30.10.09







ECHOS DU MONDE DES IRIS

Les dames de France proposent cette année :

‘Boucles d’Or’ (Bersillon 2009)
‘Conte de Fées’ (Bersillon 2009)
‘Danseur Mondain’ (Bersillon 2009)
‘Ecume de Mer’ (Bersillon 2009)
‘Elie Chaix’ (Vasquez-Poupin 2009)
‘Isa’ (Vasquez-Poupin 2009)
‘Rintintin’ (Vasquez-Poupin 2009)
‘Subtilité’ (Vasquez-Poupin 2009)
‘Tentation’ ((Vasquez-Poupin 2009)

Compliments !
Trois photos cette semaine, la suite au prochain numéro.



LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1966 :

DM = ‘Rippling Waters’ (Fay – US - 61) ((Native Dancer sib x semis) X (semis x May Hall)). L’un des iris les plus recherchés en hybridation dans les années 60/70. Un modèle de perfection : fleur délicatement ondulée, coloris bien uni, plante solide et florifère…

FO = Pas de Florin d’or cette année… La seconde place du concours est revenue à une variété qui n’a jamais percé : ‘Marie Phillips’ (Muhlestein – US - 63) (Graceline X Merry Lynn), un bleu glycine dont je n’ai pas trouvé de photo.

BDM = ‘Ancient Egypt’ (Fothergill – GB – 62) ((Pink Formal x Strathmore) X (Pink Formal x Mary Randall)), un rose saumoné, de l’un des plus fameux obtenteurs britanniques.










LA DAME BLANCHE

Chez les iris de Louisiane, c’est comme chez les grands iris de jardin, il y a des variétés qui ont tenu une place déterminante dans l’évolution de l’hybridation. ‘Clara Goula’ peut ainsi être comparé à ‘Snow Flurry’ pour la révolution qu’il a représentée. Avant, il n’y avait pas de véritable iris de Louisiane blanc qui vaille la peine. Après, c’est une autre histoire…

Pour parler de ‘Clara Goula’ (Arny 75), il faut évoquer d’abord son obtenteur et de son travail. A ce sujet, le mieux me semble de rapporter ce qu’à écrit Graeme Grosvenor dans son ouvrage « Iris, Flower of the Rainbow » :
« Charles W. Arny Junior, de Lafayette, Louisiane, a eu le plus grand impact qu’on peut imaginer dans le développement des iris de Louisiane modernes. Au long d’une carrière d’hybrideur qui a duré près de 40 ans, Charles Arny a introduit plus de 100 cultivars dénommés et produit un panel de gènes qui a influencé tous les hybrideurs qui lui ont succédé. Plusieurs de ses iris sont devenus des classiques. ‘Charlie’s Michele’ (Arny 69) a introduit chez les iris de Louisiane les pétales aux bords ondulés même si cette variété n’a jamais été très intéressante au jardin parce qu’elle rechigne souvent à fleurir. ‘Charlie’s Michele’ a très largement contribué à la forme des pétales ronde et ondulée, si en vogue aujourd’hui. (…) Le plus grand mérite de ‘Charlie’s Michele’ est peut-être d’être le parent du superbe ‘Clara Goula’, iris blanc très ondulé, qui a été la base de l’hybridation d’à peu près tous les iris de Louisiane de qualité qui sont venus après lui. ‘Clara Goula’ est une plante de jardin bien meilleure que ‘Charlie’s Michele’, parce que plus vigoureux, plus sain et plus constant dans ses floraisons, même s’il n’est pas aussi vigoureux et florifère que beaucoup de ses descendants. »

‘Clara Goula’ est tout simplement décrit comme : « LA, 107 cm, hâtif moyen. Unicolore ondulé, blanc tirant sur le crème très clair ; signal jaune. » En plus de sa couleur exceptionnelle, Charles Arny s’était bien rendu compte des capacités de son iris, mais ce n’est pas lui qui en a tiré profit car il a généreusement passé la main à l’hybrideur australien John Taylor. Celui-ci est devenu sans doute l’un des plus grands obtenteurs d’iris de Louisiane, grâce notamment à l’apport de ‘Clara Goula’ dans ses variétés de base.

Il n’est pas nécessaire de remonter très loin dans l’arbre généalogique de ‘Clara Goula’. Contentons-nous d’évoquer ses deux parents. D’un côté le rose bleuté ‘Charlie’s Michele’ dont il vient d’être question, de l’autre un autre produit de Charles Arny, ‘Charlies’s Angel’ (79), une variété dans les tons de blanc crémeux qui présente la particularité de n’avoir été enregistrée qu’après son illustre rejeton.

