7.3.09







DEUX DISPARITIONS

Dans le petit monde des iris il y a toujours eu des couples qui se sont passionnés ensemble pour leur plante favorite et ont laissé leurs deux noms dans les annales. Mais il en est des couple d’hybrideurs comme des couples ordinaires, vient le jour où la mort les sépare… Cela vient d’être le sort de deux familles illustres du microcosme irisarien : les Willott et les Meek.

Personne n’ignore, chez les amateurs d’iris nains, le rôle qu’ont joué Dorothy et Anthony Willott. Le 22 mars dernier, Anthony nous a quitté, à l’âge de 81 ans. Dans la chronique obituaire du Bulletin de l’AIS, voici ce qu’on a pu lire à son sujet.

« … la plupart des irisariens sera sans doute surprise d’apprendre quel été son nom, avant qu’il n’en change. Un changement qui est intervenu peu de temps avant qu’il n’épouse Dorothy. Ce fut la conséquence d’une taquinerie enfantine à propos de son nom d’origine : Antonio Gugliotta. Quand il fut en âge de le faire, Tony décida que si le physicien Guglielmo Marconi avait pu changer son prénom en celui de William, il pouvait bien, lui, américaniser le sien et même s’en créer un nouveau. C’est pourquoi il a pris les quatre premières lettres de William et trois des dernières de Gugliotta pour former Willott. Quand ils ont commencé à se fréquenter – c’est Dorothy qui raconte cette amusante anecdote – elle ne le connaissait que sous le nom de Willott, et quand elle vint à Cleveland pour le retrouver, elle n’a pas pu trouver ce nom dans l’annuaire du téléphone de sorte qu’elle ne savait plus quoi penser. Est-ce qu’il existait réellement ? Elle a fini par comprendre quand elle a appris le changement. » Ils devaient vivre ensemble pendant 55 années au cours desquelles ils ont enregistré et introduit plus de 300 nouveaux iris, qui leur ont valu de très nombreuses récompenses dont trois Carpane-Welch Medals (la plus haute récompense pour les iris miniature MDB) qui sont allées à ‘Alpine Lake’ (80 – CWM 89), ‘Pussytoes’ (81 – CWM 90) et ‘Little Drummer Boy’ (97 – CWM 2005).

La seconde disparition concerne Duane Meek, de Silverton, dans l’Oregon. Il s’est éteint au début de décembre 2008. Pendant un quart de siècle Joyce et Duane Meek ont obtenu un grand nombre d’iris parmi les plus jolis et les plus renommés. Leurs enregistrements ont été faits sous leurs propres prénoms de sorte qu’on peut savoir lequel est à l’origine de quoi. Pour sa part, Duane Meek n’a commencé sa vie d’hybrideur que relativement tard, à la fin des années 70, mais dès lors il se consacra entièrement à cette passion. Ses premiers enregistrements datent de 1972 (‘Sunday Sage’, plicata bourgogne/jaune) Ses iris sont très nombreux. Il nous a offert, entre autres, ‘Cherry Smoke’ (78), grenat foncé très original, ‘Desert Echo’ (80), jaune au cœur poudré de brun, ainsi que, la même année ‘Carved Crystal’ (80), d’une grande pureté dans le ton de bleu glacier. En 93 vinrent ‘Imaginarium’, en rose corail, et ‘Tempting Fate’ dont on admire le bleu tendre des pétales et le bleu marine des sépales. Il faut citer aussi le sombre ‘Matt McNames’ (2000) et, parmi ses dernières réalisations, ‘Sudden Love’ (2004), amoena inversé tout en délicatesse. Ce vétéran de la dernière guerre savait trouver les croisements efficaces, dans un grand choix de domaines. C’est peut-être d’ailleurs cet éclectisme qui ne lui a pas permis d’obtenir de récompenses marquantes. Car il s’est illustré non seulement chez les grands iris, mais aussi chez les SDB et les Iris de Californie sans jamais dépasser le niveau des AM. L’enthousiasme n’ouvre donc pas systématiquement la route du triomphe, mais qu’importe, quand on est passionné : la découverte d’un nouveau semis est peut-être plus gratifiante que la réception d’une médaille !

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