20.3.09

PROCÈS VERNAL

L’été dernier, sur le forum du site de la SFIB, a eu lieu une discussion à propos des besoins hydriques des iris, en vue d’une culture intensive au Maroc. Celui qui a amorcé la discussion n’a pas précisé s’il s’agissait de cultiver des iris pour le jardin ou des plantes destinées à la production de parfum. A mon avis, le problème devait concerner la culture d’iris à parfum car, au Maroc, je ne vois pas le débouché d’une culture d’iris décoratifs, plantes dont la diffusion locale doit rester restreinte et sûrement insuffisante pour faire vivre une entreprise.

De fil en aiguille, de la question des besoins en eau, la discussion a bifurqué vers les besoins des iris en température hivernale pour parvenir à l’anthèse. L’un des participants a écrit : « A mon avis, au Maroc, ce qui manquera le plus, ce n'est pas l'eau, mais le gel, l'hiver, nécessaire à la reprise de la végétation. » Cette observation a amené la réponse d’un autre internaute qui a précisé : «… je tiens à dire que l'iris n'a pas besoin d'hiver froid pour refleurir. Il y a des cultures d'iris au Maroc dans des régions pas spécialement froide en hiver et qui fleurissent très bien. Je connais également des cultures dans des régions d'Espagne où l'hiver est plutôt doux et la production et floraison donnent très bien. » Ces deux opinions sont-elles contradictoires ?

Il est une chose sur laquelle tout le monde s’accorde, c’est que l’iris « germanica » a besoin sous le climat européen, d’une période plutôt froide qui va déclencher la production de pousses florales. J’ai constaté moi-même que lorsque l’hiver a été doux la floraison des grands iris au printemps suivant est moins abondante. Les botanistes parlent à propos de ce phénomène de « vernalisation ». Mais ce qui est nécessaire, est-ce le gel, comme le dit le premier intervenant ? Ce qui laisse à penser que là où le gel ne se produit pas, ou pas assez, la floraison des iris serait compromise ? Le deuxième interlocuteur affirme qu’il n’en est rien et qu’au Maroc comme en Espagne, sous un climat nettement méditerranéen donc, la floraison ne pose pas de problème. Les deux participants à la discussion doivent, à mon avis, avoir raison l’un et l’autre. Parce que ce qui est nécessaire à la formation des fleurs, cela ne doit pas être le gel, ou le froid à proprement parler, mais une forte amplitude thermique. C’est ce qui doit expliquer pourquoi on cultive les grands iris en Arizona, au Nouveau Mexique ou au Texas, mais que ce n’est plus le cas en Floride ou en Louisiane, Etats qui se situent pourtant sous les mêmes latitudes. Mais les deux derniers jouissent d’un climat tropical, aux écarts de température faibles, alors que les autres sont sous l’influence d’un climat continental, souvent désertique, où la température varie fortement. Il n’y a pas une distance considérable entre New Orleans et Houston, mais je puis confirmer que le climat y est totalement différent ! Au Maroc et en Espagne, ailleurs que près des côtes, on n’est pas loin d’un climat continental à forte amplitude thermique.

Il n’empêche que les grands iris dits « germanicas » apprécient davantage les conditions météorologiques de la France ou de l’Italie du Nord que celles du Maroc ou de l’Espagne. La terre promise des iris c’est le Nord-Ouest des USA, où le climat est doux, humide, mais souvent frais l’hiver. C’est normal : les espèces botaniques qui entrent dans le cocktail de nos iris sont toutes originaires de l’aire européenne plus ou moins méditerranéenne ainsi que du Proche Orient où il n’est pas inhabituel de connaître des périodes de froid au cours de l’hiver. Les plantes subissent un choc salutaire à leur fleurissement : peut-on dire qu’elles reçoivent un « procès vernal » ?

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