En 1982, les qualités évidentes de ‘Clara Goula’ lui ont valu comme il se doit la Mary Swords Debaillon Award qui était la plus haute récompense dédiée aux iris de Louisiane. Récompense confirmée en 87 quand le système des honneurs a été réformé et la plus haute marche du podium baptisée Mary Swords Debaillon Medal.

On trouve des descendants de ‘Clara Goula’ dans à peu près toutes les couleurs, mais ce sont les iris blancs qui profitent le mieux de ses aptitudes. Pour n’en citer que deux, commençons par un de ses descendants directs, ‘Helen Naish’ (J. Taylor 83). Cette superbe variété, d’une plaisante couleur blanc pur, légèrement influencée de vert dans les veines et les pétales, a toutes les qualités désirables : plante saine et vigoureuse, floraison tardive mais constante, aptitude à transmettre ses intéressantes dispositions à ses descendants. Cela lui a valu d’obtenir la première ADM (Australasian Dykes Medal) en 85, ce qui en a fait le premier iris de Louisiane à obtenir une médaille de Dykes, même si ce n’est pas LA Médaille de Dykes proprement dite.

Le succès de ‘Dural White Butterfly’ (J. Taylor 89) fut encore plus grand que celui de son parent ‘Helen Naish’. C’est un iris qui a bien failli ne jamais être enregistré tant il a tardé à se développer normalement dans la pépinière de son obtenteur. Mais du jour où il a démarré, il est devenu l’un des plus beaux iris de Louisiane que l’on puisse voir. Il est grand (120 cm), prolifique, et doté de fleurs larges et ondulées d’un blanc pur à peine marqué par un signal jaune clair. Partout dans le monde il a obtenu un grand succès, notamment aux Etats-Unis où malgré son origine étrangère, il a acquis en 1996 la première place dans le critérium de popularité propre aux iris de Louisiane. Entre temps il avait décroché l’ADM en 93.

On ne compte plus aujourd’hui les descendants de ‘Clara Goula’. On peut donc dire merci à Charles Arny d’avoir sélectionné ce cultivar, tout comme lui-même a pu dire merci à sa bonne étoile qui lui a valu ce succès.

23.10.09







LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1965 :

DM = ‘Pacific Panorama’ (N. Sexton, US, 1960) (Swan Ballet X South Pacific), une variété dont la notoriété n’est plus à démontrer.

FO = Beaucoup moins célèbre est ‘Lorna Lee’ (Gibson, US, 1966) (semis X Frost and Flame), qui marque cependant l’émergence d’un grand hybrideur, Jim Gibson.

BDM = est revenue à ‘Mary Todd’ (Randall’, GB, 1960) (Tarn Hows X Gypsy Classic). Randall fut un excellent hybrideur, qui a remporté quatre fois la BDM.

LES COPAINS D’ALORS

La photo ci-dessus, trouvée dans le bulletin n° 278 de l’AIS, est aujourd’hui particulièrement émouvante. Elle a été prise à l’automne 1989 dans la pépinière de ben Hager, en Californie, et rassemble trois experts en iris remontants, tous les trois disparus maintenant.

Lloyd Zurbrigg, spécialiste des iris remontants, originaire du Canada et installé sur la côte Est des USA, a enregistré un nombre considérable de variétés remontantes.

A son côté Ben Hager, touche à tout de génie, qui a acquis une renommée inégalable dans toutes les sortes d’iris.

Monty Byers, le plus jeune des trois mais le premier à avoir quitté ce monde. Son parcours d’hybrideur, exceptionnel, a été interrompu avant qu’il n’ait pu montrer tout ce dont il était capable, aussi bien en ce qui concerne les Space Age que les remontants.

Une rencontre dont seule l’image peut encore rendre compte.










LE JARDINIER DE TRANA

En Italie, hybrider les iris a très longtemps été considéré comme une distraction pour aristocrates ou jardiniers dilettantes. Ce n’est qu’à partir de 1997 que des variétés italiennes ont été enregistrées. Auparavant, même si les nouveautés étaient nombreuses, personne en prenait la peine d’en faire des plantes à part entière, comme si leur obtention n’avait pas de valeur et n’était qu’un agréable divertissement. Giuseppe Giovanni Bellia (1928/1992) ne fait pas exception à cette règle. Dans l’opuscule « Le Iris tra botanica e storia », Rosa Camoletto et Liliana Quaranta dressent son portrait et démontrent que son travail d’hybrideur n’a pas été seulement un amusement de gentleman.

