son père ABOUT TOWN est aussi un géniteur remarquable.
A mon sens DECADENCE mériterait une étude génétique approfondie, je le soupçonne d'être plus que tétraploïde, d'avoir un niveau supérieur en ploïdie. Cela expliquerait peut-être la taille extraordinaire de ses fleurs. Si SIMONET était encore des nôtres, il aurait sans doute été intrigué, et il aurait sans doute exploré la génétique de DECADENCE ! ;-)

Encore merci pour tes écrits...
@+, à te lire, Jérôme B.

Sylvain Ruaud a dit…

A Jérôme B.

Je n'ai pas tes nouvelles coordonnées pour prendre contact avec toi. Donne-les-moi.

jibe a dit…

Sylvain, je t'ai envoyé un message perso.
@+
Jérôme B.