30.10.09











LA DAME BLANCHE

Chez les iris de Louisiane, c’est comme chez les grands iris de jardin, il y a des variétés qui ont tenu une place déterminante dans l’évolution de l’hybridation. ‘Clara Goula’ peut ainsi être comparé à ‘Snow Flurry’ pour la révolution qu’il a représentée. Avant, il n’y avait pas de véritable iris de Louisiane blanc qui vaille la peine. Après, c’est une autre histoire…

Pour parler de ‘Clara Goula’ (Arny 75), il faut évoquer d’abord son obtenteur et de son travail. A ce sujet, le mieux me semble de rapporter ce qu’à écrit Graeme Grosvenor dans son ouvrage « Iris, Flower of the Rainbow » :
« Charles W. Arny Junior, de Lafayette, Louisiane, a eu le plus grand impact qu’on peut imaginer dans le développement des iris de Louisiane modernes. Au long d’une carrière d’hybrideur qui a duré près de 40 ans, Charles Arny a introduit plus de 100 cultivars dénommés et produit un panel de gènes qui a influencé tous les hybrideurs qui lui ont succédé. Plusieurs de ses iris sont devenus des classiques. ‘Charlie’s Michele’ (Arny 69) a introduit chez les iris de Louisiane les pétales aux bords ondulés même si cette variété n’a jamais été très intéressante au jardin parce qu’elle rechigne souvent à fleurir. ‘Charlie’s Michele’ a très largement contribué à la forme des pétales ronde et ondulée, si en vogue aujourd’hui. (…) Le plus grand mérite de ‘Charlie’s Michele’ est peut-être d’être le parent du superbe ‘Clara Goula’, iris blanc très ondulé, qui a été la base de l’hybridation d’à peu près tous les iris de Louisiane de qualité qui sont venus après lui. ‘Clara Goula’ est une plante de jardin bien meilleure que ‘Charlie’s Michele’, parce que plus vigoureux, plus sain et plus constant dans ses floraisons, même s’il n’est pas aussi vigoureux et florifère que beaucoup de ses descendants. »

‘Clara Goula’ est tout simplement décrit comme : « LA, 107 cm, hâtif moyen. Unicolore ondulé, blanc tirant sur le crème très clair ; signal jaune. » En plus de sa couleur exceptionnelle, Charles Arny s’était bien rendu compte des capacités de son iris, mais ce n’est pas lui qui en a tiré profit car il a généreusement passé la main à l’hybrideur australien John Taylor. Celui-ci est devenu sans doute l’un des plus grands obtenteurs d’iris de Louisiane, grâce notamment à l’apport de ‘Clara Goula’ dans ses variétés de base.

Il n’est pas nécessaire de remonter très loin dans l’arbre généalogique de ‘Clara Goula’. Contentons-nous d’évoquer ses deux parents. D’un côté le rose bleuté ‘Charlie’s Michele’ dont il vient d’être question, de l’autre un autre produit de Charles Arny, ‘Charlies’s Angel’ (79), une variété dans les tons de blanc crémeux qui présente la particularité de n’avoir été enregistrée qu’après son illustre rejeton.

En 1982, les qualités évidentes de ‘Clara Goula’ lui ont valu comme il se doit la Mary Swords Debaillon Award qui était la plus haute récompense dédiée aux iris de Louisiane. Récompense confirmée en 87 quand le système des honneurs a été réformé et la plus haute marche du podium baptisée Mary Swords Debaillon Medal.

On trouve des descendants de ‘Clara Goula’ dans à peu près toutes les couleurs, mais ce sont les iris blancs qui profitent le mieux de ses aptitudes. Pour n’en citer que deux, commençons par un de ses descendants directs, ‘Helen Naish’ (J. Taylor 83). Cette superbe variété, d’une plaisante couleur blanc pur, légèrement influencée de vert dans les veines et les pétales, a toutes les qualités désirables : plante saine et vigoureuse, floraison tardive mais constante, aptitude à transmettre ses intéressantes dispositions à ses descendants. Cela lui a valu d’obtenir la première ADM (Australasian Dykes Medal) en 85, ce qui en a fait le premier iris de Louisiane à obtenir une médaille de Dykes, même si ce n’est pas LA Médaille de Dykes proprement dite.

Le succès de ‘Dural White Butterfly’ (J. Taylor 89) fut encore plus grand que celui de son parent ‘Helen Naish’. C’est un iris qui a bien failli ne jamais être enregistré tant il a tardé à se développer normalement dans la pépinière de son obtenteur. Mais du jour où il a démarré, il est devenu l’un des plus beaux iris de Louisiane que l’on puisse voir. Il est grand (120 cm), prolifique, et doté de fleurs larges et ondulées d’un blanc pur à peine marqué par un signal jaune clair. Partout dans le monde il a obtenu un grand succès, notamment aux Etats-Unis où malgré son origine étrangère, il a acquis en 1996 la première place dans le critérium de popularité propre aux iris de Louisiane. Entre temps il avait décroché l’ADM en 93.

On ne compte plus aujourd’hui les descendants de ‘Clara Goula’. On peut donc dire merci à Charles Arny d’avoir sélectionné ce cultivar, tout comme lui-même a pu dire merci à sa bonne étoile qui lui a valu ce succès.

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