Giovanni Bellia est le fondateur du Jardin Botanique Rea, situé près de Turin. Son but était de créer un espace où exprimer son amour des fleurs, et, entre autres, exposer ses propres hybrides d’iris. Pour le plaisir, donc, mais aussi pour le commerce puisque, sous le nom de « Vivai di San Bernardino », il a édité un catalogue pendant quelques années.

Les iris ne constituaient qu’une toute petite partie de l’activité de Giovanni Bellia. A partir des années 80il n’a plus eu le temps de réaliser de nouveaux croisements. Mais en 87, faisant un tour dans son jardin, il découvrit trois cultivars qu’il n’avait pas encore noté dans ses carnets et il les baptisa et les y inscrivit. Après sa disparition ses collaboratrices reprirent ses carnets et ses catalogues et établirent l’inventaire des variétés obtenues par lui. Celles-ci constituent la base de la collection mise en place au Giardino Rea pour en assurer la conservation. 24 variétés ont été répertoriées et 18 ont été identifiées avec certitude et mises en culture.

Les hybrides de Bellia résultent pour la plupart de croisements entre des variétés obtenues par Nita Stross, quelques variétés américaines et les propres hybrides issus des croisements précédents. Il avait un intérêt particulier pour les fleurs jaunes, blanches ou crème et la plupart des ses iris se situent dans ces teintes. En voici la liste, qui doit prochainement être transmise à l’AIS, pour enregistrement a posteriori.

‘Anna Achmatova’ (63) = parents inconnus – lilas, veiné brun, barbes orange ;
‘Birghitta’ (63) = (Airone* X Primo Ballo*) – blanc pur, cœur jaune ;
‘Clair de Lune’ (67) = (Birghitta X Souvenir de E. Wiechert) – jaune très clair ;
‘Cristina’ (80) = (Laura X Zerlina*) – rose moyen ;
‘Cromatella’ (63) = parents inconnus – ocre, veiné de cuivre, b. jaune
‘Dalida’ (64) = (Zeffiro* X Esperia*) – deux tons de lilas, base crème ;
‘Dark Fantasy’ (83) = (Elegia* X Dalida) – violet sombre, veines claires, b. jaune ;
‘Dominique’ (67) = (Esperia* X Fiesta) – jaune ocré infus de blanc ;
‘Enrica’ (80) = (Bosforo* X Dominique) – ocre intense presque cuivre, poudré de brun ;
‘Fiesta’ (63) = (Bosforo* X Pepita*) – jaune, marqué de blanc sous barbes ;
‘Gala’ (63) = parents inconnus – violet clair ;
‘Haughtiness’ (80) = (Clair de Lune X Arpeggio*) - jaune pâle presque blanc ;
‘Laura’ (62) = ((Zerlina* X Pepita*) – rose clair marqué de brun aux épaules, b. o
range ;
‘Les Deux Gabrielles’ (80) = (Nova* X Punta Ala*) - lavande clair, pétales + sombres ;
‘Liliana’ (87) = (Sirenetta* X Primo Ballo*) - bleu ciel presque blanc, b. jaune ;
‘Ludwig van Beethoven’ (80) = (Dalida X Sonali) – lavande vif, sep. pointillés;
‘Martina’ (80) = (Dalida X Zingarella*) – bleu violet, barbes assorties ;
‘Monica’ (87) = (Sirenetta* X Ice Carnival²), - deux tons de mauve, b. orange ;
‘Orient Express’ (63) = (Concerto Grosso* X Caravan¹) – deux tons d’acajou, b. jaune ;
‘Pastello’ (87) = (Sirenetta* X Monica) - bleu pâle, barbes pointées bleu ;
‘Sonali’ (63) = (Prode Anselmo* X Ernell³) – deux tons d’amarante ;
‘Souvenir de E. Wiechert’ (63) = parents inconnus – blanc crème.
‘Sylvia’ (83) = (La Sibilla* X Punta Ala*) – indigo, barbes jaunes ;
‘White Swan’ (80) = (Primo Ballo* X North Sky ?) – blanc glacier, coeur et b. jaune;

Ces iris, qui nous paraissent aujourd’hui un peu démodés, étaient à l’époque de leur obtention tout à fait dans le genre de ce qui se faisait à l’époque.

* = variété obtenue par Nita Stross, non enregistrée ;
¹ = Tompkins 1945
² = Watkins 1954
³ = McKee 1953

16.10.09


LES PLUS BELLES PHOTOS D’IRIS

Toujours par Greenorchid, un délicieux iris bleu : ‘Duncan’s Smiling Eyes’.






LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1964 :

DM = ‘Allegiance’ (Cook 57) (Dark Boatman X ((Distance x semis bleu) x Pierre Menard)) ; Un des “bleus” le plus réputés et à l’origine d’un grand nombre de variétés modernes.

FO = ‘Midnight Waltz’ (Burbridge 59) (Black Hills X Sable Night) ; La victoire d’un inconnu...

BDM = ‘Primrose Drift’ (Brummitt 68) (Arabi Pasha X Cosmetic).















UN TEINT DE PÊCHE

Il faut savoir ce que l’on veut. Richard Cayeux explique très bien pourquoi les iris abricot, ou pêche, ont eu du mal à s’imposer. « Les tons pêche et abricot apparurent en même temps que les roses à barbes mandarine. Malgré ce, ils ne rencontrèrent pas chez les hybrideurs beaucoup de passion, ceux-ci étant plus préoccupés par l’amélioration des roses, ce qui correspond d’ailleurs à l’élimination de la nuance abricot. » (L’Iris, une fleur royale, p. 101). Il ajoute que pour intensifier les oranges, les hybrideurs ont également rejeté les fleurs les moins colorées. Voilà pourquoi les iris au teint de pêche ont eu bien du mal à s’imposer. Mais quand, dans un semis, un iris pêche présentait des fleurs particulièrement réussies, sur une plante généreuse, il était quand même sélectionné. Ce qui nous vaut, dans les années 60/70, quelques iris pêche particulièrement bien venus et toujours valables. C’est le cas, par exemple de ‘Peach Frost’ (Schreiner 72), de ‘Pretty Please’ (Tompkins 72) ou de ‘Beauty Crown’ (Hamner 77).

Ce n’est qu’au cours des années 80 que, à côté d’iris roses ou orange de plus en plus saturés, les hybrideurs ont pris la peine de retenir des iris pêche spécialement savoureux. Le spécialiste des roses, Joë Gatty a enregistré ‘Paradise’ en 1980, ainsi que l’excellent ‘Delicate Balance’ en 89.

Il a entamé la décennie suivante avec ‘Soft Caress’ (91). Une décennie où le rose pêche s’est étendu à d’autres dispositions de couleurs que le traditionnel unicolore. On voit le modèle amoena conquis par cette couleur. Prenez, par exemple, ‘Champagne Elegance’ (Niswonger 87) et surtout l’adorable ‘Champagne Frost’ (Keppel 96). En même temps sont apparus des fleurs pêche dans le modèle « Joyce Terry », c'est-à-dire avec les pétales entièrement colorés et les sépales blancs bordés de la couleur des pétales. Un bel échantillon de ce modèle se nomme ‘Cutting Edge’ (Ghio 94). Celui-ci sera suivi par ‘Lasting Romance’ (Aitken 99). Quant à ‘Natural Blond’ (Ghio 2002) il introduit la couleur pêche dans le cercle très étroit des amoenas inversés, ce qui en fait une rareté que les collectionneurs devraient s’arracher.

‘Santa’ (Shoop 97), l’une des dernières obtentions de cet hybrideur discret mais passionnant, est considéré comme un aboutissement dans son travail tout en ouvrant des possibilités nouvelles avec ses marques saumonées sur le haut des sépales, mais ‘Tropical Magic’ (Shoop 95), parent femelle de ‘Santa’ avait ouvert la voie, dans un ton plus rose pêche, tout à fait dans le domaine de la chronique d’aujourd’hui. En utilisant ‘Santa’ comme parent, Tom Johnson a obtenu ‘Attractive Lady’ (2007), et ce faisant il a perfectionné ce qui fait l’originalité de ‘Tropical Magic’ car les couleurs sont plus douces mais aussi plus nettement dessinées sur les sépales.

Ces intéressantes variations ne font pas perdre de vue l’amélioration du rose pêche dans sa présentation traditionnelle. Jim Hedgecock a apporté sa contribution avec ‘Pretty Perfect’, dans une teinte claire et lumineuse, tandis que Keith Keppel, au contraire, a cherché une teinte plus sombre, plus proche du rose saumon peut-être, avec ‘Birthday Girl’ (2005), une fleur aux tépales bouillonnés, avec l’originalité supplémentaire d’une répartition irrégulière de la couleur. Enfin ‘Roper’s Revenge’ (Burseen 2007) a ajouté à un rose pêche à peine chamoisé la touche de fantaisie d’éperons bleu lavande.

A lire ce qui précède, on peut se dire que la couleur pêche est une exclusivité américaine. C’est tout à fait faux ! En Australie, dès 1994, Barry Blyth nous avait offert ‘Hostess Royale’, une fleur parfaitement réussie, dans un ton doux très agréable. Et au fin fond de l’Asie Centrale, Adolf Volfovitch-Moler a obtenu peu avant sa mort une variété plaisante que j’ai pu voir à Florence l’an dernier : ‘Vanilnoye Nebo’, enregistrée en 2007.

En Europe, on n’est pas en reste. Dès 1996 Valeria Romoli proposait ‘Buongiorno Aprile’, dans une forme bien classique, et en 2000 Lawrence Ransom dédiait à la fondatrice de la SFIB la variété ‘Gladys Clarke’, qui est un hommage gracieux et plein de tendresse. Mais les amateurs peuvent aussi maintenant se permettre de sélectionner des iris au teint de pêche. C’est ce qu’a fait Daniel Tauzin avec son ‘Eventail’, présent au concours FRANCIRIS 2007, mais qui n’est toujours pas enregistré, ce qui est dommage. Enfin ne mettons pas le point final sans parler de ‘Douce Rêverie’ (Cayeux 2006), qui donne la version française, toute en finesse, de l’amoena rose pêche.

Quand on est submergé par les bons iris roses, au point qu’on ne sait plus lequel choisir, la présence de ces iris pêche est une délicate différenciation qui ne peut qu’intéresser l’amateur à la recherche de fraîcheur et de nouveauté.

10.10.09







LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1963 : Une année très britannique puisque par deux fois ‘Dancer’s Veil’ va être récompensé !

DM = ‘Amethyst Flame’ (Schreiner 57) (Crispette X (Lavanesque x Pathfinder)) ; première DM pour la maison Schreiner.

FCC (1) = ‘Aspenglow’ (Long 56) (semis DeForest X semis jaune Loomis) ;

FO = ‘Dancer’s Veil’ (Hutchison 59) ; la deuxième place revient à ‘Il Cigno’ (Stross 63) dont la photo a été publiée la semaine dernière à propos des “dames italiennes”.

BDM = ‘Dancer’s Veil’ (Hutchison 59) ((semis plicata x Dancing Waters) X Rosy Veil).

(1) Franklin Cook Cup = meilleure variété en provenance d’une autre région que la région AIS organisatrice de la Convention










A LA RECHERCHE DE L’IRIS ROUGE (version française)

L’article publié ici il y a quelques semaines à propos des recherches sur l’obtention d’un iris rouge, a intéressé certains lecteurs. C’est notamment le cas de Jean Claude Jacob, de St Pol de Léon, qui a fait de l’iris rouge un de ses sujets de recherches. Il écrit :

« J'ai essayé de croiser des iris en provenance de Ghio, comme ‘Rogue’ (96), ‘Regimen’ (99), ‘Infrared’ (2002), avec des iris de Schreiner, comme ‘Fortunate Son’ (2006), ‘Hot Spiced Wine’ (2000), des iris de Lauer, comme ‘Red Rider’ (98), de Madoré, comme ‘Locoal’ (2007), ou des croisements déjà réalisés par moi, comme notamment (Dynamite X Wine Master). J'ai également essayé d'utiliser ‘Safari Sunset’ (B. Blyth 2001), comme son obtenteur a déjà fait pour obtenir ‘Popstar’ (2003), le croisement qui a donné naissance à ‘Safari Sunset’ ayant été utilisé également dans l'un des parents de ‘Terracota Bay’ (Blyth 2005) et de ‘Drinks at Sunset’ (B. Blyth 2002).
Une autre piste de recherche est l'utilisation d'iris jaune orangé comme ‘Golden Panther’ (Tasco 2000 – DM 2009), sachant qu Grosvenor a déjà utilisé ‘Rustle of Spring’ (Grosvenor 98) pour obtenir ‘Rogue's Gallery’ (2007) et ‘Rosy Rogue’ (2005) - tous les deux : (Rogue x Rustle of Spring) -, et que Paul Black a introduit en 2009 ‘Mambo Italiano’ (Regimen x Rustle of Spring).

J'ai également utilisé ‘Torero’ (Cayeux 2003), car j'ai déjà obtenu des iris dans les tonalités de ’Lady Friend’ en croisant (Suprême Sultan x Torero).

Le problème majeur de toutes ces tentatives, indépendamment de la couleur, est surtout le manque de largeur des sépales et d'ondulations. On est encore loin des frous-frous de ‘Décadence’ (B. Blyth 2004) ou de ‘Sea Power’ (Keppel 99 – DM 2006). Le seul iris "rouge" qui présente ces ondulations et une forme de fleur parfaite est pour moi ‘Infrared’ (Ghio 2002), considéré dans leurs derniers catalogues, par Black comme le meilleur iris rouge à ce jour, et par Blyth comme le meilleur iris rouge de Ghio, ce qui est proche d'être la même chose. Le seul qui s'en rapproche au niveau de la forme est ‘Rogue’, dans une couleur plus brique. (Cette année cette variété m'a donné des hampes exceptionnelles, toutes entre 8 et 10 fleurs successives, avec une durée totale de floraison de plus de 4 semaines). »

Voilà des informations tout à fait intéressantes qui démontrent qu’on peut en France, chez les amateurs, trouver des gens qui ont des idées originales et des projets intéressants. Je ne sais pas si notre professionnel n° 1, qui a introduit ‘Torero’, a entrepris une recherche sur les iris rouges, mais il en a forcément les moyens. Il est d’autre part rassurant de voir que les recherches actuelles vont plutôt dans le sens d’une évolution naturelle que dans celui d’un recours aux manipulations génétiques. Ces dernières, de toute façon n’étant à la mesure que d’entreprises riches et fortement installées, ce ne sont pas nos petits amateurs qui peuvent les envisager ! Ils ont bien raison de se limiter à des croisements astucieux qui ont, par-dessus le marché, bien plus de chances d’aboutir que les coûteuses aventures de laboratoire.

2.10.09

ECHOS DU MONDE DES IRIS

D’Australie

Barry Blyth vient de mettre sur Internet ses nouvelles introductions 2009/2010. A voir sur http://www.tempotwo.com.au/Tempo_Two/Welcome.html. Un commentaire suivra dans les semaines à venir.



LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1962 :

DM : C’est au tour de ‘Whole Cloth’ d’être couronné comme il le mérite. (Voir informations et photo le concernant dans la chronique de la semaine dernière).

FO = ‘Indiglow’ (Shortman – US – 57) ((Sable x Destiny) X Chivalry)

BDM = ‘Arcady’ (Fothergill – GB – 59) (Jane Philips X Pegasus)















LA FLEUR DU MOIS

‘Jean Cayeux’

Octobre, automne, feuilles mortes… Autant de mots auxquels peut faire penser ‘Jean Cayeux’ (F. Cayeux 31), un iris historique qui est toujours aussi séduisant.

Au moment de sa mise sur le marché, ‘Jean Cayeux’ a fait l’effet d’un ovni. En plus d’être une plante majestueuse (environ 110 cm de hauteur), c’est un iris dont la couleur étrange et nouvelle a surpris et charmé. Il est décrit ainsi dans les bulletin de la Commission des Iris de 1933 : « fleur de forme parfaite, coloris unique très difficile à décrire, inconnu jusqu’ici dans les iris ; divisions supérieures biscuit, les inférieures havane légèrement éclairées au centre : une trouvaille de haut mérite. » Trouvaille aussitôt récompensée par l’attribution de ma Médaille de Dykes française de 1931.

Ce remarquable iris tétraploïde porte toujours aussi beau. Son pedigree n’a évidemment pas la complexité des variétés d’aujourd’hui, mais son plus vieil ancêtre connu, ‘Darius’ (Parker 1878) est apparu plus de 50 ans avant lui. On retrouve ce cultivar, du type variegata, a deux reprises parmi ses ancêtres. Une première fois du côté paternel, dans ‘Ochracea Caerulea’ (Denis 1919), l’autre du côté maternel dans ‘Madame Durand’ (Denis 1921). ‘Ochracea Caerulea’ croisé avec ‘Marsh Marigold’ (Bliss 1919) a donné naissance à ‘Evolution’ (Cayeux F. 1929), qui est une des variétés les plus remarquables du grand Ferdinand Cayeux. C’est un bicolore bronze et lilas que l’on trouve toujours dans de nombreux jardins en Europe comme en Amérique. Ferdinand Cayeux a croisé cet ‘Evolution’ avec le grand tétraploïde anglais – bicolore lavande et grenat - ’Bruno’ (Bliss 1918). Dans l’autre moitié du tableau, ‘Madame Durand’ (bicolore chamois/bordeaux) et ‘Lord of June’ (Yeld 1911) (bitone lavande /indigo) ont donné naissance à ‘Phryné’ (Cayeux 1925) (bitone lavande /lilas).

L’union de ‘Phryné’ et du semis (Bruno X Evolution) est à l’origine de ‘Jean Cayeux’.

Les gènes tétraploïdes se rencontrent dans les deux branches de la famille et se manifestent par la taille exceptionnelle de la plante et de la fleur.

‘Jean Cayeux’ a fait le tour du monde. Il est tellement caractéristique qu’il n’y a pas besoin d’être un initié particulièrement pointu pour l’identifier du premier coup d’œil. C’est ainsi que je l’ai retrouvé, perdu sous les ronces, dans un jardin abandonné, mais toujours fier et hissant ses fleurs couleur de « Petit Beurre » au milieu des épines.






LES DAMES ITALIENNES

Il y a longtemps que je recherchais des renseignements à propos de certains noms d’hybrideurs que j’ai découverts au gré de mes analyses et documentations. J’étais intrigué par certains noms, qui ne sont pas toujours à consonance italienne, mais qui identifient des obtentrices primées ou honorées dans la deuxième moitié du XXeme siècle. Or dans la dernière livraison du Bulletin de la Società Italiana dell’Iris, reçu récemment, j’ai lu un article signé de Patrizia Verza Ballesio qui lève le mystère concernant ces dames. Je ne lis pas assez bien l’italien pour pouvoir faire une véritable traduction de cet article, mais du moins en comprend-je assez pour satisfaire ma curiosité, d’autant plus que dans le petit livre « le Iris tra botanica e storia » j’en ai appris encore un peu plus. Comme j’imagine que certains des lecteurs de ce blog peuvent se poser les mêmes questions que moi, je leur offre bien vite ma nouvelle science !

Mary Senni

C’est au Parc Floral de Vincennes que j’ai découvert une variété de grand iris baptisée ‘Verlaine’ (27) et attribuée à Mary Senni. Cette jolie fleur dans les tons de bronze m’a bien plu, mais j’étais encore plus intéressé par le nom de l’obtentrice. Qui était cette Mary Senni ? Cela devait être quelqu’un de connu dans son époque puisque l’hybrideur Armand Millet, en 1931, a donné son nom à l’une de ses nouveautés ? ‘Mary Senni’ est un charmant iris mauve pâle, très féminin d’allure.

Merci à la Signora Ballesio de nous donner un bref portrait de cette grande dame. « Mary Gayley (1884/1972), d’origine américaine, épousa en 1907 le comte Giulio Senni. Dans son jardin de Grottaferrata elle cultivait surtout des roses et des iris. Au cours des années 30 à 50, elle a joué un rôle de premier plan près du grand public en diffusant des informations sur les progrès de l’hybridation des iris en Europe comme aux Etats-Unis par le biais des articles qu’elle publiait dans la Revue « Il Giardino Fiorito ». Elle était en contacts étroits avec les hybrideurs les plus importants de l’époque, si bien que Millet en 1931 lui a dédié un de ses iris. Dans le même temps elle pratiquait elle-même l’hybridation dans son jardin romain. En 1937 elle réussit à créer un concours international d’iris, à Rome, rapidement interrompu par la guerre. » Connue et appréciée en Grande-Bretagne où ses articles ont été souvent publiés, la B.I.S. lui a attribué en 1959 le Foster Memorial Plaque (1) pour sa contribution à l’avancement de la connaissance du genre Iris.

Gina Sgaravitti

Voilà quelqu’un dont j’étais avide de savoir qui elle était ! Depuis une vingtaine d’année je cultive la variété ‘Beghina’ en ne sachant rien d’autre que le nom de son obtentrice et la période de son obtention. Voici ce que dit d’elle Patrizia Verza Ballesio : « Angela Perocco, dite Gina (1907/1995) est d’origine vénitienne. Son mariage avec Teresio Sgaravitti l’a amenée à Rome où elle avait à s’occuper d’un vaste jardin qui, au fil des années, est devenu débordant d’iris et de roses. » De fil en aiguille elle est devenue productrice de plantes vivaces et a même créé un catalogue exclusivement dévolu aux iris. Ces « Iris di Via Appia » présentaient un large choix des meilleurs iris américains et français des années 40/50 ainsi qu’une dizaine des obtentions personnelles de la patronne. C’était, paraît-il, une personne méticuleuse qui relevait scrupuleusement les coordonnées des ses iris et leur emplacement dans un jardin qui, malgré les années, est resté intact.

Flaminia Specht

Le nom de Flaminia Specht m’est apparu à la lecture des lauréats du Concours de Florence où un certain ‘Rosso Florentino’ a obtenu le Florin d’Or en 1973. Son nom de jeune fille était Flaminia Goretti (1905/2004) et son mari s’appelait George Specht. (2) « Elle consacra sa vie aux iris et les résultats de ses efforts sont encore appréciables aujourd’hui ; c’est grâce à sa détermination et à sa ténacité, unie à celle d’une autre italo-américaine, Nita Stross, qu’a pu être créé le Jardin d’Iris de Florence, le Concours International et la Société Italienne des Iris. » Beaucoup de ses iris, parmi lesquels ‘Ala d’Oro’, ‘Napoleone’, ‘Chianti’, ‘Zabaione’ sont présents depuis des années dans le catalogue de la Maison Guido Degl’Innocenti qui a repris ses collections.

Nita Stross

Le nom de Nita Stross, née Radicati, (1910/1995) est lié à de nombreuses activités en rapport avec les iris. Notamment la création, dans la propriété de son mari, le jardin de Mugnano. Elle y adjoignit l’importation de variétés américaines et la diffusion d’un catalogue de vente par correspondance « Le Iris di Mugnano » distribué dans les années 60. Elle a pris part à la création du Jardin d’Iris de Florence et la direction de la Revue « Il Giardino Fiorito », enfin, avec son ami G. G. Bellia, elle est à l’origine de la création du jardin expérimental de San Bernardino di Trana, près de Turin, devenu depuis le Giardino Botanico Rea, qui accueille une superbe collection d’iris historiques et qui vient d’être réhabilité.

A côté de ces activités qui démontrent son dévouement à la cause des iris, elle créait ses propres variétés. Elles furent plutôt nombreuses et l’une d’entre elles, ‘Il Cigno’, un bel iris blanc, a remporté en 1963 le second prix du Concours de Florence. Beaucoup d’autres ont été utilisées par un autre obtenteur italien des années 60, Giuseppe Giovanni Bellia.

Eva Calvino

Ceux qui s’intéressent à la littérature connaissent forcément l’écrivain italien Italo Calvino, dont le conte « Le baron perché » a fait le tour du monde. Ils ignorent sûrement que sa mère, Eva Mameli Calvino, s’était fait un nom dans le domaine de la botanique et, en particulier, dans celui des iris. Elle fut successivement professeur de botanique à l’Université de Cagliari, en Sardaigne, puis directrice de la station expérimentale de floriculture de San Remo. Son intérêt pour les iris apparaît dans le grand nombre d’articles qu’elle leur a consacré dans la Revue « Il Giardino Fiorito » au cours des années 30/50. Elle fut aussi l’un des membres fondateurs de la Société Italienne des Iris. Enfin elle s’est aussi essayée à l’hybridation allant jusqu’à envoyer plusieurs de ses obtentions au nouveau Concours de Florence qu’elle avait contribué à lancer.

Voilà donc cinq dames, presque inconnues en France aujourd’hui, mais qui ont apporté au monde des iris en général et, en particulier, à sa sphère italienne, un héritage qui mérite d’être conservé. En fait, si elles sont restées si peu connues en dehors du petit cercle des iridophiles italiens, c’est en grande partie parce que, jusqu’à une date récente (3), l’hybridation était, en Italie, considérée comme un passe-temps, pratiqué par des intellectuels et des aristocrates qui n’accordaient à leurs obtentions qu’une modeste attention, n’estimant pas nécessaire des les enregistrer, et pour qui la commercialisation des iris n’a jamais été qu’un petit appoint anecdotique.

(1) Voir l’article consacré à cette distinction, paru dans ce blog il y a quelques semaines.
(2) En fait ce serait George Specht qui serait l’obtenteur de ‘Rosso Fiorentino’
(3) Le premier enregistrement d’une variété italienne n’est intervenu qu’en 1997.